Des fois, ça fait vraiment du bien de se retrouver toute seule, au soleil, lunettes de soleil sur le nez et un beau sourire sur les lèvres. C'est un samedi, un beau jour pour commencer à se détendre. Après une semaine entière de cours, rien de mieux que de recentrer avec un petit thé au milieu des commerces. La ville aux alentours de Sei Gakuen n'est pas si mal, au contraire, elle est plutôt calme et ne manque pas de nous surprendre. Depuis quelque temps, Jill redécouvre cet havre de paix. Ayant grandi, c'est vrai qu'elle apprécie la solitude beaucoup plus qu'avant et qu'elle se sent bien en lisant un journal au soleil avec ses lunettes, sa clope dans la main. Elle s'instruit en lisant les nouvelles du Japon. C'est paradoxal, mais quand on est à Sei, on se sent comme distant du reste de la réalité. Le conflit affecte tellement de personnes qui finissent par être obnubilées à la simple idée de gagner une guerre qu'à la fin, bah, on entend plus parler du reste. Des fois, la rousse ne regrette vraiment pas d'être partie de son groupe. Certainement parce qu'ayant un rôle, elle ne faisait plus du tout attention à ce qui l'entourait. Les nouvelles du Japon ? Qu'est-ce que c'est ? Les petits plaisirs solo ? Y'en avait plus. Maintenant que c'est de l'histoire ancienne, on peut enfin en profiter.

Sous son petit manteau noir aux allures de cape, la jeune demoiselle continue de lire ce qui l'intéresse. Notamment les sorties cinéma. Croyez pas, Jill est passionnée de cinéma : si elle pouvait elle y serait tout les jours. Mais ce qui l'interpelle le plus, ce n'est pas le nouveau nom du film d'auteur qui séduira le festival de cannes tout entier, mais bien le nom d'une jeune actrice d'un jeune film indépendant. Tellement elle a été surprise, la canadienne a carrément approché son visage du papier comme une autruche qui se braque et qui enfouie sa tête dans le sable. La plupart des autres personnes la regardent un peu inquiets, se demandant ce qu'elle peut bien faire. Et bien entendu la première chose qu'elle entends c'est : "ahh bah forcément qu'elle doit sortir du lycée celle là." Wow on se calme ! C'est pas parce qu'elle a des drôles d'attitudes et qu'elle a forcément l'allure d'une adolescente, qu'il faut considérer tout les lycéens dans le même panier. De plus, ces ignorants ne savent absolument rien de ce qu'il se passe réellement parmi les jeunes. Alors autant la boucler pour dire des bêtises pareilles. Le regard de Jill croisent celui de ce vieux couple, et se montre plus hargneux qu'elle ne pense. Car finalement ces deux là finissent par s'en aller en lui jetant des regards bizarres. La pacifist soupire longuement, un sourcil arqué. Bon dieu, toute cette histoire pour une simple réaction bizarre. On se serait cru dans un anime !

Bref. Revenons à nos moutons. L'important ici c'est pas du tout ce couple de gâteux hein ! L'important c'est le nom de cette actrice. Enfin les deux quoi, le prénom et le nom : Ran Yoshita. Ranouille ? La petite Ran qu'elle avait recruté quand elle était encore runner ? Non mais c'est pas possible ... Enfin. Si peut-être au contraire ! Ce serait génial ! Ça prouverait qu'elle serait réellement devenue une mermaid, une vraie ... Enfin par définition. Mais peut-être que c'en ai une autre ? Peut-être que Ran Yoshita a une seconde Ran Yoshita ? Ouais non, tout ça devient mindfuck donc on va s'arrêter là. La canadienne fume sur sa clope, l'écrase dans le cendrier et reprend sa tasse de thé avec délicatesse. Mais finalement, elle arrive pas à tourner la page, littéralement. Qu'est-ce qu'elle est devenue ? C'est vrai quoi, Ran c'était... C'était la petite qui lui ressemblait en fin de compte. C'était cette gamine, innocente et naïve (enfin gamine elles doivent bientôt avoir le même âge...) Est-elle devenue la mermaid par excellence ou ... a-t-elle gardée ce petit côté adorable qu'elle avait toujours eu ? Si elle pouvait la recroiser dans les couloirs pour répondre à cette question ce serait cool.  

