Rencontre brutale [PV: Kouichi Naka]

♠ RENCONTRE BRUTALE ♠
La ville : rues et ruelles
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Les répétitions s'étaient éternisées. Ce jour-là, Kouichi avait déposé son après-midi, comme son accord avec le directeur de Sei le lui autorisait exceptionnellement pour lui permettre d’exercer sa deuxième activité professionnelle. Le lendemain, le samedi soir, il avait un concert avec son groupe à Sapporo. Ils avaient fait une mise au point des morceaux les plus récents, Yahiro avait aussi partagé sa dernière découverte qui pouvait servir de bonne base pour une nouvelle chanson. Le point noir des répétitions avaient été Noru, pour changer. Le bassiste jouait merveilleusement bien, certainement le plus talentueux des quatre membres, mais il se comportait bizarrement depuis quelque temps et personne ne savait ce à quoi il pensait. L'inquiétude prenait la gorge de Kouichi. Que pouvait-il faire... ?

Il soupira et décida de s'arrêter à une supérette du coin pour acheter de la bière et un pot de glace. Tant pis pour le shooting avant le concert, le photographe arriverait bien à masquer l'extra qu'il avait bien l'intention de s'autoriser, et il ne mangerait pas de toute la journée s'il le fallait. En entrant dans le petit magasin, il fut au centre des regards. Sa garde-robe était composée essentiellement de noir, de rouge, de gris et de blanc. En dehors de Sei, il portait des vêtements qu'on pouvait qualifier de tape-à-l'oeil, en fait il ne les portait pas pour attirer l'attention mais pour se sentir à l'aise. Les pantalons larges desquels pendaient des chaînes et les T-shirt déchirés lui convenaient parfaitement. Comme le temps s'était refroidi dans la journée, une écharpe légère protégeait sa voix et des mitaines en cuir. Pas étonnant que les gens d'une aussi petite ville le remarquent. Il atténua cette image qui lui valait un succès naissant par un par un sourire aimable et chaleureux. Les regards se détournèrent rapidement à la vue d'un homme tout à fait normal. Il prit un pack et un pot, puis alla payer à la caisse. Le vieux caissier pencha la tête sur le côté :

« Vous avez l'âge mon garçon ? »

Ce n'était pas la première fois qu'on prenait Kouichi pour un étudiant. Il sortit donc ses papiers.

« Bien sûr, comme vous le voyez. »

Quand les portes coulissantes se refermèrent derrière lui, il continua son chemin qui menait au parking plus loin où était garée sa moto. Un garçon couvert d'une substance jaune et visqueuse surgit de nul part à la surprise de Kouichi.

« Je t'ai déjà vu toi ! J'en suis sûr, t'es qui ? »

Troublé, Kouichi se retourna. Personne derrière lui. Le garçon le regardait avec insistance. Il s'adressait réellement à lui ? Rien ne semblait dire le contraire. Il était plausible qu'il ai reconnu son visage placardé sur les murs dans certaines villes où il s'était produit, après tout pourquoi pas. Quoique, en y réfléchissant bien, la majorité de ses fans – aussi peu soient-ils – étaient des lycéennes. Or c'était un garçon, peut-être un étudiant. De plus, le projet de faire leur publicité dans la région n'avait pas encore reçu d'autorisation. Ce ne devait pas être un fan. Qui était-il pour lui ? Un ancien amant ? Non, un visage que celui-là ne s'oublie pas du jour au lendemain. Dans le doute qu'ils auraient pu se rencontrer lors d'une soirée arrosée, Kouichi tenta poliment :

« Nakajima Kouichi. Si tu es venu pour m'insulter de t'avoir laisser en plan un matin, fais-le vite. Je ne voudrais pas que ma glace fonde. »

Si cela existait, on lui aurait décerné la médaille de la sincérité. Il posa son sachet plastique sur le trottoir. Régler ses comptes au milieu d'une rue n'était pas franchement l'idéal, mais c'était mieux que dans une grande surface blindée. Soudain, il se rendit compte que le garçon devait être un lycée. Les vêtements ne trompaient jamais la future idole. Alors, ce devait être... Ses yeux s'écarquillèrent et il s'écria :

« T'es un élève de Sei ! »

Il se souvenait avoir vu sa photo sur un dossier, certainement son dossier scolaire. Bien qu'il lui avait paru photogénique, la beauté du garçon l'impressionna plus que dans son souvenir. Il était même plus grand que lui ! Kouichi avait un faible pour les hommes aux cheveux longs... Un pas les rapprochèrent.

