Nous les mermaids, on est souvent prises pour des putes... Ils partent du principe que notre réputation de groupe en dit long sur l'individu... Je ne le pense pas. Chaque sirène est unique. La Reine est peut être mon opposée, tout comme l'Atout, tout comme certains membres... Parfois on se ressemble, mais aucune d'entre nous n'est ici pour coucher avec untel ou untel. Au pire, ça y'en a de partout... C'est pas parce qu'on manipule et qu'on sait se servir de notre beauté qu'on est forcément à la recherche constante d'un partenaire pour la nuit... En tout cas, ce n'est pas systématique. Après tout, dans tout les groupes il existe ce genre de comportement, seulement on est rose, on est belles et populaires, alors forcément, c'est notre réputation. La jalousie des autres ? oh, je ne sais pas, mais en tout cas ils feraient mieux de se taire avant de parler. Ce qui nous relie chacune aux autres, ce n'est pas l'envie sexuelle de la gente masculine, mais plutôt un désir de se sentir forte contre eux. On a toutes une histoires, on a toutes ce même but d'être plus puissante qu'eux. Aujourd'hui, c'est jour normal. Cours normaux, programme normal... Le cours de math passe lentement comme tout les cours de mathématiques habituels... S'en ai laissant mais ça change pas vraiment. Je regarde par dessus la fenêtre, pense un peu à mon rôle en tant qu'As fraîchement nommé et je soupire. Quelles responsabilités qui se dressent, ce n'est vraiment pas rien. J'ai l'impression que tout Sei le sait rien que le fait d'y penser alors que personne n'est vraiment au courant... Je passe ma main sur mon visage. Ma paranoïa ne va pas rendre les choses plus faciles mais je me suis engagée dans ce rôle, et puis je le désirais... je ne voulais pas rester sans rien faire auprès des mermaids. Je ferme les yeux. Oui, je préfère vraiment être active en ce sens, même si les enjeux de ce rôle sont énormes et bien souvent cela allait me causer quelques embrouilles de plus. Mais qu'importe. J'suis pas à ça près pour tout dire. Je suis prête à en subir les conséquences, quelles qu'elles soient. Allez Jill grandis un peu ! C'est pas parce que tu prend peur des risques et du danger d'être as rosé que tu vas tout de suite fuir ? En tout cas je n'y compte pas. La vie c'est oser, et puis fuck la maladie hein. Bref, donc j'étais en cours de maths, à m'endormir sur ma table (ça change...) quand j'entendis la sonnerie après ma loooooongue réflexion sur l'équilibre des choses, je bondis instantanément de ma chaise et je pris toutes mes affaires ! Enfin, celle qui traînait sur ma table quoi et mon sac sans traîner ! Le prof avait à peine fini de donner les devoirs que je me lève et que je parte sans demander mon reste en disant bien au revoir pour ne pas paraître des plus impolies... Non je suis pas du tout désinvolte, non ! Pff ! Pas le moins du moonde ! C'est pas moi ça, hahaha ! haha... Bref. Je marche donc dans les couloirs pour rejoindre mon autre classe, mon cours d'anglais... Ah, cet après-midi je n'ai vraiment que des cours bien chiants. C'est pas que j'aime pas l'anglais, c'est juste que c'est ma langue natale alors je ne sais pas pourquoi je devrais encore me taper des cours ! Je soupire tout en marchant, puis je m'étire quand j'arrive en classe. Quelques potes viennent me parler pour repartir aussitôt vu la rapidité du prof. Pfeuh, c'est la nouveauté maintenant, on raccourcit les intercours ? L'heure passe encore une fois très lentement... Très, très, très lentement... J'ai parfois l'impression d'être maudite avec Little bird. D'où vient son surnom ? Me demande pas : c'est super simple. Regarde la... On dirait un petit poussin qui a perdu la poule. Je cligne des yeux. Bah alors que fait-elle toute seule là ? D'un coup, ce n'est pas la curiosité mais l'inquiétude qui me pousse à m'approcher. Oh, non, je ne lui ai pas vraiment adressé la parole à cette petite, j'ai juste entendu des trucs sur elle. Enfin, disons qu'on m'avait proposé de lui parler pour voir si elle pouvait devenir l'une des nôtres et je m'étais mise en tête de la recruter moi-même. Seulement, je la considérais un peu comme un pion avant, mais là, devant sa petite bouille et son aura d'enfant, je ne peux m'empêcher d'être attendri. Seulement... j'hésite quand même à trop m'avancer. Je ne veux pas vraiment la mettre mal à l'aise où faire la fille qui veut tout savoir... Enfin si j'aimerais savoir, mais j'aimerais surtout m'assurer qu'elle aille bien. Sur le coup, son recrutement ne me semble pas si important que ça, et je préfère me faire plutôt sociable que stratégique. Je déglutis et je finis par prendre mon courage à deux mains. Faut pas croire, je ne suis pas à l'aise quand il s'agit d’aborder des gens sur qui on a dit des choses... Je m'avance et je me pose à côté d'elle, m'accroupissant à côté de son maigre corps. Je souris timidement et je finis par murmurer un salut. Je ne sais pas pourquoi elle reste toute seule, et puis bon... je ne sais pas si justement c'est parce qu'elle est triste ou qu'elle a choisit d'étudier. Ah j'y avais pas pensé que c'était peut-être pour réviser...? Je fis une petite moue et souffle dans ma frange, ma chevelure rousse cachant légèrement mon regard pour le moment qui voulait en dire long sur mon état d'esprit. Je me sens un peu conne.... Mais bon. Je finis par lui sourire une nouvelle fois, pour la rassurer que je n'étais pas là pour l'embêter ou quoique ce soit;.. Non moi, je ne bizute pas les gens, pas comme certains psychopathes de Sei !

