No trespassing in this area [ PV - Linden ]

Lun 2 Mai - 6:04

Une journée de merde.

Miyuki en avait passé un nombre conséquent depuis qu'elle était arrivé dans le pensionnat. Peut-être, la majorité de ses jours ? En même temps, il ne fallait pas s'étonner. C'était comme ça depuis qu'elle est sur Terre. Elle s'était plusieurs fois posé la question si ça en valait vraiment la peine. Arriver comme ça, sur Terre, dans un monde ou les gens te font du mal à cause de ce que tu est. Arriver sans explication, sans préavis, sans rien connaître, pourquoi connaître ? Dans un monde ou les gens, les êtres, les choses, qui interagissent avec toi, ta personne, ce qui te matérialise en cette réalité physique, dans le but de te faire mal, de te causer du tord, d’entraîner de la souffrance, d’entraîner un sentiment rejeté par le corps, réactions chimiques de ses nombreuses cellules .. Et cela, a cause de son fonctionnement même, de la nature de ses actions, de ses mouvements .. De son esprit ..

Arf ! Il vaut mieux arrêter de réfléchir autant, on pourrait prendre du recul indéfiniment ! Peut-être que cette jeune fille aime bien se prendre la tête finalement. Bref, une journée de merde, et sa personnalité n'arrange rien. Une journée de plus a se faire marcher sur les pieds, et pas que. Dans ce pensionnat, elle ne pouvait visiblement jamais souffler. En cour, pendant la pause, le soir, dans la douche … Même dans son espace personnel le plus sacré, sa chambre ! Pas de répit pour Miyuki. Elle devait partager sa chambre avec des personnes qui ne partagent pas sa vision des choses. Elle s'était farci pendant un bon bout de temps une certaine Joy dans sa chambre. Elle n'a pas eu vraiment le temps de la connaître, parce que c'était sans doute juste une pétasse, comme toutes les autres. Dans ce monde, cette réalité, cette physique, blah .. Rares sont les personnes qui peuvent ne serais-ce que partager du bon temps avec elle.

Mais attention ! Cette Joy, pour une raison que seul les tréfonds d'un monde administratif remplis de paperasse peut comprendre, cette pouf avait dégagé de sa chambre ! Hourra ! Champagne ! Parfait. Enfin un peu de silence, de solitude, d'intimité. Vous croyez que c'est si facile ? Heh. Et bien visiblement, non. Car notre petite casanière eu à peine le temps de déguster la saveur de l'intimité, qu'ils lui avaient déjà collé une nouvelle partenaire de chambre. Urgh. On ne peut décidément pas être tranquille.

Cette nouvelle résidente s’appelait Linden. Une étrangère, d'origine Germano-américaine. On ne sait pas vraiment où la situer sur le globe au final. Amérique, Europe, Asie ? Pourquoi se posait-elle la question ? Elle aimait bien les étrangers après tout. Tout le monde est le bienvenue pour elle tant qu'on la laisse tranquille. Ce qui fait que peu de gens sont les bienvenus.

Elle l'avait rencontré quand elle est venue poser ses affaires dans la soirée de son arrivée. Et quelque chose l'avait choqué. Mmh .. Attend .. Ses cheveux blond ? Non, Miyuki était a l'aise avec toutes les couleurs, même chose pour ses yeux, d'un rouge éclatant, sans doute des lentilles de contact. Quoi donc alors ? La langue ? Elle parle très bien japonais à son goût. Ses habits ? Un uniforme .. Non .. Mais quoi alors ?

Elle l'avait vu passé a côté d'un étudiant moyen mesurant environ le mètre quatre vingt. Et la différence de taille l'avait choqué. Puis, ensuite, on compare par rapport a la vision des yeux, on ajoute un peu de taille pour le sommet du crane, on sort sa main pour faire la fameuse comparaison de taille, de loin .. Mais oui. Cette nouvelle arrivante était plus petite que Miyuki. C'était bien la première fois qu'elle voyait ça. Elle qui avait pris l'habitude de lever les yeux .. C'était un choc de pouvoir enfin dominer son interlocuteur du regard .. De quelques centimètres ..

Cette nouvelle arrivante s'était présentée à elle de manière amicale .. Une amie potentielle ? Attend, on sais pas, elle fait pleins de remarques. Non, ce sont des blagues. C'est amical ? Non, c'est des moqueries ! Mais non, elle avait pouffé de rire après que Miyuki se soit écrasée suite à sa remarque. Lui assurant que « c'était pour rire ». C'est nouveau, ça. Elle se moque d'elle, mais apparemment sans être méchant. C'est possible ça ? Non, elle mentait, elle se foutait d'elle. Mais Miyuki n’eut pas le temps de se vexer. Elle était déjà parti vaquer a ses occupations, sans ajouter quelconque parole ou acte qui aurait pu faire souffrir notre petite casanière.

Comment Miyuki allait elle faire pour expliquer l'état de sa chambre ? Cette dernière, moyennement rangée, contenait tout de même un bureau recyclé en établis. Dessus traînait tournevis, pinces, et autres outils pleins de crasses, avec d'autres truc plus inquiétants, comme ses drones, par exemples. Miyuki utilisait deux bureaux dans sa chambre, son bureau, transformé en atelier digne d'un bricoleur du dimanche, et le bureau d'un lit non occupé, qu'elle utilisait pour travailler ses devoirs et étudier. Mieux valait ne pas se retrouver a trois de sitôt, sinon Miyuki aurait des explications a fournir ! En attendant, une autre personne seul avec elle était parfait. Espérons donc que les tréfonds administratifs ne décident pas de l'importuner encore plus.

