Comme tous les jours depuis son arrivée dans ce pensionnat, chaque seconde en cours aux côtés de ses camarades était comme une torture pour Kasuga. La brunette à couettes, bien que consciente de sa profonde jalousie, ne supportait clairement pas de voir la complicité naissante entre ses partenaires de classe. Tandis qu'elle dans son coin, était tout simplement incapable de s'intégrer dans leur groupe, à cause de sa très grande peur du rejet de l'autre. Depuis sa plus tendre enfance, depuis qu'elle se leva pour défendre les opprimés de son école et faire en sorte qu'ils ne soient plus maltraités, tout le monde, y compris ces fameuses personnes battues, commencèrent à la voir comme un monstre. Bien qu'au fond, la jeune épéiste se posait encore de nombreuses questions sur les raisons exactes de ce rejet. Était-ce si exceptionnel et effrayant qu'une petite fille décide de ne pas rester les bras croisés et de se battre pour protéger les plus faibles ? C'est depuis cet événement que chaque fois qu'elle voyait une personne opprimée, elle restait maintenant les bras croisés, attendant que le mal passe. Bien qu'au fond, la samourai hurlait d'une sombre injustice dans son cœur, mourant d'envie de prendre les armes et d'aller rétablir la justice en ce bas monde. Mais Kasuga était paralysée par la peur, se sentant complètement impuissante face à tous ces maux, rongeant progressivement le monde ainsi que son école, par la même et bien terrible occasion. Elle avait eu l'occasion de se voir expliquer les règles de ce pensionnat, écoutant les consignes d'une oreille désintéressée. Toute fois, la réalité la rattrape bien rapidement quand elle dû s'échapper de justesse d'un conflit opposant deux groupes, dont elle était encore bien incapable de retenir les noms.

Tétanisée à la simple vue d'une forme humaine inconnue et aux abords sournois, surtout après ce qui lui était arrivée, la demoiselle dès son arrivée dans cette école, s'était laissée aller à parcourir les alentours de cet établissement et de ses alentours. C'est ainsi, au cours de sa balade qu'elle était tombée sur cet endroit tout bonnement magique à ses yeux. La vie, simplement en tendant l'oreille, semblait imposer un calme absolu dans ces lieux. Le chaos n'était pas de rigueur et chassé d'un simple revers de la main. C'était tout ce dont Kasuga avait besoin pour se sentir bien, en sécurité au sein de cette douce et belle végétation ainsi que de ces animaux la bordant. Un sourire aux lèvres, la demoiselle était simplement assise sur un banc comme un autre. Mais à ses yeux, ce banc était définitivement le sien. C'était en elle, cette sensation que cet endroit était son sanctuaire en quelque sorte et chaque fois que ses fesses se posaient sur ce petit morceau de bois, soutenu par ces quelques morceaux de métal, elle avait l'impression d'entrer en contact avec son seul et unique ami. Parfois, la samourai était surprise de se réveiller en pleine nuit après une sieste passé sur son petit lit de substitution, mais cette fois ce n'était clairement pas sur le point d'arriver. Elle était heureuse comme à la fin de chaque journée, de pouvoir se détendre tout bonnement ici, se libérer de tout ce poids qui était en train de la vider de toute son énergie. Aucune haine n'émanait de son cœur, seulement une fatigue à force de toujours porter ce masque sur son visage et ainsi, ne pas pouvoir montrer sa vraie nature et ses vrais sentiments au reste du monde.

Ses seuls amis ici étaient ce petit écureuil venant chercher un petit morceau de pain dans sa main, tous les soirs ainsi qu'un magnifique lapin blanc se postant devant elle sans émettre la moindre attente particulière. Avec le temps, Kasuga connaissait parfaitement bien ce rituel qu'était le sien. Ce lapin, bien qu'élégant en apparence était un vrai petit dégoûtant au fond, déposant sa petite crotte devant elle tous les soirs. Bien que surprise d'un tel geste venant d'un animal si beau, elle avait finis par trouver ce rituel amusant avec le temps et laissait aller maintenant à rire aux éclats à chaque fois qu'il déposait sa petite crotte. Seulement ce soir, aucun de ses petits amis n'avait daigné sortir de sa cachette pour se montrer à elle et ainsi, partager un petit moment en sa compagnie. Bien qu'inquiète pour ses deux compagnons de toujours, la demoiselle se laissa porter par cette vue splendide juste en face d'elle. C'était aussi pour cette raison qu'elle aimait beaucoup se rendre ici. Pour ce bonheur de se plonger quelques instants dans un monde baigné par le calme et la beauté, avant que la nuit n'englobe le monde de ténèbres. Le crépuscule était pour elle la chose la plus belle que cette Terre ai pu créer, une vue qu'elle ne manquerait pour rien au monde chaque jour que sa bien courte existence pouvait lui offrir. Kasuga était le genre de personne à apprécier les choses simples de la vie, les choses éphémères mais se montrant tous les jours, comme un cycle sans fin. Elle avait besoin d'habitude, de repère pour se sentir en sécurité et aller de l'avant. Lui retirer tout ceci, c'était la voir sombrer dans un désespoir sans nom.