« ça va ? Qu'est-ce que tu fais toute seule ? »

Je ne voulais pas qu'elle soit intimidée parce que je suis l'As de coeur -même si elle n'est pas censée le savoir- enfin ce genre de choses... Je prend juste de ces nouvelles et je m'inquiète de la sociabilité d'une élève, on devrait me donner une médaille pour ça, oh ! Je souris légèrement et je me redresse, passant mes mains dans les poches de mon veston. Je ne compte pas insister, et puis le recrutement de Ran pouvait atteindre si les circonstances n'étaient pas les mieux. Je ne veux pas me faire lourde ou quelque chose dans ce genre, ce serait pas tactique pour être honnête. En tout cas, pour le moment, on y est pas. J'attend juste sa réponse, la raison pour laquelle elle s’éclipse. Curieuse, Jill ? AAH-pff... Oui beaucoup. Mais quoi ? C'est pas malsain mais plutôt attentionné comme truc alors chut ! J'ai une bonne raison de le faire !

Ah vous savez, être une rousse ça n'a rien de facile. Je sais même que c'est très dur. Primo tu souffre du complexe des blondes : tu veux une teinture... Parce que personne ici, mais personne, n'a les cheveux roux ! C'est une couleur trop pétante. Du moins quand je suis arrivée, certains gamins avaient limite peur de mes cheveux, parce que les leur était noirs. Au jour d'aujourd'hui avec la mode ça va mieux, mais depuis toujours j'ai pensé à me teindre en blonde. Maintenant, ça va mieux ce petit complexe ... Alors imaginez un peu ma tête quand cette adorable petite finit par me dire : « Ils sont jolis tes cheveux ! C'est quoi ton nom ? » Pas besoin de m'étaler, j'ai juste sorti une tête d'imbécile heureuse totalement niaise. En plus elle avait dit ça avec une bouille tellement chouuuuuuuue ! Aaah non je peux pas résister ! J'ai jamais résisté au truc mignon... J'adore les castors, les chats, les chiots, les poussins, les pandas qu'ils soient noirs ou roux... J'aime tout ce qui est mignon et je gagatte dessus et gagatterais jusqu'à la fin de ma vie ! Bah là, c'est pareil. Je passe une main dans mes cheveux en rigolant puis je lui souris doucement, un de ces sourires aussi satisfait que flatté. Ouais ce sourire que tu fais quand tu reçois un compliment qui te plaît particulièrement. Attend, elle aime mes cheveux !!

« Je m'appelle Jill. Jill Great. Et toi, petite bouille ? ♥ »

