On croit qu'on peut faire confiance aux gens mais c'est faux. On ne s'en rend jamais compte sur le coup mais on finit tôt ou tard par tomber de haut. La révélation avait été dure pour la demoiselle, et pour le moment, elle ne savait plus vraiment où elle en était dans toutes ces histoires. Peut-être espérait-elle un peu trop de lui ? Elle voulait que tout soit parfait et jamais elle n'aurait pensé qu'il puisse s'agir de lui. Elle n'arrivait pas non plus à déterminer s'il lui avait volontairement montré son visage parce qu'il avait confiance en elle ou parce que la situation l'y obligeait. Pourtant, en l'espace de ces quelques semaines, il l'avait forcée à s'ouvrir un peu plus au monde, elle avait même réussi à rencontrer des gens, nouant des relations plutôt spéciale d'ailleurs, car comment se pourrait-il en être autrement avec un caractère aussi effacé que le sien ? Et, malgré cela, elle était reconnaissante et ne voulait pas redevenir comme avant, elle s'était rendue compte que la solitude ne lui plaisait pas tant que ça finalement. En fait, il y avait ce petit sentiment de colère en elle. Elle aurait pu le deviner plus tôt si elle avait fait attention à ses manières, à son comportement .. Quoique. Pourquoi ne pouvait-elle s'empêcher d'y penser, quitte à ne récolter qu'une insupportable migraine ? Est-ce que toutes ses paroles, ses actes, n'avaient été perpétré que dans le seule but de l'amadouer pour en faire son pion ? Elle aurait sans doute préféré rester dans l'ignorance la plus totale mais il ne lui avait pas donnée son avis, et, elle avait beau retourné le sujet dans tout les sens, c'était le souci, elle n'avait plus eu le choix et ce à partir de cette fameuse nuit dans le grenier, grenier dans auquel elle n'aurait jamais du se rendre ..

Coute que coute, elle devait le voir. La seule chose qu'elle pouvait faire était d'aller le voir, de jouer carte sur table. Que tout cela cesse, les interrogations, les migraines, tout. Et pourtant, une voix en elle lui intimait qu'y aller ne ferait que resserer l'étreinte que le jeune homme avait déjà sur elle. Dans un sens, elle avait pu continuer tranquillement ses études, mais de l'autre, elle aurait pu se faire avoir par les surveillants à force de sortir en douce la nuit parce qu'il le lui avait demandé. Taito Natsume .. Mais qu'avait-il bien pu faire d'elle ? La demoiselle tournait et retournait tout les avantages, inconvénients dans sa tête, elle était forcée d'avouer qu'il ne l'avait jamais obligée à quoique ce soit, tout ça, elle l'avait fait pour lui, certes, pour la promesse d'une scolarité tranquille mais néanmoins, elle l'avait fait parce qu'elle avait voulu le faire et il était injuste de tout lui remettre dessus parce qu'il lui avait, même pas menti mais caché la vérité. Non, il fallait qu'elle reste honnête envers elle-même, il avait changé sa vie. Car la vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, c'est d'apprendre à danser sous la pluie. Elle avait beau tourné et retourné les choses dans sa tête, une seule conclusion lui revenait sans cesse ; Elle devait le voir.

« J'y vais. Je vais le trouver et tout mettre au clair. » Pensa-t-elle naïvement en se préparant dans sa chambre.