Mais si le couloir n'est pas un lieu assez cool, pour une retrouvailles, la street c'est pas mal non plus. Et c'est ainsi qu'en tendant l'oreille, elle entend ce petit "ce serait pas cette gamine là qui joue dans ce film... Attends... Ran Yoshita ?" QUOI ENCORE ? Mais c'est bon là arrêtez. Dans le journal, maintenant dans la rue ! Vous avez quoi tous là hein ? C'est un plaisir de voir cette pauvre canadienne devenir folle ? Vous voulez que sa paranoïa revienne ? C'est quoi le souci, merde ! Ran par ci, Ran par là, faut arrêtez hein. Jill soupire longuement et baisse vivement les épaules. Le monde entier a décidé de lui faire remémorer ses souvenirs aujourd'hui, des souvenirs agréables mais putain si elle peut arrêter de penser à Sei se serait cool ! Et puis, avec quel miracle pourrait-il réellement s'agir de Ran ? Et..

C'est là qu'elle l'a vu. Si ses yeux pouvaient s'agrandir encore plus... Je vous jure ils le feraient. RAN ? Certes. On aurait pas dit. Mais c'est bien elle. Elle a vachement grandi, elle a changé, mais ... Jill saura reconnaître dans tout les cas ses disciples, si on peut appeler ça comme ça. Mais oui. Il semblerait... Que.. Ran, soit Ran. Putain c'est chaud. Elle serait actrice maintenant ? L'air ébahi de Jill se transforme en un air perplexe. Putain, ça veut dire qu'elle en a louper depuis qu'elle est parti au Canada. Putain. Là oui.... Enfin. Jill sait pas trop quoi faire, Jill est en bug. Elle ne s'attendait pas à rencontrer ce petit oiseau comme ça par hasard dans la rue passer. Je vous avoue que, pour le moment, c'est comme si elle passait dans le vide, comme dans les films en fait, tellement le cerveau de notre canadienne est en ébullition. Et quand elle s'aperçoit qu'il est déjà presque trop tard pour lui faire un signe de main, elle finit par vivement se relever et la rattraper à quelques mètres de sa table. "Ran ?" La jeune fille se retourne, et ... C'est bon, y'a plus de doute c'est bien Ran. Wouaw. Elle avait pas changé. Jill a un grand sourire qui ne cesse de s'étirer jusqu'à la prendre dans ses bras. Ran, la petite adorable, la Jill 2.0 quoi. Elle la lâche et c'est avec un immense plaisir de la retrouver qu'elle sort : "Ça te dis de boire café ensemble ? Ça fait trop longtemps je suis sûre que t'as plein de chose à me raconter !"

Et c'est ainsi que de petits culs se posent sur leur chaise respectives. Ran avait grandi en effet, suite à sa remarque, la canadienne y avait prêté attention. Aussi les deux sur talons, et quelques centimètres de différence ça aide. Jill reprend son journal et son paquet de clope avant d'en porter une à ses lèvres, observant la jeune fille tout sourire. Ahhh ça faisait tellement plaisir de la revoir « En fait, je bois pas de café... mais c'est pas ça l'important ! » Elle alla continuer mais le serveur les interrompt. La demoiselle reprend avec un beau sourire un café au lait. Oui malgré ses médicaments, les insomnies restent présentes, et la caféine des fois ça aide, surtout quand on doit faire bonne impression. Ran, elle, fidèle à son image de peluche vivante, prend un petit lait aux fraises. Honnêtement, ça ne pouvait pas plus lui correspondre, c'était le match parfait ! Finalement, la canadienne porte la flamme de son briquet auprès du bout de sa clope pour l'enflammer et lorsqu'elle eut finit sa besogne, elle repose ses pupilles bleus sur celles de la jeune fille : « Alooooooooors ! Tu es devenue quoi ?! »