Je n'avais pas pu retenir ce surnom. Non, ça lui allait que trop bien ! Elle avait vraiment l'air d'une enfant et c'est ça qui la rendait si irrésistible ! Une peluche, voila ce qu'elle était ... Oh putaing, faut que j'arrête de gagater, moi. Allez Jill pense à autre chose. Je secoue légèrement la tête. Faut que j'arrête d'avoir cette mine niaise elle va me prendre pour une idiote. Ah. En parlant d'idiote... Vous savez que j'ai demander son prénom alors que je le savais ? Ah... Bah disons qu'il faut faire mine que je n'ai pas chercher des recrues potentielles hein... On va faire semblant.... Non sérieux j'ai pas fait exprès. Après je pense que dans ma connerie, j'ai pas foiré : si elle avait su que je voulais la recruter, Dieu sait que je me serais fait remballer en deux deux. D'ailleurs sait-elle que je suis la Runner des mermaids ? ... J'en sais fichtrement rien... A vrai dire je m'intéressais pas vraiment à ma réputation jusqu'à présent. Mais disons que si j'en ai une mauvaise, ça risque de faire capoter mon petit planning. Pour le moment, je n'ai pas fait grand chose, à part m'occuper d'affaires internes... Alors on verra bien comment cette fois-ci va marcher, puis j'aviserais en fonction de la situation. Oui, je ne vais pas me faire de plans sur la commette ça ne sert à rien. Non parce que je me fais tout le temps des plans sur tout et ça foire tout le temps... Non mais c'est une malédiction qu'est-ce-que vous voulez que je vous dise ? BREF. Je vais pas dire de la merde pendant trente ans quand même ! Donc j'attends qu'elle se présente en souriant, observant cette si jolie bouille. Moooon dieu... Mais... Mais... Comment elle fait pour être si mignoooonneeuhhh ? ça va finir par me rendre jalouse ! Mais. Je sais plus quoi dire. AH. Mauvaise chose. Allez Jill creuse... Non parce que faire connaissance avec quelqu'un puis lui dire d'un coup hey pelo, ça te dis de rentrer dans mon groupe ? Viens, on est sympas ? Non pas trop... Vous ferriez ça vous ? Pas moi en tout cas... Non, d'abord, je veux m'assurer de ne pas me tromper de personne. Non, bien sûr que je sais que je dois recruter Ran Yoshita mais je ne veux pas embarquer une fille aussi choue dans une guerre. Car oui, c'est la troisième guerre mondiale cet établissement ! Attends, on mêle meurtres, sexes et complots : c'est limite Game of Thrones cet endroit ! J'te jure ! Bref. Donc je ne veux pas avoir la responsabilité d'une jeune fille qui se laissera vite gobée par les autres : je ne le supporterais pas. Si je recrute quelqu'un c'est que je juge que cette personne a tout pour faire une bonne sirène. Mais si je me trompe, je ne veux pas être responsable de toutes les merdes que je vais lui causer. Donc, je recrute quelqu'un d'assez fort pour supporter la réputation des roses et les autres. Je ne veux pas voir quelqu'un dépérir dans le groupe... Alors autant éviter les embrouilles. Hein ? Donc c'est sur ces belles pensées que je décide de jeter un œil à son cours d'anglais. Oh, ça n'a pas l'air si compliqué que ça. Enfin, pour moi c'est différent, je suis bilingue. Ah... mais tiens. Je la regarde comme le ferait une maîtresse et son élève avant de lui proposer ce deal :

« Si tu veux, je peux t'aider pour ton anglais. Je suis canadienne, alors ça me connaît ! »

Je lui fais un clin d’œil en rigolant. Au moins, ça me permet de faire plus ample connaissance avec elle, et puis elle ne peut pas trop refuser. Enfin, si mais... J'pense pas qu'elle le fera... Hein ? Non mais elle est gentille, Ran, hein, qu'elle est gentille ?

