Une journée comme les autres. Sûrement. Je me suis réveillé à six heures, et comme tout élève normal, je me suis préparé : certains y voir comme un style bizarre, pour mes jeans serrés, mes chemises trop grandes, mes débardeurs, ou encore mes survets h/24. C'est vrai quoi, c'est pas comme si beaucoup de mecs portaient des slims noir et des débardeurs violets... Bref. Faut pas taper dans le luxe, par ce que je m'en fous beaucoup de mon apparence. Ce matin, c'était chemise blanche trop grande, remontée aux coudes, entrouverte par ce que je comptais rester cloîtré dans un coin de la bibliothèque toute la journée... Pour jouer à un jeu en ligne, donc pour frimer un peu avec mon perso qui a presque atteint le level ultime ; ou sinon j'irais sur le serveur admin avec un autre perso. Ça m'éclate. Quoi, vous pensiez que j'étais dérangé du cerveau ? Hu... Y avait exactement 24 fenêtres entre ma chambre et la bibliothèque. Trente trois marches. Le bibliothécaire, il porte les mêmes chaussures depuis le début de l'année. Il répète en moyenne au moins quatre «Silence!» par heure. Enfin bref. Tout ça pour dire que songeur, mallette d'ordinateur à la main, je suis allé à la bibliothèque.

Il était a peine huit heures. La bibliothèque venait d'ouvrir. Le monsieur du guichet devait se demander ce que je faisais, à force de me voir. Ben, je sais pas vraiment... Qu'est ce que je fais ? Je fais du sport. Le sport. Mon monde. Je m'enfuis dans les méandres de mes souvenirs. Je m'enfuis là où ils ne me rattraperont pas. Je m'enfuis là où je suis bon. Je m'enfuis de ce monde trop plein pour moi... Je rentre dans mon univers. Combien de temps a passé ? Deux heures trente quatre minutes. Une présence se fait ressentir près de moi. Je décidai vivement de l'ignorer. J'étais dans un passage important de l'intrigue, en plus... Je continuais mon jeu, sans relever la tête de mon écran : jusqu'au bout ! Et si faut, il va voir que je veux pas de lui, donc il va partir... Yeah. So... Illusion charnelle et éphémère, on dirait. Il s'approche. Pourquoi ai-je soudain envie d'avoir un bouclier ? Son souffle m'arrive dans la figure, comme un animal en manque de... Il m'empêche de voir l'écran; je ferme l'ordinateur avant qu'il ne me le casse. Déjà, pour cette simple raison, il allait morfler. J'attendais qu'il se retire, le fixant de mon œil noir et profond, qui voulait dire, apparemment pour les autres, casse toi ou tu meurs. Mais ... Il venait d'accomplir l'action d'un patron en manque de choses, il venait de copier l'Acte d'Elles... Inadmissible. Sur moi ? Je restais quelques secondes à revenir dans mes souvenirs, voyant de nouveau ces scènes qui me dégoûtent tellement. Je les hais. Je les hais tous.

Trois. J'ai pas envie, je te repousse.

Deux. Je m'approche, prêt à te donner mes adieux.

Un. Je suis debout, je te fixe, je suis près de toi.

Zéro. Uppercut. Crochet de gauche. Mise allongé sur la table. Main serrant peu à peu son cou. Tout ça rapidement et sûrement, me levant au passage. Je le maintenais en place avec mes mains, le fixant d'un regard meurtrier.

« N'ose plus jamais me toucher ne serait-ce qu'une fois sans y être invité, esprit nymphomane et démoniaque, fruit du démon macabre succombant trop facilement au désir charnel, au soupçon de plaisir que tant aiment avoir toucher, recommençant chaque jour plus fort sans autre objectif que revenir au précédent. » Peut être que la peur s'estompait : c'est vrai, quoi, je dis ça mais j'ai la chemise entrouverte car je crève de chaud. Bref. Je l'étranglais jusqu'à ce qu'il soit au bord du Gouffre sans fond. Je le relâchais peu après, m'essuyant la bouche de l'avant bras. Est-ce que ça servait vraiment de faire ça ? N'étais-je pas légèrement pitoyable ? Remarque, je peux toujours lui donner d'autres coups, à ce petit blondinet... J'étais debout face à lui, tandis qu'il était allongé de dos sur la table, commençant à se relever. Connard, salop, prostitué, démon, pensais-je toujours, comme si ça allait l'éloigner. Ce ne sont que des mots, après tout. Et les menaces... Bref, espérant qu'il aie compris ? Faudrait que je retourne sur mon ordinateur, moi ! La bibliothèque était silencieuse. Au pire, le bibliothécaire servirait à quelque chose une fois dans sa vie. Je tenais pas à me faire violer, par un inconnu. En fait, si Xi Wang me câline, c'est par ce qu'il me trouve «mignon»... Mais est-ce autre chose que cela ? Sont-ils tous basés sur le physique ? Ça voudrait dire que si il me trouve «mignon», les autres seront capables d'en dire autant ? ... Je veux pas devenir une peluche de service, sale merde...

