Lucioles {PV MAE IWAHIDE}

Lucioles  du  soir,      lumières  d'été...

Un soupir satisfait brisa le doux silence de la bibliothèque. Malgré l'heure tardive, le salle était toujours ouverte, et la bibliothécaire devait sûrement ronfler sur le bureau de l'accueil. Au fond de la grande salle remplie de bouquins tous tellement différents se trouvaient une jeune fille. On aurait pu discerner un fantôme de loin, mais pourtant, elle était bien là, Sawako Yamashita-san, avec sa peau blanche et ses cheveux raides et noirs. Elle tenait dans ses mains un petit livre blanc. Elle venait de le finir et les derniers mots flottaient dans son esprit. Sans un mot, elle se leva de la chaise en bois qu'elle n'avait pas quitté depuis qu'elle était venu, après la fin des cours. Le Vendredi soir, Sawako s'offrait plusieurs heures de lecture, alors que le reste de la semaine, elle ne pouvait rester qu'une heure et demi. A cause du travail personnel scolaire. Mais le Vendredi, elle obligeait tout le temps la pauvre bibliothécaire, pourtant si jeune et vive de caractère, a somnoler ici pendant qu'elle finissait de lire un ouvrage qu'elle n'avait d'ailleurs sans doute pas commencer. Cela faisait bien rire la petite lycéenne.
Sawako traversa les allées de livres jusqu'à arriver devant la bibliothécaire assoupie sur son bureau. Elle posa le livre sans un bruit, en faisant attention de bien faire dépasser le petit papier qui indiquait qu'elle rendait son livre. Elle fit le tour du meuble, et comme chaque vendredi soir, tard, elle mit la veste de la jeune femme sur ses épaules pour qu'elle ne prenne pas froid. Sawako, souriante, lui souhaita une bonne nuit, et s'en alla en faisant attention de ne pas faire de bruits de pas ou de glissement de porte.
Dans le couloir noir, Sawako s'étonna qu'il n'y avait personne. D'habitude, quelques courageux rodaient encore, pour tenter de l'apercevoir. C'est vrai que Sawako aimait bien les tourmenter un peu en se faisant passer pour le fantôme de l'école. Bien que Sei n'était pas une école tout à fait normale, il fallait bien un peu de divertissement ordinaire.
Son sac à bout de bras devant elle, elle traversa le couloir sombre. Ses pas cliquetaient sur le sol froid. Le dos droit, la tête haute, le regard loin, elle arriva devant les escaliers qu'elle entreprit de grimper lentement. Ce soir-là n'était pas un Vendredi soir comme les autres. Car dans la semaine, elle avait rencontré une dénommée Mae. Mae Iwahide-san. D'un sa sempaï, Mae avait comme elle, un penchant pour le romantisme. Et ce soir, elles allaient passé du bon temps entre filles. Cela sonnait comme un rêve pour Sawako. Elle n'avait jamais eu d'amie. Pas de fille, en tout cas. Juste un garçon, quand elle était jeune. Mais, passons. Mae était sa première amie. Ses joues en rosissaient de joie et de plaisir.
Quand Sawako ouvrit la porte de secours du toit, l'air frais des nuits d'été lui souffla sur le visage. Elle n'avait pas envie d'aller se changer, alors le vent soulevait un peu sa jupe d'uniforme. Quelques lucioles volait ici et là. Dans la nuit presque noire, éclairée par la lune en croissant, elle aperçu un mouvement. Sawako fit un petit pas.

« Mae-san.»

Elle s'avança et s'assied auprès de sa nouvelle amie. Mae était quelqu'un d'unique en son genre. Côté physique. Bien qu'elle n'était pas la seule gothique au monde, elle trouvait que le noir lui allait à ravir, au contraire de tous les autres. Elle avait le corps et le visage d'un poupée, et même ses faits et geste rendaient le tout irréel. Une petite poupée vivante. Avec ses airs de fantôme lugubre, Sawako voulait bien lui ressembler. Elles étaient complètement différentes. Sawako était un peu grande, chétive, plate et lugubre, alors que Mae était assez petite, avec un corps parfait, et des côtés de petites princesses, avec l'extravagance de ses cheveux et des vêtements qu'elle portait.

« Comme la première fois que je t'ai vu, j'ai cru voir une poupée en porcelaine. »

Lucioles  du  soir,      lumières  d'été...