Oh my god comment elle est trop chouuuu ♥ je suis raide dingue de cette petite je la trouve tellement mignonne ! A chaque fois qu'elle sourit, c'est une explosion de niaiserie. Je te jure, j'ai jamais été aussi gaga de ma vie ! ... Bon ok, il en faut peu pour, mais sincèrement je la trouve tellement choue. J'suis sûre que même un bastard ne peut pas résister face à autant de ... de cuteness !! Alors son petit « Moi c'est Ran Yoshita ! Enchantée, Jill. » j'peux te dire que je lui ai répondu avec un sourire de niaise. Non mais sincèrement, regarde moi cette bouille. Regarde moi ce petit air enfantin de jolie petite fille trop choubidouuuuu... OH. JILL. Allez reprend toi un peu ! C'est bon, t'as l'air une niaise et d'une abrutie à réagir comme ça. C'est une gamine hein, rien qu'une petite gamine. Reprend toi donc ! Je fronce les sourcils et tente de rester sérieuse. Putain je me fais vraiment passer pour l'idiote de service. Et elle qui a rien demandé elle doit vraiment me prendre pour une triso à la regarder de cette manière... Heureusement pour moi, ma proposition d'aide à ses cours d'anglais allait me permettre de mettre un peu de sérieux ! Non parce que là j'en ai besoin, voire même beaucoup besoin... C'est pas que j'aime pas gagater, loin de là, mais gagater devant les gens c'est bon quoi, faut pas trop exagérer. « Owiii !! Ça serait hyper gentil ! » Donc c'est avec un grand sourire attendri que je me suis mise à faire la prof d'anglais à expliquer ce qu'elle ne comprenait pas dans son cours. Et en me rendant compte que ce n'était pas si facile que ça d'apprendre des choses à quelqu'un, surtout en langue étrangère, je n'ai plus eu foi en l'humanité et dans ma vie. Car cette légère décision d'aider mon prochain, a commencé à me faire chier mais au plus haut point ! Je ne peux pas lui en vouloir, elle est trop mignonne, mais bon dieu que c'est épuisant les gens qui ne comprennent rien à la vie comme ça ! Sincèrement ! L'anglais c'est pas bien difficile ... Enfin d'un côté c'est ma langue natale, mais sincèrement l'anglais c'est pas bien difficile ! C'est une belle langue, mais une langue facile ! Attends, tu prend ça comparé au japonais y'a pas photo ... peut-être justement que c'est trop simple pour eux. Peut-être que justement... Ils ne comprennent pas car ils ont l'habitude des trucs difficiles et que maintenant ils croient que tout est truffé de piège ? Non parce que le japonais c'est impossible comme langue, je tiens à le dire. Peut-être justement que je me pose aussi des questions sur la vie et existentialisme qui n'ont pas lieu d'être. Peut-être oui... Et puis, au bout d'un certain moment, je finis par me demander ... Et si cette fille devenait vraiment une mermaid ...? Non parce que, je suis d'accord, pour le moment, elle a rien d'une mermaid, mais je la trouve si mignonne, comme un mec peut-il lui résister ? Je suis sure dorénavant, qu'elle serait un bon élément. Je soupire. Je n'aime pas demander ce genre de chose, car j'ai toujours peur de me faire renvoyer chier. Aussi est-ce pour cela que je préfère les affaires internes plutôt que le recrutement ? Cette partie du boulot, je la laisse plutôt à Addison en général. Je lui souris doucement... Au pire. Avec cette bouille d'ange, comment veux-tu que ça se passe ? Mal ? Genre elle va m'envoyer une chaise la tronche comme une amazon ? J'en doute beaucoup... Mais après tout, les éléments sont si trompeurs dans ce lycée que parfois j'en deviens vraiment parano... Et puis merde hein. Quitte à me faire passer pour l'opportuniste de base, je tiens quand même à proposer. Et puis au pire, elle me renvoie chier, elle me renvoie chier hein. De toutes manières qu'est-ce que j'y peux ?

« Hé dis moi, tu as déjà entendu parler des mermaids ? »

Bon je vais pas vous refaire mon cours sur la réputation des mermaids, hein, tout le monde sait ce qu'on en pense... A vrai dire, je comprendrais qu'on ne veuille pas avoir une réputation pareille, surtout à Sei. C'est normal. Surtout que c'est une fille, innocente, indigne de se faire traiter de pouffe ou de pute, on est d'accord. Donc je préfère me renseigner avant de poser la question fatidique. Oui vaut mieux prendre ses précautions avant de se lancer dans le bain. Imaginons qu'elle ait une mauvaise vision de nous autres, roses. Alors là je le saurais et ça m'éviteras de pauser la question et de me prendre un vent dans la gueule ensuite. Non parce que j'aime pas me prendre des vents dans la tronche, je trouve ça horriblement chiant. C'est vrai quoi, tu demande un truc et puis VLAN, ton interlocuteur te casse tout car il n'est pas tout à fait d'accord avec toi. Non je critique pas le fait qu'il a un opinion, juste le fait qu'il te contredit alors que toi, t'es à fond dans ton trip. Enfin bon, je m'écarte ! Elle a du deviner que je suis une mermaid d'ailleurs. Oui, bon ça doit sauter aux yeux. Après tout... Je lui pose tout de même la question. Et puis même, je pense faire partie de ce genre de fille dont on dira plus qu'elle est une rose plus qu'une verte. Après, tout dépens de chacun, hein ... Je pense même qu'elle doit pas être bête la petiote et qu'elle doit s'attendre à ma prochaine question. Si si ! Je te jure, je le sens qu'elle le sent ! De toutes façons, c'est limite évident... Enfin je ne pense pas qu'elle s'étonne que je lui pose la question. Vous la voyez chez les amazones, vous ? Et puis c'est une chimère, faut bien la mettre quelque part ! Alors autant qu'elle nous rejoigne, plutôt qu'elle finisse au mauvaise endroit ! Je tiens pas à laisser passer une telle chance, autant pour elle que pour moi ! Donc au fur et à mesure du temps, mon sourire disparaît et ma mine avant toute attendrie par son minois tout mignon redevient sérieuse. Dorénavant c'est plus professionnel comme conversation. Car oui j'ai abandonné l'idée de lui apprendre autre chose en anglais, déjà que la première leçon a mis 100 ans à rentrer dans son crâne... Je pense que ça vaut mieux que ce soit un vrai prof qui lui explique, moi je risque de lui rentrer des choses dans la tête qui faut pas... Donc, au fur et à mesure de la conversation, je revêt mon rôle de Runner et je me décide même à l'assumer. Jusqu'à présent j'hésitais un peu, car je pensais que je n'étais pas à la hauteur, mais c'est dans ses situations que je me rend compte que finalement, ça me plaît. Agir c'est cool, être spectateur moins. Et c'est en pensant cela que je prend mon courage à deux mains et que je lui pose cette question, pourtant si difficile... Voila, c'est sorti. Les dés sont jetés.

