Nudiste chéri ~

C’était la fin d’une petite journée que l’on pourrait qualifier de normale et tranquille. Dans la vie de Lyov Isaak, ces journées étaient rares et il les appréciait, un peu de calme de temps en temps cela ne faisait de mal à personne. Il avait été en cours normalement, s’était fait chier et avait dîné avec un plaisir incommensurable, avant de rentrer tout simplement à sa chambre. Dans celle-ci, il s’attendait à trouver peut-être un de ses colocataires, mais il espérait au fond découvrir une chambre vide. S’il avait eu les moyens, il aurait certainement prit un appartement en ville, car la présence de colocataires l’embêtait souvent. Lui, il avait un petit côté naturel et simple, il traînait toujours des pieds pour ranger et se levait souvent au beau milieu de la nuit avec l’envie de tout remuer. Il devait sans cesse se museler et tout cela l’embêtait grandement. Pff, après il ne se privait pas non plus. On est un bâtard ou on l’est pas, et lui en était bel et bien un n’en doutez pas ! Pourtant, son côté sympathique ressortait souvent trop et il se laissait museler par ses colocataires. Quelle honte pour un grand type comme lui qui dit se moquer des règles et toutes ces choses.

Mais revenons à nos moutons. Il poussa donc la porte de sa chambre, en prenant une grande inspiration, et à sa grande surprise… elle était vide. Oh, génial ! Il referma derrière lui, et son sourire témoignait de son bonheur alors qu’il faisait quelques pas dans la pièce vide d’autres âmes que la sienne. C’était si rare, il fallait profiter du moment.
D’un geste las, il jeta son cartable remplis de ses cahiers et bouquins sur le lit, et avec la même fluidité il jeta ses vêtements au sol, sans se gêner. Pourquoi le ferait-il, il était seul ! C’est donc nu comme un vers qu’il arriva à la salle de bain en fermant la porte à moitié et il passa sous la douche sans attendre. Il avait besoin de se détendre un bon coup, et la douche était la meilleure façon de le faire. Son visage à la peau blanche passait sous le jet d’eau chaude, les yeux clos, et il rinçait ses boucles blondes aplaties sur sa tête par l’eau et le savon.
Lyov Isaak ne passa qu’une dizaines de minutes dans la salle de bain avant de ressortir propre et sec – sauf ses cheveux encore mouillés – complètement nu. Il n’avait pas l’intention de se presser à se rhabiller s’il était pour rester seul alors il profiterait de sa liberté.

Il se jeta donc sur son lit, avec sa serviette enroulée dans ses cheveux et prit son portable sur la table basse pour répondre à quelques sms en se grattant le flanc sans se prendre la tête. Il imagina alors son colocataire, le petit Ezechiel, entrer dans la pièce à ce moment et le trouver nu sur son lit les fesses à l’air comme un bambin, et son visage vaudrait sûrement un bon paquet de fric. Mais bon après ce serait galère pour calmer le jeu. Mieux valait ne pas penser à ce genre de choses. Mais tout de même, imaginer sa tronche l’avait fait sourire, il ricanait en agitant ses pouces sur le petit clavier de son portable.

Il resta ainsi un petit moment, ses cheveux eurent le temps de sécher un peu – dans cette drôle de position, ce qui lui donna une tête échevelée lorsqu’il retira la serviette. Mais lui n’en avait pas grand-chose à faire, il se contenta de secouer ses cheveux en se fichant bien de ce qu’ils auraient l’air, les boucles ne mettant pas grand temps à gonfler de nouveau et il retourna à ses sms, assit en tailleur au milieu de son lit, son corps à la peau blanche tout exposé avec la serviette posée pour cacher son entrejambe.
Mais alors qu’il se concentrait sur son jeu de angry birds à tenter d’envoyer les foutus piafs dans la tronche de ces sales cochons moches et verts, il entendit du bruit. Une clef dans la serrure de la porte. Sur le coup, il ne réagit pas vraiment, trop concentré à cause de ces sales piafs, mais il réalisa, une fois la porte grande ouverte, qu’il était à poil sur son lit en train de pianoter sur son portable. Eh, mais ce devait être ce cher Ezechiel qui rentrait, et donc il allait pouvoir voir sa tête toute surprise. Cette idée le réjouit et il redressa la tête, mais ce ne fut pas Eze qu’il vit, mais bien une fille. Une fille qui portait des bagages. Oh, merde.

Par réflexe – un réflexe bien con vous me direz – il se redressa, en laissant son portable sur le lit. La serviette retenue à peine à sa taille par un petit pli, il était à moitié à walpé devant elle. C’était pas la fin du monde, en fait.

« Oi, meuf, tu pourrais pas faire signe avant de rentrer ? T’annoncer, j’sais pas ? »

En vrai, il n’avait pas du tout l’air gêné, et il ne l’était pas. Il n’avait pas vraiment honte de son corps et une fois la surprise passée il n’avait pas vraiment envie de se couvrir plus qu’il ne l’était déjà. C’était une belle occasion de voir une pauvre petite demoiselle en détresse crier à l’indécence publique et au nudiste. Oui, car sur le coup Lyov pensait avoir affaire à une petite fille adorable et innocente qui serait toute offusquée de voir un homme presque nu. Il risquait d’être surpris de savoir que cette fille n’était pas prude et innocente ~

Dans tous les cas, il s’était royalement, de chez royalement trompé à son sujet. Cette fille n’avait rien de l’innocente et prude jeune fille qu’il avait imaginé. Princesse barbie rose pouvait aller se rhabiller, car il avait devant les yeux une véritable espèce rare en voie de disparition : la meuf, la vraie. Il avait cru tomber sur une de ces petites princesses qui participe à la guerre des sexes pour se désennuyer et qui a peur de son ombre, mais c’était pas, de chez pas du tout ça. De toutes les sortes de filles sur terre, celle-là était de celles que Lyov aime bien. Une vrai de vrai j’vous le dit.
Elle le regardait, tout simplement, avec ses yeux rougeâtres, et elle souriait, comme si tout allait bien. Il allait sûrement pas l’impressionner avec une serviette celle-là, bien qu’elle eut semblé, un court instant malgré la brume, réaliser qu’il était à moitié à pwal devant elle. Peut-être son effet de surprise était raté, mais au moins il n’était pas avec une pétasse en colocation. C’était une bonne nouvelle.

