Une journée banale venait de s'écouler, des cours barbants et inutiles, des réflexions à la con du genre "Pourquoi tu parles pas ?" et qui se soldent généralement par un geste magnifiquement vulgaire, qui résume fort bien le fond de sa pensée. Car, oui, Heather Aoki ne parle pas, ou peu. Pourquoi ? Parce qu'elle estime que le péquin moyen ne mérite pas d'entendre le son de sa voix, et que jusqu'à présent il a bien su s'en passer. Comme elle dit si bien "Je ne parle pas aux cons, ça les instruit !", la parole est vecteur d'informations pour qui sait être attentif et déchiffrer ce micmac. La plupart des gens ne sont pas dignes d'intérêt, leur creusité (oui, je viens d'inventer ce mot ♥) est sans limite, donc une perte de temps potentielle, qui ne mérite pas la moindre attention. Pour résumer, cette journée était vraiment chiante, et ce dont rêvait Heather, était une bonne douche bien brûlante...
L'eau était tellement chaude qu'elle fumait dès sa sortie du pommeau de douche. Ça, c'était un vrai moment de détente. Le liquide précieux courait le long de la silhouette faussement maigre de Rosinette, collant ses immenses cheveux rose pâle à sa peau. Même si certains pourraient trouver ce procédé barbare, c'était la seule chose agréable accessible dans ce lieu pourri. A la fois relaxant, c'était aussi le secret de sa peau si douce...
Comme chaque bonne chose à sa fin, la jeune femme sortit de la salle de bain, emmitouflée dans un peignoir moelleux mauve. Le contact de ses pieds nus contre le carrelage froid du couloir, eu l'effet d'un frisson intense qui la parcourut, si bien qu'elle ne prêta pas attention sur quoi elle marchait lorsqu'elle entra dans sa chambre. Elle était trop occupée à éponger sa masse capillaire, encore trop humide. Effectivement, un truc se colla sous son pied gauche, la perturbant à peine. Heather s'en rendit compte une fois assise sur son lit. Agacée, elle le décolla de dessous sa voûte plantaire. Il s'agissait d'un carré de papier soigneusement plié, il faillit être jeté s'il ne s'était pas entrouvert, dévoilant son nom. Trop curieuse, elle l'ouvrit et découvrit un message. Bien écrit, celui-ci disait : "J'aimerais que tu me retrouves dans la salle de théâtre ce jeudi soir après dîner. J'aurais besoin de tes talents d'oratrice."
Sa réaction fut sans appel : elle explosa de rire. Elle ? Une oratrice de talent ? Laissez la rire ! Vu ce qu'elle parlait, personne ne pouvait savoir si la qualité de son langage était noble ou juste bon à balancer aux ordures. Tant bien que mal, après avoir repris un semblant de sérieux, la demoiselle s'attarda sur l'écriture. Les traits étaient bien formés, précis, cette personne était quelqu'un de rigoureux et méticuleux, et absolument sûr de ce qu'elle écrivait. Quant au contenu mystérieux, rien ne laissait filtrer d'information, mis à part la date et le lieu du rendez-vous et ce qu'on lui voulait à peu près. Pourquoi elle ? Et surtout dans quel but ? Mmmh, ça sentait le piège à plein nez ! Le message avait été délivré le jour même de l'entrevue, alors qu'il semblait avoir été écrit auparavant au vu du terme "ce jeudi". Une erreur due au facteur ? Ou un message écrit à la va-vite ? Pourtant l'écriture indique une personne posée...
Cet événement lui trotta dans la tête tout le long du dîner. Prudemment, Heather scruta les éventuels regards posés sur elle. Recherche infructueuse, si bien qu'en rentrant, frustrée de son échec, elle termina son devoir d'anglais avec une simplicité déconcertante. Elle s'attendait à une vraie difficulté, mais ayant séjourné dans un pays anglophone, ça avait été torché en un rien de temps. Machinalement, ses yeux se posèrent sur son réveil : 20h50. Ah ? Elle avait loupé son rendez-vous, quel dommage ! Ou pas. Celui qui avait écrit ce message la méconnaissait clairement. Cette pensée lui arracha un sourire mesquin.