Elle devait justement travailler sur son drone aérien quadricoptère favoris. Elle l'avait appelé « Raven ». Elle aimait bien donner des petits noms à ses « chéris ». Celui-ci allait se voir doté un rail de charge utile. Afin de pouvoir .. Attention .. Soulever des trucs ! Elle s'imaginait déjà en train de bombarder des bombes à eau sur les gens. Meêm si sa première fonction allait être surtout de soulever uniquement, comme .. Des caméras .. Son autre drone .. Ou d'autres trucs .. Heheh. Enfin, bien sur, cela allait nécessiter beaucoup d'ajustement et d’entraînement. Il faut que ça soulève bien, que ça tombe bien, et que ça vise bien ! Et rien que ça, c'était le travail de plusieurs semaines. Mais bon, quand on est passionné …

Tandis qu'elle faisait ses ajustements sur son drone d'amour, elle entendit des pas dans le couloirs, puis la porte derrière elle s'ouvrir. Son premier réflexe fut de cacher se qu'elle faisait. Et de remettre son drone dans le tiroir toujours ouvert au cas où. Tiroir qu'elle aurait fermé a clé d'ici quelques dixièmes de secondes. Heureusement, ce n'était pas un surveillant. Ouf. C'était … Cette fameuse Linden. Était-ce forcément mieux ? Mieux valait qu'elle ne vienne pas fouiner dans ses affaires. Toujours est t-il, la petite naine l'avait sans doute vu fermer le tiroir en hâte. Et .. Ses outils et son laptop était toujours sur le bureau. Ça commence bien.

La petite Linden était au bout de la chambre, refermant doucement la porte derrière elle. Toujours avec son sourire amusé. Miyuki s'était retourné et la regardait fixement, mais toutefois cordialement. Qu'allait elle dire ? Il fallait trouver un moyen de ne pas se faire remarquer. Et dieu sait que c'est pas vraiment possible quand la personne duquel on doit passer inaperçu est dans une pièce d'une vingtaine de mètre carré avec nous. Il fallait se faire oublier. Miyuki se mit a sortir un carnet de note de son cartable, a proximité, afin de commencer à faire semblant d'écrire.

« Salut, ouais, fait pas attention à ce que je fait, je travaille. »

Une phrase bien maladroite qui contrairement a ce qu'elle pensait, ne la faisait pas du tout passer inaperçu, mais qui plutôt révélait beaucoup sur son activité actuelle. You're being too obvious, kid. Elle se retourna, afin de se plonger dans son travail imaginaire. L'oreille tendue envers une quelconque réponse de la part de celle qui demeurait désormais dans son antre, violant son intimité.

Ven 6 Mai - 12:13

Huhhh … Sure ?

SDF.
Ce terme, s'affichant sur votre clavier AZERTY, très précisément en 4e ligne à vous, gens de France, signifierait Sans Domicile Fixe. Il s'agit donc d'un acronyme, qui, selon mon dictionnaire, désigne les personnes sans-abri, soit qui n'ont de foyer particulier, et se voient donc à la rue dans le pire des cas. Ce terme ne me désigne pas. Ou plus. Je sais pas.
En effet, en arrivant à Sei, aucun logement ne m'était attribué. Mes parents avaient, comme des abrutis, oublié de faire une demande à l'administration pour obtenir une place dans les dortoirs. De ce fait, je passais le reste du temps à l'hôtel ou chez des connaissances de mes parents : je vous laisse imaginer le malaise qui m'habitait. Completely stupid.

Après un petit temps, j'ai enfin pu obtenir une chambre. Seule. Recluse de tous. Un âge d'or pendant lequel je pouvais faire ce que je voulais, soit jouer à la console jusqu'au bout de la nuit, manger comme une porcasse mes snacks sans avoir à les cacher, ou tout simplement ne pas avoir d'interaction sociale ! Hashtag Blessed.
Cela dura deux bonnes années, pendant lesquelles, mis à part le fait d'être plus ou moins (mais on va pencher vers le plus, hein) rackettée, j'étais quand même plutôt contente et rassurée d'avoir mon antre à moi, dans lequel je pouvais faire tout ce que je veux, et où même le principe de liberté des USA auquel j'étais habituée restait d'actualité. Malheureusement, en troisième et dernière année vint ce triste moment, où on m'annonça que je devais plier mes affaires, et changer de dortoir. Yyyup. Le truc, c'est que ma chambre n'était pas une chambre individuelle, c'était juste une chambre vide, pour trois personnes, avec seulement moi dedans. J'ai donc demandé pourquoi mes futures colocataires ne venaient pas ici plutôt que ça soit moi qui ait à tout déplacer, et … ma seule réponse fut une soupir, qui voulait comme dire « Fais pas chier et démerde toi, de toute c'est déjà décidé donc tu fais avec ». Aye aye sir…

Ainsi rencontrai-je Miyuki Chinmoku ; une autre élève à Sei (merci, Captain Linden), d'apparence physique plutôt moyenne dirait-on pour une japonaise, bien qu'elle ait l'air d'être le type de personnes à se faire facilement écraser. Mis à part cela, la seule chose que je pouvais remarquer, et qui la différenciait vraiment du reste des personnes que l'on pouvait trouver dans le bahut, c'était sans doute sa taille. Je dirai pas qu'elle est petite – parce que, franchement, vous m'avez vue ? -, mais elle restait relativement en dessous de la moyenne, ce qui fait que je n'avais pas à me tordre le cou pour la regarder droit dans les yeux. Bien entendu, précisons que ce que je viens de vous dire, je lui ai également dit ; ce qui confirmait bien l'idée qu'elle s'écrase facilement …
How cute, heheh.

Mais quand j'y pense, il était fort possible que je l'ai parfois croisée dans les couloirs, que ça soit pour aller en cours, au réfectoire tel un phacochère sur le point de mourir en crevant la dalle, ou tout simplement en dehors. Ca, je peux pas vous le confirmer, c'est pas comme si je pouvais retenir chaque tête de Sei, que ça soit celle qui viennent de rentrer, ou tout simplement ceux qui vont partir d'ici quelques jours une fois devenu des fantômes. Really. Mais ça n'a aucune importance.

