Ran s'extasiait souvent devant l'apparence générale d'autres filles. Surtout depuis qu'elle était arrivée à Sei Gakuen. On ne s'y gênait pas pour tenter des looks excentriques. Il faut dire que la plupart des pensionnaires avaient fort caractère. Du genre « Si je te plais pas, dégage ». Elle aussi pensait comme ça, sans le dire. Mais elle n'avait jamais songé changer un peu. Depuis toute petite, elle avait la même coiffure. Deux chignons qui se prolongeaient en couettes. Tant qu'à ses vêtements, ils n'avaient rien de bien extraordinaire. Chandail bleu, jupe jaune et casquette. Ses parents l'ont toujours amené dans le même magasin qui n'offrait que des pièces mornes. Jusqu'à ce qu'il y a quelques temps, ça ne la dérangeait pas. Seulement, à force d'envier Jill, Logan et d'autres, elle eut envie de créer son propre style. Après tout, elle n'était pas du genre timide et discrète. Elle s'affirmait. Alors, un soir, elle est sortie. Elle est allée au centre commercial et est entrée dans des boutiques qu'elle ignorait avant. Elle a acheté ce qui lui plaisait et a prit un rendez-vous chez la coiffeuse du coin. Trois jours par la suite, elle y était et décrivait ce qu'elle désirait. Une teinture blonde et un dégradé rainbow vers le bas. Payée avec l'argent reçu à sa fête qui s'était déroulée le mois dernier. 17 ans ! Elle avait peut-être l'air un peu plus mature qu'à son arrivée, elle paraissait encore jeune.

Aujourd'hui, c'était son premier jour en blonde et avec sa nouvelle robe. La cloche annonçant la fin du dernier cours venait de sonner. Elle sortit de classe en souriant. Comme depuis le matin, plusieurs personnes l'observaient. Certaines semblaient se demander qui elle était, puis le réalisaient après une trentaine de secondes. Même si elle était différente, son visage et sa taille étaient restés les mêmes. Malgré tout, ce devait être surprenant. Elle, les cheveux détachés ? C'était la première fois qu'elle marchait ainsi dans les couloirs de l'école. Et avec une robe bouffante. Et des gants. Et des bottes. Tous noirs en plus. Ce n'était pas sa couleur préférée, loin de là, mais elle avait craqué pour la robe. Elle se terminait en clavier de piano et avait de jolis rubans rouges. En plus, quand elle l'avait enfilé, ça lui allait à merveille. Pas besoin d'hésiter. Revenons à nos moutons. La jeune fille était enjouée, comme toujours. Toutefois, elle commençait à stresser. En fait, elle avait dit à Keel de la rejoindre dans les jardins pour... oh, elle n'en revenait pas de ce qu'elle était sur le point de faire. Elle allait lui déclarer sa flamme. Ça faisait presque trois mois qu'ils se connaissaient. Déjà, à leur rencontre à la bibliothèque, elle avait eu le coup de foudre. Ses sentiments avaient évolué. Elle était amoureuse pour la première fois de sa vie. Et elle ne savait pas si c'était réciproque. Elle avait peur d'être rejetée.

Kira. Ce nom lui revint à l'esprit. Tout simplement parce que ce garçon lui avait fait une déclaration et demandé d'être sa petite amie. Elle avait dû répondre non, puisqu'elle le considérait comme un ami et ne se voyait pas en couple avec lui. Il avait été démoli. Elle craignait que ce soit son tour de l'être. Et puis, elle aurait pu attendre avant d'exécuter sa transformation. Peut-être qu'elle n'allait pas lui plaire ainsi. Ils ne s'étaient pas vus de la journée. Elle était extrêmement nerveuse. Mais elle ne voulait pas flancher. C'était trop tard, de toute façon. Elle ne pouvait pas arrivée devant lui et faire « Euh... en fait tu voudrais m'aider pour mon devoir d'anglais ? ». Ça non. Surtout que, si elle se défilait de la sorte, il allait se demander pourquoi elle n'était pas venu le voir pendant le dîner ou les récrés. Elle se parlait intérieurement pour s'encourager. Puis, elle remarqua que ses pieds l'avaient mené à l'endroit désiré d'eux-même. Elle chercha son béguin du regard. Il était assis sur un banc. Elle prit une grande respiration après avoir mangé une bouchée de pain et se dirigea tranquillement vers lui. Il la regardait, les sourcils levés.

