Assistant au spectacle de loin, sans mettre en pause ce qu'il faisait, Ezechiel plaignit en son for intérieur la personne nouvellement chargée du bon fonctionnement de cette partie de Sei Gakuen. Toujours la même chanson, entre les règlements de compte à n'en plus finir, les couples confondant cet espace de détente et de culture avec une extension des chambres... Il aurait pu disserter encore longtemps sur tout ce qu'il avait vu en sa qualité de visiteur quotidien, pauvre bibliothèque, cruellement outragée! Enfin, cette époque semblait révolue car Watanbe San avait, malgré son arrivée récente décidé d'y mettre bon ordre. Le jeune Européen saluait cette bienheureuse initiative, quelqu'un qui ne laisserait pas faire, cela changerait agréablement! Il sourit quand le duo de fauteurs de troubles fut expédié Manu Militari hors des locaux par la dénommée Nadeshiko, s'il ne se trompait pas dans le prénom qui lui revenait à l'esprit. Un silence de cathédrale s'installa à la plus grande joie du garçon, au moins il existerait désormais entre ces murs chaotiques un dernier Bastion de Résistance à l'Anarchie, un Temple. Cette démonstration de force poussa une grande partie des groupes mal intentionnés ou enclins au désordre à battre en retraite.

Ha, mais quel travail épuisant accomplissait cette infortunée demoiselle! Surveillante pénitentiaire ou gardienne d'un centre pour délinquant revenait au même. Il admirait les professeurs, les gens ici bas qui parvenaient encore à garder leur fonction première, leur autorité intacte, car cela demandait une volonté, une poigne considérables! Bientôt, alors qu'il y avait déjà pas quinze élèves dans la grande enceinte, celle se vida, diminuant sa population de moitié, puis, il n'en resta plus que cinq, le comptant lui et la bibliothécaire époussetant les livres tombés dans la bagarre.

Ezechiel se leva, venant à la rencontre de la jeune femme qu'il proposa d'aider sachant où se rangeaient les ouvrages en question, à force de passer son temps libre sur place. Il se pencha, attrapant une édition d'un classique Japonais qui avait connu des jours meilleurs, soufflant sur sa couverture, tapotant gentiment dessus avant de l'essuyer soigneusement avec la manche de son survêtement déjà poussiéreux. Sa main s'avança pour récupérer un manuel presque neuf, qu'il lui tendit.  

Un dictionnaire à moitié ouvert gisait sur le sol, l'un des pages dangereusement inclinée sur le point de donner naissance à un pli, victime innocente, métaphore à lui seul de ce qui régnait entre ces murs. Le garçon tendit le bras, le faisant glisser par à coups jusqu'à le ramener vers lui et lisser la corne apparente de son mieux, qu'il n'aimait pas que les gens abîment les livres. Il était maniaque sur le soin qu'il apportait aux siens, il n'obligeait pas le monde entier à l'imiter mais un peu de considération demandait il autant d'efforts que cela? Il renouvela l'opération par dix fois, dans un ordre aléatoire souriant timidement à Watanabe San légèrement embarrassé de se mettre autant en avant, mais cette bibliothèque avait été trop souvent saccagée à son goût. La personne précédente avait bien essayé d'instaurer un code de conduite, une manière de se tenir, celle ci échoua. Nul doute que son départ précipité devait être en lieu avec la visite d'un groupe, des Bastards ou des Amazons... Quelques menaces soigneusement choisies devant un interlocuteur incapable de se défendre, ça suffisait pour prendre la fuite. Il ne lui en tenait pas rigueur, parfois il se demandait ce qu'il attendait aussi pour partir.

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