Il était 21h30 quand, de nouveau, ses deux saphirs lui rapportèrent l'heure. Ses jambes étaient engourdies à force de rester debout. Ça faisait combien de temps qu'elle était là, à démêler ses cheveux ? Elle l'ignorait totalement, mais une chose était sure, il fallait qu'elle fasse sa promenade sinon elle ne pourrait pas dormir à cause de la douleur. Les vieux bâtiments de Sei ne lui avaient pas révélé encore tous leurs secrets. Mademoiselle sortit habillée simplement : un pantalon de jogging gris, des converses bleue turquoise, un t-shirt assorti et un gilet zippé noir. Autant ne pas trop se faire repérer, ça vaut mieux. Les individus louches ne manquent pas à Sei.
21h50 : Se balader sans but c'est bien, mais si on ne sait où on va, c'est pas génial. Au détour d'un couloir, un filet de lumière filtra au sol. Silencieusement, pas à pas, Heather s'approcha de l'origine lumineuse et y jeta un œil. La lumière sortait d'une lourde porte à deux battants donnant sur... un amphithéâtre ? Une assez grande salle comprenant une multitude de sièges et une petite scène. Des projecteurs y étaient allumés et dirigés vers le centre de l'estrade. Une silhouette y était allongée, immobile. Une tache sombre apparaissait à son côté, qu'est ce que c'était ? Cette personne n'était pas blessée au moins ? Curieuse, mais surtout inquiète, Rosinette ajusta sa capuche de manière à ce que l'on ne puisse pas voir son visage, ses cheveux étant attachés en chignon rapide. Ses mains poussèrent petit à petit un des battants pour ne faire aucun bruit. Une fois l'espace pour passer suffisant, la jeune femme se jeta dans la gueule du loup. Même technique pour refermer la porte, puis elle descendit prudemment les marches, prenant soin de rester le plus possible à l'ombre, jusqu'à la scène. Sait-on jamais un piège reste un piège.
Un jeune homme était étendu sur le sol, éclairé en partie par les projecteurs. La tâche au sol n'était qu'une ampoule grillée qui ne diffusait plus de lumière, tout simplement. D'ailleurs, elle était assez proche de cet homme, apparemment endormi. Elle en profita pour le détailler sans bruit. Le teint mate, des cheveux courts bleu roi, plutôt grand et bien bâti. Un frisson la parcourut imperceptiblement. Vu son gabarit, elle n'aurait aucune chance, et s'il appartenait à un groupe, c'était surement pas chez les cinglés d'Aristo. Prudemment, restant à couvert, elle remonta les marches. Du moins, tenta. Perturbée par cette révélation, son pied ne fut pas assez levé et s'accrocha dans le rebord d'une marche. Avec la grâce d'un hippopotame obèse, la jeune femme s'étala en beauté dans les escaliers. Comble de malchance, en tombant, son genou fit la connaissance d'un angle de marche particulièrement attirant, arrachant un juron des plus décoiffant et des plus féminins à mademoiselle.
"_ Discrétion, tu repasseras... marche à la c** ! Plus gourde, tu crèves..."
Pour le moment, ce qui comptait le plus, c'était son genou droit qui avait dégusté. La marche particulièrement sadique avait visé le nerf juste sous la rotule, donc pour se remettre debout de suite, c'était mission impossible...
