L'ile aux esclaves

1.Les origines.

Au commencement les Déesses plièrent l'énergie et la matière de l'Univers à leur volonté, donnant forme aux premiers mondes. Kerberos, Déesse Céleste de la Magie, créa un monde sauvage peuplé de nombreuses races liées à la magie. Prothos, Déesse Tellurique du Savoir, créa un monde logique où s'épanouit la race humaine. La troisième, dernière sœur, ne parvint à rassembler qu'un chaos stérile. Par l'entremise des Déesses et de leurs élus, les peuples des deux mondes se rencontrèrent. Ils se trouvèrent un point commun : leur soif de pouvoir. Méprisant la planète offerte par sa déesse, chaque peuple puisa à outrance dans ses ressources. Les Kerberiens affinèrent leur maîtrise de la magie alors que les Prothéens mettaient au point des technologies toujours plus avancées.

Et bientôt chaque camp tourna son regard vers le monde et les ressources de l'autre.

Une terrible guerre éclata. La magie s'opposa à la technologie, et chaque camp fut surpris par la ténacité de l'autre. Les deux mondes sombrèrent lentement mais sûrement dans la déchéance et la folie. Ni les massacres ni les catastrophes engendrées ne semblaient dissuader les deux peuples de se battre. Les deux sœurs virent leurs créations s'entredéchirer sans parvenir à les raisonner. De sacrilèges en blasphèmes, Kerberiens et Prothéens rejetèrent tous les commandements de leurs déesses. Et à seule fin de suivre leur folie guerrière les mâles des deux camps rassemblèrent leurs femelles et les exploitèrent comme simple procréatrices de nouvelles troupes.

Désespérées par une telle infamie, Kerberos et Prothos abandonnèrent leur œuvre infectée.

2. Un nouveau monde.

Emportant les survivantes encore libres, les Déesses créèrent un monde nouveau. Une immense planète couverte d'eau, portant un unique et immense continent. Un paradis pour leurs enfants qui avaient tant souffert, et d'autres encore venues de mondes lointains. Toutes égales, toutes bienvenues dans ce havre paisible où la créature mâle ne pourrait plus les atteindre. Guidées par les Déesses, anges et prêtresses créèrent une société égalitaire, et son siège au centre de l'Île où les ressources étaient plus abondantes. L'immense capitale protho-kerberienne fut érigée comme un monument à la gloire des Déesses libératrices.

Et la vie sans fin s'écoula sur l'Île.

Au contraire de leurs premières créations, les Déesses bénirent les habitantes de l'Île d'une vie éternelle. Les Kerberiennes furent marquées du Sceau, les Prothéennes reçurent la Balise. Toutes, dès lors, étaient immortelles et éternellement jeunes, capable de se remettre de toute blessure. En contrepartie le taux de natalité sur l’Île fut pratiquement réduit à néant. D'autres femmes furent amenées par des portails pour échapper aux horreurs de leurs mondes. Les Déesses pourvurent également l'Île de nombreux puits de ressources exploitables tant par les unes que les autres. Libérées de la guerre, ni les Kerberiennes ni les Prothéennes ne constituèrent d'armée ou d'arsenal. La paix régnait et la douce éternité s'étirait sur l'Île.

Mais la troisième Déesse n'entendait pas laisser ses sœurs accomplir ce dont elle était incapable.

3. La folie.

Prothos et Kerberos apprirent que leur sœur innommable s'était emparée de leurs premiers mondes, et dans sa folie les avait détruits. Elle venait à présent vers elles pour leur avouer sa faute : la folie qui avait germé dans l'esprit des mâles avait été soigneusement plantée et entretenue par elle. Et par jalousie elle s'apprêtait à priver ses sœurs de leurs jouets une nouvelle fois. Prothos et Kerberos parvinrent à la contenir, puis l'enfermer. Ivre de vengeance elles défoulèrent leur fureur sur leur coupable sœur. Inconsciente de ce qui se jouait dans l'univers, les habitantes de l'Île ne purent se douter des épreuves à venir.

