The Bucket List [PV Kae]

La mort... Aussi étonnant que cela puisse paraitre, ma plus grande peur était l'inexorable destin qu'attendait chaque homme : sa fin. Vous était-il déjà arrivé de penser à quoi pourrait ressembler votre mort ? J’avais entendu dire que ce n'était pas tant la manière de vivre que la manière de mourir qui importait mais ce qu'on aurait accompli avant notre mort. Auparavant, je ne prêtais aucune importance à la manière dont j’allais mourir, mais maintenant, je me disais que mourir à la place de quelqu’un que j’aime me semblait être une bonne façon de partir. Seulement, encore fallait-il tomber sur la personne qui trouverait grâce à mes yeux... Et ce n’était pas gagné d’avance, croyez-moi. Oui je sais, j’étais un peu complexe comme garçon.

Samedi, 16h et des brouettes...
Aujourd’hui, j’avais décidé d'aller à la piscine municipale. Je n’y avais pas remis les pieds depuis mes 7 ans, suite à une mauvaise expérience connu avec l’eau où j’avais bien failli me noyer pour de bon. Et puis le temps a passé et je n’ai jamais retenté l’expérience depuis ce jour, ce qui fait qu’à l’heure d’aujourd’hui, je ne sais toujours pas nager. Et alors ? Je ne m'en caché pas. J’avais vécu jusque-là sans que cela n’entache ma vie. Mais alors dans ce cas, vous vous demandez très certainement pourquoi je me rendais là-bas, je me trompe ? Eh bien c'est très simple, j’avais profité du week-end pour finir de déballer mes cartons. Car oui, je n’avais pas encore terminé... Certes, ça avait encombré la pièce et n’avait pas était très pratique mais c’était bien plus satisfaisant encore d’avoir fait rager mes petits camarades de chambre une semaine entière. Oh, ce n’était rien de bien méchant... N'empêche, c’était fou tout ce que l’on pouvait retrouver en mettant un peu d'ordre dans ses affaires ! Même des choses insoupçonnables... J'étais tombé par hasard sur une vieille liste de « choses à réaliser avant de mourir », aussi appelée Bucket List, que j’avais écrite quand j’étais plus jeune.

« Apprendre à nager... »

Tout était parti de là... Une simple liste d’enfant. J’aurais préféré ne jamais retomber sur celle-ci car c’est ce qui m’amena à me rendre à la piscine ce jour-là. Qu’est-ce qu’il m'était passé par la tête ? Allez savoir...

Voilà comment je m’étais retrouvé à assister à un cours de natation, entouré d’enfants âgés entre 6 et 12 ans. Mortel... J’étais donc accroupie dans le petit bassin, armé de mes ‘supers’ brassards vert fluo – auxquels je n’avais pas pu échapper malgré que j’avais pied – bougeant circulairement mes bras dans l’eau. Trois enfants s’étaient rameutés autour de moi – d’ailleurs l’eau était devenue plus chaude d’un seul coup... Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre – et me bombardaient de questions du genre : ‘T’as quel âge ?’, ‘Et tu t’appelles comment ?’, ‘Pourquoi t'es là ? Tu ne sais pas nager ?’, ‘Ils sont trop cool tes brassards, tu ne veux pas qu’on échange ?’, etc. « ... ». Ah, les enfants... C’était tellement curieux à cet âge-là. C’est alors que des rires d’enfants provenant du grand bassin attirèrent mon attention. Ces têtards n’étaient guère plus hauts que trois pommes et nageaient déjà comme des petits poissons dans l’eau, ce qui avait le don de me démoraliser mais en même temps je me disais 'pourquoi pas moi ?'.

« C’était très bien ! Le cours est terminé, on se retrouve samedi prochain ! » déclara le coach avant de sortir de l’eau, suivit de près par les enfants... En moins de deux, le bassin se vida. Pas trop tôt... Dans un long soupire, je me levai et sorti de l’eau puis retirai mes brassards m’apprêtant à partir. Mais avant ça, je m’approchai du grand bassin pour observer quelques instants les personnes qui s’amusaient ou faisaient des longueurs dans l’eau. Mais pas que, il y avait aussi ce maitre-nageur de 50 balais avec son bob blanc sur la tête et sa sacoche autour de la taille, en train de glander sur le banc, plus occupé à roupiller ou à draguer des midinettes qu’à surveiller sérieusement ce qui se passait autour de lui... Quand soudain, je sentis quelque chose ou plutôt quelqu’un me tirer par le bout de mon maillot de bain. Je me retournai alors et vis deux fillettes.

« Monsieur, on a fait tomber notre ballon dans le grand bassin, vous pouvez nous le récupérer s’il vous plait ?... », demanda l’une d’entre elle d’une voix frêle, tout en triturant ses doigts.