Ce jour-là, un peu en avance, j'avais posé mes affaires dans la chambre. Celle-ci semblait bien moins grande que la mienne, puisque, contrairement à elle, il y avait déjà quelqu'un d'autre. Et c'est là que, Dieu merci, il se trouve que pour l'instant, il semblerait qu'il n'y ait que Miyuki et moi qui l'occupent. Cependant, lorsque j'y mis la première fois les pieds – un moment où la demoiselle ne se trouvait pas encore là -, j'observais que la chambre était plutôt bien entretenue, à quelques détails près : deux bureaux étaient utilisés. Wh … ? Bon, okay, pourquoi pas ? Etrange, mais pas impossible. Et puis, remarque, ça pouvait se comprendre ; et au moins, elle, elle a un minimum de tact. Yup. Désolée mais perso', à sa place, j'aurai fait comme chez moi et j'aurai utilisé toutes les tables. Eh ouais.
Je profitais donc de son absence pour ranger un peu tout ce que j'avais, que ça soit vêtements, affaires scolaires, et … mes snacks ? OH SHIT MY SNACKS. JE DOIS EN ACHETER.
Ce n'était pas la première fois que j'oubliais de m'en acheter par flemme, mais lorsque ça arrive, je le regrette amèrement, en mourant de faim en cours, en pause, voire tout simplement tout le temps. Je partis donc en trombe de la chambre en ville, balançant mon sac en bandoulière sur mon épaule, et attachant mes cheveux en une queue de cheval basse ; je ne pouvais pas prendre la peine de les attacher correctement en tresse, car il commençait déjà à tarder.

C'est une heure plus tard que je revenais aux dortoirs, mon sac rempli de snacks pour la semaine : que ça soit bonbons, chips, ou tout simplement des conneries chocolatées. Bref, le meilleur stuff possible pour l'élève qui branle le moins. Une fois revenue, j'avais donc mon sourire, constant certes, mais encore plus grand que d'habitude. Ce mois-ci, mes parents ont été assez conciliants concernant mes dépenses en matière de gourmandise ; mais ça, c'était simplement parce que ce n'est que le début du mois … Je vous dis pas par la suite.
J'ouvris la porte de la chambre après avoir rapidement toqué ; à cet instant, c'est limite si j'étais de la police voire tout simplement l'incarnation d'une autorité… Car Miyuki semblait avoir décidément quelque chose à cacher. Quoi donc ? Bonne question, car la chose en question se trouvait dans le … tiroir ? C'était pas de grande taille alors.

« Salut, lui dis-je d'un ton nonchalant. Ca va je suppose? »

Je n'attendais pas réellement de réponse. En fait, c'est limite si je disais ça par politesse, car, de là où j'étais, c'était comme si je lui avais flanqué la trouille. Comme si j'étais le grand méchant loup qui venait bouffer le chaperon rouge. Wait, non, au bout d'un moment le loup crève, en plus je suis plus petite … Je reprend donc : comme si je sortais d'un jeu d'horreur dans lequel il faudrait chercher à m'esquiver sinon Game Over.
Je franchis donc le seuil de la porte, fit quelque pas, jusqu'à ce qu'elle me réponde :

« Salut, ouais, fais pas attention à ce que je fais, je travaille. »

Je m'arrêta net, avant de tourner mon regard vers Miyuki. My, my, my … Vous savez, je comptais pas non plus trop l'embêter dans ce qu'elle entreprenait – c'est son choix et ça ne me concerne pas, après tout, surtout que ça ne m'aidera pas dans l'optique d'une possible victoire sur le chromosome Y -, mais maintenant qu'elle venait de dire ça, cette petite phrase qui se voulait certes désintéressé mais qui dévoilait une tension sans pareille … Cette petite phrase qui titille, qui finalement fait l'effet totalement inverse de ce qui est désiré, et qui du coup donne tellement envie de taquiner, heh …
Je posais mon sac par terre, feignant l'ignorance et l'approbation, pour, petit à petit, venir derrière son dos, et délicatement poser mes mains sur ses épaules. Après cela je passais ma tête à côté de la sienne, un large sourire narquois sur mes lèvres. Un sourire plutôt moqueur, à vrai dire, mais pas dans le mauvais sens ; en vrai, il me tardait d'avoir une réaction drôle de sa part.

« Tu travailles ? Sur quoi ? Sur la pureté de la page blanche? ricanais-je, avant de pointer du doigt le tiroir. Ou alors sur ça par télékinésie ? »

Je la relâchais, avant de provoquer une crise cardiaque chez elle. Non, j'ai pas changé de chambre dans le but de devenir une sorte de Cereal Killer, je rappelle. C'est juste qu'il faut bien essayer de s'entendre, non ? Surtout qu'on va être ensemble pour le reste de l'année. Voire plus, vu qu'il se trouve que l'établissement est un peu hors-temps ... Mais je vais me taire vis à vis de cela, c'est autre chose, un domaine qui ne me concerne pas.
Je levais donc mes mains en l'air, dramatiquement, comme si j'étais victime d'un hold up. Je souriais comme une abrutie sur le coup.

« Ne t'en fais pas, quoique tu fasses, je vais pas te juger. Enfin … Yup, je devrai plutôt dire que, en temps général, je te jugerai pas. Ca dépend de quoi il s'agit. De la drogue ? Du tabac ? Le dernier épisode de la série culte Game of Goats ? Ou alors carrément la version Blu-Ray de 42 Shades of Sun !? m'écriais-je en levant les mains encore plus haut, avant de les baisser entièrement, comme si de rien était. Là ouais, je te jugerai. Mais si ça n'a rien à voir avec tout ça, c'est cool. Freedom ! Tu vois ce que je veux dire ? »

Je pense qu'elle a dû avoir une sacré première impression de moi pour un premier soir. Je suis inoubliable, après tout, non ?

Sam 7 Mai - 6:41

C'est raté.

Miyuki sentait une tension sans pareil. Elle ne comprenait pas grand-chose des codes sociaux, mais ce silence et le fait qu'elle se soit arrêtée nette dans son dos ne présageait rien de bon. Avait t-elle dit une grosse connerie ? Merde, elle s'en doutait bien que parler trop vite allait uniquement lui compliquer la tache. Mais vu ce qui se tramait dans son dos, elle se demandait si, d'une manière ou d'une autre, cette Linden n'allait pas lui sauter dessus pour l'étrangler. Miyuki avait appris a la dure que chacune de ses phrases peut énerver les gens d'une manière ou d'une autre. Mais a la place, elle entendais les pas lents de Linden dans son dos. « Mais bordel, qu'est ce que j'ai dit de mal ? » Ce demandait t-elle.