Riko s'était préparée pendant près d'une heure, un discours bien pensé présent dans sa tête qu'elle récitait jusqu'à arriver devant la porte. La porte de sa chambre. Cette porte d'une bonne dizaine d'épaisseur qui la séparait de son but, de lui. Son cœur accéléra dans sa poitrine tandis que sa main s'élevait pour frapper quelques coups à la porte. Du moins c'est ce qu'elle aurait du faire si elle ne s'était pas arrêtée, comme suspendue, en plein mouvement. Le doute s'emparait d'elle, les interrogations .. Comment l'accueillerait-il ? Est-ce qu'il avait prévu qu'elle reviendrait le voir ? Elle l'imaginait assis dans une pause théâtrale, une mise en scène digne de celle du grenier. Lui qui arrivait si bien à lire en elle. Elle aurait voulu entré et le surprendre mais à présent qu'elle était là, elle ne savait plus vraiment si elle avait envie de mettre les choses au point. Profonde inspiration. toc toc toc. Son poing frappa timidement la porte à trois reprises. Pendant quelques secondes, le temps fila, s'éternisant. Que faire, retoquer ? Partir ? Attendre ? Partir .. Faire comme si de rien n'était et regagner sa chambre. Oui ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée mais si elle avait eu le courage de venir jusqu'ici, il serait dommage de repartir sans avoir pu lui parler. Son poing frappa à nouveau à la porte, avec plus de conviction, de force. TOC TOC TOC. Maintenant, elle attendrait, une minute, ni plus ni moins et dans l'absence d'une réponse adéquate, elle repartirait d'où elle était venue.

Les battements de son cœur résonnaient dans tout son corps. Il avait suffit que de deux mots pour qu’elle perde ses moyens. J’arrive. Même si sa voix avait été étouffée par la porte, elle avait tout de suite su que c’était lu qui ouvrirait la porte d’ici quelques secondes. Sa voix claire et calme, presque amicale même sans savoir qui était son interlocuteur. Et si ça avait encore été quelqu’un qui voulait le blesser ? Cette pensée sortit immédiatement de sa tête, nul ne savait après tout que l’homme masqué qui faisait parlé de lui dernièrement n’était autre que Taito. Dans ses gestes, on devinait son allure et son appartenance aux aristocrates mais qui pourrait imaginer que ce soit lui qui tire les ficelles sous son masque ? Lui qui avait si habilement caché son jeu même aux yeux les plus aiguisé. Non, elle savait que personne ne pourrait remonter sa piste à moins qu’il n’en ait envie. La porte s’ouvrit, son regard ne changea pas. Si bien qu’elle ne put deviner si oui ou non il s’était attendu à une visite de sa part. Il lui fit signe d’entrer et elle obtempéra sans sourciller. C’était la première fois qu’elle rentrait dans sa chambre, elle devinait que comme tout le monde, il avait des colocataires et pourtant, ceux-ci ne semblait pas être là pour le moment. Une aubaine pour elle qui osait déjà à peine prendre la parole devant lui, alors avec des oreilles indiscrètes, c’était complètement impossible en fait.

Elle avança plus ou moins au centre de la pièce avant de se tourner vers lui, elle ouvrit la bouche comme si elle s’apprêtait à parler mais aucun son ne sortit. Elle ne savait plus par où commencer, maintenant qu’elle était là, que son sourire chaleureux s’était posé sur elle, elle n’était même plus sure de vouloir exposé ce qu’elle avait ressenti comme une trahison. Pas de mensonge et pas de vérité. Ces paroles lui revinrent en tête, il lui avait bien dit dans ce grenier que tout ce qui l’attendait n’était qu’une sorte de gros secret. Et quel secret ! Son identité, son masque. L’observant en silence, elle remarqua ses traits tirés pas la fatigue, elle se promit de ne pas être trop longue afin qu’il puisse se reposer tranquillement. Il ne devait pas être totalement remis de sa blessure au dos, ce qui était logique vu l’énorme plaie dont elle se souvenait. Elle aurait voulu vérifier qu’il s’occupe correctement de lui, mais de quel droit pourrait-elle lui poser une telle question ? Ce serait un peu comme avouer qu’elle n’avait pas confiance en lui et insinuer qu’il ne savait pas prendre soin de lui et elle doutait qu’il apprécie de telle remarque. Finalement, elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit car il la devança. Sa voix restait calme et sa maîtrise la rendait presque jalouse de lui, il l’interrogea pour connaitre ses motivations. Ce n’était pas illogique qu’il le devine d’ailleurs, vu qu’au sinon, elle aurait simplement patienté jusqu’à ce qu’il l’appelle.