Que faire ? Je les aidais, je ne les aidais pas ? Ah bien sûr fallait que ça tombe sur moi, le seul c*n ici qui ne savait pas nager... Je tournai alors la tête vers le bassin à la recherche du ballon et effectivement il y avait bel et bien un ballon gonflable à quelques mètres de là, qui flottait sur l’eau, non loin du bord. Bon, pas de panique, je n’avais pas obligatoirement besoin d’aller me mouiller pour le récupérer, il me suffisait simplement de tendre un peu le bras et le tour serait joué. Du moins, c’est ce que je me disais... Aussitôt dit, aussitôt fait. Je m’approchai du bord de la piscine avant de m’accroupir et de tendre le bras au maximum pour essayer d’attraper la balle, mais c’était plus difficile que ce que j’avais imaginé... Celle-ci glissait à cause de l’eau et tournait sur elle-même. N’arrivant qu’à l’effleurer du bout des doigts, je décidai donc de me pencher un peu plus, geste que je finis par regretter la seconde d’après car je perdis l’équilibre et tombai dans l’eau la tête la première, ne parvenant plus à remonter à la surface. Me débattre ne servait strictement à rien. Et puis... le trou noir.

Mon heure avait-elle sonnait ? Mourir pour une raison aussi bête, c’était tout moi ça...

Parait-il que juste avant de mourir, on voit notre vie défiler devant nos yeux. Eh bien dans mon cas, c’était plutôt tout un tas de questions qui se bousculaient dans ma tête, du genre... ‘Vais-je mourir ?, ‘Y’a-t-il une vie après la mort ?’, ou bien encore 'Est-ce que mon avenir allait se jouer sur une simple partie de chifoumi avec la Faucheuse ?' (Vous savez, comme dans 'Les Sims'... Ouais je sais, vives la référence). Même une personne comme moi, qui n’était pas du tout croyante, en arrivait malgré tout à se demander s’il existait véritablement un Paradis et un Enfer. C’est vous dire... Peut-être que le sort qui m’était réservé était finalement de rester coincé dans ce monde à hanter les vivants jusqu’à la fin des temps. Qui sait ? Ce n’était pas plus absurde qu’autre chose quand on y pensait. Je voyais ça d'ici : Shinper le méchant fantôme ! Ahah ! Casper n'avait plus qu'à se rhabiller, enfin, façon de parler...

Toutes ces questions allaient devoir rester en suspend car quelque chose, ou plutôt quelqu’un, me sortit de l’eau. /Ehhh oui, on ne se débarrassait pas de moi aussi facilement !/ Ce n'est qu'une fois que l’on m'octroya les premiers secours que je revins enfin à moi... Je recrachais l’eau qui s’était logé dans mes poumons, puis ouvris doucement les yeux. Ma vision était un peu trouble mais j’arrivai néanmoins à distinguer une silhouette lumineuse... /Boom Boom/ (son des battements de mon cœur) « Dieu ?... », marmonnai-je. Perdu ! A quelques secondes d’intervalles la vue me revint peu à peu. J’aperçus alors le visage d’un jeune garçon penché au-dessus de ma tête qui me fixait bizarrement. Ne me dites pas que j’avais dit ça tout haut quand même ?! (...) Je ne le savais pas encore mais celui-ci se trouvait être l’ami du garçon qui m’avait sauvé...
Je finis par me redresser pour m’asseoir quant au même moment, le visage d’un homme assez âgé vint à s’approcher à quelques centimètres du mien, me surprenant de ce fait. Je reconnus alors le maitre-nageur ! Je n’avais pas remarqué qu’il était accroupi à côté de moi depuis le début. Je ne pus m’empêcher de grimacer légèrement en pensant que c’était probablement lui qui avait dû me faire du bouche-à-bouche, mais bon, je devais certainement m’estimer heureux déjà d’être encore de ce monde, pas vrai ?

« Mon garçon, tu t’sens mieux ?! (...) Il délire je crois... Tu es à la piscine ! (...) Tu te souviens de ce qu’il s’est passé ? Tu es tombé dans l’eau, tu étais en train de te noyer, une personne t’as vu et est venu à ton secours. Les deux fillettes qui étaient avec toi sont ensuite venues me prévenir... Tu peux dire un grand merci à ce jeune homme, il t’a sauvé la vie », déclara le maitre-nageur. Je levai alors la tête vers la personne qu’il me désignait du regard et vis un jeune garçon allongé au bord de la piscine. Je l’observai quelques instants... Il était trempé et portait encore ses vêtements. Je m’apprêtai à le remercier quand le maitre-nageur reprit de plus belle, ne m'en laissant pas le temps... « Mieux vaut que tu t’allonges un peu avant de rentrer chez toi, je vais t’accompagner ! ».