« Tu fais parti de ceux qui sèchent mon cours ! Comment déjà... ? A... ? ... »

Dire qu'il avait passé une journée entière à apprendre tous les noms de ses élèves avec leur photo ! Cette tête-ci était dans la pile de ceux qu'il n'avait jamais vu. Et ils étaient nombreux. Pas étonnant qu'il ne se souvenait pas de lui. Il se demandait bien comment le garçon l'avait reconnu et ce qu'il lui voulait.

© Kouichi

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La glace supportait sans doute mieux la chaleur que lui à cet instant, son écharpe l'étouffait, il la desserra légèrement – une semblant d'air frais ne faisait pas de mal. Un gamin le mettait dans un tel état par sa seule présence ?! Kouichi passa discrètement la main sur sa nuque : il n'avait pas l'air malade, et puis ce n'était pas le moment de couver quelque chose ! Pas avec les répétitions et les concerts à venir. À y regarder de plus près, son élève n'avait une gueule de gamin et il paraissait même un peu vieux pour aller au lycée. Ne pas se fier aux apparences. En revanche il était bien mignon, voir le genre de notre chanteur nouvellement professeur. Pourquoi avait-il accepté ce poste ?! Un geste déplacé, un mot de travers, un regard trop insistant et sa nouvelle cible pouvait lui faire sauter son travail, retour à la case sans emploie ! Alors qu'il allait se résigner à jouer le professeur consciencieux, l'arrivée d'un de ses amis apporta l'espoir qu'il lui fallait. « Genji » n'avait pas l'air d'apprécier leur rencontre en pleine rue. Ou alors il était mal tombé... ? Alors comme ça Genji était abonné aux conneries, intéressant. Et là, se produit l'irréversible. Son ami interpréta immédiatement la situation en prenant Kouichi pour sa nouvelle conquête. Un sourire dissimulé, il se réjouit de découvrir qu'ils étaient tous deux du même bord, ça simplifierait grandement les choses. Et voilà que son élève lui jouait une scène de T-shirt mouillé en direct ! L'autre avait l'air pressé, mais il glissa un petit clin d’œil à Kouichi avant de s'en aller. Ce soir-là, il avait des projets pour eux et espérait les mener à terme.

« C'est à quoi ? Je peux en prendre ? S'teu plaît ! Et euh... je ne sécherais plus tes cours ! »

Finalement il pouvait passer pour un lycéen lorsqu'il avait des expressions aussi mignonnes. Comme un enfant suppliant un parent, il s'accrocha à son bras. Kouichi allait devoir nettoyer ses vêtements dès qu'il serait rentré, par chance sa tenue de demain reposait sur son lit. Sano l'obligeait à tenir un minimum leur chambre, sinon ils vivraient dans un véritable bordel !

« Pour venir en cours il faudrait déjà que tu ne tombes pas malade. Mais regarde toi, on dirait que tu viens de te prendre une averse. » Il lui ébouriffa les cheveux comme le gamin qui le méritait. Il réfléchit un cours moment. « Tu pourras goûter à cette glace une fois que tu seras propre et sec. De toute façon je dois passer chez moi. Tu viens avec moi, je te laisserai utiliser l'eau. »

Sano n'était pas là, un truc à faire apparemment... Donc s'il invitait quelqu'un dans leur chambre ça ne devrait pas poser problème. Genji ne serait certainement pas dupe, les idées de Kouichi n'était pas difficilement décelable. Il aurait du se sentir honteux d'avoir de telles pensées ? Peut-être, mais son élève était si mignon, comment résister à le conduire dans son entre pas secrète ?! Rien que le fait de le sentir si proche appelait à déployer son self-control.

Il conduisit sa proie jusqu'à sa moto, lui tendit son casque et démarra l'engin. En descendant au terminus – Sei – Genji s'aventura dans un sujet délicat, au moins sa franchise avait du mérite.