La nuit était fraîche, et ça faisait du bien. Tout le bâtiment avait gardé la chaleur de la journée et il était insupportable d'y rester une minute de plus. Sawako n'allait pas bien dormir cette nuit, avec cette sensation d'étouffement. Elles avaient bien fait de se donner rendez-vous ici. Les lumières de la ville éclairaient les deux filles, maintenant que les yeux de Sawako s'étaient parfaitement habitués à l'obscurité. Des petites fourmis lumineuses semblaient clignoter au loin. C'était si beau. En s'approchant, Sawako s'aperçu que Mae avait attaché ses cheveux en un élégant chignon. C'était bien la première fois qu'elle la voyait ainsi, et cela la fit sourire. Beaucoup de gens l'avait-elle vu comme ça? En tout cas, ça lui allait très bien. De plus, ses yeux rouges avaient disparu pour laisser place à deux grands yeux sombres. C'était une vrai poupée européenne, alors que Sawako ressemblait plus à la poupée maudite japonaise. Cela lui arracha un tout petit rire.

« Sawa… Regarde les étoiles comme elles sont jolies. Tu ne trouves pas ? Tu es aussi belle que la plus brillante des étoiles Sawako, sincèrement. »

Le rire de Sawako s'arrêta net, et elle rougit un peu, le visage étonné. Mae l'avait juste appeler "Sawa". Sans suffixe ni honte, elle le prononça comme si elle l'avait toujours fait. C'était la toute première fois qu'on lui donnait un surnom. Ses parents, lorsqu'elle était jeune, ainsi que Shota, l'avait toujours appelé par son prénom, sans suffixe non plus. Tous les autres l'avait appelé par son nom de famille, même si il était rare que quelqu'un lui parle. Elle n'était donc habituée qu'à "Sawako" ou "Yamashita-san". Et puis, Sawako ne se trouvait pas belle. Elle avait les cheveux trop raides, trop noirs, les yeux trop banales. Mais en même temps, c'était une pure et simple japonaise. Elle ne pouvait rien y faire.
Elle regarda les étoiles pour cacher le rouge de ses joues et acquiesça.

« Elles sont très belles, Mae-san. C'est étonnant que la pollution ne les ai pas fait disparaître.»

Elle lui sourit. Assise confortablement, Sawako pensa à quelque chose. Ses yeux brillèrent un instant, et elle leva l'index.

« A-attend, j'ai quelque chose pour toi! »

Sawako fouilla dans son cartable quelques instant avant d'en sortir deux petites choses. Deux petits porte-clés, deux petites figurines en laine. Le premier représentait une petite fille aux cheveux noirs ondulés avec une petite robe blanche longue et à manche trois quart ; l'autre, une petite fille aux cheveux attachés sur le côtés avec une petite robe noire légère à bretelles. Ses deux petites poupées les représentaient, selon Sawako, et puisqu'elles étaient amies, il fallait qu'elles partagent ça. Sawako les mit aux creux de sa paume droite et le lui tendit, avec un grand sourire.

« Nous sommes amies, maintenant, n'est-ce pas? Alors prend-en une.»

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La petite poupée qu'elle venait de déposer dans le creux de la main de Mae était le premier cadeau qu'elle offrait de sa vie. C'était la première fois qu'elle faisait plaisir à quelqu'un, car elle était presque sûre que sa naissance n'avait pas tellement fait plaisir à ces parents. Il faut dire que chez eux, l'avortement était quelque chose d'horrible. Mais elle préférait nettement donné du plaisir à Mae qu'à ses parents. Elle leur en voulait tant... Elle leur en voulait tant de n'avoir pas su l'aimer, l'accepter et surtout, la croire. L'Amour, Sawako ne connaissait rien de ça.

« On ne m'a jamais rien offert... »

Les sourire chaleureux de Sawako s'accentua. Son premier cadeau, elle l'offrait à quelqu'un dont c'était aussi son premier cadeau. Son ventre fourmilla de joie. Même si cela l'attristait que personne n'ai encore offert de cadeau à une si adorable personne, Sawako trouva qu'elle avait bien fait, et que c'était encore mieux que ce soit leur première fois à toutes les deux.

« Heureuse de vivre une première fois avec toi. Moi aussi, c'est mon premier cadeau.»