Voilà donc comment je m’étais retrouvé à squatter le canapé du personnel, emmitouflé dans une serviette. Le maitre-nageur me tendit un verre mais je fus légèrement déçu en constatant que ce n’était que de la flotte. Comme-ci je n’en avais pas bu assez aujourd’hui... Il me conseilla de me poser cinq minutes avant de rentrer et m’indiqua où le trouver si je commençai à me sentir mal. Il me demanda également si je voulais appeler quelqu’un pour venir me chercher mais je refusai, me sentant à présent beaucoup mieux, et puis Sei n’était pas si loin que ça à pied en plus... Avant de repartir surveiller la piscine, - ouais 'fin fallait l'dire vite quand même... - il me remit mes affaires personnelles. Je le remerciai alors, puis une fois seul, soupirai avant de remémorer ce qu’il s’était passé un peu plus tôt. Je me mis alors à repenser au jeune homme près de la piscine. Je n’avais même pas eu le temps de le remercier pour m’avoir sauvé... Mon regard se posa ensuite sur la pendule accroché au mur qui affichait 17h12. Je décidai donc de me rhabiller et de rentrer directement au pensionnat. Toujours assis sur le sofa, je terminai de mettre mes chaussures quand une voix se fit entendre, mettant fin au silence pesant qui régnait dans la pièce. Je relevai alors la tête et reconnu le garçon de tout à l’heure. Ah ben voilà exactement celui que je cherchai et pile à l'heure en plus !

« La prochaine fois dis-le franchement que tu peux pas faire quelque chose, t'as failli crever ! » Est-ce que ‘tendre le bras’ était quelque chose que je ne pouvais pas faire ? Ma seule erreur avait été mon manque d’attention. Erreur qui avait bien failli me coûter la vie certes, mais il fallait relativiser ! La vie était bien trop courte pour s’attarder sur ce genre de choses à mon simple avis, et puis l'essentiel n’était pas qu'au final tout le monde s'en soit sorti sain et sauf ? « Mph... » Mes yeux se plissèrent de malice tandis qu'un petit sourire vint à s'inscrire au coin de mes lèvres. « Enfin bon, sinon ça va mieux ? », poursuivit le garçon. Je le regardai quelques instants avant de répondre. « C'est fou alors comme ça t'assures même le service après vente... », dis-je sur un ton amusé. C'est alors que je bondis hors du canapé à pied joint puis m'avançai dans la direction du brun. Arrivée à sa hauteur, je l'agrippai par les épaules avant de lui glisser rapidement quelques mots au creux de l'oreille... « J’ai une dette envers toi à présent, Mitchy ! ». Mitch. Mitchell quoi ! Le sauveteur dans la série Alerte à Malibu, joué par David Hasselhoff. Ah, faut tout vous expliquer ! Certes, ce n’était peut-être pas Pamela Anderson qui était venue à ma rescousse mais si vous voulez mon avis, mieux valait un Mitch que rien du tout. Et puis de toute façon je détestais les filles superficielles... Sans plus attendre, je reculai de quelques pas dans une démarche quelque peu enfantine avant d'esquisser un petit sourire narquois. J'enchainai en me touchant le bout du menton un instant pour accompagner ma réflexion puis repris la parole en reposant les yeux sur le brun. « Je sais ! Pour te remercier, tu peux me demander ce que tu veux ! Mais réfléchis bien avant de me donner ta réponse car tu ne pourras plus revenir dessus ensuite... », ajoutai-je avant que mon sourire ne s’agrandisse tandis que je glissais mes mains dans les poches de mon manteau. Je le regardais en attendant sa réponse...

Que demanderiez-vous si on ne vous refusait rien ? Mais attention, juste une seule chose, un seul souhait...

Un million de dollars ? Megan Fox ? D'exécuter un sale boulot pour ne pas avoir à le faire soi-même ? Un pure moment de plaisir avec un(e) inconnu(e) ? Un aliment que vous aimez particulièrement de la taille d’un building ? Une rencontre avec son idole ? J’en passe et des meilleurs...

Désolé de briser vos rêves les enfants mais la Fée Shinya n’existait pas, eh oui... Et le jeune Mitchy aussi l’avait bien compris. Évidement, il m’était difficile voire impossible de réaliser la plus part des choses que le jeune homme aurait pu me demander. Mais parfois, mieux valait garder un bon service ou coût de main sous le bras plutôt qu’une promesse non tenue ou à moitié tenue. Néanmoins, comment savoir si j’allais vraiment payer ma dette. Ben ouais, après tout il était fort probable qu’on ne se revoit jamais après ça... Mais bon, c’était malgré tout assez amusant de laisser planer le doute.

« Comme tu voudras... », lui répondis-je avant d’esquisser un sourire malicieux. C’est alors que le maitre-nageur apparu soudainement dans la pièce. Mon dieu, dire que ce type m'avait fait du bouche à bouche... Qu’est-ce qu’il voulait de plus ?! « Ah ! J'allais le ramener chez lui mais vu que vous êtes encore ici, ça vous dérangerait de le faire pour moi ? », dit-il avant de repartir aussitôt, sans attendre de réponse. « Elle est bien bonne celle-là ! Eh oh l'ancêtre, ch'ui pas un vulgaire paquet dont on se décharge à la première occas' ! », pensais-je. Je posai alors mon regard sur le brun. Celui-ci ne semblait pas très enchanté à l’idée de devoir me ramener. WHAT ? Allais-je devoir déployer ma botte secrète appelé aussi "technique des petits yeux larmoyants" pour le convaincre ? Apparemment non, il enchaina directement en me demandant où j’habitais. Avait-il véritablement l’intention de me raccompagner ? Oh, quelle gentille attention ! Si le brun pensait que ça n’allait pas être de tout repos, eh bien... il avait entièrement raison !

