La brise était légère et le vent était frais dans les jardins de Sei Gakuen. De leurs côtés les oiseaux piaillaient leurs comptines matinales pour qui voulait bien les écouter dans une joie et une bonne humeur affichée. Par endroit on pouvait même voir quelques bourgeons se préparer à éclore si on faisait attention : c’était certes un peu en avance mais bon, cela arrivait des fois il parait. Au final peu de choses ne venaient déranger le calme olympien de ce Samedi matin. Et ce n’était pas Eiki qui aurait eu l’intention de venir troubler tout cela.

Le jeune homme était simplement là. Il ne semblait pas plus concerné que cela par la situation ou la journée présente alors que le vent essayait de rabattre ses cheveux sur son visage. Néanmoins il semblait que le jeune homme ne l’entendait pas de cette manière, rabattant ses cheveux d’une main pour éviter toute forme de dérangement. Pourquoi était-il ici se demandait-il encore ? On lui avait laissé un message ? Et alors ? Il était venu en fait principalement parce qu’il n’avait rien de mieux à faire songea-t-il.

Un courant d’air fit claquer sa veste. Il se doutait bien que c’était probablement une fille qui voulait le voir d’après l’écriture de la personne qui avait déposé cette petite missive dans son casier, mais il doutait que ce soit par pur amour. Bah, il le découvrirait bien assez tôt pensa-t-il en regardant autour de lui. Il y avait bien une ou deux filles dans le parc, mais de toute évidence il avait l’air aussi accueillant que d’habitudes. Parfait. Moins on venait le voir au final, moins il avait d’emmerdes. En fait, il était tellement avenant et accueillant qu’au final il n’y avait plus personne dans le parc cinq minutes après son arrivée. Par contre, personne sous l’arbre central : il était en avance apparemment.

En fait, en y repensant, Eiki s’attendait plus ou moins au pire quand à ce qu’il avait ouïe dire de ces lieux. Certes, ce n’était qu’une lettre l’invitant à se rendre sous un arbre pour rencontrer quelqu’un, néanmoins, ici, il semblait que les viols et les violences effectuées envers d’autres élèves étaient en quelque sorte le nouveau sport national. Une forme de neo-guerre des boutons si on pouvait faire la comparaison, mais où l’enjeu serait, plus que de simples boutons bénins, la domination d’un sexe sur l’autre. Rien que de penser à ce genre d’inepties lui arracha un soupir alors qu’il s’allongeait au pied de l’arbre.

On lui avait dit d’attendre là : on ne lui avait pas dit comment après tout. Du coup c’était sans le moindre complexe que Eiki attendait patiemment la visite de celle qu’il devait voir, à moitié allongé, à moitié affalé, sous le cerisier en question. Les mains derrière la tête, il contemplait les fleurs blanches qui étaient en train de commencer à éclore en ce début de printemps. C’était au final une journée sans nuage qui s’annonçait, alors autant profiter de l’ombre quand il y en avait pour prendre un peu de temps pour soi et pour se reposer. En fait, il retenait le lieu pour plus tard : il serait parfait pour faire une sieste, notamment.

Une mèche de cheveux lui tomba sur le visage. Il l’écarta d’un souffle. C’était là le défaut d’avoir des cheveux un peu plus long que la coupe militaire : ils avaient la fâcheuse tendance à vous retomber dans les yeux. Et il était difficile de voir à travers une tignasse de cheveux noirs de jais comme la sienne, à vrai dire. Néanmoins, ce n’était pas ses cheveux qui projetèrent soudainement une ombre supplémentaire sur son visage, mais bien une autre personne, une jeune femme. Eiki se demandait si c’était bien elle qui lui avait laissé ce message dans son casier, néanmoins, il ne se voyait pas de lui demander cela directement. Quant à la politesse, elle était déjà partie pleurer dans un coin du parc en prévision de ce qui allait venir.

« Si c’est pour me parler, je vous en prie, asseyez-vous : vous gâchez le soleil, sinon, dégagez.

Ca, c’était dit. Maintenant il ne restait plus qu’a déterminé si cette personne était à catalogué dans les « amis » ou les « opposants »…