Son sourire remonta plus jusqu'aux oreilles, tandis que ses joues rosirent. Elle n'avait jamais sourit autant. Tout à coup, Mae s'empara d'une mèche de cheveux soyeuse de la Sirène et le tressa avec douceur. D'abord toute surprise, Sawako se tendit, elle n'avait jamais été pouponnée, même pas par sa propre mère. Être au centre de l'attention d'une personne lui faisait bizarre. Mais Sawako se calma et trouva tellement gentil de la part de Mae d'être si attentionnée qu'elle avait envie de la prendre dans ses bras. Mais elle n'avait jamais étreint quelqu'un non plus, enfin dans ses souvenirs. Il semblait à Sawako que lorsqu'elle était enfant, elle avait voulut un câlin réconfortant de sa mère, après qu'elle s'était blessée au genoux en tombant dans la montagne. Mais elle n'y avait pas eu droit. Juste à un regard froid et distant.

« Tu es trop mignonne, Mae-san. »

Lorsque Mae se retrouva en face d'elle, elle lui retendit un sourire. Comme ci les sourires n'étaient adressés qu'à elle. Elle la remerciait d'être autant gentille.

« Désolée... »

Désolée de quoi? Qu'avait-elle fait? Sawako ouvrit de grand yeux interrogateurs. Mae semblait gênée et furieuse contre elle. Cela ne lui ressemblait pas.

« De quoi? Tu n'as rien fait de mal, je t'assure !»

Prise d'un élan de tendresse, Sawako s'avança et la prit finalement dans ses bras. Les mèches du chignon de Mae lui chatouillaient le visage, mais elle ne s'écarta pas. C'était son premier câlin, après tout. Elle était si contente d'avoir trouvé quelqu'un qui l'aime rien qu'un peu, et elle voulait en savoir beaucoup plus sur l'amitié. En ce moment, l'amitié se définissait pas quelque chose de magique, qui donne les larmes aux yeux. Sawako s'aperçu alors qu'elle lui faisait confiance, et son cœur se serra. Elle s'écarta doucement et fit s'envoler d'un geste ces mauvaises pensées. Mae était une bonne personne, elle le pensait.

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Sawako ne savait rien sur ce qu'elle éprouvait. Elle ne savait pas quelle orientation sexuelle elle prenait. Elle n'y avait jamais vraiment réfléchi. Lorsque la question de Mae lui parvint, son cerveau se mit à réfléchir à grande vitesse. Elle savait que beaucoup de garçons pouvaient la faire rougir d'une certaine façon, mais elle savait aussi que quelques fois, elle attardait son regard sur les lèvres ou la poitrine d'une fille. Mais n'ayant aucune expérience, elle ne savait rien de ce que cela représentait. D'ailleurs, les yeux de la Sirène étaient fixés sur les lèvres de Mae qui était en face d'elle, ses bras encore autour de ses épaules. Le ventre de Sawako lui brûla. Elle avait envie de la reprendre dans ses bras, mais il fallait d'abord qu'elle lui réponde. Son regard se fit triste sans qu'elle ne le veuille.

« Non. Je ne sais pas si ça doit me rendre triste ou pas.»


Sawako fit la moue et un petit sourire s'étira sur ses lèvres. Le cœur de Sawako palpitait, et elle ne savait pas pourquoi. Les premières fois défilaient les unes après les autres, ce soir-là. Yen aurait-il d'autres? Peut-être que Sawako l’espérait.
Mae se leva tranquillement en lui disant de ne pas bouger. Sawako, le regard en l'air pour discerner son visage, était un peu rose aux joues, sans qu'elle ne sache vraiment pourquoi. Qu'est-ce que Mae allait faire? Et bien, elle alla tout simplement derrière elle, et Sawako senti ses cheveux bouger. Mae continuait à lui tresser les cheveux. Sawako sourit un peu plus. Elle sentait chaque mouvement derrière son dos, captive à tout ce qui pourrait arriver. Son dos la brûlait et les poils de ses bras se hérissèrent, car Mae s'y trouvait juste. Elle ne savait pas pourquoi son corps réagissait de la sorte, mais elle aimait bien. Cela la changeait. Lorsque la petite poupée gothique toucha inconsciemment la hanche de Sawako d'une main tandis que l'autre lui démêlait les cheveux, Sawako senti son corps se tendre. Et pourtant, une chaleur diffuse se propageait en elle.
Ses yeux se perdirent dans le vague un instant, profitant de la sensation que la main de Mae sur sa hanche lui procurait.