Il se leva, s’approchant d’elle en levant son bras à hauteur de son visage. Pendant une fraction de seconde, elle ferma les yeux un peu crispée, mais la caresse de ses doigts sur sa joue la détendit légèrement. Plus que jamais, elle ressemblait à un animal sauvage et craintif. Enfin sauvage, l’image était peut-être un peu trop surfaite. Il l’incita à parler, sa voix devenant murmure, sa venue avait tout de même l’air de l’avoir intrigué. Il la rassurait, c’était le seul moyen pour qu’elle puisse prendre la parole. Il faut dire qu’il la connaissait maintenant à force. Il l’encourageait avec douceur, la faisant asseoir sur son lit, elle fixa ses jambes en cherchant ses mots, comment lui faire comprendre simplement tout les doutes qui s’étaient emparé de son esprit ? Il s’assit à ses côté et elle leva ses yeux azur sur son visage, ce visage qu’elle avait regardé à travers un masque des dizaines de fois et pourtant, plus rien ne semblait pareil. Ses mains étaient posées sur ses jambes et elle sentit ses doigts s’emparer des siens. Elle n’était pas venue ici pour le regarder dans le blanc des yeux. Elle prit une profonde inspiration et baissa la tête en avalant sa salive.

« Taito .. Toute cette histoire .. » Elle leva les yeux vers lui. « Tu avais tout prévu n’est-ce pas ? Faire de moi ton outil .. Tes paroles, tes actes .. Ta gentillesse. C’est pour faire de moi une arme dans cette guerre pas vrai ? » Elle était allée droit au but.

Après ses paroles, elle patienta de longues secondes et se décida enfin à lui lancé un regard, elle voulait avoir la force, le courage de le regarder dans les yeux pour obtenir sa réponse, elle s’y préparait. Mais au moins, elle ne se reprocherait pas de ne pas lui avoir dit. Voyant que la réponse tardait un peu, elle serra sa main malgré elle.

« J’ai besoin de savoir. »lui dit-elle dans un murmure.

Ses yeux bleus le fixèrent un long moment. Elle était venue jusqu’ici et avait insisté auprès de lui pour avoir les informations qu’elle attendait. Elle le vit baisser la tête et se mit a fixer résolument ses genoux dans l’attente de sa réponse. Finalement, il prit la parole. L’oreille attentive, sans oser le regarder, elle écouta ses paroles en hochant faiblement la tête. Même si elle s’était plus ou moins attendue à une telle réponse, il fallait encore qu’elle l’accepte. Et ça, elle doutait de pouvoir le faire, du moins pas tout de suite. Bien sûr, elle avait l’habitude qu’on la manipule et qu’on se serve d’elle mais rien n’était comparable à ce qu’il avait fait. D’ailleurs, elle ne trouvait pas vraiment les mots pour qualifier ce qu’elle ressentait au moment présent. Oui, tout ça n’était qu’un jeu, un grand jeu d’échec pour lui. Et elle ne représentait qu’un simple pion qu’il avancerait, reculerait, jouerait comme bon lui semble au moment qui lui semblait le plus adéquat. Elle déglutit faiblement et acquiesça le « choc » du mieux qu’elle put. De toute façon, quand bien même elle se torturerait l’esprit, les choses étaient faites et on ne pouvait rien y faire pour changer quoique ce soit. Finalement, il continua ses paroles mais elle savait déjà ce qu’elle était venue chercher. Elle n’écoutait plus vraiment ce qu’il disait, perdue dans ses pensées et dans ses souvenirs.