« Et... Ne t'approche pas de moi non plus ! » dis-je en reculant d'un pas, les poings serrés. Au secours... Dans les jeux vidéos, dans les livres, dans tous, c'est pas écrit comment repousser des gens dans ces moments là...

Cette tête bizarre souriait. Ok, je m'attendais à un raisonnement barge de sa part, mais de la sourire aux portes de la mort... Une fois dégagé de cet horrible individu, il se mît à me fixer comme si... Comme si j'étais un plat. Non mais, un plat quoi... Il aurait pu me traiter comme un animal, un humain comme les autres, pourtant, ce regard ressemblait à ceux que Père faisait aux femmes nues... Adieu. Encore ces maudites choses...

Je me trouvais dans un coin du couloir ; je n'avais qu'un short, et beaucoup d'égratignures. Je saignais encore. La pièce d'à côté était entrouverte, et la Curiosité poussait à bien des choses face aux traumatismes de la vie. Père me détestait. Il disait que c'était de ma faute si Maman est morte. Pourtant, je crois toujours que ça doit être vrai, si Père le dit. Père était presque toujours ivre quand il m'accordait de l'attention. Sinon, il m'ignorait. Ce jour là, pourtant, comme beaucoup de fois dans la semaine, je regardais dans l'embrasure de la porte de sa chambre. Une nouvelle dame était dans la pièce, enlevant ses frêles vêtements de son corps formé comme Venus. Elle avait un visage fin, des yeux verts, de longs cheveux blonds. Elle montrait ses parties à Père comme si elle était un simple objet prêt à être toucher, de la nourriture prête à être dévorée. Un sourire éclairait ses traits, et elle exécutait une sorte de danse nuptiale, montant peu à peu dans les draps, déshabillant Père qui semblait aimer ce geste. Il était doux, fougueux, il la complimentait. Pourquoi pas moi ? Moi j'existe, aussi ! De mes yeux d'enfants, je voyais la scène comme une incompréhension totale. J'étais entré dans la pièce, timidement, à petits pas, les larmes aux yeux. « Pourquoi ...?» avais-je demandé, fixant les deux adultes qui ne me regardaient même pas. L'ombre d'un regard aurait été trop demandé. Je me suis mis à les haïr, ces femmes dégoûtantes. Je me suis mis à haïr tous ceux qui faisaient ÇA. Car moi, je me suis juré de pas leur ressembler. Jamais.

La salade s'approchait. Non... Encore ? Pourquoi ? Pourquoi ne le laisse-t-il pas tranquille ? Il en revoulait ? Que... Il s'était trop approché, me bloquant les poignets. Mais bordel de merde, pourquoi ? Il m'avait bloqué les poignets au dessus de ma tête, les tordant au passage. Ça ne m'affectait pas vraiment... Mais... Son souffle, ses manières, ses... Mon cœur s'accélérait. Ne pas céder à la panique. Se défendre. Je le détaillai en fronçant les sourcils. Tandis que mon style penchait sur l'Emo, le sien penchait sur le psychédélique et autre trucs louches. Saloperie... J'me mets à le détailler, moi ? Je perds la boule ou quoi ! Faut absolument que je me dégage de la... Le vert venait de m'embrasser. Une deuxième fois ? Ça lui avait pas suffit ? Je le fixais, plein de haine. Finalement, un crachat atterri sur son minois. Même si mes bras étaient bloqués, j'avais pas qu'eux pour me défendre. Totalement blasé.

Deuxième trou noir. Pourquoi ?
J'étais encore dans les couloirs de chez moi. Je me dirigeai vers la cuisine à pas de loup. Dans le salon, une femme venait d'entrer, accompagnée de mon père. Ils m'avaient vu. La dame afficha une expression horrible sur son visage. Elle avait lâché un cri « Quel hideux enfant ! ». C'est vrai... J'étais torse nu, des milliers de cicatrices et de croûtes ornant mon corps. J'avais des cheveux mi-longs, noirs et sales. Père n'avait pas acheté de shampoing, et Grand père était à l'hôpital depuis deux semaines. J'avais un œil au beurre noire et une cicatrice allant du front à ma joue d'un côté, des éclats de verre sur mon bras droit, et du sang dégoulinait d'une des blessures. Mon short était déchiré. La prostituée avait regardé mon Père, perplexe. Celui ci haussa les épaules et l'emmena dans sa chambre en l'embrassant. Ça me dégoûtait. Encore une fois, je n'étais qu'un monstre à leurs yeux.