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Ven 25 Oct - 6:10
Invité
Ven 25 Oct - 9:46
Tomber, ça n'a jamais fait du bien à qui que se soit, mais se vautrer en beauté et finir le nerf compressé, ça ne faisait franchement pas du bien. Alors que mademoiselle se massait copieusement la rotule pour dissiper la sensation électrique, et pouvoir remarcher rapidement, elle ne remarqua pas que l'inconnu s'était réveillé et, encore moins, qu'il s'approchait dangereusement vers elle. Brusquement, il apparut dans son champ de vision. Merde, la capuche ! Les tâtonnements furtifs de sa main droite confirmèrent ce que Rosinette craignait. La capuche avait glissé lors de la chute, dévoilant ses cheveux si particuliers et son identité indéniable. Machinalement, elle se mordit la lèvre inférieure, s'en voulant pour son manque de discrétion et sa maladresse à deux balles. Sa tête était toujours baissée, comme si elle tentait inutilement de masquer son identité. Un soupir, et elle sentit son corps décoller du sol. Ça y est, c'était la fin... Elle ne pensait pas que ça arriverait si vite. Si vite ? C'est quoi ce truc mou sous son postérieur ? Inconsciemment, elle avait fermé les yeux et s'était agrippé au costaud. Pourquoi ? Par peur de ce qui allait lui arriver, et surtout à cause de sa peur du vide. Heather se rendit compte qu'elle avait été déposée gentiment sur un des sièges du théâtre et avait lâché les vêtements quand ses pieds avaient touchés la terre ferme.
"Ça va aller ?"
Ces mots furent prononcés avec une voix... unique. Tellement grave qu'elle vous enveloppe tout entier dans un nuage de coton soyeux. La jeune femme en frissonna presque, trop occupée à constater le contraste entre ce... timbre de voix et l'expression affichée par l'armoire à glace qui lui faisait face. Quant à elle, elle devait afficher une mine déconfite, s'attendant au pire scénario. Sa tête se mit en mouvement, répondant par l'affirmative à son interlocuteur. Son genou passait au second plan, en vue des récents événements.
"Heather, tu es en retard."
Cette réflexion arracha un sourire moqueur à l'Amazone. Elle était tout sauf en retard. A l'origine, elle n'avait pas voulu venir, les rendez-vous suspects, c'est du non merci. Mais surtout, elle ignorait où pouvait être le théâtre, surtout qu'elle avait autre chose à foutre que de se montrer docilement. Il avait eu énormément de chance que ça se soit déroulé comme ça. Tout en haussant les épaules, son regard partit furtivement vers le plafond, lui signifiant qu'elle s'en fichait, ou qu'elle ne savait pas ? Allez savoir ! De toute façon, ça changeait quoi à sa vie ? Il roupillait lourdement sur la scène, c'était pas beaucoup mieux, hein ! Tiens, son regard bleuté venait de changer, il la toisait de haut en bas. Aoki fronça les sourcils, mécontente. Quoi qu'il voulait à la fin ? Bon, ok, il l'avait ramassé par terre, mais c'était pas une raison d'en faire tout un plat et de chopper la grosse tête ! La douleur sous-jacente, pulsait doucement dans sa jambe, lui rappelant cruellement sa maladresse.
"T'es pas restée me mater quand même ?"
Tout ce qu'il reçu en guise de réponse fut un début de rire étouffé accompagné d'une légère négation . Heather Aoki. Heather Aoki mater un mec pendant qu'il ronfle sur le sol ?! Mon Dieu qu'il fallait être couillon pour penser ça. S'il savait qu'elle était, soit disant, une oratrice hors-pair, comment se fait-ce qu'il n'en sache pas plus sur elle ? Elle qui détestait perdre son temps. Si elle observait quelqu'un, ce n'était surement pas dans son sommeil, question recueil d'info, c'était niveau zéro. Même si parfois ça pouvait se révéler instructif... Son index vient s'appuyer et pivoter légèrement contre sa tempe, lui signifiant qu'il était dingue de penser un truc pareil !
"T'acceptes de m'aider alors ou pas ?"
Là, c'en fut trop pour la jeune femme. Elle le regarda, l'air vraiment dubitatif. Finalement, elle allait devoir ouvrir le bec plus tôt que prévu... Tout en se massant le genou, elle lui répondit simplement, comme sa pensée lui venait :
"Je ne sais même pas de quoi tu parles, et encore moins, qui tu es ! Si tu penses que je distribue mon temps à qui en veut, tu te trompes."