« Juste comme ça, t'as laissé combien de type en plan ? »

« Sûrement autant que toi, Genji-kun. » fit-il un sourire en coin qui en disait long sur l'image qu'il s'était fait jusqu'à présent de son vis-à-vis

Ils montèrent dans sa chambre. Tandis qu'il rangea ses quelques courses, il indiqua la salle de bain au garçon en prenant soin de lui donner une serviette et des fringues de rechange – ils étaient un peu grands pour lui, un cadeau de Yahiro. C'était juste un pantalon noir à plis déchiré au niveau des genoux et un T-shirt gris à longues manches avec un col en V, des vêtements assez soft en comparaison avec la garde-robe du chanteur. La tentation de jeter un coup d’œil dans la salle de bain était trop grande, ou alors de faire couler l'eau du robinet pour qu'il sorte de là sous la panique. Kouichi s'amusa à se créer mille scénarios sournois, sa spécialité. Sano goûtait assez souvent à ses blagues... Le pauvre. Cependant, il n'en fit rien, décidant de rester sage... pour le moment.  

© Kouichi

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Genji réapparut quelque temps après, propre et habillé. Sans jaune d’œuf on voyait mieux le potentiel du garçon, surtout que les vêtements lui collait suffisant pour laisser peu de place à l'imagination. Fier de lui, Kouichi lui tendit sa récompense tant attendue : le pot de glace goût vanille et fruits rouges. Seuls les photographes l'avait qualifiés de sexy, car les mecs qui avaient eu le privilège de partager son oreiller ne s'embarrassait pas de compliments et passait directement aux choses sérieuses. Ce n'était pas grand chose, mais il en fallait peu pour toucher son cœur. Son invité aussi faisait son petit effet ! Pendant que ce dernier s'était refait une beauté, le canapé avait été débarrassé d'un tas de magazines dans lequel il apparaissait furtivement.

« Viens-là. » tapota-t-il un coussin.

Dès qu'il fut assis il se mit à lui sécher les cheveux correctement en lui expliquant qu'avoir la responsabilité d'un malade sur le dos ne lui plairait pas. Il avait la même odeur que lui, son shampoing et son savon. Des cheveux longs et souples. Un corps sublime. Mais que demander de plus ?! Ah, peut-être qu'il ne soit pas son élève... Un petit détails, certes, qui pouvait lui faire perdre son boulot. Et même si ça devait arriver, ce serait sans remord ni regret !

Lorsqu'il eut fini avec ses cheveux son envie de le prendre là tout de suite explosa. Genji avait malheureusement l'air de vraiment s'intéresser à ses « conquêtes ». Une expression mignonne de son invité et il craqua complètement, le laissant encore tranquille. De toute façon il n'allait pas s'enfuir, pas vrai ? Kouichi alluma une clope.

« Et bien... je ne sais pas par où commencer... Les filles n'ont jamais pu me toucher, alors je n'ai eu que des mecs. La star de mon lycée s'était confessé à moi. Sérieusement au début j'ai cru à une blague, et puis il a commencé à me harceler jusqu'au jour où ce con à crier au milieu de la cour qu'il allait arrêter ses études si je continuait à ne pas le prendre au sérieux ! T'aurais vu sa tête, on aurait dit qu'il allait faire une connerie. Alors, pour lui faire peur je lui ai proposé de coucher avec moi, ça n'aurait pas du lui poser un problème s'il m'aimait vraiment... Il a refusé bien sûr et a arrêté de me harceler. Une semaine plus tard on s'est croisé dans une grande surface, il m'a littéralement kidnappé ! J'ai pensé qu'il lui manquait une case, en fait on est allé chez un bon ami à lui qui avait gentiment accepté de lui prêter la maison. Comment il s'y est pris, j'en sais rien, mais il était doué ce salaud, je ne m'en suis rendu qu'à la fin que j'avais couché pour la première fois avec un mec. Après il a déménagé sans m'en parler alors j'ai continué avec d'autres gars, certains étaient hétéro à la base. Pense que je suis un salaud si tu veux, mais je reste un homme. »

Se remémorer ses années de lycée lui faisait plaisir, il n'en parlait pratiquement pas. Il écrasa sa clope et attira soudainement Genji contre lui. Les parfums du tabac et du shampoing se mélangèrent.