Elle sentit les mains de Linden se poser sur ses épaules. Un sentiment de panique et de surprise affreux pris le contrôle de Miyuki. Qu'allais t-elle dire ? Ou faire ?

« Tu travailles ? Sur quoi ? Sur la pureté de la page blanche? Ou alors sur ça par télékinésie ? »

Elle pointait le tiroir de sa main. Merde. Elle a tout vu. Bon, comment allait elle lui expliquer finement que ce n'était rien d'important elle qu'elle pouvait passer à autre chose ? Visiblement, Miyuki avait donné bien plus d'importance a la chose qu'elle n'en avait. Enfin, pour les autres, parce que pour elle, les drones, c'est la vie. Mais attend, bonne nouvelle, elle ne lui avait pas sauté dessus pour l'étrangler ! Mauvaise nouvelle, euh, attend, elle se moque ou quoi ? Miyuki n'arrivait toujours pas à trouver une réponse à cette question. Car Miyuki n'avait jamais assisté à des taquineries amicales, uniquement des moqueries. Mais bon, elle n'allait pas s'énerver, elle était, comme toujours, en mauvaise posture.

Elle l'avait relâché. Miyuki s'était tout de suite retournée, les yeux globuleux derrières ses lunettes. Elle levait les mains comme pour se rendre, attend, ça veux dire quoi cette réaction ? Cette fille était pleine de codes sociaux que Miyuki avait du mal a comprendre. Elle était un peu Mindfuck pour le coup.

« Ne t'en fais pas, quoique tu fasses, je vais pas te juger. Enfin … Yup, je devrai plutôt dire que, en temps général, je te jugerai pas. Ca dépend de quoi il s'agit. De la drogue ? »

Et c'était donc ça. Miyuki n'avait pas réalisé qu'elle venait de se faire passer pour une cachottière vicieuse. Peut-être que les jeunes de son age son comme ça quand il découvre que l'autre consomme de la drogue ? Peut-être, peut-être pas. Miyuki fit cette conclusion en même temps qu'elle essayait de se justifier, la voix basse et intimidée.

« Mais euh non .. c'est pas... »

« Du tabac ? »

Elle était en pleins monologue. Miyuki se sentait assaillie et se sentait mal d'être qualifiée de fumeuse et de droguée. En même temps que cette première parlait, Miyuki essayait d'en placer une, en vain.

« Nan, je suis pas comme ç... »

« Le dernier épisode de la série culte Game of Goats ? »

Miyuki n'a jamais été un grand fan de série américaines, mais elle ne s'arrêtait plus. Ses répliques s’accélérait, les paroles de Miyuki et de Linden se chevauchait, mais on entendait à peine l'asociale.

« Mais non .. »

« Ou alors carrément la version Blu-Ray de 42 Shades of Sun !? Là ouais, je te jugerai. Mais si ça n'a rien à voir avec tout ça, c'est cool. Freedom ! Tu vois ce que je veux dire ? »

Miyuki s'était stoppée nette. Quelque chose, non, plusieurs choses dans cette phrase l'avait dérangée, et lui avait rappelé ce qu'elle qualifiait de « mauvais souvenirs ». Couplée a la seconde phrase, elle s'était sentie fortement atteinte. Et le trop pleins d'émotions ressortis pendant un cour instant, alors qu'elle se remplissait de mal-être.

« N.. Non, non, et NON. Je suis pas comme ça ! Je fait pas des trucs comme ça moi ! Je suis pas droguée, je fume pas, j'aime pas la télé, j'aime pas ça. C'est rien d'important. C'est juste des trucs a moi, rien d'illégal. »

Au fur et a mesure qu'elle avait débité sa phrase, elle s'était calmée dans son ton afin de ne pas fâcher son interlocuteur. Prenant soin de s'écraser et de reprendre la même mine qu'avant. Elle ne s'était pas vraiment énervée, elle avait juste eu une sorte d'excès de zèle. Oui, voila, enfin, elle espérait. Dans le doute, elle lançât un petit regard triste. Ça marche toujours, les regards triste.

Un silence se fit. Elle baissa les yeux. D'ailleurs, la première chose qu'on remarquait chez elle est qu'elle ne regardait presque pas dans les yeux de son interlocuteur. Tandis qu'elle regardait ailleurs, elle se retourna vers son bureau.

Aille, celui-ci avait toujours les outils prédisposé sur son comptoir. Outils qui se constituait d'un grand nombre de tournevis, d'une boite de vis et de clous, d'un .. Marteau. Et … D'une petite perceuse industrielle .. Un étau .. Okay, elle avait littéralement fait de son bureau un putain d'établi. Et elle se demandait ce que Linden pouvait bien penser de tout ça. Elle remarqua aussi la page qui était toujours affichée sur son Laptop. Elle avait divisé sur l'écran trois fenêtres. Une fenêtre qui donnait sur un site nommé « www.mécanique-facile.jp » qui affichait ce qu'on appelle un schéma cinématique, alias un truc incompréhensible pour les non initiés à la mécanique, en dessous de cette fenêtre se trouvait une liste google shopping qui affichait plusieurs offres de pièces mécaniques PVC. Et enfin dans la grande fenêtre a droite se trouvait un croquis mal dessiné sur MS paint qui affichait ce qui pouvait s'apparenter au projet de rail de charge utile du drone de Miyuki en détail.

Elle remarqua que Linden était en train de tout inspecter elle aussi maintenant, tout en continuant à l'observer. Zut. Miyuki ne s'était pas rendu compte qu'en regardant ce qui pouvait être suspect, elle allait diriger le regard de son interlocuteur sur ces choses là aussi. Une subtilité sociale que Miyuki ne comprenait pas tout a fait entièrement. Et puis, un sentiment de panique lui pris au tripes. Elle avait laissé la clé dans la serrure du tiroir ! Merde, vite. Elle détourna le regard rapidement, mieux vaux qu'elle ne remarque pas. Miyuki savait déjà qu'elle allait se faire bombarder de questions dans les minutes a venir, et cela de lui plaisait pas.