« Tu sais Mitchy, on m'a toujours interdit de suivre des inconnus... », dis-je en lâchant un petit rire narquois avant de poursuivre. « Je m’appelle Shinya. Et... comment s’appelle mon sauveur ? ».

Avant qu’il ne m'ait répondu, la porte claqua violemment à cause d’une fenêtre ouverte, ce qui me fit légèrement sursauter sur le coup. S'en suivi un bruit fracassant de ferraille ricochant sur le sol. Aie, cela n’annonçait rien de bon... Je m’approchai presque immédiatement de la porte pour l’ouvrir mais la poignée de celle-ci me resta dans les mains. Je restai c*n quelques instants avant qu’un rire nerveux ne m’envahisse. Mieux valait en rire qu’en pleurer nan, vous n’êtes pas d’accord ? Je me repris alors puis me tournai vers le jeune brun...

« Bon ben, j’espère que t’es un bon bricoleur ou que tu l’as été dans une autre vie parce qu’on a un petit problème... », dis-je avant de tapoter les poches de ma veste et de mon pantalon. « T’as pas ton portable ? J’ai oublié le mien ! (...) EH OH ! ON EST COINCE ! », m’exclamais-je en tapant sur la porte pour faire du bruit...

[Petit retour en arrière, 10 minutes avant, toujours à la piscine...]

Le maitre-nageur demanda au jeune homme de ramener chez elle la personne qui avait failli se noyer, puis sans attendre une réponse de sa part, était sorti de la pièce, pensant que ça ne le dérangerait pas mais surtout parce que ça l’arrangeait lui... Il longea ensuite le couloir et se dirigea en direction de la sortie. Arrivée à la porte d’entrée, il croisa l’ami du jeune héros qui avait aidé à remonter le garçon hors de l'eau. Il l’informa peu explicitement que son camarade s'était gentiment proposé pour ramener le rescapé à son domicile et ainsi ne prendre aucun risque. L’ami du jeune brun lui envoya alors un SMS pour l'informer qu'il rentrait lui aussi et qu'ils n'auraient qu'à se rejoindre un peu plus tard à Sei, puis il sorti. C’est alors que le maitre-nageur confia les clés à la guichetière en lui demandant de fermer en partant car celui-ci avait une urgence. Il lui indiqua qu’il restait encore deux jeunes dans les locaux qui n’allaient pas tarder à s’en aller, puis partit tout simplement. La guichetière alla donc vérifier les bassins puis inspecta les vestiaires et y croisa alors deux jeunes filles qui trainaient encore. Elle attendit qu’elles finissent de se rhabiller et partent avant de fermer la piscine et de partir à son tour.

Extinction des feux...

Certaines personnes pensent que rien n'est impossible... Très franchement, pour moi ‘impossible’ était juste un grand mot inventé par des hommes trouvant plus facile de vivre dans le monde qui leur avait été donné que d'explorer le pouvoir qu'ils avaient de le changer. Impossible n'était pas un fait. C'était une opinion. Impossible n'était pas une déclaration. C'était un défi. J'appartenais à cette catégorie de personnes qui pensaient sincèrement que l’on pouvait obtenir tout ce que l’on voulait à partir du moment où l’on croyait en soi... Et pourquoi pas devenir un as du poker, parler toutes les langues possibles et inimaginables, faire le tour du monde en moon-walk, survivre à un crash aérien, ‘sauter par la fenêtre’... Hein ? Quoi ? Sauter par la fenêtre ?!

Le coréen m’avait donc attrapé par le col – ce qui eut pour effet de me faire sourire, ayant comme une impression de déjà-vu – afin de m’entrainer près de la fenêtre part laquelle il comptait sortir. A première vue la hauteur semblait raisonnable. Un petit sourire satisfait vint alors s’afficher sur mon visage ; cela allait être un jeu d'enfant pour moi. J’observai le brun se hisser en premier dans l’encadrement de la fenêtre puis, avant de sauter dans le vide, m’inviter à le rejoindre. Ma première réaction fut de me pencher par la fenêtre pour voir si notre jeune héros s'en était tiré indemne. De toute évidence il n'avait pas perdu sa langue, c'était déjà ça.

« Bon tu te grouilles mec, il commence à faire sombre. J'ai pas toute la nuit à te consacrer », dit-il en regardant dans ma direction... Je ne pus m’empêcher d’esquisser un petit sourire en le voyant s’impatienter, et c’était d’autant plus drôle de là où j’étais.