« Assez parlé de moi ! Parce que je suis gentil je te laisse le choix : soit tu pars maintenant, soit tu restes avec moi. Si tu choisis la deuxième solution, on fera ce que tu veux... »

Il lui servi un sourire armé de sous-entendus. Lui demander la permission c'était juste pour suivre les règles, au final il savait comment tout ça allait terminer. En plus il l'avait chauffé sur la moto, il méritait d'en assumer les conséquences, même si Kouichi n'avait rien dans innocent non plus dans cette histoire.

© Kouichi

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Genji avait visiblement décidé de transformer son hôte en crème glacée géante, ce qui ne fit qu'accentuer le caractère enfantin du garçon et le cœur de glace de Kouichi. Le contact avec ses doigts froids réveillait doucement sa fourberie habituelle, il retenait un de ses rires graves que prenait les vilains dans les films, son torse gonflant sous l'amas d'oxygène. Le garçon avait bien réviser les règles du jeu et il ne se laissait pas envahir par notre – charmant ? - rockeur, l'inverse fut un peu moins certain... Jamais Kouichi n'aurait envisager de se laisser séduire par un gamin de son nouveau lieu de travail, voire de sa classe ! Même si l'apparence de Genji était trompeuse et son manque de manifestation en cours le rendait presque inexistant quand notre professeur chaussa ses lunettes, donc on pouvait lui pardonner cette attirance.

Et ce sale gosse n'avait pas fini la partie ! En sentant sa langue, Kouichi avait instinctivement entre-ouvert les lèvres, mais il ne l'embrassa pas. C'était une déception qui donna envie d'extraire plus de sa personne. Mais comme tout bon joueur, il savait ou attaquer l'adversaire.

« Et si je faisais le choix de partir là maintenant ? »

Toutefois, l'adversaire en question savait répondre aux attaques. Il glissa une main dans son dos et le renversa sur le canapé avant de l'embrasser. Bon, c'était direct, mais ça le soulageait de relâcher une petite partie de son désir. Leurs langues finirent par se dénouer et se leva pour faire quelques pas, en défroissant ses vêtements.

« Tu serais cruel de me laisser dans cet état si tu partais maintenant. Alors je suis celui qui part et je t’emmène avec moi, mon nouveau guide. Tu me dis où et je nous y conduis. Qu'est-ce qu'en t'en penses ? »

Déjà une veste et ses clés en main, il l'attendait à côté de la sortie. Pourquoi vouloir soudainement partir au lieu de poursuivre ?! Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, même si Sano était sorti rien ne garantissait qu'il ne débarque pas plus tôt que prévu et les surprenne en pleine, Kouichi tenait à maintenir une bonne entente avec son coloc. Puis, Genji devait certainement s'attendre à se faire violer sur le champ, alors le chanteur rouge avait eu envie de le surprendre, en espérant qu'il le fut. Le garçon devait ensuite connaître les bons coins de cette ville perdue où Kouichi avait échoué sans carte aux trésors. Et enfin, la raison principale qui se cachait sous toutes les excuses énoncées précédemment : il voulait que Genji soit spécial. Après tout il l'aimait bien ce gosse, lui bondir dessus comme si c'était un mec de plus ce n'était pas le traiter à sa juste valeur. Pas que les autres aient été nazes, mais Genji ne pouvait pas être comparable à eux, sans que Kouichi sut expliquer cette distinction. Son physique de rêve ? Autre chose peut-être ?

« Dépêche-toi de te décider ou je pars sans toi ! » mima-t-il une fausse sortie

Une fois sur place, il comptait bien lui extirper des informations complètement inutiles, un invité trop curieux méritait qu'on lui retourne l'appareil. Plus sérieusement, c'était l'occasion de sentir à nouveau l'étreinte du garçon sur sa monture mécanique.