Les doigts de Taito rencontrèrent sa joue et elle sursauta légèrement, se tournant vers lui avec un regard apeuré et surpris. La regardant dans les yeux, il caressa doucement sa joue en reprenant la suite de sa tirade. A présent, elle n’avait d’autre choix que de l’écouter avec grande attention. Avec un ton rassurant et une voix rassurante, il l’informa de tous les facteurs, assurant que si elle n’avait été qu’un objet utilisable, elle était à présent plus que cela. Qu’il l’avait choisie parmi d’autre sans doute, car il voulait la protéger. Elle hocha de nouveau faiblement la tête. Tout ce qu’il disait, elle le comprenait bien sûr mais comment être sûre qu’il ne la manipule pas en cet instant même ? Qui pouvait dire que ses paroles n’étaient pas là pour s’assurer de la loyauté qu’elle avait pour lui. D’ailleurs, il n’avait pas à s’en faire pour ça, elle n’était pas du genre à fuir ses engagements, hors s’était bien de cela qu’il s’agissait n’est-ce pas ? Un engagement envers un aristocrate. Comme s’il avait lu en elle encore une fois, il lui dit d’une voix un peu désinvolte qu’elle pouvait croire ce qu’elle voulait car de toute façon, une seule chose pouvait la guider dans ce genre de situation : Son cœur. Posant une main dessus, son teint devint écarlate et il posa un baiser sur son front avec délicatesse. Elle recula vivement, s’extirpant de l’étreinte de Taito avec une brusquerie qu’elle regretta presque aussitôt. Elle n’avait jamais fui son contact jusqu’alors et ignorait pourquoi elle avait eu cette réaction exagérée. Il y eut un silence.

« J-je .. Je suis désolée .. J’ai .. Paniqué. » confia-t-elle d’une petite voix. « Merci de ta franchise, Taito. » Dit-elle calmement en se rasseyant.

D’un côté, elle voulait croire à ces belles paroles mais elle sentait bien que tout n’avait pas été dit, qu’il y avait encore une zone d’ombre. Mais finalement, c’était comme le reste, elle ne savait pas vraiment si elle voulait le savoir ou non. Elle leva sur lui ses yeux Azur et lui offrit un mince sourire timide. Malgré les appels de son prince, parfois tard dans la nuit d’ailleurs, elle n’avait plus jamais eu se plaindre de quelconque maltraitance ou autre. Elle avait été tranquille et sur ce point, il avait été honnête avec elle. Elle ne savait plus vraiment jusqu’où elle pouvait lui faire confiance mais au moins elle était sûre d’une chose, c’est que tant qu’elle restait à ses côtés, elle bénéficierait d’une sorte de couverture et n’aurait rien à craindre entre ses murs. Mais là, elle ne savait pas vraiment que dire à cet homme assis face à elle. Ses sentiments étaient mitigés. Une nouvelle fois elle se retrouvait aux pieds du mur. Il avait le don inné de la mettre dans tous ses états.

La situation lui semblait tendue et elle sentait bien un malaise s’installer entre eux, un malaise qu’elle n’avait jamais ressenti auparavant. Et ce n’était pas le fait de se retrouver seule avec un homme non, c’était plutôt le fait qu’elle sentait la mince confiance qu’elle avait encore pu mettre dans la gente masculine s’effriter légèrement. Elle resta donc silencieuse, la tête fixant ses genoux sans esquisser un geste. Elle le devinait bouger à côté d’elle, se rapprochant un peu sans oser en faire trop semblait-il. Il ne voulait plus la brusquer ou bien lui paraitre trop .. Manipulateur ? Elle lui trouvait soudainement un air plus vulnérable, lui qui avait toujours été si fier. Il était étrange de le voir les genoux recroquevillé contre lui. Bien sûr, elle ne le regardait pas directement, lui jetant seulement quelques œillades par-ci par-là. Regrettait-il de l’avoir traité comme un simple objet pour parvenir à ses fins ? Peut-être après tout … Mais n’était-ce pas étrange qu’il soit ainsi avec elle alors que des rumeurs le prétendait en couple avec cette fameuse Mermaid qui s’amusait à taquiner, voir torturer mentalement la pauvre innocente qu’elle était ? Enfin, de toute façon ceci ne la concernait pas vraiment, il faisait ce qu’il voulait de sa vie privée, non ? Elle savait bien de toute façon qu’elle était bien trop timide et coincée, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle essayait de changer ces derniers temps .. Même si à la base, elle l’avait fait pour attirer l’attention de ce jeune homme qui lui avait sauvé la vie. Et que finalement, c’était lui qui était venu à elle pour la forcer à éclore.