« ça te dis de nous rejoindre ? je suis sûre que tu as le profil pour ! »

Je lui fais un clin d’œil en rigolant. Au moins, ça me permet de faire plus ample connaissance avec elle, et puis elle ne peut pas trop refuser. Enfin, si mais... J'pense pas qu'elle le fera... Hein ? Non mais elle est gentille, Ran, hein, qu'elle est gentille ?

Quand on arrive à Sei, on a deux options : soit on décide d'entrer dans la guerre et donc dans un groupe et on est intégré. Soit on décide de ne pas s'en mêler et de faire comme si de rien n'était au risque d'être considéré comme un dommage collatéral par la suite. Et bien, avec mes expériences, je peux vous dire que vaut mieux prendre la première option. Déjà là on est plus respectés et plus au courant des choses qui nous entoure. On sait à quoi s'attendre. Alors que lorsqu'on est à l'extérieur de tout ça, à l'extérieur de la guerre et de tout ce qui s'en suit, on a toujours un peu de mal à comprendre, et on ne sait jamais comment s'adapter. Mais prendre la seconde option c'est courant, hein. Je suis la première à l'avoir prise, je vais pas m'en cacher. Mais après avoir failli me faire tuer deux fois à cause de la guerre j'ai fini par comprendre que pour s'en sortir, il faut en faire parti. Oui c'est étrange mais c'est comme ça, il y a des lois de survie à Sei, différentes de celles que l'on connaissent normalement. Mais tout le monde est au courant. On est bien tous dans le même merdier. Alors quand Ran me dis ça « Je sais pas ce que c’est, alors… Est-ce que c’est un genre de club ? » en parlant des groupes à Sei, enfin la base quoi... La chose que l'on découvre limite juste après avoir passé le palier du portail quoi... bah j'ai bugué. Oui j'ai eu un gros bug. Je l'ai regardé, j'ai cligné des yeux, et j'suis restée comme ça pendant bien ... 2 minutes ? J'arrive pas à comprendre... comment on ne peut pas savoir ça ?! Enfin c'est pas possible, je comprend pas ! Je secoue la tête. C'est vrai quoi, ça paraît fou ! On peut pas être aussi naïf que ça... Je peux que lui pardonner, elle est trop mignonne, mais en fait c'est carrément un truc de malade. Depuis combien de temps est-elle à Sei ? Personne ne lui en avait jamais parlé jusqu'à présent ? Y'a que moi qui ait eu le malheur de la rendre moins candide ? Maintenant j'ose plus, j'ai l'impression que je vas la choquer... Un club... Ouais, enfin, nos groupes peuvent être pris pour des clubs lorsqu'on les caricature au maximum... Je fronce les sourcils et je m'accroupis devant elle, perdant mon sourire et retrouvant un peu de sérieux. Ah non mais elle vient de me choquer la petiote.