« Mae-san.»

D'un tout petit murmure, elle appela la jeune fille derrière elle. Sans s'en rendre compte, le cœur de la Rose battait fort et vite. Sans laisser le temps à Mae de réagir, Sawako se retourna lentement et attrapa le poignet de la brune. Elle la regarda dans les yeux deux secondes avant d'avancer ses lèvres aux coins de celles de son amie.

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Sawako flottait dans de la brume, les yeux voilé par un rideaux opaque. Pour la première fois, Sawako avait fait quelque chose. Quelque chose d'étonnant, à vrai dire. Elle n'était pas habituée à ce que son corps régisse pareillement. Elle avait peur de ce qui lui arrivait, en fait. Elle n'était encore qu'une enfant en ce qui concernait ses relations sociales.
Lorsque Mae s'excusa, la Mermaid cligna des yeux, et tout redevint clair. Encore allongée au sol, elle rougit de honte. Mon dieu, qu'avait-elle fait?! Etait-elle devenue folle? Oh, Kami-Sama, Sawako souhaitait être pardonnée!
Elle se releva en position assise, un peu tremblante et le souffle court. Une luciole passa devant elle. Elle la regarda, troublée. Que ressentait-elle en ce moment précis? Elle ne sentait en elle que du vide, comme s'il ne s'était rien passé. Un vide pourtant rempli de quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Tout était vague. Comme si pendant un instant elle avait été une autre personne. Elle pensa à Mae, à côté d'elle. Elle tourna vivement la tête vers elle et s'exprima vivement:

« Non, c'est moi qui suis désolée, Mae. Je n'aurais jamais du faire ça.»

Sa bouche parla plus vite que son esprit pensa. Cette phrase était à double sens. Mae n'avait rien fait, elle avait toutes les qualités du monde et la toucher n'était pas une honte. Mae se mordait la lèvre, et Sawako fit de même. Elle baissa les yeux, et mit une main sur son cœur. Il tambourinait comme un acharné, et Sawako s'en voulait. Elle s'en voulait tellement. Que lui était-il passé par la tête? Sawako venait de faire passer son premier baiser, et tout ça par sa faute. Mais de toute façon, il valait mieux que ce soit avec Mae qu'avec une personne ignoble. Puis elle se rendit compte qu'elle ne regrettait qu'à moitié ses gestes. Bien sûr, elle regrettait d'avoir été si peu élégante envers son amie, mais pas qu'elle ai fait cela avec elle et pas une autre personne.
Elle inspira et expira longuement avant de relever les yeux timidement.

« Désolée, désolée, désolée, je ne sais pas ce qui m'a prit, c'était juste...»

... bizarre. Mais elle ne pouvait pas dire ce mot. Cela pourrait l'offenser. Mae n'avait pas repousser Sawako. Donc, elle ne pouvait vraiment pas dire ça.

« ... incroyable.»

Bizarre et incroyable n'étaient pas des mots vraiment différents, mais le second avait un sens plus mélioratif que le premier. Et puis, tout ça n'avait vraiment pas été horrible.
Sawako joignit les mains devant son visage, ferma les yeux bien forts, si fort qu'une larme traversa sa joue droite.

« Je com-comprendrai si tu ne me pardonne pas, mais s'il te plait restons amies. »

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Le poste de Sirène de notre petite poupée japonaise n'était dû qu'à la haine qu'elle portait pour l'autre parti de l'Homme. Cette haine était né d'un traumatisme venant de son enfance. Petite, elle n'avait eu qu'un seul ami, dû à son lieu d'habitat et surtout, ses parents. Ce seul ami était un garçon. Et à cause de lui, elle avait perdu le peu de ce qu'elle avait pu avoir.
Sawako n'était pas Sirène pour son charme, ni pour son don de la manipulation. Et elle n'aurait en aucun cas pu devenir une Amazon. Sawako était trop calme et fragile pour cela.