Bon, d'accord, ça avait été une réponse, un peu sèche, un peu vache, mais on ne peut plus honnête. Tout ce qu'elle avait dit était vrai. Contrairement à la voix masculine imposante de cet individu, Heather n'avait pas une voix grave, plutôt médium pour une fille. Elle ne parlait pas spécialement fort, mais articulait bien pour être sûre que la compréhension se fasse, parfois un peu trop bien. Ses mots sortaient rarement de sa bouche, mais quand elle le décidait, ils devenaient plume ou lame selon les circonstances. Elle poursuivit sans lui laisser le temps de digérer la première salve.
"Merci de m'avoir aidée à me relever et m'asseoir ici. Mais je ne suis pas en sucre. Quant à ma présence ici, ne te fais aucune illusion, je n'avais aucune intention de venir ici."
Par réflexe, elle ordonna a son genou de se remettre correctement. Malheureusement, les terminaisons nerveuses en ont décidé autrement... Résultat, ses ongles vinrent se planter dans un accoudoir à sa portée, sans le moindre gémissement de douleur. Il y avait eu pire.
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Sam 26 Oct - 6:13
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Dim 27 Oct - 2:28
"T'es bien une Amazon toi. Moi c'est Nakaaki, j'suis un bastard. Ça te va comme info ?"
Aaah, enfin ! Il venait de lever le voile sur son identité après s'être marré et avoir tiré la tronche. Bien sûr que ça lui convenait comme informations ! Trois en une, et pas des moindres. C'était pas son anniversaire pourtant ! Mentalement, une étiquette apparut sur laquelle vint s'inscrire succinctement : Nakaaki - Présumé Bastard - Sait mon statut - Voix magique et envoûtante /!\ - Baraqué Voilà pour le moment, la jeune femme ajouterait sûrement d'autres détails avant la fin de cette soirée. La mise à jour fut interrompue par un agaçant bruit... Nakaaki venait de faire craquer ses doigts. Un frisson d'agacement la parcourut alors. Réflexe, ou tentative d'intimidation ? Attention à la suite des événements...
"J'savais pas trop si tu viendrais, mais t'es là maintenant, alors je tente ma chance. Et t'es pas en sucre ok, mais j'allais pas laisser une fille aussi mignonne vautrée sur les escaliers comme une catin."
Aussi mignonne ? Elle ? Il avait bien vu ? Quoi que, elle ne s'était absolument pas posée la question. Elle était comme elle était, point barre. Ces mots ne provoquèrent aucune expression chez elle, contrairement à "catin" qui lui fit froncer les sourcils et durcir son regard. Il avait bien dit catin ? Pour qui il se prenait ? C'était pas comme ça qu'elle allait l'aider. Loin de là ! Ni une ni deux, elle lui répondit aussi peu gentiment :
"Si je suis une catin, toi, t'es quoi ? Un mac baraqué qui joue au prince pas très charmant ?"
Non, mais fallait quand même pas déconner, il y avait d'autres manières de dire qu'elle s'était mangé les marches comme... une merde. Sa réplique lui arracha quand même un micro sourire, il allait surement pas apprécier le compliment. Mais quand on s'y frotte, on s'y pique. Les orties, ça laisse des traces cuisantes.
"J'ai besoin de ton aide. Je sais qu'on se connait pas, mais j'ai vraiment besoin d'un coup de main. C'est un informateur qui m'a dirigé vers toi. Et preuve qu'il ne s'est pas trompé, tu es parfaite !"