« Quoi, tu n'vas pas m'dire qu'il y a une Madame Mitchell qui t'attends à la maison ? Tu m’brises le cœur là ~ », répondis-je tout en posant une main sur mon cœur, mimant quelqu'un de blessé, avant de laisser échapper un rire. C’est alors que je grimpais à mon tour sur le rebord de la fenêtre – Inutile d'utiliser la chaise pour ma part car en plus de ma taille tout à fait correcte, j'étais plutôt agile comme garçon – et me mis debout sur le petit renfort de la fenêtre mais l'espace était si étroit qu'une partie de mes pieds était dans le vide. Je fis donc basculer le poids de mon corps dans mes talons en fléchissant les genoux. Avant de tenter quoique ce soit d’irréfléchi, je jetai un coup d'œil vers le sol en direction de mon camarade – histoire d'évaluer la hauteur – quant au même moment, un vent violent sorti de je ne sais où, referma en partie la fenêtre sur mes doigts qui se trouvaient alors dans le chambranle de celle-ci. Dans un cri de douleur, je ramenai ma main vers moi mais complètement déséquilibré, je me sentis basculer en avant, sans avoir eu le temps de dire quoi que ce soit, sentant la pression du vide sur mon corps quelques secondes avant de m'écrouler avec brio sur mon pauvre camarade. Heureusement que je n'étais pas tombé de très haut, sinon il y aurait eu des dégâts... Je ne vais pas non plus mentir en disant que ça avait été une partie de plaisir, c'était même plutôt douloureux mais bon, on s'en remettrait. Une chance pour nous que l’herbe ait servie d’amortisseur. Je me retrouvai donc allongé de tout mon long sur le jeune homme, une position un peu gênante pour deux garçons... Enfin en ce qui me concernait, il en fallait un peu plus que ça pour m’embarrasser. Sans perdre de temps, je me redressai quand même pour qu’il puisse en faire de même.

« Dis donc Mitchy qu'est-ce que t'es dur... », dis-je avant qu’un petit sourire ne se dessine sur mon visage – qu’il pouvait interpréter comme il le voulait – décelant soudainement un double sens à ma phrase, puis poursuivit... « C’est bon, rien de cassé ? », demandai-je plus sérieusement. Cependant, quand je voulu me mettre debout afin d’aider le jeune homme à se relever en guise d'excuses, je sentis comme une douleur à la cheville. Je grimaçais légèrement, m'abaissant pour masser la partie douloureuse de mon corps, laissant donc le soin au brun se lever tout seul. Bon, ce n'était pas aussi grave que ce que je pouvais le laisser paraître. Je n’irai pas jusqu’à dire que la douleur était juste psychosomatique mais j'étais persuadé qu'elle disparaîtrait après une bonne nuit de sommeil. Néanmoins, on en n’était pas encore là et le moment où j’allais pouvoir retrouver mon lit était encore loin... Je finis par regarder autour de moi et m’aperçus que le sol était jonchait de mégots de cigarettes. « On dirait bien qu'on est tombé dans l’espace réservé aux fumeurs... », constatai-je en haussant un sourcil un peu perplexe. « Viens, suis moi ! ~ », m’exclamai-je avant de l’attraper par le poignet pour l’entrainer avec moi, ne lui laissant donc pas vraiment le choix. Sans plus attendre, j’avançai quasiment à cloche pied jusqu’à l’angle du bâtiment qui se trouvait à quelques pas de là puis franchis le portique. Malgré le fait qu’il commençait à faire sombre, j'aperçus comme un mirage se dressant devant moi deux grands bassins dont l'eau reflétait la lumière extérieure des réverbères. Mes yeux se plissèrent en même temps que je j'aperçus le grand grillage qui entourait la piscine... C’était une blague ? Un coup du sort ? Un acharnement du destin... On était toujours enfermés à la piscine ?! Il existait bien un moyen de s'évader d'une piscine municipale sans qu'on ait besoin forcément d'avoir les plans du bâtiment tatoués sur tout le corps quand même !

Je me tournai alors vers mon voisin avant de m’adresser à lui... « Toi qui disait ne pas avoir la nuit à me consacrer, je crois que le destin en a décidé autrement ~ », dis-je en dissimulant un petit sourire, respirant naturellement l’ironie. En règle générale, je ne croyais pas aux signes mais c'était peut-être le moment de s'y mettre. Je m’approchai alors rapidement du bassin le plus proche puis retirai mes chaussures en les jetant juste à côté de moi avant de m'assoir sur le rebord de la piscine et de plonger mes pieds dans l'eau. La fraîcheur commençait déjà à soulager ma cheville endolorie. Je crois bien que c’était la première fois que j’étais aussi content de voir une piscine... Tournant la tête vers mon camarade, je lui fis signe de me rejoindre. J’avais échappé quasiment 2 fois à la mort dans la même journée, ça méritait bien une petite pause ça, nan ? « Il doit bien y avoir une autre issue... », pensai-je tout haut comme pour m’en assurer, puis me repris, réalisant que je ne connaissais toujours pas nom de mon camarade d'infortune. « Au fait, avant qu'on soit interrompu, tu t’apprêtais à me dire ton nom, nan ? », relançai-je en venant caler le revers de mes mains sous mes cuisses.