La fermeté des propos de son amie la réconforta. Il fallait qu'elle se calme. Mais Sawako venait tout juste de voir quelque chose de nouveau, et ça la perturbait vivement. Une main dans la sienne, elle acquiesça. Mae recommençait à lui chatouiller les cheveux, et ça l'apaisait. En regardait la petite gothique de près, elle sentait qu'une chaleur émanait d'elle, ce qui voulait sûrement dire que désormais, Mae comptait beaucoup pour la Sirène. Elle eut un petit sourire.

« C'est vrai, excuse-moi de m'être emportée comme ça.»

Ses larmes avaient séchées et sa voix ne tremblait plus. Au contraire, elle était calme, posée, et sûre. Sawako ferma les yeux et pouvais enfin comprendre le sens du mot "amitié". Même si Mae affirmait que ce n'était pas une simple amitié - Sawako pensait la même chose - et bien, elle pouvait enfin savoir ce qu'il en retournait. Un ami est une personne qui te fais confiance, qui te fais découvrir de nouvelles choses sans brusquerie, et plein de compréhension. Comme Mae. Grâce à ça, Sawako avançait petit à petit dans sa vie, et ça la touchait vraiment.

« Merci, Mae. J'ai l'impression que tu me comprends et ça me fait du bien.»

Elle était toute calme, maintenant et avait intégralement reprit le contrôle d'elle-même. Elle se sentait sereine, tout à coup. Son esprit avait dissipé le brouillard en un clin d’œil et cette facilité lui parut étrange. Pourtant, elle avait envie de rire aux éclats, parce que sa réaction, trouvait-elle, avait été stupide. Mais elle n'en fit rien. Tout à coup, elle vit une luciole passer derrière Mae. Cette même luciole, peut-être, qui avait vu sa petite crise.

« Dit, Mae...»

Sans s'en rendre vraiment compte, Sawako avait retiré le suffixe honorifique "-san". Peut-être parce que pour elle, Mae était devenue plus qu'une simple amie. Elle leva les yeux vers ceux de son amie et lui sourit chaleureusement. Depuis qu'elle était arrivée, elle ne comptait plus ses sourires. Et le mieux, c'est qu'ils étaient sincères.

« ... continue ma tresse, s'il te plait. »

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Mae, après sa petite demande, retourna dans le dos de Sawako pour tresser ses baguettes noirs qu'elle avait en guise de cheveux. Elle ne savait pas à quoi elle ressemblerai avec, mais elle essayait. Encore une première fois.
Les doigts fins de son amie Amazon s'affairait derrière son crâne de telle manière que ses cheveux semblaient légers comme des plumes. Elle savait s'y prendre, apparemment. La jeune fille derrière elle prit la parole, et cela fit sourire Sawako.

Son odeur, Mae l'aimait. Lorsqu'elle lui en fit part, Mae se pencha sur le cou de Sawako et déposa de délicats petits baisers, ainsi que sur son épaule. Sawako la laissait faire. Parce qu'elle aimait bien. Elle adorait Mae, elle ne voulais pas la repousser. Pour rien au monde. Elle appréciait de ressentir ces petits frissons dans son dos et ses bras. Les lèvres sur la courbe de son corps lui procurait des petits picotements agréables. Sawako sourit et ferma les yeux. Elle attrapa la main de Mae appuyée sur son épaule, qui cherchait la sienne. Elle la pressa doucement, en signe de confort. La Mermaid soupira aisément. Son cœur battait normalement. Elle trouvait désormais normal qu'elles agissent comme ça. Les tresses pouvaient attendre.

Lorsqu'elle avait rencontré Lilith, elle n'avait pas ressenti la même chose. Lilith était comme une deuxième mère pour la Rose, mais son coeur ne battait pas de la même manière. Avec Lilith, elle voyait tout en rose, comme lorsqu'une fille et sa mère font du shopping ensemble. Quelque chose de normal, de compréhensif. Mais quand elle était avec Mae, c'était plus fort. Bien plus. Le temps paraissait passer au ralenti, comme si Sawako enregistrait tout ce qu'elle pouvait, afin de ne rien oublier de sa chère amie. Comme si elle ne devait rien omettre, rien bousiller. Comme si Mae était la prunelle de ses yeux.

« Je ne suis pas la seule à sentir bon, tu sais.»