© Kouichi

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Souvent, lorsqu'on fait une rencontre on la juge assez rapidement, puis on change d'avis concernant la personne. La première impression est la bonne, dit-on. Une fois de plus ce dicton s'était avéré vrai avec l'élève de Kouichi ; depuis le début il savait qu'entre eux ça allait fonctionner. L'excursion n'avait pas manqué son objectif, tout de suite l'idée avait plu à Genji qui s'emportait à présent. Le temps filait à ses côtés, ce qui inquiétait un peu Kouichi, la soirée devait être longue si ses plans devaient être atteints. La boule qui lui nouait l'estomac était uniquement due à l'inquiétude du temps et des événements survenus lors de la répétition cette après-midi là. Genji n'aurait été qu'une aventure d'un soir tout au plus, jamais le rockeur n'aurait porté de l'intérêt à ce garçon, surtout à l'un de ses élèves. D'ailleurs, lui soutirer quelques informations pratiques sur cette école de barges pouvaient être utile dans un futur proche.

Dès que Genji se collait un peu trop à lui, Kouichi réunissait tous ses efforts pour ne rien tenter. Pourquoi se retenait-il ? Il sentait qu'il le devait, voilà – et cela n'avait strictement rien à voir avec le fait qu'il était son professeur adoré. Focalisé entièrement sur le jeune homme jusqu'à présent, il se demanda au moins vingt fois s'il avait bien fermé la porte d'entrée en partant. Le bruit du pot de glace heurtant une poubelle fit sursauter Kouichi, celui-ci réalisa qu'il était tendu comme à son premier rendez-vous.

« Je sais ! Ça te branche un karaoké ? »

Dans le mille ! Mettez-vous à sa place : vous êtes chanteur dans un groupe et on vous offre une occasion d'étaler votre talent devant la personne que vous convoitez, que feriez-vous ? Il pensait qu'il l'aurait amené dans un de ces bars dont Kouichi était habitué, mais à la réflexion le ciel était encore trop clair pour ce genre de chose, peut-être que son ami n'avait pas la majorité nécessaire pour entrer.

« Rien de mieux que de s'épuiser les cordes vocales ! » cacha-t-il à peine sa joie. Quelle idée de défier le loup dans sa forêt ! « Met ça et accroche-toi bien. »

Kouichi enfourcha à nouveau sa moto et attendit les bras de de Genji  avant de démarrer. Pendant tout le trajet, il souriait aux anges, sa nervosité avait disparu. Le karaoké, semblable aux autres, se trouvait collé entre deux commerces dans la rue principale. La sensation de familiarité qui se dégageait de l'endroit envahissait Kouichi de nostalgie. Depuis combien de temps n'avait-il pas mis les pieds dans un karaoké ? Depuis qu'il avait fondé Scar♦Rock avec les autres ? Oh oui, au moins ! Néanmoins il resterait toujours le prince des lieux car la chanson était son domaine. Il ne se prenait pas pour un dieu, mais la modestie ne l'étouffait pas non plus. La fille de l'accueil s'étonna de voir deux garçons ensembles, d'habitude on s'y rendait à plus grand nombre ou alors en groupe mixte. Uniquement deux faisait suspect, deux hommes faisait très froid dans le dos à certains. Elle lui tendit une carte magnétique en baissant les yeux et en leur souhaitant une bonne heure d'amusement. Il avait jugé une heure amplement suffisant. Pour le plaisir ses doigts frôlèrent la ceinture de Genji jusqu'à atteindre sa main dans laquelle il déposa la carte.

« Je te parie qu'elle a viré au rouge pivoine. » chuchota-t-il au jeune homme

C'était mesquin, d'accord. En rencontrant ses amies plus tard elle leur raconterait la scène d'un air choqué – les femmes de ce pays qui ne connaissaient pas les grandes villes avaient généralement un esprit étroit, les hommes aussi... À peine entré dans pièce exiguë que Kouichi s'affala dans les banquettes imitation cuir de très mauvais goût. Un petit karaoké dans une petit ville avec des petits moyens.

« Commande ce que tu veux, c'est moi qui régale. »

Aucune protestation envisageable étant donné qu'il avait un salaire. Il espéra secrètement que la maison ne possédait pas d'alcool hors de prix. Genji était si mignon, lui céder une partie de sa misérable fortune pour un soir aurait été un cas exceptionnel, et puis Kouichi ne voulait pas passer pour un radin malgré l'état de son compte en banque. Il eut tout de même l'intelligence de cacher son inquiétude derrière un sourire sûr.