C’est alors mon regard se posa sur une porte fermée, près du portillon... J’avais déjà vu plusieurs fois le maitre-nageur y entrer pour vendre toutes sortes de choses à consommer (boissons, glaces, etc. Bières ?). Peut-être qu’il y avait de quoi faire passer le temps là-dedans finalement... C’est vrai, pourquoi se gêner ? Après tout, on avait rien demandé, et même si je n'aimais pas ce mot, nous n'étions que de simples 'victimes' dans l'histoire... Tiens, ça me rappelait une vague histoire similaire qui avait fait la une des journaux : Une septuagénaire qui avait passé le réveillon enfermée dans un supermarché. Vous la connaissez ? La femme qui y était allée pour faire ses courses, s’était rendue dans les toilettes du magasin où elle fût prise d'un malaise. Seulement, personne n’était venue à son secours, ni même ne l’avait remarqué. Et lorsqu'elle a repris ses esprits quelques heures plus tard, elle a découvert les allées vides, la lumière éteinte : le magasin avait fermé. Pour son malheur, le magasin n'ouvrait pas le 1er janvier, jour férié. Mais par chance – si je puis dire – un responsable avait décidé d'y passer quand même pour voir si tout allait bien. Ce n’est ainsi qu'à 10 h 30 que la femme fut libérée de sa prison d'une nuit. La preuve en est, ‘rien – vraiment rien – n’est impossible’, tout peut arriver dans ce bas monde ! Ah la vie... une dure école, n'est-ce pas ?

La malchance, loi des séries, mythe ou réalité ?

J’aurais tendance à dire une ‘réalité’ en vue des derniers événements Comment justifier autant de poisse dans une seule et même journée si ce n’est que quelqu’un là-haut nous en voulaient.

D'ailleurs, avez-vous déjà entendu parlé du 'Karma' ? Donne et on te donnera. Prends et on te prendra. Vole et on te volera. Bon enfin, vous avez compris le principe ! C’était la loi du retour… Ce que l'on donnait aux autres nous serait rendu au centuple, de même que ce que nous refusions de donner nous serait retranché… Ma mère me répétait souvent : 'si tu craches en l’air, ça va te retomber sur le nez'. C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé en quelque sorte. Personnellement, j'étais depuis toujours intéressé par la spiritualité et la métaphysique et je croyais dur comme fer à cette loi du karma ou de l'effet boomerang, peu importe comment on l'appelait. La vie se chargeait toujours de nous remettre ce qu’on avait semé. Si je suivais ma logique alors j'avais bien du souci à me faire... En effet, si je devais me souvenir de toutes les personnes qui ne me portaient pas dans leur cœur, passant du malheureux à qui j'avais chapardé son paquet de billes en primaire jusqu'aux raisons qui m'avait poussés à quitter mon ancienne école, autant dire que la liste était longue... Si vous voulez mon avis, il devait y avoir foule au guichet 'retour de Karma' ! Et si par le plus grand des hasards, ça tentait d'autres personnes de se venger, je n'avais qu'une seule et unique chose à leur dire (...) 'Faites la queue comme tout le monde !'

Et quand en plus de ça le vent s'en mêle, rien ne va plus ~
Je m'étais coincé les doigts dans la fenêtre, ce qui m’avait fait perdre l’équilibre et m’avait fait basculer dans le vide. Bien sûr j’avais atterri sur le jeune homme qui se trouvait juste en dessous de la fenêtre et de la même façon, m'étais fait mal à la cheville. Bah voyons, sinon ça n’aurait pas été drôle hein ! En revanche, le brun lui semblait s’être assez bien remis du choc...

« Nan, heureusement, parce que même blessé j'aurais trouvé le moyen de te tuer ! »

Finalement... Il l'avait plutôt bien pris hein ! Certes, j'avais réussi à lui donner des envies de meurtres à mon encontre - un détail... - mais aucune amitié ou relation n'est parfaite ~ Et puis allez comprendre pourquoi, je faisais souvent cet effet-là aux gens. M'enfin partant de ce principe, ne disait-on pas qu'il n'y avait qu'un pas entre la haine et l'amour ? ~

Je ne relevais pas sa phrase étant bien trop préoccupé par ma cheville douloureuse me contentant simplement de rire intérieurement, un brin amusé par l'attitude de mon camarade. Ni une, ni deux, nous nous retrouvions de nouveau face aux bassins de la piscine avant de constater avec stupeur qu'un grillage entourait entièrement les lieux. Retour à la case départ donc, ou plutôt à la case 'prison' ! Ceci étant dit, je ne croyais pas au père-noël alors mis à part une autre illumination du brun, il est certain que nous n’allions pas pouvoir rentrer chez nous tout de suite... Mais bon, tant qu’à faire, il ne tenait qu'à nous de rendre cette soirée plus agréable et faire passer le temps plus rapidement !

Nous étions assis au bord de la piscine quand le jeune brun me révéla enfin son nom. Kae. Voilà un patronyme qui sonnait bien plus coréen que japonais, j'en conclu donc qu'il devait avoir des origines. L'avantage des prénoms courts c'est qu'on les retient plus facilement et pour moi qui n’avais pas la mémoire des noms, celui-ci n'allait pas être trop compliqué à retenir.