Sa voix n'était qu'un murmure, mais elle savait que l'Amazon l'entendait. Elle était si près... Sawako bougea un peu la tête et le parfum de Mae atteint son petit nez. Une douce odeur de mûre, peut-être. Sawako aimait les fruits. Cette odeur lui chatouilla agréablement les narines. Sans sourire, mais les yeux toujours fermés, Sawako se concentrait sur ce parfum. Elle voulait une salade de fruits. Tout de suite.

« En fait, tu n'es pas seulement une poupée, à mes yeux. Tu es un trésor.»

Ce mot n'était pas utilisé dans le sens figuré. Pas comme toutes ces mères qui prenaient les joues de leur gosses et qui piaillaient " Mon trésoooooor ~". Non, non, non. Au sens propre. Mae était un trésor. Un vrai. Quelque chose d'unique, de magique, et de brillant.

Sawako commençait à comprendre qu'elle aimait bien plus Mae que comme une simple amie. Et même si cela n'était pas réciproque, elle aimait ressentir ça. C'était nouveau. C'était tellement agréable d'aimer quelqu'un de cette manière, qu'elle en oublia la confiance qu'elle devait préserver. Elle donnait toute la confiance possible à cette fille qu'elle aimait tant.

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Sawako était trop douce et attentive. Trop câline. Toutes ces années sans affection avait creusé une fosse en elle,  et elle savait qu'elle devait la combler. Sawako l'avait peut-être cherché, mais elle ne s'y était pas attendu. Pour la seconde fois, Mae l'allongea au sol et l'embrassa. La Rose n'était pas aussi gênée que la première fois qu'elle l'avait embrassé, et elle s'en félicitait. Les lèvres de Mae contre les siennes étaient douces. Tellement douces. Lorsque Sawako allait y mettre un peu du sien, Mae sursauta et la Mermaid entendit une voix autre que celle qui était au-dessus d'elle. Malheureusement, quelqu'un les avait dérangé. Cela l'effraya un peu, mais Mae rompit cet instant de peur en se relevant en grognant.

« Ya quelqu'un? »

Un homme, d'après la voix. Sawako se demanda comment elles n'avaient pas pu l'entendre arriver. Étrange.

Mae s'avanca vers lui et le frappa. Les deux corps avancèrent dans l'ombre et le reste se passa sans que Sawako ne puisse voir. Elle se releva sur les coudes, la bouche en haut. Mae était forte, c'était sûr. Elle l'admirait de plus en plus. Indifférente aux brimades qu'elle lançait à l'inconnu, Sawako se releva et alla rejoindre son amie. Elle marchait lentement, enregistrant les phrases cinglantes de Mae. Pourrait-elle s'en resservir un jour, si besoin? Sawako savait qu'elle n'allait pas rester longtemps chez les Roses si elle n'avait pas une personnalité forte. Il fallait qu'elle apprenne, petit à petit. Elle commençait donc par les leçons. Viendront ensuite les exercices et les entraînements.

« Si tu répètes à qui que ce soit ce qui s’est passé, je crains mettre en œuvre mes menaces. »

Sawako s'arrêta net, à un petit mètre d'eux. Mae n'était pas fière de ce qu'elle avait fait, elle en avait honte. Tellement honte qu'elle avait peur que ça se sache. Sawako senti son coeur s'alourdir. C'est vrai, Mae ne la considérait que comme une amie. Qu'est-ce qu'elle s'imaginait, enfin! Mae ne l'aimait pas comme elle aurait pu le penser. On, pas comme ça. Cela lui fit mal, et elle s'imagine déjà rentrer dans sa chambre, seule, rongée de remords. Mais elle n'allait pas le faire. Il ne fallait pas qu'elle redevienne l'ancienne Sawako solitaire.
D'abord muette, Sawako franchit les dernières dizaines de centimètres la séparant de l'Amazone, et s'accroupie à ses côtés en le prenant l'avant bras doucement pour la relever. Elle lui murmura à l'oreille:

« Allez, Mae, viens, c'est pas grave. Je pense pas qu'il ai vu grand chose. Il fait noir.»

Se relevant sans attendre qu'elle l'accompagne, elle rejoignit leur affaire et s'accroupie près de son sac. Le vide de tout à l'heure n'était pas le même qu'elle ressentait à cet instant. C'était un vide douloureux. Elle soupira et sorti le porte-clé à son effigie. Elle le regarda, une indifférence surprenante sur le visage, et le serra doucement. Elle senti les fils de laine qui constituaient la poupée entre ses doigts. Elle tourna alors la tête vers Mae. Elle espérait que son visage n'était pas trop triste. Elle n'était vraiment pas douée pour cacher ses émotions.