« Euuh, ouais, désolé, je voulais pas te hurler dessus. Tu veux .. Euh ... parler d'autre chose ? »

Lun 16 Mai - 14:09

You know I can see… Right ?

« N.. Non, non, et NON. Je suis pas comme ça ! Je fait pas des trucs comme ça moi ! Je suis pas droguée, je fume pas, j'aime pas la télé, j'aime pas ça. C'est rien d'important. C'est juste des trucs a moi, rien d'illégal. »

Oh. Ohhh. Erm … C'est la première fois que je vois quelqu'un changer aussi rapidement de ton. Non, vraiment, je veux dire, elle a haussé le ton, et celui-ci a commencé à baisser au fur et à mesure. Remarquons aussi que, plus son ton baissait, plus son air déterminé devenait triste. Jusqu'à devenir celui d'un de ces petits chiots battus. Léger rire faussement nerveux, et inaudible.
Il semblerait que la première impression – enfin, celle de la soirée ? Du moment où je m'installe ? – n'a pas été bonne. Tiens, elle avait même carrément baissé le regard … Hey, hey, qu'est-ce qu'il y a cette fois-ci ? Je savais que tu étais vachement passive, mais comment je fais, moi, si tu te braques sur le coup ? Bon, okay, c'était peut-être pas une bonne idée de passer dans ton dos et d'essayer de fouiner un petit peu, de te tirer carrément les vers du nez peut-être. En fait, quand j'y pense, j'ai justement été peut-être trop loin en essayant un petit skinship, mais … Oh.
Alors que je restais plantée là, debout, sans vraiment savoir quoi faire dans cette situation bizarre dans laquelle on était – la faute à qui ? -, je remarquais que son regard allait ensuite se déposer sur son bureau. Bureau qui, en fait, était pas mal en bordel en y pensant, du moins plus que dans mes souvenirs de cet après-midi. Yup.

Tournevis. Marteau. Vis. Clous. Wait, what !? Même une perçeuse !? Mais d'où ça sort !? De son c-- NON, cette blague a été utilisée un nombre incroyable de fois et est aujourd'hui totalement à chier (Cul, chier, tu piges?).
C'était plus un bureau, c'était un chantier ! Où ils sont les ouvriers !? Attends, me dis pas que c'est elle qui se sert de tout ça ? Mais comment une fille aussi petite – erm -, fragile, chétive et … fragile se serve de trucs pareils ?
Je sentis passer des sueurs froides dans mon dos. Durant mes trois longues années à Sei, il est arrivé de nombreuses fois que je tombe sur des cas, allant des gens bizarres à d'autres gens bizarres, passant parce ceux qui me tabassent – et du coup j'ai mal – à ceux qui me câlinent – mais là aussi j'ai mal. Mais est-ce que j'étais tombée sur l'incarnation de la faiblesse qui manipule des outils de bricolage ? Oui, sur le moment même. M'enfin, j'eus besoin que de quelques instants pour me remettre de l'état chaotique du bureau, avant de constater que le laptop également cachait quelque chose. Enfin, cachait, hahah. Non, ça dévoilait tout.

Maintenant que j'y jetais un coup d'oeil, je pouvais voir ce qui s'apparentait à quelque chose d'extrêmement compliqué pour une Linden Lowenthal le soir, mais qui restait suffisamment compréhensible pour que cette même abrutie de la taille de trois pommes en déduise qu'il s'agit de mécanique. A vrai dire, il suffit juste de voir le petit lien qui s'affichera en bleu dans ce message : « www.mécanique-facile.jp ». Un simple lien qui crie les intentions précédentes de la jeune demoiselle juste en face de moi.

« Euuh, ouais, désolé, je voulais pas te hurler dessus. Tu veux .. Euh ... parler d'autre chose ? »

Mon regard écarlate vint se poser dans celui de Miyuki. C'était facile de voir que, derrière ses lunettes, tout comme ses yeux noisette, se cachait une peur immense à l'idée que je cherche à savoir ce qu'elle essaie de dissimuler. A vrai dire, c'était tellement évident que ça me donnait envie de tout arrêter tellement ça risquait de devenir barbant … Le truc, c'est que si je cherche pas à pousser à cet instant même, il va y avoir cette tension gênante et surtout vachement chiante qui va s'installer, tout doucement, pour ensuite hanter les esprits – surtout le sien. De ce fait, cela ne sera non pas une agonie d'un soir mais d'une année entière.
Fuck it. Dieu sait que j'aime pas quand c'est pas clair.

Sans aucun remords, ni regret – la pitié et le respect manquent à l'appel également -, je pointais du doigt l'écran du laptop, le bras mou. J'avais une pokerface au premier abord, avant que celui-ci disparaisse pour laisser place à un sourire automatique et idiot.

« Tu sais que … Je vois tout ? »

Nouveau sourire faussement nerveux, cette fois-ci bien audible. Suivi d'un léger soupir. A peine j'eus dit ces mots que je soupçonnais ma pauvre nouvelle colocataire d'être au bord de l'arrêt cardiaque. Ca allait pas passer comme ça, autant il fallait y aller doucement pour une fois.
Je me déplaçais donc au travers de la chambre, dans l'optique de prendre la chaise du seul bureau de libre, ainsi que mon sac. Très vite, je revins m'asseoir à côté d'elle, la chaise à l'envers, croisant mes bras sur le dossier. Une fois positionnée, je tirai de mon sac un paquet de chips nature, l'ouvrit, et commençait à manger, tout en me balançant d'avant en arrière.

« Je me suis peut-être pas bien fait comprendre tout à l'heure, roommate. J'ai juste envie de savoir ce que tu traficotes. De toute, à un moment ou à un autre, faudrait bien que je finisse par te tomber dessus en pleine activité. »

Je fis une légère pause, posant mon regard sur le laptop.

« Puis c'est sur quoi ? De la mécanique ? C'est cool, ça. Je vois même pas pourquoi tu chercherais à le cacher. Faut dire que moi même je suis une nerd avec les jeux vidéos, même si c'est pas vraiment le même domaine … 'fin, tu vois le truc ? »

Puis je replongeais ma main dans mon paquet, mettant d'autres chips dans ma bouche.