« Salut Keel. C'est moi, Ran, au cas où tu te demanderais. »

Elle rit en enroulant une mèche de cheveux autour de son index. Ses joues étaient rosées et elle avait l'air un peu tendue. Un silence s'en suivit avant qu'elle ne le questionne, le regard ailleurs :

« Je te plais comme ça ? » demanda t-elle en se frottant la joue.

Le regard de la Mermaid revint vers lui, en attente d'une réponse. Vu la manière dont il l'observait, elle crut comprendre que ce qu'il voyait ne lui déplaisait pas. Il semblait y réfléchir lorsque ses joues virèrent au rouge. Il était trop mignon comme ça. De plus, ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait le voir afficher une telle expression. Si bien qu'elle ne le quitta pas des yeux, et lui non plus. Ses paroles la firent sourire de contentement. Elle ne se demanda même pas s'il disait ça pour lui faire plaisir. C'était sincère, elle en était certaine. Puis, elle rougit en se repassant sa voix dans sa tête. Il aurait pu se contenter d'un oui, mais il avait déclaré : « Tu es magnifique ». En dehors de sa mère, personne ne lui avait jamais fait ce compliment. Peut-être parce qu'avant, sans être moche, elle était ordinaire. Désormais, elle se sentait plus elle. Bizarre quand on a une teinture et qu'on porte des lentilles. Seulement, le brun ne correspondait pas à sa personnalité. Elle était un soleil, pas de la boue dans laquelle se roulait les cochons. Keel était la pluie, mais elle allait lui apprendre à devenir un arc-en-ciel. En fait, c'était un peu grâce à sa comparaison qu'elle avait pensé à modifier sa chevelure ainsi.

Au signe de son futur copain, elle l'espérait, elle s'assit à côté de lui sur le banc. Quel sourire avant qu'il ne la questionne sur la raison de cette rencontre. Elle hésitait sur comment aborder le sujet. Mais son attention se dirigea vers autre chose. Elle venait de se rendre compte de la tenue de son ami. Elle était trop préoccupée pour le remarquer avant. Elle ne l'avait jamais vu vêtu de blanc. D'habitude, il s'habillait uniquement de noir. Il avait un style penchant vers le gothique. Et elle l'aimait comme ça. Toutefois, cette chemise et ce pantalon blancs lui allaient à ravir. Il avait l'air d'un ange. Leurs habits faisaient un beau contraste... et un étrange échange de couleurs.

« Tu es beau comme ça. Même si tu es toujours beau » s'exclama t-elle avant de se mettre à contempler le sol.

Même s'il l’embarrassait à cause de son attirance, l'adolescente ne retenait pas ses compliments. Ce qui allait être le plus compliqué, c'était de prononcer CETTE phrase. Et peut-être de lui poser la question qui déciderait de leur statut. Elle n'était pas sûre de pouvoir effectuer la deuxième partie. Elle verrait ça après avoir analyser sa réaction, ses mimiques. Elle s'imaginait une scène dans son esprit où il l'embrasserait. Ce serait la plus grande joie qu'elle ait ressentie dans sa vie. Qu'il lui réponde « Je t'aime » serait également super. Oh, bon sang. Son cœur allait lâcher si elle ne cessait pas de rêvasser. Finalement, elle se tourna vers lui et leva les yeux.

« Quelque chose, ouais... »

Elle souffla doucement. Courage. Peut-être qu'il l'aimait aussi mais n'avait pas la force de lui révéler. Il allait pouvoir sauter sur l'occasion si c'était le cas. Bon, elle aurait préféré que ce soit lui qui fasse le premier pas. Mais elle ne croyait pas que c'était toujours aux garçons de le faire. Ce ne devait pas être plus évident pour eux que pour les filles. Ils devaient avoir les mêmes craintes. Ils possédaient des émotions aussi. Ran le regarda dans les yeux pour faire sa déclaration.