Tiens, tiens, de l'aide ? Il avait fumé quoi ? Un Bastard se faire aider par une Amazone ? Même dans le monde des Bisounours, il fallait une excellente raison pour que ces derniers se lient avec le méchant Coeurdepierre. Faut quand même pas déconner ! A moins qu'il ait une raison hyper valable et qu'elle en tire avantage, sinon, il pouvait aller se brosser, et récolter les rumeurs qui risquaient de fleurir à son sujet, dans les prochains jours... Quant à l'informateur, il risquait de passer un très mauvais quart d'heure à baver sur son dos, même parfaite ou non !
"Y'a les partiels qui vont tomber, on se tape que des oraux en quatrième année sauf que moi, j'ai beau être bon élève, je sais pas parler...j'ai pas de répartie."
Le même rire estompé réapparut brièvement. Et oui, c'était l'année la plus chiante, les redoublants ne manquaient pas et les difficultés non plus. Quand on pense qu'avec ses muscles, il était évident que les oraux se dressaient tel un obstacle insurmontable. Tiens, bon élève ? Nouvelle info à creuser. Quand à son niveau de communication, il avait quand même les bases, même si les mots choisis étaient pas tip-tops. L'idée de l'imaginer en oral, lui arracha un sourire amusé et son regard malicieux le fixa.
"T'arrives déjà à aligner deux mots. Tu construits des phrases simples : Sujet - verbe - complément. Il y a sûrement pire que toi, à mon avis. Le seul souci réside dans le choix de ton vocabulaire, pas toujours approprié. Tes pensées devancent tes paroles tout simplement. C'est pour cette raison que tu me dis que tu ne sais pas parler... D'ailleurs, laisse ce pauvre fauteuil, il ne t'a rien fait. Il ne t'aidera pas à progresser si tu l'agresses de la sorte."
Sa tirade n'avait pas été prononcée méchamment, Heather avait été honnête dans ses propos, bien qu'ils ne fussent pas spécialement faciles à digérer. Peut-être regretterait-elle sa générosité. D'habitude, elle laissait généralement les gens dans leur merde, et son intervention leur coûtait cher. Elle avait juste mis le doigt sur la base des soucis d'expression de son "ami". Même si elle décidait de ne pas l'aider, il avait un début d'indice, voire un kit de survie pour remettre en ordre son savoir-parler. S'il était aussi bon élève qu'il le disait, il comprendrait ce qui cloche chez lui à ce niveau. Le reste, la jeune femme à la chevelure barbapapa ne préférait pas s'en occuper. Elle avait suffisamment de souci à régler de son côté.
"J'te demande pas de faire le travail à ma place, s'pas mon genre, mais j'aimerais que tu m’entraînes. Tu sais quoi dire et tu parles au bon moment, c'est ça qu'il me faut ! Sérieux, j'ai vraiment besoin d'un coup de main, j'te rendrais n'importe quels services en échange !"
Décidément, il avait le don de la faire sourire, bon mesquinement, mais c'était un sourire quand même. De toutes façons, même si Heather voulait, faire le travail à sa place impliquait se faire passer pour lui lors d'un oral, c'était mission impossible... Quant à la suite de ses explication, elle reçut compliment sur compliment... Ça sentait le coup foireux, cinq compliments aussi rapprochés, c'était louche. Surtout la garantie qu'il lui rendrait n'importe quel service. Soit il était plus intelligent et manipulateur qu'il n'y paraissait, soit il ne se rendait vraiment compte de ce que ça engageait... A moins que...
"Il est clair que passer les oraux à ta place, manquerait cruellement de crédibilité. T'as vu la différence de gabarit ?! Tu sais qu'avec ce que tu me demandes, c'est te livrer à ma merci. Qui te dit que je ne t'utiliserais pas à des fins personnelles ? Te retourner contre ton propre groupe ? A moins que tu sois totalement désespéré, que tu cherches à me piéger d'une manière ou d'une autre, ou encore... que je te plaise au point de jouer au crétin ?"