Alors qu’il la fixait, elle se traîna jusqu’à son lit et jeta ses choses dessus avant d’elle-même se balancer sur le lit. Comme quoi il n’était pas le seul à rêver de pouvoir se jeter sur le lit durant toute la journée. C’est alors qu’elle se décida enfin à lui répondre. Une vraie voix de femme, ooh oui, c’était indéniable. Et pour s’annoncer, elle s’annonça, sans se gêner sans avoir peur elle balança qu’elle était chez les amazons. Dommage, une ennemie, mais il n’en avait rien à foutre lui de tout ça. Si elle était cool, il serait cool, tout simplement. Et franchement… Il n’aurait pu imaginer plus ‘cool’.
Elle était là à ricaner et à cloper, comme une personne tout à fait normale… Et lui il la regardait, normal aussi, la détaillant sans se gêner. Comme si elle, elle se gênait en plus il était à oualpé là. Comme elle avait cette attitude, il décida d’adopter la même.

Avant qu’il ne réponde, il attendit qu’elle ait terminé de parler. Et sa seconde remarque fit se courber les lèvres du jeune homme. Oh vraiment, elle voulait savoir ? Il n’avait pas honte, si elle voulait vraiment savoir. Ça non, ce n’était pas son genre de craindre de se foutre à poil, déjà il l’était presque alors bon. Son sourire témoignait bien de quelle était la réponse, il avait une certaine assurance et appréciait bien son corps car la nature l’avait en effet gâté. Il ne se serait pas trimbalé à walpé sinon tiens donc !

Une clope. Ça venait d’attirer son attention, elle lui tendait une clope. Magie. Il eut l’envie de tendre les doigts pour attraper la clope, mais se ravisa un peu avec un petit rire qui lui allait si bien.

« Eh, mais t’es grave défoncée ma belle et tu me proposes qu’des clopes ? T’as rien de mieux ? »

Il s’approcha d’elle et se posa simplement sur le lit en tailleur, la serviette se contentant de cacher l’essentiel comme elle le faisait si bien. Il avait son sourire de beau gosse scotché aux lèvres, et il tapota le paquet de clopes, le refermant avec ce petit air amusé et confiant qu’il portait si bien.

« D’ailleurs s’tu veux vraiment savoir pour sous la serviette, j’te laisse vérifier meuf. T’as pas l’air du genre à t’retenir de le faire de toute manière hein m’dame ? »

Il ricana à son tour, et passa une main dans ses boucles blondes toutes emmêlées. Il avait ce petit côté négligeant, et cet air de je m’en fiche bien de ce que tu penses, je suis un beau gosse et rien à foutre de ton avis. Il était comme ça, tout simplement.
Ses iris bleus étaient tournés vers elle, et il ne sourcillait pas, avec une certitude évidente dans ce regard si beau. Il l’avait bien observée pendant qu’elle parlait, plus tôt, et décidément elle était pas mal cette fille. Dans le genre bonne, mais pas le genre bonne qu’on peut baiser. En général, Lyov ne couchait qu’avec les filles qu’il ne voudrait pas revoir. En gros, jamais imaginer de relation sérieuse avec une fille, car il savait d’instinct qu’elles « sont toutes des salopes ». Et celles qui ne sont pas des salopes, les rares élues, il ne comptait pas se les faire. D’où le bonne, mais pas baisable dont il qualifiait cette fille-là. Et puis quand il la regardait, il avait plutôt envie d’ouvrir une bière et de fumer un pétard tranquillement.
Lui, il n’était pas de ceux qui fument de l’herbe régulièrement, mais en général ça fait toujours du bien de temps en temps. Surtout que dans son cas, son état ‘normal’ n’était pas loin de l’état de ceux qui ont fumé. Un peu à l’ouest, le bisho, tout simplement.

Il l’avait il y a quelques secondes invitée à aller vérifier elle-même, mais ce n’était pas assez. Il voulait rajouter un peu de jeu parce que ce n’était pas marrant comme ça. Alors il haussa les épaules, et posa ses mains sur le lit, s’y accotant, toujours assit tranquillement en tailleur. Il ajouta, avec toujours son sourire scotché aux lèvres…

« Pas cap de v’nir voir ? »

Bien que ça n’en ait pas l’air, il n’était pas en train de lui faire un numéro de drague pourrit ou un truc du genre. C’était un jeu pour lui, qui n’avait pas vraiment de côté sexuel. C’était pour se marrer, car il savait très bien qu’elle risquait fortement de le faire et aussi il voulait essayer – si c’était possible ? – de la foutre mal à l’aise ou un truc du genre. Il jouait avec le feu, de petit con en fait.

« Et sérieux, aboule le joint princesse. » il rit un instant, avant de poursuivre, car il avait complètement oublié de se présenter « Au fait, moi c’est Lyov Isaak, j’suis Russe alors taggle sur l’accent si tu tiens à la vie. »

Il avait un beau sourire, et des manières tout aussi délicates que la jeune fille. Décidément, c’était beau entre les deux groupes de bourrins, ça faisait de belles conversations tout ça !