- Encore en train de regarder vers le ciel orangé... ? Ma pauvre Kasuga, n'as-tu rien de mieux à faire ?! -

En aucun cas la demoiselle était capable d'oublier cette immonde voix, retentissant sans cesse au fond de son crane. Entendre simplement la voix de son grand-frère était suffisant pour la sortir de sa tranquillité, et ce même si c'était seulement de manière spirituelle. Comme par réflexe à la suite de cette pensée, Kasuga se releva de son banc et regarda en avant, d'un air vraiment troublée. Même si elle était belle et bien seule, sans aucune vie aux alentours pour l'observer, sa colère était bien en train de s'emparer de son cœur. Tous ces souvenirs, faisant écho au sein de sa mémoire pour lui rappeler combien sa jeunesse fut parsemée de souffrance et d'injustice, en grande partie à cause de son frère. Même si le cœur de la demoiselle était doux comme un morceau de coton, elle était capable de s'embraser contre cet être qu'elle considérait comme une vraie vermine venue tout droit des Enfers. Sa seule compagnie était un supplice qu'elle n'était plus capable de supporter, et bien que savoir qu'il était maintenant si loin d'elle, était en mesure de la rassurer, sa voix dans son esprit y était inscrite à tout jamais. Elle aurait préféré entendre la si douce voix de son père dans ces moments de crise. La seule personne capable sur Terre de la rassurer, de lui faire ressentir un bien-être sans limite. Mais ce n'était pas possible, pas aujourd'hui et ici car son grand-frère s'était bien emparé de son esprit et de son cœur. Finalement, la samourai dégaina son katana, qu'elle emportait toujours avec elle et qui était simplement posé derrière elle sur le banc. Cette arme représentait tellement à ses yeux, un héritage, une promesse envers son père bien-aimé. Elle était incapable de s'en séparer, de le savoir loin d'elle et mieux que quiconque, la demoiselle sait que le jour où sa lame se brisera, son cœur subira le même sort.

Sans avoir besoin d'un quelconque adversaire en cet instant, Kasuga laissa cette lourde colère l'envahir progressivement pour faire en sorte que ses doigts se ressèrent autour de son arme. Ses pieds étaient en position de combat, offensive et sans la moindre intention de se défendre contre une possible menace. La demoiselle de par sa nature solitaire ainsi que sa haine, estimait qu'elle n'avait nullement besoin de perfectionner son style de défense. Elle espérait simplement évacuer son sentiment beaucoup trop fort via un exercice physique intense. C'est ainsi qu'un premier coup trancha le vent d'une manière très précise et nette, suivi de près par un autre encore plus rapide. Avec le temps, Kasuga était devenue une combattante vraiment experte dans l'art de manier son arme. Sûrement pour cela était-ce aussi que peu de personnes osaient l'approcher. Mais pour elle, c'était une fierté de savoir aussi bien se battre, se défendre et montrer en quelque sorte, une supériorité face aux autres. Ici depuis bien longtemps, la demoiselle savait bien qu'en ces lieux il était préférable de garder son calme, mais à chacun de ces coups, un hurlement de rage s'échappait de ses lèvres. Ces cris étaient d'ailleurs accompagnés d'une grande quantité de colère envers son frère, qui progressivement étaient remplacés par ce sentiment de plénitude et de calme, se souvenant des mouvements que son père lui avait enseigné étant plus jeune. A chacune de ses attaques, Kasuga pouvait même sentir la main de son paternel sur le manche de son arme, la guidant pour perfectionner au mieux son attaque. C'était tellement calme, un sentiment qu'elle souhaitait ne jamais oublier et garder au sein de son cœur pour toujours, pour les jours vraiment durs comme aujourd'hui. Quelque part oui, la samourai était vraiment dépendante de l'image de son père, et nullement prête à déployer ses propres ailes pour voler par elle-même.