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Mae pétait un plomb. Complètement. Sawako se fichait complètement de quel groupe son amie était. Cela ne faisait aucune différence. C'est juste que le garçon n'avait pas cherché à les emmerder ou quelque chose comme ça. Alors pas besoin de le battre comme ça. Sawako s'assis, les sourcils froncés, plus embêtée que triste, juste avant. Sawako était une Mermaid, parce qu'elle n'était pas forcément violente, et Mae l'était, ce qui faisait d'elle une Amazon. Sawako soupira, quand elle entendit encore Mae, allongée, dire cette fois d'une traite qu'elle était sortie avec une fille pendant trois ans, puis plus rien. Et qu'elle n'éprouvait que désir. Le cœur de Sawako se serra même si elle savait depuis le début que Mae ne l'aimait pas comme elle aurait pu l’espérai un tant soit peu. Sawako ouvrit la bouche pour lui dire que ce n'était rien et qu'elle savait qu'elle ne l'aimait pas de cette façon, mais Mae renchérit plus vite qu'elle. Oui, elle ne s'était rencontrée que dans la semaine. Sawako le savait, pas besoin de le lui rabâcher, cela la faisait assez souffrir comme ça. Sa bouche se serra ainsi que ses dents.

« Je sais, merci.» lança-t-elle du plus dur qu'elle l’aurait voulut. Mais ce n'était sans doute pas le cas.

Soudain, Mae l'appela d'une voix douce, et Sawako, un coude sur une de ses jambes et la tête dans une main, se releva d'un bond, comme si on l'avait piqué. Mae s'avança dangereusement. Elle lui essuya la joue, emmêla sa main dans ses cheveux, et Sawako eut le souffle coupé. Après ce qu'elle venait de dire, elle continuait? Que devait-elle penser, bon sang?

« Même si je fais tout ça, ce n’est que du désir pur. Alors maintenant arrête de chialer comme une fillette. »

Ah. Alors c'était ça. Elle voulait simplement lu montrer, lui faire une démonstration. Mais maintenant que Sawako en était sûre, elle ne voulait plus que cela se passe comme ça entre elles. Pour Sawako, il fallait avoir de vrais sentiments pour pouvoir toucher une personne aussi délibérément. Sawako en eut un frisson.

« Je-ne-pleure-pas.» Mais sa voix s'étrangla, non pas dans un sanglot, mais plutôt de surprise lorsque Mae la repoussa.

Elle eu un petit cri, lorsqu'elle atterrit par terre. Puis, comme une poupée, Mae lui reprit le bras pour l'attirer à elle. Et lui leva le menton. Sawako était rouge, et avait le souffle coupé. Mae lui montrait-elle sa vraie personnalité? Une personnalité qu'elle ne dévoilait que maintenant. Mae lui posa une question. Sa fierté? Ou était-elle? Sawako n'en svait tout bonnement rien, puisqu'elle n'en avait pas. Elle n'avait pas de vie propre. Elle n'en avait pas eu la chance.

« Montre-moi de quoi tu es capable. »

Sawako fut surprise d'entendre ça au creux de son oreille. Non, Sawako ne ferait plus rien avec elle jusqu'à nouvel ordre. Comme elle l'avait si bien dit, elle ne s'était rencontrées que quelques jours avant. Mae ne savait rien d'elle. Elle ne savait pas tout ce que Sawako avait pu ressentir toutes ces années. La Mermaid n'avait aucune expérience de la vie, et ça lui faisait peur. Alors, quand Mae commença à lui déboutonner sa veste, elle eut un sursaut. Elle croisa le regard d'un coup si violent de son amie. Elle fut effrayée. Son cœur battait à cent mille à l'heure. Elle bégaya, elle n'arrivait pas à aligner trois mots.

« Allez, vas-y! Joue un peu! »

Jouer? Comment ça? Non, Sawako n'était plus en mesure de rien, là. Elle trembait comme une feuille et elle utilisa le dernier souffle qu'elle avait pour empoigner les deux mains de Mae, accrochées sur sa veste noires. Elle affronta son regard, même si celui de la Rose n'était que pur cercle de peur et de refus. Non, elle ne ferait rien.