« Je t'aime, Keel. »

Voilà. C'était fait. Elle était libérée d'un poids qu'elle portait sur ses épaules depuis des semaines. Maintenant, il savait. Que sa personne l'avait charmée, réjouie, marquée.     

La blondinette put lire de l'étonnement dans l'expression de son interlocuteur. Ainsi que dans la façon dont il avait subitement arrêté de bouger. Elle l'entendait à peine respirer. Impossible de savoir si derrière cette surprise se cachait un « Moi aussi » ou un « Pour tu n'es qu'une amie ». C'est alors qu'il observa attentivement ses yeux, comme à la recherche d'une vérité. Puis, il s'attarda sur le reste de son visage. Elle se sentait scannée. Elle était comme un objet muni d'un code barre qui servait à l'identifier. Celui-ci mentionnait-il qu'elle était vraie, honnête, elle ? Ou s'était-il effacé avec le temps et était devenu trop flou pour qu'on le comprenne correctement ? Peut-être que sa gentillesse et sa sincérité étaient rares à un tel point qu'il était difficile d'y croire. L'être humain est perfide et joue parfois des siens pour obtenir ce qu'il désire. Il ment pour mieux manipuler ou pour avoir droit à des faveurs de ses pairs. Pas elle. En tout cas, pas à mauvais escient. Parce qu'elle ne pouvait nié avoir menti à ce mec dont Keel l'avait défendu. Pour faire sa part. Et elle en avait payé le prix. Il était revenu et avait frappé sa tête à multiples reprises sur un casier. Avant de la jeter par terre et de lui donner des coups dans les bras, dans les jambes et dans le ventre. Elle avait dit à ses potes qu'elle avait déboulé l'escalier pour justifier ses ecchymoses.

Puis, il sortit de ses pensées. Celui qui, dès le premier jour, avait juré de la protéger. Et il l'avait fait pendant les derniers mois. Comme d'autres qui agissaient comme des gardes du corps à son égard. Elle leur était reconnaissante, mais ils ne pouvaient pas toujours encaisser à sa place. C'est pourquoi si elle avait la possibilité de prendre les poings qui leur étaient réservés, elle s'exécutait. Qu'elle soit petite n'excusait pas qu'elle ne souffre pas aussi. Physiquement. Après un certain temps, elle n'avait plus mal. Son mental restait intact face à la violence porté à son égard. Le secret de Ran ? Elle était altruiste.

« C'est amusant. »

Un murmure qui la fit écarquiller les yeux. Cependant, il n'avait pas l'air de se moquer d'elle. Il affichait un sourire doux. Elle rougit jusqu'aux oreilles. Ce sourire ne signifiait pas un rejet. À moins qu'il ait un talent de comédien et qu'elle l'ignore. Elle l'avait devancé. Il allait lui dire ces mots. Ce moment était merveilleux. Surtout que son doigt reposait maintenant sur sa joue et qui s'approchait. Son coeur battait la chamade. Personne ne l'avait jamais regardé de cette manière. Elle devait parler. Mais elle n'y arrivait pas, elle était bouche bée. Et vraiment gênée.

« Tu... tu peux la dire cet-cette même chose ? »

Elle avait envie d'entendre ces précieux mots sortir de sa bouche. Ses lèvres qui n'étaient plus qu'à une dizaine de centimètres des siennes. Elle était immobile. Allait-elle oser l'embrasser ? Elle ne savait pas comment faire. Elle n'avait pas eu de petit ami auparavant. Ce sentiment qu'était l'amour lui avait été inconnu durant 16 ans.                         