« Surtout que je suis mal placée pour juger qui que ce soit. Donc chill. Ca va bien se passer. Enfin ... »

Sur ces mots, je levais les yeux au plafond, souriant ironiquement. « Ca va bien se passer ». Mes fesses que ça va bien se passer avec moi, je me vois déjà dans un futur proche lui faire subir cette magnifique chose que l'on me reproche qui est « franchise », « flemme » et surtout « taquineries ».

Jeu 26 Mai - 2:59

« Tu sais que … Je vois tout ? »

Plusieurs secondes de silence s'était installées, dans lesquelles Miyuki s'était enfermée dans un tourbillon de rêveries et de gêne. Elle était incapable de retracer précisément ce qui lui était venu a l'esprit. Mais ce qu'elle avait toutefois enregistré, et très bien même, c'est que, bon sang de bon soir, on ne regarde pas les choses qu'on essaie de cacher. Miyuki l'avait réalisé instantanément en entendant la phrase cinglante comme le vent de Linden. Hormis le fait qu'elle se trouvait maintenant dans une situation qui nécessitait de fournir plus d'explications que de se faire surprendre à regarder du contenu pornographique, ( Oui, elle avait beaucoup vu cette blague sur internet. ) L'angoisse lui reprit les entrailles comme un bégayeur reprend sa phrase. Elle était présentement dans la merde, et aucune de ses précédentes mesures, maladroite mesures certes, n'avaient suffit à empêcher une telle situation de se produire.

Elle entendit un autre de ces rires, ces petits ricanements dont Miyuki n'arrivait pas bien à cerner l'arrière-pensée. Elle ne savait toujours pas si cette personne se moquait d'elle ou non. Ses yeux était maintenant rivée sur l'intrus, qui se déplacée, se déplaçait, déplaçait des objets. Miyuki ne savait pas très bien. Elle était trop occupée regarder fixement son visage, de manière à cerner quelque chose. Elle revint vers elle, se positionna de manière étrange sur sa chaise, empoigna un sac de chips qui lui semblait tout a fait immonde, et commença à se balancer en reprenant, la bouche pleine, ce même ton comique.

« Je me suis peut-être pas bien fait comprendre tout à l'heure, roommate. J'ai juste envie de savoir ce que tu traficotes. De toute, à un moment ou à un autre, faudrait bien que je finisse par te tomber dessus en pleine activité. »

Elle semblait parler très bien l'anglais. Tient donc. Qui dit anglais dit culture, qui dit culture dit connaissance, et qui dit connaissance dit tout bon pour elle. Cela lui rappelait ce jeune homme qu'elle avait croisé dans la buanderie. Non, attend, c'est une étrangère, elle parle anglais de base donc. Mais ça veux dire qu'elle à appris le japonais. Après tout, Ambre était dans le même cas et cela n'avait pas menti sur sa maturité. Miyuki s’efforçait de toujours remarquer ce genre d'éléments, de manière à pouvoir juger de l’intellect de son interlocuteur. Car elle savait que c'était toujours vers les plus intelligents qu'elle avait une chance de se sociabiliser. A l'exception, peut être, de cette fameuse Skyler, qui était une véritable pétasse sans nom malgré son gros ciboulot.

« Puis c'est sur quoi ? De la mécanique ? C'est cool, ça. Je vois même pas pourquoi tu chercherais à le cacher. Faut dire que moi même je suis une nerd avec les jeux vidéos, même si c'est pas vraiment le même domaine … 'fin, tu vois le truc ? »

Les jeux vidéos, une nerd ? Tient, peut être qu'elle en avait vraiment dans le ciboulot après tout. Eh ouais, de la mécanique. Un truc pour ceux qui en ont vraiment dans le crâne, ma belle. Décidément, elle semblais intéressée. Et elle ne semblait pas hostile, après tout. Miyuki commençait a reconsidérer fortement son opinion sur elle. Peut-être était-elle en train de se faire une potentielle amie, bien que Miyuki n'ait vraiment pas fait d'effort pour, ce qui d'ailleurs la chiffonnait un petit peu. Il fallait prendre garde à ne pas se laisser avoir trop facilement part le genre de personne qui sympathise avec vous pour mieux vous frapper ensuite .. Frapper .. Peut être pas physiquement, d'ailleurs, vu sa taille. Hum, ne nous emportons pas, ce genre de raisonnement est pour les faibles, merci.

« Surtout que je suis mal placée pour juger qui que ce soit. Donc chill. Ca va bien se passer. Enfin ... »

Dit-elle après s'être goinfrée de chips et postillonné des miettes partout sur sol en parlant. Ouais, elle a l'air cool en fait. Miyuki exprimait en elle un soupçon de joie. Enfin, pas trop quand même, on n'est jamais sur. Cette personne devant elle était peut être la pire des vipères.

Mais on a rien sans rien.

Miyuki esquissa un sourire. Elle se retourna de manière dramatique, tel un génie du mal, avant d'écarter minutieusement les outils de son bureau, d'un geste précis, rapide, et .. Non en fait elle les pousse juste. Elle souffla de son bureau les nombreux copeaux de plastiques qui parsemait le plan de travail. Avant de se retourner, d'un air plutôt assuré.

« Peut-être que tu n'as pas tord. Je n'ai pas de raison de le cacher. En fait si, j'ai des raisons, mais pas de le cacher à toi. Donc, si tu me promet de ne le dire à personne, je veux bien te révéler mon chef-d’œuvre … »

Elle pris un air fier, soupçonnant déjà son interlocuteur d'être émerveillé par sa prestance. ( Ridicule prestance *tousse tousse* ). D'un geste presque fantasmagorique, elle tournât la clé toujours positionnée dans la serrure du tiroir, l'ouvrit, et en sorti soigneusement son soit-disant chef-d’œuvre. C'était un drone quadricoptère en très bon état. Il semblait plutôt robuste et vigoureux, cher en gros. Mais le plus surprenant est qu'il avait été modifié de toute part. On pouvait y voir un module de branchement, encore non utilisé. On pouvait voir que la coque avait été percée dans des endroits précis. Ah oui, et il était aussi recouvert d'un camouflage militaire, avec le dessous blanc, similaire au camouflage hybride des avions des grandes guerres.