« Tu ne comprends pas, Mae. Je ne ferais pas ça avec toi. Je ne sais pas moi même qui je suis, je ne peut rien faire avec ce corps.»

Brusquement, Sawako se leva.


« Tu ne sais pas ce que j'ai vécut. Ce qui m'est arrivée dans le passé fait parti de ma vie. En faite, j'ai bien fait de choisir ce porte-clé, puisqu'en réalité, je suis bien une poupée.»

Oh, oui. Sawako pensait vraiment qu'elle n'était qu'une poupée entre les mains du destin. Elle la faisait tourner en bourrique, sans arrêt. Sous la personne solitaire se cachait réellement une fille qui ne connaissait rien de la vie, rien de l'amour, rien de l'amitié. Et encore moins du désir.

Lucioles  du  soir,      lumières  d'été...

Après sa phrase qu'elle avait dit si sincèrement, Mae se leva et grogna quelque chose que Sawako n'aurait pas voulut comprendre. Que voulait-elle faire de Mae? Rien du tout, quelle question! La Rose considérait Mae comme son amie - mais était-ce toujours réciproque? - et cela lui suffisait amplement. Elle ne comprenait pas où elle venait en venir. Jamais elle n'aurait voulut la changer! Après tout, c'est telle quelle qu'elle l'avait appréciée.
Mae la plaqua au sol. Elle se cogna la tête sur le ciment du toit.
La phrase suivante fit froid dans le dos à la Mermaid. Bien qu'elle répétait la phrase, quelque chose de plus agrippa son cerveau.
Que me fais-tu devenir? Sa respiration s’arrêta net. Quoi? Que voulais-t-elle dire? Sawako était perdue, ne sachant que comprendre, que dire...

« Qu'est-ce que...»

Mais Mae lui coupa le sifflet en une phrase que Sawako gardera à jamais au fond, tout au fond de son encéphale, pour jamais ne la réentendre, ni s'en souvenir. Je déteste tout le monde, EVERYBODY. Sawako déglutit.
Sans qu'elle puisse faire un geste, elle se trouva attrapée par le col, et ce geste fit souffrir son cœur. Comment en étaient-elles arrivées là, bon sang! Elle n'avait jamais voulut ça! Et pourtant, Sawako s'en voulait... Alors, Mae lui défit entièrement la chemise et une main vint se glisser sous son caraco tandis qu'une langue étrangère tournoyait avec la sienne. Sawako aurait voulut courir loin, et quand elle se mit à trembler, Mae se retira et la laissa seule sur la pierre. Sa vision engloba le ciel et les étoiles lui parurent floues. Elle passa une main sur sa joue et elle s'aperçu qu'elle avait finalement pleuré. Depuis quand ses larmes roulaient-elles ainsi librement? Elle avait du se montrer si faible! Pourtant, malgré la douleur froide et les tremblements, son cœur étaient devenus plus dur qu'avant.
Une brise vint lui hérisser les poils et elle frotta ses bras pour se les réchauffer. Elle se mit ensuite en position assise et dit calmement.

« Il y a quelque chose que tu aimerai que je fasse dont j'ignore la chose. Dit-le moi, je le ferai.»

Elle avait été une fois de plus sincère. Si elle n'avait pas eu la lubie d'embrasser la brune au coin des lèvres, tout ça ne se serait pas passé.

« Je suis désolée de ce qui s'est passé. C'est vrai que j'ai été blessée quand tu as dit être attirée par moi juste par désir. Encore désolée. C'est la première fois que je ressens tout ça et je ne sais pas quoi faire de ces sentiments...»

Elle attrapa sa veste et la boutonna, elle avait vraiment trop froid, et elle était vidée de toute énergie. Seule sa bouche pouvait fonctionner. Du coin de l’œil, elle vit la poupée de Mae, et elle se mordit la lèvre.

« Dois-je te dire tout ce qui se passe dans ma tête pour que tu ne restes pas dans le silence?»

Pour qu'au moins son amitié avec Mae puisse marcher, elle devait lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. Il fallait que Mae la connaisse, même si elle ne la comprendrait peut-être pas. Et puis, Sawako en avait envie, elle avait besoin de sortir tout ça, pour la première fois.