Elle l’entendit murmurer son prénom, tournant la tête, elle fixa ses yeux quelques secondes avant de détourner le regard, que lui prenait-il de s’approcher autant ? De plus, il y avait cette sensation étrange que son sourire ne s’accordait pas avec son regard, elle aurait juré que quelque chose le contrariait sans pour autant le souligner. Pourtant, en la serrant contre lui sa voix semblait calme presque enrôleuse comme dans le grenier. Mensonge ou vérité ? C’était la seule question qu’elle se posait quand elle était avec Taito. Elle ne savait plus si oui ou non elle pouvait le croire, l’écouter. Finalement, elle haussa doucement les épaules, presque imperceptiblement. Pas de mensonge, encore moins de vérité. Juste le secret, la discrétion .. N’était-ce pas ce qui avait été convenu dans le grenier d’ailleurs ? Elle se souvenait parfaitement de cette phrase prononcée en caressant sa joue. Elle ne bougea donc pas, écoutant sa tirade avec attention en restant dans ses bras. Ne faire confiance qu’à lui et n’écouter que lui .. Ses paroles semblaient vachement possessives. Un peu comme un enfant gâté qui refuse de partager ses jouets. Elle devinait dans sa voix cette peur de la voir se retourner contre lui, mais comment pourrait-elle ? Elle leva les yeux vers lui, le laissant poursuivre sans un mot, était-ce une sorte de confidence qu’il lui faisait là ? Cela la rendait quelque peu mal à l’aise. Son « traumatisme » et les rumeurs ne l’aidant en rien à se sentir mieux.

« Que .. » Elle avala sa salive. « Que veux-tu dire ? » Demanda-t-elle hésitante.

Oui, elle le regardait. Décidemment, venir mettre les choses aux points n’avaient été que plus embrouillant pour la demoiselle. Elle aurait voulu partir, quitter la pièce, sortir dehors, courir jusqu’à l’horizon et se réfugier dans un havre de paix pour penser, ou ne plus penser peut-être .. Tout était si compliqué dernièrement. Cette guerre qu’elle rejoignait malgré elle. Addison et ses piques visant la demoiselle. Voulait-elle la faire fuir Sei ou la pousser à se rebeller contre sa tyrannie ? C’était étrange. Elle ne comprenait pas vraiment son caractère. Et dernièrement, il y avait James. Ce Bastard au comportement volcanique qui ne faisait que ce qu’il voulait quand il le voulait. Son monde s’élargissait malgré elle et elle savait que le seul point fixe c’était lui, Taito. Il avait toujours été là, dès le début. Peut-être nourrissait-il d’abord ses propres intérêts mais qui ne le ferait pas ? Elle soupira faiblement. Trop tard. Tout arrivait trop tard si bien qu’elle se sentait déjà prise dans la spirale infernale des évènements. Blottie dans les bras de Taito, elle le laissait faire en fixant un point fixe devant elle.

« Taito .. » Murmura-t-elle. « Moi aussi .. Je tiens à toi mais .. J’ai .. Besoin de réfléchir. » avoua-t-elle.