« Je te présente Raven. Quand tu est rentrée, j’étaie en train de lui fabriquer un rail de charge utile. Un payload si tu vois ce que je veux dire. Mais c'est pas le seul truc que je compte faire ! J'ai prévue un tas de truc ! Et c'est pas mon seul drone. Avec ça je peux faire un tas de truc. Mais surtout, ça viole tout un tas de d'interdits dans le règlement intérieur, et pas seulement. Donc du coup, pas un mot de tout ça, s'il te plait. »

Miyuki regardait Linden avec des yeux enjoués. Elle avait parlé très brièvement de ses drones a Ambre, mais depuis qu'elle était a Sei, elle ne les avait jamais montré a qui que ce soit. Elle espérait surtout n'avoir pas fait une erreur en révélant ça à sa colocataire.

Jeu 9 Juin - 8:02

I'll help ya, no worries.

Un sourire se dessina sur les lèvres de Miyuki à cet instant. J'avais donc réussi à lui donner un minimum de confiance en moi, fiuh. De quelle manière, après, ça, je ne le savais pas trop ; mais il semblerait qu'à la suite de mon petit monologue, j'avais réussi à la convaincre que je voulais pas lui faire de mal. Yup. Good job, Linden, tu as déjà franchi la première étape d'une relation saine et équilibrée, sans conservateurs, avec ta première colocataire !

Alors que je poussais un petit soupir soulagé presque inaudible, pensant que le gros du travail ait été fait, Miyuki se tournait vers son bureau. Que comptait-elle faire ? Retirant les copeaux qui envahissaient son plan de travail, puis ouvrant son tiroir, ma nouvelle coloc' se voyait soudainement animée d'une joie soudaine. Et pendant ce temps-là, je la regardais, le visage inexpressif, ne sachant à quoi m'attendre ; jusqu'à ce qu'elle se tourne vers moi, l'air plus confiant, instant dans lequel je repris mon petit sourire habituel.

Son « chef-d'oeuvre ». Une chose qui lui a donc demandé beaucoup de temps, de travail et surtout qui occupait donc toute son attention, à un point qu'elle y portait beaucoup d'amour, hein ? Sur l'instant, je me demandais bien ce que cela pouvait être, à nouveau. Ni trop petit, ni trop gros. Qui se construisait, et qui devait être particulièrement sophistiqué. De la mécanique. Un jouet, peut-être ?
Mais non, je me trompais sur presque toute la ligne. Elle sortit du tiroir une machine, certes, mais celle-ci était très étrange et différente de ce à quoi je m'attendais. Une drôle de forme, recouvert d'un camouflage militaire, blanc au dessous … C'était …

« … Un … drone ? » lâchais-je en ouvrant grand les yeux, fronçant un sourcil et levant l'autre.

C'est là qu'elle m'expliqua tout. Ce drone, encore en cours de modification, s'appelait donc Raven, et faisait partie des nombreux autres que Miyuki possédait à ce jour, en plus d'être capable de beaucoup de trucs qui mériteraient d'être vus. Et la principale raison pour laquelle elle ne voulait pas me le montrer est que c'est tout bonnement interdit au sein du dortoir, voire même du lycée entier. Yup.
Maintenant qu'elle le disait, pas faux. On est un peu dans un bahut et un drone serait un peu considéré comme une tentative d'acte terroriste – avec toutes les théories du complot pour soutenir l'idée derrière -, vu comment notre monde est tourné sur ça.

Je restais silencieuse, le temps d'observer le drone de là où j'étais. Mais de là où j'étais positionnée, je ne voyais pas très bien ; raison pour laquelle je me rapprochais, et ce en raclant le sol de ma chaise vers l'avant. Une fois à quelques dizaines de centimètres de distance, je pouvais mieux distinguer l'appareil. Des trous, percés à des endroits très précis. Maintenant que j'étais à proximité, je pouvais clairement constater qu'il devait probablement coûter une paire de couilles en or. Non pas que j'étais particulièrement intéressée dans l'argent, non. What the hell. C'est juste que avoir sous mes yeux un objet particulièrement coûteux me mettait mal à l'aise. Comme si une nouvelle responsabilité s'ajoutait aux autres.
Je changeais de main mon paquet de chips, et tendit mon doigt propre, comme un petit animal curieux, vers le drone ; mais à peine le tendais-je que je le retirais, l'air circonspect. Non, il valait mieux pas que je le touche. D'une parce que je ne voulais pas provoquer une catastrophe, et aussi tout simplement parce que je doute que ma roommate serait d'accord avec. Yup. En général, c'est le genre de choses qu'on aimerait pas que les autres touchent. Et j'ai pas trop envie de m'attirer des ennuis.

Ainsi je me redressais donc sur ma chaise, continuant d'observer le drone :

« Clairement, j'devrais éviter d'y toucher, dis-je en changeant de main à nouveau et mangeant une nouvelle chips. Une fois avalée, je repris : Non seulement ça doit coûter une blinde, mais en plus je sais pas comment ça fonctionne exactement. Sans doute avec une télécommande, mais voilà quoi. Vu que t'es encore en train de le modifier, autant je risque de merder un truc qui tient pas encore. »

Je regardais Miyuki avec un petit sourire se voulant réconfortant :

« Sinon t'inquiètes pas, je vais pas le dire. J'ai moi-même mon lot de petits trucs à cacher à l'administration, et vu comment je suis pas forcément très bien vue par les profs, à la moindre connerie je pourrai me faire jeter. »

C'est là que je tournais mon regard. Ouaip. J'étais pas super bien appréciée en ce qui concerne le comportement en classe, chose qui se compense heureusement par mes bonnes notes. Je suis une tête, mais j'ai pas le comportement qui va avec. Du coup ça finit pas toujours très bien. Ajoutons à ça le fait que je suis chez les Saturns, et donc plus ou moins active dans la guerre des sexes, et vous avez là la pire chieuse du coin.