Jill sourit doucement et expire l'air de sa cigarette de ses poumons, expulsant cette néfaste fumée de son corps. Elle entre-ouvre la bouche pour parler lorsqu'elle reçu son café et Ran son lait. Attends. Finalement, heureusement qu'elle a réfléchi grâce à cette intervention opportune : qu'est-ce qu'elle allait lui sortir ? Certes Jill et Ran s'entendent bien, étaient proches, mais notre rousse se voyait mal lui avouer qu'elle avait dû partir pour crises dépressives et paranoïaques. Non, ce n'était pas très glam comme explication, et puis au delà de ça, ce n'est tout simplement pas de bons souvenirs à aborder. Elle allait éluder, oui en effet, c'est une bonne solution. Alors elle remercie le serveur avec un hochement de tête et sourit à Ran, prenant entre ses doigts la tasse chaude de porcelaine contenant son or noir précieux. "J'ai dû repartir au Canada durant l'année scolaire, mes grands-parents avaient besoin de moi... Et j'avais besoin de prendre une année sabbatique après tout ces conflits sur la guerre des sexes." Et oui, en effet, Jill n'est plus une mermaid. Non, c'est fini tout ça, ces histoires de vengeance envers la gente masculine ou encore ces petits coups par derrière ou ces missions. Non, Jill est redevenue une étudiante normale, qui travaille pour avoir son diplôme sans aucune animosité envers personne.

C'est vrai que ça allait faire bizarre à Ran, tout ça. En effet, quand elles se sont connues, Jill était encore une rose. C'était même elle qui l'avait recruté ! Elle est pour Jill sa poupée, son bébé, son petit disciple ou padawan, vous qui voyez quel surnom lui va le mieux. Et aujourd'hui, l'élève a surpassé le maître qui a fini par céder. Jill rigole un peu, tirant une latte sur sa cigarette. Et oui, cette carrière qu'elle avait tant aimé a une fin. Une fin certes, qui fût imprévisible. Ses problèmes de santé lui sont tombés sur le dos, comme ça, sans crier égard. Elle n'aurait jamais cru, même encore aujourd'hui, qu'elle était atteinte de paranoïa. Sa tentative de suicide après l'affaire flippy a été le déclencheur de tout. Une vague de dépressions, puis finalement une prise en charge très tardive qui a fait qu'elle a dû quitter l'école, et ainsi toutes les responsabilités que sa position lui donnait. Mais malgré que pour elle, ce soit très clair dans sa tête, c'est un sujet, des évènements qu'elle ne veut pas sortir de sa bouche ni de son esprit pour quelqu'un d'autre. Même sous médicaments, elle reste méfiante, et les secrets, elle n'en divulguera pas, qu'importe si une amitié vous lie.

La jeune fille finit par prendre une gorgée de son café avant de faire une grimace. "Et oui... Les mermaids et mon rôle de runner c'est du passé maintenant." Même si encore aujourd'hui, elle envie cette vision de son passé. Son psychologue a affirmé avec grande conviction que c'était ce qui avait le plus affecté sa psychose : cette obsession à se battre contre les mecs pour finalement reporter cette rage envers une personne, sur tout un genre. Jill pinça ses lèvres, sa bouche formant une ligne droite face à Ran. La petite demoiselle doit toujours faire partie des sirènes, sûrement. Après tout, elle espère. Jill se doute même de quelle position elle a : serait-elle resté simple membre ? Ou aurait-elle gravi les échelons ? Ses pupilles se plongent dans celles de la japonaise : "Et toi alors ! Toujours partante pour faire la guerre aux mecs ?"

Elle a l'impression de poser une question bête devant cette petite fille devenue femme. La rousse finit sa clope et l'écrase dans le cendrier, sirotant son café en attente des réponses. Elle finit par sourire doucement, sincère et attentionnée envers ce petit bout qu'elle a tant voulu voir évoluer : "Et surtout t'oublie pas toute la partie de ta vie que j'ai loupé en répondant à ma question, hein !" Notamment cette partie à propos du cinéma. En effet, la curiosité a toujours été un trait de caractère de Jill et malgré tout, il est resté ! Cela l'a fort intrigué de voir le prénom de sa petite protégée dans son journal il y a de ça à peine quelques minutes. Quel secret a-tu a révélé ma petite Ran ?

HRP : pardon pour la qualité du texte, c'est pas mais surtout pardon pour avoir mis taaaaaant de temps !