Ce complément de phrase venait de la percuter. Sinon, pourquoi il aurait pris un tel risque ? C'était une possibilité à ne pas éliminer. Toujours était-il qu'elle le fixait bizarrement, ne sachant que penser. C'était la première fois qu'elle se retrouvait dans une telle situation, trop de confusion concernant ce type. A quoi jouait-il réellement ? Ses bras vinrent se croiser sur sa poitrine, son regard se voulait pesant, et son visage impassible. Cependant, à l'intérieur, c'était le bordel de suppositions et de suspicions.
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Lun 28 Oct - 1:31
Invité
Lun 28 Oct - 4:27
"Prends moi pour un con surtout. Sujet-verbe-complément je connais, on est plus au primaire bien que le niveau social de cet école puisse l’avoisiner. Le problème c'est que je m'emporte très vite et que je ne prends pas la peine de réfléchir. J'le sais mini Sherlock, j'ai pas besoin que tu me le rappelles. J'veux juste que tu m’entraînes"
"Écoute, on ne se connait pas et je n'ai aucune raison de te retenir ici. Cependant, si je te demande de l'aide, c'est en tant qu'individu, ça n'a rien à faire avec nos groupes respectifs. Perso j'doute que mes futurs employeurs en aient quelque chose à carrer de savoir si j'appartenais à un mini gang dans une école. J'suis pas là pour te taper dessus, ni t'écraser. J'ai juste besoin d'un coup de main, ça n'a rien avoir au fait que je sois un Bastard et toi une Amazon. Et non tu ne me plais pas, le rose de tes cheveux suffit largement à me faire fuir, j'aime pas ça."
Nakaaki était aussi peu expressif qu'elle, et son parler franc et direct. Le test se montrait concluant. Il n'y avait que peu de risque pour que la situation tourne à son désavantage. Sei était un terrain glissant pour chaque étudiant. Chacun d'entre eux pouvait se montrer sincère et changer d'avis comme de chemise. Cependant, Heather ne faisait pas partie de ces gens là, aussi peu fiable, évaluant ses petits camarades, les testant jusqu'à les retrancher dans leurs dernière limites. Sauf qu'ici, il n'était pas question de groupe, juste d'individus honnêtes. Jusqu'à présent, Nakaaki avait réussi à esquiver les pièges qu'elle lui tendait. Bien qu'il soit absolument imposant et impressionnant, il s'était livré à elle, dévoilant ses points faibles. Il s'était contrôlé face à ses piques rosses, ça c'était une preuve qu'il faisait des efforts. Elle ferait donc de même, ou presque. Rangeant son masque et son rôle au placard, l'Amazone fit place à la vraie Aoki. Sa décision fut prise, elle l'aiderait. Ça ne lui coûtait que du temps, et ça la préparerait aux sujets de l'année prochaine. Sans parler, qu'il était fatigant de toujours faire attention à tout. Son visage s'illumina simplement, comme s'il prenait vie, son masque de cire se fissurant au fur et à mesure que le jeune homme lui répondait. Sa voix quant à elle serait beaucoup plus chaleureuse et juste. Comme preuve de bonne foi, elle sourit, amusée qu'il ne supporte pas la couleur de ses cheveux, qu'elle masqua en remettant sa capuche. Seul son minois était visible, auréolé de tissu noir. Heather savait que ça pouvait choquer ou en déranger plus d'un, elle comprenait que ça ne lui convienne pas. Dorénavant, elle s'arrangerait pour porter un bonnet ou une capuche pour camoufler le rose pastel.
"M'enfin j'dis pas que t'es moche. T'es vraiment mignonne à part ça. Et puis t'as un sale caractère, ça oui ça m'plait !"
Une expression un peu gênée apparut sur son visage de porcelaine, ses pommettes virant imperceptiblement au rose, son regard cherchant à se poser ailleurs. Au moins, maintenant, elle savait que c'était sincère. Aussitôt, elle se reprit et le fixa de nouveau avec curiosité.
"Bref, si ça te fait chier tant pis, j'me démerderais. Mais ne t'avise plus jamais de déformer mes propos. Je t'ai pas traité de catin toute à l'heure, t'as juste pas assez d'humour pour ça faut croire."