« Rassure moi, t'es au courant de la guerre à Sei et ce que sont les groupes mermaids, Aristocrats, Bastards et Amazons ?? »

Je sais pas pourquoi je sens que je vais devoir refaire ma prof, mais non pas d'anglais mais de vie lycéenne ! Je la regarde, j'observe ses réactions. Elle est vraiment si candide que ça ? Bon, ok elle est mignonne, mais apprendre à une fille qu'elle a plus de chance de se faire violer ici que dans tout le Japon, ça m'a l'air fou quand même mais bon. Déjà si elle ne connaît pas le principe de la guerre je lui expliquerais, après tout, peu de gens le connaisse vraiment. Non je dis pas ça pour me vanter, je dis juste ça car j'ai moi-même pas voulu en entendre parler de la guerre... Et étant donné son air crédule, je finis par articuler :

« Les mermaids comme tout les autres groupes que je t'ai cité ne sont pas des clubs, mais plutôt des regroupement de personne qui ont pour but de gagner la guerre des sexes. On veut terrasser la gente masculine et prouver la suprématie féminine, et c'est à ça que servent les groupes. Disons que les mermaids sont plus douces, on se sert de notre langue et les amazonnes se servent de leur poing. »

Elle semble si naïve, toute droit sortie d'un rêve... Elle ignorait les lois qui régissent Sei, elle semble même ne pas vraiment y adhérer. Son regard pétille comme si des milliers d'étoiles constituait son monde. C'est ça qui est étonnant et en même temps magique. Elle semble vouloir rester dans l'ignorance pour continuer à tout voir bleu et rose. Seulement quand tout dérape soudainement, tout devient noir et rouge. Quand elle découvre la vérité sur l'établissement, ses beaux yeux d'or s'élargissent. Je la regarde fixement, contemplant la moindre de ses expressions pour tenter d'y trouver un peu de rationnel. Comment peut-on ignorer à ce point ce qu'il se trame ici ? Je veux dire... Qui peut vivre à Sei, sans un jour rencontrer un souci majeur : une agression, une dépression, une sorte de poids sur son cœur car tout le monde vous regarde bizarre. J'ai vraiment l'impression de lui apprendre quelque chose, comme si elle était une enfant, un peu comme un prof lui apprend en vie de classe comment marche une société. Elle finit par fermer ses yeux. Oh. Je sens la petite désapprobation, là. Je finis par pincer mes lèvres charnues, consciente que tout ça n'est pas vraiment facile à digérer et surtout à croire... Dans sa tête elle doit s'imaginer l'établissement comme une sorte d'asile pour fou... Ou comme un endroit où tout les jeunes délinquants en manque de baston et de malheur se retrouve. Ah si seulement elle savait ce qu'il se passait vraiment et le pourquoi du comment... Hé minute. Je sais même pas comment ça a débuté cette guerre. Je fronce les sourcils, avant d'entendre sa belle voix claire : « Je comprends mais... » Je la regarde curieuse. Oui c'est quoi le mais ? « J'ai absolument rien contre les garçons ! Et puis, j'aime pas la guerre. La plupart du temps, les gens se battent sans vraiment se connaitre ! Juste par principe ou chépaquoi. J'ai pas l'goût d'embarquer là-dedans. À quoi bon faire la guerre quand on peut s'amuser avec d'autres ? » Son beau sourire me fait moi-même esquisser un smiley heureux sur ma tête. Je finit par fermer les yeux tandis que de nombreux souvenirs se bousculent dans ma tête. Cette petite... Ran on dirait moi tout craché il y a maintenant deux ans. Cette jolie petite fille toute enjouée qui aime les gens et qui ne leur voudront aucun mal... J'aurais donné cher pour rester comme j'étais avant : douce et enfantine, sans la moindre haine et peine en son coeur. C'est cliché de dire ça, mais quand on prend Sei à la légère, il nous bouffe et on en garde des séquelles. On connaît la violence, la peine, on connaît toutes les conséquences de la guerre, sans jamais vraiment y adhérer. Et je sais jusqu'à où ça nous emmène... Loin dans les profondeurs de l'être humain, là où la vie n'est pour lui qu'une torture. Ran me sors de mes pensées en déclarant toujours de cette voix enjouée : « Toi, t'es une mermaid j'imagine ? Pourquoi ? » Je me retourne pour la regarder. Pfff, quelle enfant. Je la trouve vraiment amusante et toute mignonne cette fille. Je finis par m'assoir sur une table, prenant ma tête en main. Par où commencer ? J'hausse les épaules et je me met à rire. Bon, pour une fois que je vais me confier à quelqu'un d'autres que mon psy, ça va me faire bizarre. C'est pourtant le genre de chose que je préfère garder pour moi... Ah les mermaids, ce groupe là m'aura permit de lutter contre beaucoup de choses!

