(verlaine) ▽ Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ?
Pardonnez ma lâcheté, assemblée bruyante d'alcooliques chroniques, mais cette fois je me laisse aller. Laissez moi glisser corps et âme vers cet état orgasmique qu'est la folie apportée par la vodka. Chaque verre que j'engloutis enfonce un peu plus ma note vers l'ivresse la plus totale, mais ça on s'en fout, c'est papa qui paiera. Laissez moi boire, encore et encore, pour oublier de me rappeler que je suis un monstre de dépravation et de débauche la plus totale lorsque mes démons s'emparent de ma raison.
Autour, il y a tout et il n'y a rien. Ce serait un bordel insupportable pour toute personne non habituée aux odeurs d'alcool trop fortes, aux basses mal réglées, et aux insultes que les vieux fidèles de la maison se lancent allégrement. Pauvres cons ravagés par le temps dont les cœurs ont fanés de n'avoir aimé que les bars miteux. Pauvres idiots qui connaissent si peu le corps des femmes et les douceurs du contact humain. La seule chaleur qu'ils peuvent se vanter de connaître, c'est celle infligée par les brûlures d'un bon vieux scotch. Lorsque je tourne la tête, je les vois me déshabiller lentement du regard; leurs yeux m'effeuillent sensuellement alors que leurs dents se heurtent douloureusement à leur lèvre inférieure. Je sais que vous me voulez, je sais que vous me désirez. Ma robe courte vous tente, mes longues jambes vous obsèdent et le tout croisé avec le plus de classe possible vous achève. Mes chéris, Cassie Raven Shizuka Kurenai vous bouffera comme un loup le fait avec sa proie.
Un verre, deux verres, puis trois, quatre et encore plus. Le nombre de fois où ce serveur sexy m'a resservie est relativement flou. A chaque fois qu'un nouveau liquide glisse le long des parois de mon verre, il m'adresse un sourire séducteur et purement intéressé qui me procure cette sensation géniale que seul Leif me faisait ressentir. Leif. Espèce d'imbécile. Penser à toi est une drogue mortifère. Peut-être qu'un jour tu partiras vraiment et tu me foutras enfin la paix. Je me hais de tant t'aimer. Car tous ces sentiments meurtriers que j'éprouve à ton égard m'empêchent d'être moi. Tout simplement.
L'alcool coule le long de ma trachée et me brûle agréablement la gorge. Je me frotte les tempes puis le sternum, fermant fermement les paupières lorsque le goût trop puissant remonte jusqu'à mes sinus. Et finalement, le verre se fracasse contre le bar, je pose un beau billet devant le nez du barman et je me dirige vers la porte, en titubant faiblement. Un homme me rattrape alors que mon talon cède sous l'ivresse. Ses mains effleurent mes hanches et remontent vers mes épaules qu'il attrape brusquement. Et d'un sourire, mon visage le remercie quand mes muscles lui intiment de ne pas me lâcher. J'ai sommeil, si sommeil. Balancez moi un seau d'eau glacée au visage, je vous en supplie à genoux. Finalement, Sauveur me soutient pour me faire sortir du rad. Il sent plutôt bon, lui. Sa fragrance est un mélange corsé et viril qui enivre mon odorat et me donne tout bonnement envie de le plaquer contre un mur pour le déshabiller avec fougue. Et puis l'air frais des nuits japonaises me donne la plus énorme claque de ma vie.
Quelle situation embarrassante pour une Reine de ma trempe. Je regarde à gauche, puis à droite avant de sortir une cigarette de mon sac. Elle se perd entre mes lèvres et je l'embrase soigneusement. Adossée à la façade externe de ce lieu maudit, je me tue lentement, progressivement, en inspirant un peu de fumée chaude et âcre. Puis j'expire, nonchalamment, jusqu'à ce que ma clope ne se meure. Et enfin je rentre à nouveau dans le bar, accompagnée de Sauveur qui me tend le bras.
A côté de moi, cette fille. Mignonne, aux airs doux mais un peu désinvoltes aussi. Elle me rappelle quelqu'un, je l'ai déjà vue et je le sais. Alors je me tourne vers elle, un nouveau verre de Scotch à la main, et mes lèvres s'étirent joyeusement lorsque le récipient atteint ma bouche.