Le jeune homme sortit ensuite de son paquet de cigarettes pour s’en griller une. Certes, on était à la piscine municipale, dans un endroit public donc, mais qu’est-ce que ça pouvait bien faire dans un instant comme celui-là ? Il faisait nuit, la piscine était fermé et n’y avait personne en dehors de nous deux. Je devais l'admettre, je n’aimais pas spécialement la fumée de cigarette, ni même ceux qui en était à l'origine. En principe, je faisais toujours la moral aux fumeurs en leur répétant que c'était nocif pour l'organisme ou alors, je m’empressais de leur arracher leur cigarette des mains pour l'éteindre, mais pour l'heure ce n'était pas ma préoccupation première puisque la réserve - et surtout ce qu’elle pouvait contenir - retenait entièrement mon attention.

« N'y pense même pas. ». C'est alors que mon regard croisa celui de Kae. Avait-il deviné mes intentions ? J'avouais que l'idée de braquer la réserve m'avait traversé l'esprit, même plus que traversé. Je dirais même que ça me disait assez bien ! « Je te porterai sur mon dos s'il le faut, mais hors de question qu'on campe ici. ». Je ne pus m’empêcher d’esquisser un petit sourire narquois, sachant pertinemment que c’était difficilement envisageable. Escalader le grillage n'était pas une option possible, alors avec une personne sur le dos, n’en parlons même pas... « Attention, je pourrais te prendre au mot... ~ ». L’image de moi sur le dos de Kae me fit légèrement rire. Je ne pus m’empêcher de hausser un sourcil en le voyant pointer sa cigarette vers moi. Il semblait s'être résigner à devoir rester un petit moment coincé en ma charmante compagnie... Je l’observai un instant méditer les yeux fermés, curieux de voir ce qu’il entendait par 'après on avise'. Le jeune brun finit par se lever en me faisant signe de ne pas bouger puis se dirigea vers la réserve. Finalement, il avait quand même décidé de me suivre sur ce coup malgré ses réticences en amont. Étonnement la porte n'était pas fermé à clé... Autant de chance dans un jour comme celui-là, ça en était presque anormal, mais après tout ne dit-on pas qu'une fois qu'on a touché le fond on ne peut que remonter... La roue était peut-être enfin en train de tourner en notre faveur, qui sait ?

La lumière du local s’alluma avant que je n'entende Kae manipuler des objets. Je me demandais bien ce qu’il pouvait y avoir là-dedans mais en entendant le sifflement de celui-ci, j’en conclu qu’on avait touché le jackpot ! Enfin, le brun enchaîna en me demandant ce que je voulais qu'il me ramène... Je réfléchissais un instant avant de lui donner ma réponse, regardant brièvement les remous provoqués par les légers battements de mes pieds dans l’eau. Je sentis tout à coup un frisson me parcourir l'échine... Tiens, le vent venait à nouveau de se lever ? J’allais ouvrir la bouche quand j’entendis un drôle de bruit derrière moi. Je me retournai alors et constatai quelque peu perplexe que la porte de la réservé était fermée... Encore ce satané vent pensais-je. Néanmoins, je ne me doutais pas une seule seconde qu’un autre problème allait venir s’ajouter aux festivités... Ce n'est qu'au moment où j’entendis Kae taper et crier derrière la porte que je compris que les ennuies continuaient. Minute, comment avait-il fait pour se coincer tout seul dans la réserve ? Difficile de ne pas sortir une vanne dans ce genre de situation mais aller savoir pourquoi, je me retins de le faire... une sorte d'intuition sans doute. En tout cas, je n'étais apparemment pas le seul avec un mauvais karma ce soir ~

Je me levai donc puis m’approchai du local, en constatant par la même occasion que je n’avais presque plus mal à la cheville. L’eau fraîche du bassin avait fait son petit effet finalement... Arrivée devant la maudite porte, je tentai de la pousser de mon côté pour l’ouvrir mais rien à faire, celle-ci semblait bel et bien bloquée.

« Aie. Ta confiance me va droit au cœur ~ Comme-ci j'pouvais te laisser-là... », rétorquais-je, un sourire malicieux au coin des lèvres, surtout qu'il s'était enfermé avec toutes les provisions le petit malin... Cependant, c’était bien beau de faire comme-ci j'avais les cartes en main mais comment j’allais m'y prendre pour le libérer moi ? Je me sentais complètement impuissant face à cette situation... Je finis par palper mes vêtements à la recherche de quelque chose, une idée, un objet, n'importe quoi qui pourrait m’aider à ouvrir la porte. C’est alors que je tombai sur ma carte d’étudiant qui se trouvait dans la poche arrière de mon pantalon. J’eus soudain une idée ! Je me rappelais d’une vidéo que j'avais vu sur internet, qui donnait des astuces pour ouvrir une porte fermé. Pourquoi je m'étais intéressé à cela ? Là n'était pas là question... Quand bien même, on avait tous déjà vu faire ça au moins une fois dans un film : Un protagoniste astucieux avait besoin d'explorer la demeure d’un méchant, donc il sortait une carte et la tortillait dans la fente de la porte avant d’entrer très facilement. Toutefois, dans la vraie vie l'affaire semblait beaucoup plus complexe, en effet, la technique du crochetage de porte n'était à priori innée pour personne et c'était donc loin d'être aussi simple que dans un film mais comme j'étais justement un peu mieux renseigné qu'une personne lambda à ce sujet, je décidais sans hésitation de m'y essayer.