« Oui, je suis bien une mermaid ... Mais j'ai mes raisons. Tu sais avant, j'étais comme toi. J'étais toujours heureuse, petite, et toute mignonne. J'avais des yeux grands comme le monde... »

Et mère Castor commence son histoire. Je lui raconte alors ma première histoire avec Shayne, moi qui ne voulait pas me mêler de la guerre... Je trouvais ça stupide et j'avais le même raisonnement qu'elle. On sait tous que Shayne était un bastard et qu'il a tenter de me tuer car il avait entendu des rumeurs comme quoi j'allais rejoindre un groupe, alors que c'était complètement faux. Je lui raconte aussi mon histoire avec Flippy, comme quoi j'étais très amoureuse, malgré qu'il se considérait comme mon grand frère. J'étais... dingue de lui qui avait le physique de Shayne, qui était adorable avec moi, qui ne voulait que mon bien. Et j'ai appris qu'il en aimait une autre alors que je suis allé voir ailleurs. J'ai rencontré alors Kimi, roi des oranges, qui lui m'aimait bien avec qui j'ai connu une belle histoire, et ... du jour au lendemain il disparut. Parce qu'un certain Taito Natsume l'avait chassé. Et je confis aussi que ... à force d'être le dommage collatéral de la guerre, j'ai fini par me jeter du troisième étage, enfin du toit de Sei plus exactement. Je suis restée trois mois à l'hôpital... Je lui raconte tout ça d'une traite, comme si c'était dur pour moi à dire. Je n'exprime rien, même pas de la peine ou de la rancœur envers cette guerre, absolument rien. Je regarde juste mes pieds en confiant mon histoire à ce petit oiseau, le mettant en garde en tirant leçon de mes propres erreurs. Je finis par soupirer :

« Flippy ne veut plus me parler, et me déteste ce qui est normal... J'ai peur de Shayne maintenant, et je n'ai aucune nouvelle de Kimi. Les mecs ici ne sont pas des gens biens, ils passent leur intérêt avant celui de leurs amis... Enfin pas pour tous, mais bon. C'est la même pour certaines filles, mais... je refuse de laisser des amies dans cette situation. Si on ne participe pas à la guerre on est pris pour un dommage collatéral, on ne compte que pour du beurre. Il faut que tu sache que si pour le moment ils ne t'ont rien fait c'est car tu ne représente aucune menace. Mais dès que tu grandiras, que tu seras superbe et une jolie jeune fille, ils te violeront, ils te battront sans aucun scrupules car la seule chose qu'ils veulent c'est gagner la guerre. Et nous faire du mal. »

Je la regarde, comme si je regardais mon propre enfant. C'est la première fois que tout ça sort sans que je m'arrête ou que j'en ai marre. J'espère lui avoir appris quelque chose qu'elle ne puisse pas tomber dans le panneau comme j'ai fait. Je refuse de la laisser se faire avoir... Elle ne mérite pas ça, je le sais. Je finis par passer une main dans mes cheveux avant de me redresser et d'aller à la fenêtre. Je regarde la cour un petit instant avant d'ouvrir la vitre et de chopper mon paquet de cigarette. Je lui souris de loin puis je termine sur ses mots :

« Voila pourquoi je suis une mermaid... »

Triste histoire.