Heather fit la moue à cette réflexion. Elle, pas d'humour ? Oh que si, mais surement pas avec le premier venu, ça c'était sur. Pour se redonner contenance, elle se remit correctement sur le siège avant de constater que son genou ne la lançait presque plus. Son corps se releva, et "imposa" son pauvre petit mètre cinquante-cinq encapuchonné à Nakaaki. C'était comique, mais au moins, elle tenait debout correctement.
"Je prends en note tout ce que tu viens de me dire. De toutes façons, cette école rend parano n'importe qui. La méfiance est de mise si tu veux pas finir en brochette rapidement. C'est pour cette raison que j'ai refusé le moindre mot de travers. Tu sembles sincère, si t'es un manipulateur, tu joues très bien la comédie. Cependant, je te laisse ta chance. Je ne garantis pas que le résultat sera immédiat et bluffant, mais je pense qu'on peut arriver à faire quelque chose de pas trop mal. Attention, si c'est du foutage de gueule, je peux me montrer sans pitié. Je t'accorde une confiance relative, mais j'accepte de t'aider."
A ce moment précis, elle n'attendait qu'une chose. Lire au plus profond de ses prunelles sa réaction. Là elle saurait de quoi il retournerait. Petite précision tout de même :
"Par contre, tu vas devoir encaisser les critiques, pas forcément positives. J'essaierai de mon côté de les enrober un maximum pour ne pas trop te froisser. Ça te convient ? Marché conclu ?"
En attendant la réponse, Aoki réfléchissait à un moyen de résoudre le fait qu'il se laisse guider par ses émotions avant de parler. S'il arrivait à se canaliser, il pourrait réfléchir à ses réponses avant de s'exprimer. Petit coup d’œil sur son portable : 22 h 10. Ils avaient une vingtaine de minutes devant eux, avant de devoir rentrer au dortoir.
Invité
Mar 29 Oct - 6:29
Invité
Lun 4 Nov - 8:49
Nakaaki était vraiment quelqu'un d'impressionnant, de par sa taille et sa stature. En temps normal, Heather se savait petite, mais à côté de lui, elle se sentait plus lilliputienne qu'autre chose. Elle n'ignorait donc pas que si l'envie lui prenait de la frapper, elle ferait le vol plané le long de toute sa vie, sans qu'elle puisse riposter. Cette pensée lui arracha un léger frisson.
Ahaha, si je suis un manipulateur, qu'est-ce-que je ferais ici à te demander ton aide ? Je sais pas moi, j'aurais fait autre chose...quoi je sais pas, j'dois pas être assez mauvais pour ça mais bon !
Oui, finalement, il n'était pas pour rien un Bastard, sinon il aurait fini chez ces sournois d'Aristos, et ça lui aurait troué le cul (pardon pour l'expression x) ) de faire appel à quelqu'un. Reconnaître avoir besoin d'aide est une preuve d'humilité, chose inconnue au bataillon des Aristos... A cette pensée, un sourire narquois étira ses lèvres parfaites.
Je ferais un effort oui, je m'emporte facilement, mais je sais que si tu le fais, c'est pour m'aider. Ça m'aidera aussi d'un autre coté à encaisser les futures remarques d'un examinateur sans lui cogner dessus. Mais oui, marché conclu !
Valait mieux pour lui... Sinon c'était adieu le diplôme. Il allait surtout devoir apprendre à se maîtriser. C'est plus facile à dire qu'à faire. Heather ne savait vraiment pas dans quoi elle s'embarquait, mais tant pis, elle ne revenait pas sur sa parole. Elle le vit, d'ailleurs, se relever. Ce mec était vraiment gigantesque, elle devait lever la tête presque complètement pour voir son visage. Sans prévenir ses deux mains vinrent lui retirer sa capuche. La demoiselle devait afficher un visage absolument surpris, avant de croiser le regard de Nakaaki, aussi bleu que le sien. Il semblait amusé, presque attendri. Oh la ! J'suis pas une poupée, hein ! Pensa-t-elle.