Le martien restait devant moi, me tenant toujours, un air provoquant sur le visage. Je le hais déjà. Ces gens qui se croient tout permis... Il faut leur faire comprendre qu'ils ne sont pas le centre du monde, non ? Il me tira la langue. J'en pouvais déjà plus de ce morveux ! "- Tu es mignon pourtant... Ce serait dommage que je ne puisse pas profiter de toi. " Vas te pendre. Qu'as-tu osé dire ? Je me laisserai jamais faire ! Jamais. Garde tes dommages pour toi. Sale merde... « Salop. » Et hop, un coup de genoux dans la partie reproductrice. Qu'il aille se pendre, vraiment ! Je le fixais de mon œil noir, sans aucune vraie expression. Pour la première fois de ma vie, j'aurais préféré que Xi Wang soit en face de moi. Lui, au moins, il m'écoutait. "- Au fait, c'est quoi ton petit nom, chéri ? " Tu veux encore des coups ? J'essayai de dégager mes poignets de là. C'est qu'elle était tenace, cette tâche. Puis, pour ce qui est question de taille, la nature m'a pas vraiment gâté.

« ... On t'a pas appris à se présenter avant de poser une question de ce genre, le brocolis ? ... »

Cette sensation était tout bonnement horrible. La brume emplissait peu à peu mes yeux, les atroces images de mon enfance refaisaient surface. Je n'entendais plus rien. Seul les cris, le Plaisir de cette chose si dégoûtante qui a toujours hanté les méandres de mon esprit. Je ne voyais plus que l'ombre de mon bourreau... Cette cible à abattre. Toutes ces années d'arts martiaux n'allaient pas voler en éclats pour un brocolis... Ce voile de noirceur emplissait mon esprit, cette rancune, cette haine, ce désir de vengeance. Je ne pouvais pas. Ces baisers fermement repoussés par morsures ou bouche fermée, je fixais au loin d'un regard vide, totalement ailleurs. Prise numéro 1 : utiliser la force de son adversaire, en lui prenant les poignets avec ceux tenus. J'étais dégagé... Mais pas pour longtemps, car le brocolis fit en sorte de me faire tomber, se mettant sur moi... Je ne pus empêcher mon cœur de battre plus vite, ni mes mains se porter en croix sr mon torse, signe de défense inutile : il m'avait immobilisé... Désespéré. Anéanti par le passé.

« Monstre » avait répété mon père. « Assassin, meurtrier, tu ne devrais même pas vivre ! Tu as tué ma femme, espèce de déchêt. Tu le regretteras... » Des bouteilles sur lancées. C'est tout ce que j'ai gagné. Démon rageurs, psychopathes, on m'avait toujours vu en Enfer. Non en fait mon seul souhait était d'être tranquille, de disparaître. Je pris de l'élan en me balançant d'un côté à l'autre sur le sol : pour finalement me retrouver sur lui, un regard absolument pas humain le fixant.

« ...Et tu vas me faire quoi ? » lançais-je d'une voix glaciale, portant mes mains à son cou. Personne n'avait le droit. Personne. Je le fixais de ce regard vide, sans expression, impassible. De nouveau, des images me reviennent... Encore un trou noir... Saleté... Tandis que mes mains se resserraient peu à peu sur son cou, des images floues de mon enfance revenaient : « Est-ce que tu m'aimes un peu, Papi ? -Bien sûr fiston, sinon je ne t'aurais pas acheté cet ordinateur. - Pourquoi tu veux pas que j'habite chez toi alors... ? -C'est trop petit chez moi Kazuma...-Et pourquoi tu échanges pas de maison avec Papa …?- Ton père est malade tu le sais... -Ben les docteurs peuvent pas le soigner ? – Ton père est trop pauvre pour aller en cure, il a trop de dettes... »Bref. J'étais parti en courant, pour aller de rage, dépecer un petit animal encore vivant... Quoi c'est pas bien ? M'en fous j'ai jamais rien fait de bien. Après avoir laisser l'air manquer à ce pauvre « Nutty », et que les marques de mes mains étaient restées, -enfin surtout après que j'ai repris contact avec la réalité, je desserrais un peu mon étreinte : erreur ?