Je fis d'abord glisser la carte dans l'espace verticale entre la porte et l'encadrement. J’inclinai ensuite la carte de sorte que le côté qui était le plus proche de moi puisse toucher, ou presque toucher, la poignée. « Si j'arrive à te libérer Mitchy, j’espère bien ensuite avoir la récompense qui va avec ~ », déclarais-je avant d'émettre un petit rire taquin. C'était certain, je ne perdais pas le nord ! Pour moi tout avait un prix et rien n'était gratuit en ce bas monde, mais au moins ça avait le mérite de me faire mettre le cœur à l'ouvrage. Après tout c'était tout autant dans mon intérêt que dans celui de Kae que je parvienne à la libérer : The carrot and the stick. Par ailleurs, le brun n'était de toute évidence pas en position de marchander sur ce coup-là ! Bref. Je finis par plier la carte à l'opposé, obligeant le verrou à revenir en arrière, tout en m'appuyant contre la porte pour m’aider à forcer celle-ci. Eh hop, le loquet céda comme par magie ! « Et voilà l'travail... », m’exclamais-je, l’air triomphant après m'être battu deux, trois minutes pour faire céder la porte. Voilà la preuve tangible que rien ne me pouvait me résister, pas même une porte ~

J’entrai enfin dans le local puis posai en premier mon regard sur le brun que j’étais évidement content de retrouver ! Je balayai ensuite la pièce du regard... Avec tout ce qu’il y avait, on ne risquait pas de mourir de faim, ni de soif, c'était déjà ça ! Je finis par m’avancer vers le frigo à boisson que j’ouvris avant de prendre deux canettes de bière. « Juste ce qu'il me fallait ~ ». J’en envoyai une avec précaution à Kae, en m’assurant d’abord qu’il regardait dans ma direction, histoire de ne pas l’assommer tout de même, puis m’avançai vers le congélateur pour m’y asseoir.

« Je crois qu’on a bien mérité un petit remontant après tout ça... A la tienne Mitchy ~ », dis-je en levant un court instant ma canette dans la direction du brun, je l'ouvris finalement et en bu quelques gorgées avant de reprendre avec un sourire difficilement interprétable. « Well, et sinon, revenons à notre marché... J’estime avoir le droit de demander ce que je veux maintenant que j'ai libéré la princesse de son donjon. Mais je ne me contenterai pas d'un vulgaire baiser ~ », déclarais-je en esquissant un sourire taquin. Sans attendre une quelconque réponse de sa part, je fis mine de réfléchir un instant à ce que j’allais pouvoir lui demander, bien que j’avais déjà ma petite idée sur la question. Mais bon, je savais d’avance que ça n’allait pas lui plaire... Je posai alors ma boisson à côté de moi pour me désencombrer puis m’approchai du jeune brun avant de l’attraper gentillement par les épaules... « Tu es un homme de parole Mitchy, cela ne fait aucun doute ! Un marché est un marché, et cela, même si c'est une chose que tu n’as pas forcément envie faire... », murmurais-je avant que mon sourire ne s’agrandisse. Je le lâchai rapidement puis reculai de quelques pas. Je commençai alors à enlever mes vêtements, pensant qu'il allait faire de même, sans lui donner plus d'explications. Je restais de ce fait assez évasif sur mes réelles intentions. Je retirai ma veste, puis mon haut et commençai à déboutonner mon pantalon devant lui. C’est alors que je me stoppai subitement pour relever la tête vers mon camarade...

« Eh bien, qu’est-ce que tu attends ? Tu ne veux pas te déshabiller devant moi, tu es timide c'est ça ? Mais peut-être que tu t'attends à ce que je le fasse à ta place... ? (...) C'est le moment ou jamais de se jeter à l'eau, Mitchy. On est seul, personne pour nous déranger ou nous juger. C'est le cadre idéal pour que tu me... m’apprennes à nager ! », dis-je avant d'afficher un petit sourire narquois, l'air de rien, espérant au fond l'avoir fait marcher avec mon petit numéro... Je sais que ce côté provocateur de ma personnalité ne plaît pas toujours mais de ce que les autres peuvent penser, pour être honnête, je m'en contre fiche. Pour moi la vie est un jeu, on déplace nos pions sur un échiquier géant, parfois on gagne, parfois on perd mais l'essentiel c'est de pouvoir dire une fois la partie terminé qu'on s'est quand même bien amusé. Après tout, on finit toujours par rire des galères qu'on a vécu... pourquoi attendre alors.

J'ai lu une fois que 'celui qui se libère, loin d'être incapable de jouer le jeu, le joue encore mieux car il voit la vie comme un jeu', Allan Watts. Je veux vivre ma vie comme un jeu, une longue partie chargeait d'adrénaline et de franches rigolades car je sais qu'une fois que le rideau du game over se sera abattu sur moi, il ne sera plus possible de faire 'Reset'... alors jouons tant qu'on peut encore le faire !