Réveil. Le ciel est recouvert de nuages, il fait sombre. La petite s'habille en baillant, mange, marche. Premier cours : sciences. Remise d'une note qui n'a ni queue ni tête, elle a passé la dernière nuit a étudié. Elle renifle, retient ses larmes. Y a de quoi en avoir marre. Les têtes qui parviennent à voir sa feuille rient silencieusement. Elle les honore d'une grimace. Miss Sunshine a ses limites, quoi. Elle ne s'énerve pas souvent, mais là, c'est de la grosse merde. Ses gens qui n'ont rien fait pour avoir un résultat aussi bon l'énervent au plus haut point. Calme. Elle reprend sa sérénité. C'est pas grave. Elle allait décrocher le rôle dans ce film. Et elle commencerait sa carrière d'actrice. Pas de quoi se soucier de pauvres indicateurs qui la rabaissent.
Diiing dong. Récréation. Elle se lève de sa chaise, cours presque vers la sortie. Envie de voir son copain. Il n'est pas à son casier, ni dans les couloirs, ni dans sa classe, ni au réfectoire, ni dehors... À le chercher, elle a perdu tout son temps de pause. Retourne en cours et se dit qu'elle pourra peut-être le trouver au dîner. Mais non. Il n'est pas là aujourd'hui, c'est clair. D'habitude, ils se trouvent. Au réfectoire, elle mange avec quelques amis. Ensuite, elle se fait agresser par un Bastard alors qu'elle prend une marche de santé dehors. Elle se dégote un bandage pour l'enrouler autour de son bras éraflé. Passons tout de suite à la fin de la journée, parce que le reste n'a rien d'intéressant.
Ran se rendit tout de suite à la chambre pour voir si ses colocataires voulaient sortir avec elle. Mais elles n'étaient pas là. Elle attendit une heure en faisant ses devoirs, aucun signe. Décidemment, beaucoup de monde manquait à l'appel... Au moins, elle avait croisé Ezechiel. Il lui avait expliqué les erreurs qu'elle avait commise lors de son examen. Bon sang, ce que c'était compliqué.
La blondinette était couché sur son lit, à regarder le plafond. Elle suait du front à cause de l'humidité. Elle se leva et attrapa un élastique au vol, ayant décidé de se rendre au bar. En route vers la chambre d'Elektra, elle se fit une couette sur le côté qui retombait sur sa poitrine et sur sa cuisse. Mais son amie n'était pas là non plus. Que faire ? Y aller quand même ou glander ? Elle soupira et se retrouva en peu de temps dans ce lieu dans lequel elle n'était jamais venue toute seule. En fait, ce n'était vraiment pas prudent de sa part. Elle mesurait 1m60, était plutôt mignonne et ne savait pas se défendre. Elle ne l'ignorait pas, c'est pourquoi elle était toujours accompagnée de sa pote de débauche. Pas ce jour-là.
« Je n'aurais pas dû venir » fut les mots qui traversèrent son esprit au moment où elle eut passé la porte. Il ne s'agissait pas d'un endroit qui lui était bien connu et elle avait toujours peur de se faire pincer. Elle n'avait pas l'âge. Une fausse carte peut toujours être démasquée. Mais bon, si elle sortait sans rien commander, ça serait louche. Alors elle prévoyait ne prendre qu'un verre ou deux, puis déguerpir. Juste pour oublier cette journée qui ne lui avait presque rien offert de bon. Elle s'assit sur un tabouret et attendit que le barman vienne vers elle. En patientant, elle coucha le haut de son corps sur la table, les yeux baissés. Elle les leva lorsqu'une voix attira son attention. Qui pouvait lui poser cette question en dehors de Sei ? Elle ne mit pas longtemps à la reconnaitre. Elle savait parfaitement qui elle était. Même si elle ne lui avait jamais adressé la parole. Parce qu'elle ne voulait pas. Mais là, pas le choix.
« Oui. Et vous, vous êtes la reine. Enchantée de faire votre connaissance » déclara t-elle avec un grand sourire.
Ran était à moitié sincère. Elle avait l'air plutôt sympathique, mais elle se méfiait. Toutefois, elle comptait se montrer gentille, sans agir comme la gamine qu'elle était. Elle ne voulait pas risquer d'être renvoyée du groupe. Même si elle n'était pas violente comme les Amazons, cela ne signifiait pas qu'elle correspondait aux Mermaids.
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Mar 20 Aoû - 10:10