« Dis-moi toi qui a l'air... normal, il se passe quoi exactement à Sei ? »

© Kouichi

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Comment détourner les yeux de ce cul ?! Tandis que Kouichi cherchait le mode d'emploi de son cerveau, il commanda une bière à la demande de son élève adoré qui avait décidé d'être sage ce soir... enfin c'était sans doute l'image qu'il souhaitait donné à sa nouvelle proie. Pas besoin d'être psychologue pour comprendre que ce mec croquait les hommes les uns après les autres sans regret ni remord. Qui aurait cru qu'il rencontrait dans ce trou perdu quelqu'un comme lui, dont l'appétit des  pénis le menait à la baguette – no comment. Apparemment ce trou cachait bien des choses et cela intriguait notre nouveau professeur ! Genji joua d'abord les revêches mais finit par lâcher un morceau après avoir tenté un assaut de baiser. Ce petit n'avait pas froid aux yeux !

« Sinon bah à Sei c'est juste une guerre un peu entre tout le monde. Rien de grave, c'est histoire d'occuper no vies. »

La scène complètement ridicule qui tournait dans la tête de Kouichi le fit rire intérieurement, le ton de Genji ne l'avait pas aidé. Genre une gué-guerre dans où les lycéens portaient des peintures de guerre et des mitrailleuses, les profs seraient les premières victimes ainsi que les intellos et les gangs régneraient. Genji le magnifique et Kouichi le rockeur s'allieront-ils pour survivre dans terrain sans pitié de Sei ? À suivre dans le prochaine épisode... Quel scénario ! Voilà qui pouvait inspirer notre chanteur pour un nouvel album, voire un clip ! Avec des enfants ce seraient encore mieux : deux petits bouts de choux se tirant dessus avec des regards de tueurs cirant « Pan ! Pan ! T'es mort ! - Mais nan c'est toi qu'es mort ! T'as rien compris les règles ! - Rend-moi mon Dinoranosaure russe... Rend-le moi euh ! ». Ahem, un peu de sérieux voyons, une séance de drague est en cours. Quel cul ! Mince, ça c'est déjà...

« Alors on choisit quoi ? Tu commences ou je commence ? Quoique... à toi l'honneur, je veux t'écouter. »

Vive la démocratie avec lui. Kouichi voulait en savoir plus sur la guerre de Sei, mais Genji avait dit une chose intéressant plus tôt : il avait affirmé draguer son professeur. L'inverse était tout autant vrai. Kouichi posa une main sur celle de Genji et se pencha comme s'il allait répondre à son baiser... mais non. Un sourire espiègle remplaça son geste inachevé.

« Je veux bien inaugurer cette soirée à une condition. On est pas ici pour se sauter l'un sur l'autre, même si ce n'est pas l'envie qui manque, je veux te connaître avant tout. »

Ajoutez à ça que l'endroit était inapproprié pour coucher avec son élève. Il retira sa main au moment où une femme, celle de l'accueil, entra avec deux bières. Elle partit aussi vite qu'elle était entrée en regardant ses pieds. Kouichi but une gorgée et sélectionna une musique aléatoirement. Et c'était parti pour Liar de One Ok Rock. C'était un groupe qui connaissait un succès fou en ce moment, Kouichi en avait entendu vaguement parlé. Le titre était bien tombé !

« C'est parti ! »

La musique démarra. Kouichi avait été tenté de chanter faux pour l'amusement, mais cracher sur cette chanson ne lui disait rien, en plus chanter faux lui demandait beaucoup trop d'effort. La guitare l'emportait déjà dans la mélodie. Par chance, sa voix ressemblait un peu à celle du chanteur et il chantait dans une tonalité confortable, alors il laissa les notes couler dans sa bouche et son ventre. Sa voix n'avait pas encore totalement récupéré de la répétition de la journée, mais c'était passable, enfin il avait déjà fait une meilleure performance.

Pas peu fier de lui, il tendit le micro à Genji.

« À toi mon joli. Montre-moi que tu mérites de m'ajouter dans ta collection. » fit-il gentiment en plongea dans sa bière.

© Kouichi