Avant aujourd'hui, raconter ça aurait été impossible. J'aurais pleuré toutes les larmes de mon corps avant d'avoir fini mon histoire. Car oui cette histoire me touche profondément, même plus que je voudrais l'admettre. Quand je ferme les yeux après ce récit, j'ai l'impression de revoir ce qui m'est arrivé. J'ai l'impression de revivre ce que j'ai vécu. Comme si je retournais le couteau dans la plaie, moi-même, car je suis la seule à ressasser le passé. Et puis je déteste raconter mon histoire. Non pas par principe, mais plus par fierté. Trois vent dans ma gueule et deux tentatives de suicide. C'est pas beau ça ? J'étais là où l'être humain à beaucoup de difficulté à remonter. Là où on nous dit souvent qu'on s'en sortira jamais, que la peine que l'on ressent restera à jamais dans notre coeur et que nous ne pouvons étancher. Que le bonheur est un souvenir, plus un sentiment. Je leur aie prouvé le contraire, mais ça m'a pris beaucoup de temps de redevenir ce que je suis. Et encore aujourd'hui, parfois j'en pleure dans les toilettes seule, pour éviter que quelqu'un vienne me prendre en pitié. Ran me regarde avec des yeux attristés. Non, non, fais pas cette tête petite rose. Enfin, petite future rose. Je n'ai pas envie d'être une victime à tes yeux, encore moins une de ces personnes qu'on a envie d'aider parce que soi-disant on est fragile. Non je veux juste que cette histoire serve de leçon à tout ceux qui l'entendront. Je veux juste qu'on se souvienne de ça, non pas par la pitié que j'inspire, mais par la moralité qu'elle détient : ne jamais faire confiance à un homme. Encore moins un inconnu. Ne pas s'attacher trop vite et ne pas être faible. Exactement ce que j'étais. Encore aujourd'hui j'éprouve des sentiments pour Flippy et encore pour Shayne. C'est con. Mais c'est comme ça. Quand on s'attache à une personne, on a du mal à se débarrasser de ce sentiment qu'on éprouve pour elle. Bref. On se fiche de mon état d'esprit. Je sors une cigarette de mon paquet avant de la porter à mes lèvres charnues. Je range le paquet, et je sors le briquet avant d'allumer le bâton de tabac. Une taffe, et ..ahhh je me sens mieux. J'observe la petite Ran s'approcher avec de me poser une question toute bête, mais qui est tout à fait normal « Si je vous rejoins, est-ce... j'suis obligée de haïr les gars ? Ou de faire semblant ? Y a t-il des choses en particulier que je dois faire ? » Je souris doucement et rigole discrètement. Oh vous savez, on dit toutes qu'on haïs les garçons du plus profond de notre être, mais finalement, on ne pourrait pas vivre sans eux. Tout comme eux, ne pourrait pas vivre sans nous. La guerre c'est juste pour prouver qui est le sexe fort. Après je peux dire que bon... Sincèrement, dans mon cas, j'aime les mecs, voire même j'en adore certains, mais c'est pas pour autant que je vais laisser les autres tranquille. Non faut se faire respecter ici. Alors je prend une seconde taffe et recrache lentement la fumée avant de sourire à la jolie brunette.

« Bien sûr que non. Reste comme tu es ce sera parfait. C'est juste qu'il faut que tu t'affirme, et que les mecs te respectent. Le but dans la guerre c'est pas d'anéantir les mecs et de leur faire mal au point de les tuer, mais plutôt de leur prouver qui est le plus fort. Qu'ils nous respectent. Car la majorité ici sont des machos qui aiment faire souffrir. »

Oui, ici c'est une sacrée école de fou. Mais comme je vous l'aie dit, si on ne se plie pas à ses règles, on peut facilement se faire dépasser. Je reprend une troisième taffe. Peut-être qu'elle s'imagine échapper à tout ce qui m'est arrivé ? Franchement, j'espère pour elle, car c'est pas très simple de vivre avec la pensée qu'on a échappé à la mort et qu'on a des cicatrices sur les poignets irréversibles. Mais surtout, j'espère qu'elle échappera au coeur brisé. Car ça, c'est bien le maux qu'on ne peut guérir. C'est comme si ton coeur saignait, saignait, saignait et que tes yeux pleurait sans jamais s'arrêter, sans que personne autour de toi puisse t'aider. Même la science n'a pas de remède alors qu'on est en 2013. Imaginez. Donc on va éviter de se faire briser notre petit coeur adoré. Car quand on commence par lui, c'est pas loin qu'on te brise les os par derrière. J'observe encore la petite bouille japonaise de cette petite fille, la contemplant de mes yeux d'or. Elle semble hésiter, ne pas savoir où aller, quoi faire ou même comment faire. Je finis par poser ma main sur ses cheveux avec douceur avant de caresser sa tignasse brune. Allez, on va pas la laisser dans le doute total... Enfin je vais quand même la couper dans son élan et tenter de lui faire comprendre que le choix n'appartient qu'à elle.

« Si tu veux, je peux te servir de mentor dans le groupe, pour t'aider à t'intégrer et surtout te protéger. Mais si jamais tu ne te sens pas prête à devenir une mermaid je ne te force en rien. »

Je retire ma main de sa chevelure avant de rigoler. Je ne ferais pas comme certaines filles qui sont là, comme des gourous à la recherche de victime à kidnapper des inconnues dans leur groupe. Non. Moi je préfère quand ce sont les filles elle-mêmes qui viennent dans le groupe, car elles font leur propre choix. Elles décident de ce qu'elles veulent être, de ce qu'elles aimeraient être, dorénavant. Et elles sont toujours plus motivés que les autres filles totalement paumés. Je finis ma cigarette tranquillement et finis par poser mes mains sur mes hanches après avoir consumé tout le tabac et jeter la clope dans le vide, faire un petit tour dehors. Je lui souris doucement et la regarde avec enthousiasme.

« Alors ? »