« Donc vraiment, plutôt que de t'enfoncer en fait je risque plutôt même de t'aider à cacher tes petits secrets. On est colocs après tout. »

Petit clin d'oeil, comme si l'on devenait des partners in crime. Ca allait être intéressant. Et marrant, surtout. Heh.

Ven 8 Juil - 8:01

« … Un … drone ? »

« Je te présente Raven. Quand tu est rentrée, j’étaie en train de lui fabriquer un rail de charge utile. Un payload si tu vois ce que je veux dire. Mais c'est pas le seul truc que je compte faire ! J'ai prévue un tas de truc ! Et c'est pas mon seul drone. Avec ça je peux faire un tas de truc. Mais surtout, ça viole tout un tas de d'interdits dans le règlement intérieur, et pas seulement. Donc du coup, pas un mot de tout ça, s'il te plait. »

Miyuki perçus l'expression du visage très expressive de Linden. Victoire, cette fois si elle ne pouvait pas se tromper. Elle avait fait mouche. Miyuki pris une pose de victoire, le drone toujours dans ses bras. La fierté ne tarda pas à l'envahir. Son génie était enfin reconnu. Enfin ! Le silence de son interlocuteur voulait tout dire, et elle ne tarda pas à se rapprocher, non sans faire un vacarme avec sa chaise, de sa pièce maîtresse. Son regard captivé ne laissait aucun doute sur sa pensée. Et une larme de joie coula sur les joues de Miyuki, tranchées par son grand sourire de satisfaction. Trop d'excitation, trop d'adrénaline. Ça faisait du bien mais il fallait qu'elle garde son sérieux, non mais toute de même. On sait que tes contente mais calme tes hardeurs Miyuki, ok ?

Toujours est il, Miyuki savait très bien que lorsqu'on montrait un objet de ce type à quelqu'un, il finit toujours par demander de le toucher. Miyuki n'as jamais aimée qu'on touche à ses affaires, elle en avait bien trop de mauvais souvenirs, surtout de part le fait qu'elle était très matérialiste. Mais, elle savait également que refuser ce contact, c'était comme insulter la personne. Un dilemme qui lui avait maintes fois posés problème.

Voilà maintenant que son interlocutrice tend le doigt vers son petit bébé. Son doigt propre, certes, mais elle sentait toujours ce même sentiment. Elle devait protéger sa création, mais au final, elle faisait confiance à cette Linden et elle voulait que cela devienne réciproque. Il fallait donc faire un petit sacrifice, et c'est pour ça qu'elle ne broncha pas, et laissa le drone tendu en plein milieu de sa vision. Mais, tient, voila qu'elle retire son doigt .. Elle hésite ? Pourquoi ? Un manque de confiance en elle ? Ou alors n'aimait-elle peut-être pas son drone ? Ou peut-être était elle juste compréhensive du fait qu'elle ne devrait pas y toucher ? Oui, ça devait être ça.

« Clairement, j'devrais éviter d'y toucher, … » Dit elle en gobant une nouvelle chips de son paquet. Oui, c'est ça, n'y touche pas, merci ! Elle t'aime bien, mais n'y touche pas, elle n'aime pas ça, c'est gentil ! « Non seulement ça doit coûter une blinde, mais en plus je sais pas comment ça fonctionne exactement. Sans doute avec une télécommande, mais voilà quoi. Vu que t'es encore en train de le modifier, autant je risque de merder un truc qui tient pas encore. » Sur ces mots, Linden venait de grandement monter dans l'estime de Miyuki. Enfin une personne qui daignait respecter son espace vital. Miyuki exprima un geste de reconnaissance, avant de rajouter :

« A l'origine on le contrôlait avec une télécommande, mais je l'ai bidouillé pour pouvoir le contrôler depuis mon laptop et mon portable ! Du coup, je m'en sort mieux. »

Une sorte de tendre complicité se créait petit à petit entre les deux individus, Miyuki percevait que c'était le début d'une amitié saine et sincère. Elle distingua un nouveau sourire réconfortant de la part de Linden, qui ne manqua pas de l’impressionner de nouveau :

« Sinon t'inquiètes pas, je vais pas le dire. J'ai moi-même mon lot de petits trucs à cacher à l'administration, et vu comment je suis pas forcément très bien vue par les profs, à la moindre connerie je pourrai me faire jeter. »

Le visage de Miyuki s’illumina. Si notre petite nerd avait sans doute impressionné Linden avec son drone, Linden en retour avait impressionnée Miyuki de part sa gentillesse et sa confiance. Rare, et je dit bien, rare sont les personnes qui en sont arrivés là avec Miyuki.

« Donc vraiment, plutôt que de t'enfoncer en fait je risque plutôt même de t'aider à cacher tes petits secrets. On est colocs après tout. »

Et s'en suivit un clin d’œil complice. Miyuki était sous le charme. Non, NON. Pas ce charme la. Miyuki n'a pas beaucoup d'amis, et presque jamais eu des amis de ce type, What did you expect?, Naturellement, le sentiment d'avoir une nouvelle complice était divin pour elle. Et, attendez, en plus c'est ça colloc ! Ce n'était jamais arrivé, une colloc qui soit gentille avec Miyuki ! C'est nouveau, ça vient de sortir ! Tout ceux qui avait partagé son quotidien dans le passé lui avait fait vivre plus ou moins un enfer, sinon c'était pas drôle. Mais maintenant, c'était finit ! Plus personne ne la ferait chier quand elle change de culotte ! Et surtout pas avec ses drones ! Elle se sentait revivre.

« Tes vraiment quelqu'un de super sympas ! » Dit elle en reposant le drone sur le bureau. « Ça me fait vraiment plaisir. Je te le montrerais plus en détail quand j'aurais tout finis ! Et j'en ais d'autre en plus. Enfin, mis a part ça, tu m'as l'air vraiment cool. »

Pour une fois, Miyuki était enfin a l'aise dans son discours, tout lui était sortis naturellement. Elle regardait son interlocuteur d'un regard enjoué, tout en se rasseyant sur sa chaise de bureau après l'avoir tournée vers Linden. Et pour une fois, son esprit était serein.

Mer 27 Juil - 6:11

[RP CLOS]

No trespassing in this area [ PV - Linden ] 2395657953