Car en la punissant, les Déesses nourrirent la puissance de leur sœur.

Peu à peu, Prothos et Kerberos délaissèrent leurs protégées. Malgré sa captivité et ses souffrances, leur sœur s'obstinait à les défier et leur jurer sa vengeance déjà accomplie. Et à chaque pulsion qu'elles défoulaient sur elle, sa folie chaotique grandissait et infectait les Déesses. Chacune succomba aux suppliques mensongères, aux flatteries empoisonnées : la jalousie s'installa entre les deux sœurs. Bientôt chacune perdit la raison, dominée par ses penchants cruels et dominateurs. La Déesse captive retourna sa prison contre ses sœurs.

Et sa folie infecta le nouveau monde.

4. La guerre.

Aux quatre coins de l’Île survinrent d’étranges maladies de la faune et de la flore. Délaissées par leurs déesses les habitantes durent faire face seules. Naturellement armées ou pourvues de leurs anciens sortilèges, les Kerberiennes prirent rapidement l'ascendant. Encore trop peu développées les Prothéennes furent jugées trop faibles. Les Kerberiennes s'emparèrent de la capitale et réduisirent leurs sœurs en esclavage. Traitées comme des jouets, les Prothéennes endurèrent le travail forcé pour flatter l'ego de leurs maîtresses et les pires sévices pour leur amusement. Une fois la mystérieuse infestation contenue, la puissance devint force de loi. Les Kerberiennes trop confiantes en leur position se mirent à s'affronter entre elles. Chacune voulait plus de terres, plus de richesses et surtout plus d'esclaves à tourmenter à l'infini.

Mais les Déesses enlevèrent toujours plus de femmes à d'autres mondes.

La résistance prothéenne s'organisa difficilement, se ramifia et commença à concevoir des armes. Incapables de tenir un long conflit, les rebelles misèrent sur une contre-attaque rapide et puissante. Tout comme la Déesse du Chaos elles attendirent leur heure, elles subirent en préparant leur vengeance. Elles s'armèrent, s'entraînèrent en secret, complotèrent pour monter les clans kerberiens les uns contre les autres. Bientôt l'Est de l'Île fut embrasé par une guerre fratricide, les vaincues réduite à l'enfermement ou la servitude. Le nombre de combattantes diminuait dangereusement, et les Prothéennes s'en félicitèrent.

Les Prothéennes s'élevèrent à nouveau.

5. L'Île aux Esclaves.

La contre-attaque fut brève et brutale. Les résistantes Prothéennes se révélèrent d'un bout à l'autre de l'île, entraînant leurs sœurs esclaves à se soulever. L'Est affaibli ne put soutenir ce renversement, les Kerberiennes encore libres y furent vaincues et réduites en esclavage. L'Ouest encore stable fit front et étouffa la rébellion. Le centre et la capitale furent rasés par le conflit, démarquant la ligne de front du nord au sud. Après plusieurs tentatives infructueuses les Kerberiennes durent cesser leurs assauts sur l'ancienne capitale.

Chaque peuple pansa ses blessures et prépara la guerre.

Prisonnières de la folie de leur sœur Prothos et Kerberos restent silencieuses. La folie de la Déesse sans nom continue d’infecter la nature de l’Île. Après des décennies de souffrances les Prothéennes ne vivent plus que pour se venger. Blessées dans leur orgueil de créatures supérieures, les Kerberiennes doivent laver l'affront. Le temps s'est écoulé, chaque camp a trouvé de nouvelles marques, une nouvelle organisation. Mais dans un monde d'immortelles la haine ne vieillit pas. La guerre se poursuit, sans fin, sans autre but que de soumettre l'ennemie à la fureur vengeresse.

Bienvenue sur l’Île aux Esclaves.

(Pour une version plus courte sinon voir la fiche plus bas ^^)

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