Seul à seule dans sa chambre, les deux protagonistes réfléchissaient tout deux. Il s’était passé tellement de chose depuis l’incident alors même qu’elle arrivait à Sei. Le soir de sa rencontre avec lui semblait si lointaine maintenant, elle en venait même à se demander si elle avait face à elle la même personne que ce soir là. Il y avait tant de chose qu’elle ignorait et à l’inverse, des choses qu’elle avait su et aurait préféré ne jamais savoir. Dans son dos, elle sentait les doigts passer sur le mince tissus, cherchant à attiré son regard, elle l’observa de ses yeux bleus, mal à l’aise de ne pouvoir fuir le regard qu’il lui lançait. C’était une sensation étrange. Se retrouver seule avec lui .. Elle y avait pensé tellement souvent mais jamais dans cette situation. Après un instant de silence, il reprit la parole. Elle ne représentait pas qu’un pion, ou en tout cas, ce n’était plus le cas actuellement. Elle plissa légèrement les yeux, il n’avait plus rien de ses airs princier qu’il avait toujours eu jusque là, il semblait lutter contre une force intérieure, une force qui lui était propre et que nul autre ne pouvait affronter à sa place. Elle baissa finalement la tête et observa le sol à ses pieds. Plus que des alliés ? Plus que complice ? Était-ce une sorte de blague étrange ? Elle ne voyait pas trop ce qu’elle pourrait être d’autre .. Elle qui n’était qu’une petite chose fragile perdue dans le monde impitoyable de Sei.

Les doigts du jeune homme caressèrent sa joue, attirant son visage assez proche du sien, leurs fronts entrèrent en contact et leurs souffles se mêlèrent. Surprise, elle écarquilla légèrement les yeux, les siens étaient fermés. Comme s’il espérait qu’une chose en particulier se produisit, une sorte d’étincelle entre les deux personnes qu’ils étaient peut-être ? Ses lèvres se posèrent aux coins des siennes avant se poser sur sa joue. Elle ne comprenait pas ses intentions. Elle avait été un pion, une alliée, une complice, qu’attendait-il d’elle maintenant ? Il reprit constance tandis qu’elle restait interdite en regardant le vide devant elle. Un peu confuse, elle lui jeta un regard avant de détourner les yeux en rougissant violemment. Lui en revanche, semblait plus confiante à présent. Peut-être le fait qu’elle n’ait rien fait pour le repousser ? La laissant assis sur le lit, il alla jusqu’à la fenêtre, laissant planer sur la pièce un long silence que la jeune demoiselle jugeait opportun. Pendant quelques secondes, elle regarda sa silhouette se découper de la fenêtre et interpréta la fin de la phrase qu’il n’avait pas terminée. Mais c’était impossible. Elle devait se faire des idées. Les battements de son cœur battaient contre sa poitrine à un rythme soutenu. Elle parvint tout de fois à se calmer petit à petit jusqu’à ce qu’il reprenne la parole sans lui adresser un regard. Il semblait se faire une promesse à la fois à lui-même et à la jeune femme.

D’après lui, il y avait du mouvement dernièrement, il voulait qu’elle reste en sécurité mais, de par son statut de Gypsies, personne ne savait ou presque que sa dévotion lui appartenait déjà. Elle resta impassible, sa parole .. Il l’avait déjà depuis la nuit dans le grenier mais il semblait quelque part avoir lui aussi le besoin d’être rassuré. Elle désapprouvait peut-être la méthode par laquelle il l’avait abordé mais elle ne désirait pour rien au monde de le laisser seul face à Sei. Elle se leva et s’approcha doucement, il sembla l’avoir entendue. Il se retourna vers elle un sourire aux lèvres en lui tendant la main. Quelque soit son état d’esprit, il parviendrait sans doute toujours à obtenir ce qu’il attendait d’elle. Elle avançât de quelques pas pour se tenir à ses côtés, glissant sa main dans la sienne, elle hocha la tête en le regardant timidement dans les yeux tandis qu’elle le laissait entendre une nouvelle fois sa petite voix douce.

« … Je resterai à tes côtés Taito … Aussi longtemps que tu le désires. » Assura-t-elle calmement.