T'en fais pas pour la couleur, t'as de beaux cheveux, va pas jouer les voilées pour me faire plaisir.
Instantanément, les joues de Pinky virèrent au rouge vif, et cette dernière baissa la tête pour cacher son élan d'émotion. A quoi il jouait ? Elle se contenta de marmonner :
D'accord, d'accord...
Je doute qu'on commence aujourd'hui, mais en tout cas ça me fait plaisir. Mais du coup...qu'attends-tu en échange ? Après tout, autant que ça soit donnant-donnant dans l'affaire non ? Oh et pourquoi rose au fait ?
Je n'ai besoin de rien, mais si j'ai la moindre idée, promis je t'en ferai part. A moins, que toi, tu saches ce que tu veux me donner en échange ?
En échange ? Honnêtement, rien du tout. Du moins, pour l'instant. Aoki verrait bien au moment venu. Après tout, c'était pas du jour au lendemain qu'il allait s'améliorer, sinon il n'aurait pas besoin d'elle. Néanmoins, elle nota son désir d'équitabilité. Rose ? Quoi rose ? Ah ?! Ça ?
Ah... Tu veux parler de mes cheveux ? A l'origine, c'est une erreur de coloration. La coiffeuse s'est trompée dans les proportions, ce qui a donné un rose pastel, un peu bizarre. Elle a tenté de rattraper son erreur et l'a transformé en blond-beige. Depuis, j'ai adopté cette couleur. Et toi ? Pourquoi bleu ?
D'un petit mouvement de tête, elle désigna la chevelure courte du jeune homme. Il était curieux, elle aussi, voulait savoir, même si ce n'était pas d'une importance vitale. Donnant-donnant. La tirade suivante lui arracha clairement un rire surpris et amusé.
Et pourquoi les amazones ? J'me moque pas mais, tu fais très fragile, j'trouve ça adorable perso, mais j'te vois pas cogner du mec !
S'il savait ! Heather jouait beaucoup avec son apparence fragile, mais n'essayez pas de l'énerver, vous en seriez surpris. Ses deux saphirs artificiels lui lancèrent un regard plein de malice, alors qu'elle s'apprêtait à lui répondre gentiment, il leva son bras et lui fit signe de frapper.
Tape là. J'me suis jamais fait taper par une fille, se serait l'occasion non ?
Il venait clairement de la prendre au dépourvu. C'était la première fois que ça lui arrivait, il venait de se faire une amie inconsciemment. Peu de gens arrivait à la surprendre ainsi.
Tu es vraiment sûr de ce que tu me demandes, là ? Je cache très bien mon jeu. Et la force n'est rien...
Aoki ne lui laissa même pas le temps de répondre ou de réagir, ses longs doigts fins agrippèrent fermement le poignet mastoc du géant aux cheveux bleus, le baissèrent légèrement, l'attirant vers elle, puis de sa main droite, elle percuta le premier radial (le muscle sur le dessus de l'avant bras, relié au coude) du tranchant de sa paume. Aussi soudainement qu'elle avait agrippé Nakaaki, elle le lâcha et revint dans sa position de départ. Tout ce très court laps de temps, ses yeux n'avaient pas quitté son regard. Ça paraissait simple, voire inutile, mais c'était au contraire extrêmement précis, rapide et douloureux. Sa main avait percuté le nerf principal de l'avant bras, l'engourdissant pour un moment. Ça devait bien le cuire. Heather grimaça imaginant la douleur qui pulsait violemment. La taille et la force importait peu, anatomiquement parlant, nous sommes tous fait pareil.
Comparée à la précision. Désolée... J'y suis allée un peu fort. Ça va ? Masse vigoureusement si tu veux que ça parte plus vite.
Franchement, elle n'aurait pas dû, mais au moins, il était au courant de ses éventuelles capacités.