Bien entendu, on lui avait déjà dit les mots qu'elle désirait de lui. Ses parents, des membres de sa famille et même certains de ses amis les avaient prononcé. Seulement, c'était différent. Par ces liens, on l'aimait comme une fille, une cousine ou une confidente. Ensuite, Kira. Ça lui avait fait chaud au coeur d'apprendre qu'il était amoureux d'elle. Le hic, c'était qu'elle ne ressentait pas ce qu'il ressentait pour elle. C'est pourquoi le « Je t'aime » qui n'allait plus tarder très longtemps allait lui faire un effet fou. Restait à savoir si le blond aurait le courage. Car même en sachant qu'il ne pouvait être rejeté, ce devait être embarrassant. De plus, peut-être que lui non plus n'avait jamais eu de copine. Quoi que ça ne l'aurait pas étonné que ce soit le cas. Il était tellement sympa, tellement beau ! Elle avait du mal à croire qu'une fillette comme elle l'intéresse. Parmi l'établissement, il y avait des femmes, des vraies. Intelligentes, belles, intrigantes. Elle, elle était la câlinours du lycée, celle qui voulait être s'entendre avec tout le monde et qui ne détestait personne. Bon, à l'exception de Kiyosawa. Mais c'était bien le seul.

Le jeune homme face à elle ferma les yeux deux secondes. Lorsqu'il les rouvrit, il semblait résolu à aller de l'avant. Mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il se rapproche encore plus. Et qu'il mette une main dans son cou. À l'instant où elle comprit qu'il n'allait pas reculer, elle baissa les paupières. Sa bouche se trouvait contre la sienne. C'était magique. Elle n'eut même pas besoin de se demander comment faire. En fait, il n'y avait rien à faire. Juste profiter de la douceur de ses lèvres. Après coup, l'ancienne brune sourit comme si elle venait de sortir d'un rêve. Ça n'arrêtait pas de dire en boucle dans sa tête : « Il m'a embrassé, il m'a embrassé, il m'a embrassé ». Puis, enfin, sa voix résonna à travers tout son âme.

« Je t'aime Ran. »

Il posa son front sur le sien et se mit à rire. Un rire si communicatif et joyeux qu'elle se joint à lui. Cela dura un certain temps jusqu'à ce qu'il le répète, encore une fois, en ajoutant plus que personne d'autre. C'était incroyable. Un goût de crier s'empara d'elle. Pour faire savoir à tout le monde comme son bonheur était gigantesque. Surtout à ceux qui lui marchaient sur les pieds. « Voyez comme je suis heureuse, et vous ne pourrez rien y changer ! ». Mais elle se retenu pour ne pas attirer des gens. C'était leur moment à tous les deux.

« Moi aussi. J'ai su dès que tu m'as adressé la parole que je t'aimerais. »

Ran s'en souvenait parfaitement. Il lui avait simplement demandé s'il pouvait s'asseoir et elle avait ressenti une espèce de magnétisme. Quelque chose d'incontrôlable et d'inexplicable. Mais ce n'était pas le moment d'avoir un flash-back. Le présent était trop unique pour retourner dans le passé.

« Est-ce que ça veut dire que... qu'on forme un couple maintenant ? »                                                

Une question idiote ? Peut-être. Elle l'aimait et il l'aimait. Ils s'étaient embrassés. Qu'il s'exclame non aurait été illogique. Mais elle l'avait quand même posé. Juste pour être sûre. Keel sourit. Il lui ébouriffa les cheveux et l'embrassa sur la joue avant de lui donner sa réponse en rigolant. Elle resta silencieuse, se contentant de le regarder comme s'il était une oeuvre d'art. Ses yeux étaient remplis d'étoiles. C'était étrange. Il n'avait rien en commun avec elle. Ils faisaient parti de deux mondes différents. Pourtant, ils étaient parvenus à se connaître, s'apprécier, alors qu'ils vivaient à des années-lumière l'un de l'autre. Leurs dimensions étaient entrés en collision et avaient engendré quelque chose d'excentrique, mais de délicieux.

Du pain au chocolat.

Croyez-le ou non, Ran ne se régalait pas beaucoup des friandises et des aliments sucrés. Elle préférait les fruits et les légumes, comme les fraises et les carottes. Et le pain. Sans beurre. Mais son petit ami était venu ajouter une saveur chocolaté à celui-ci. Elle adorait depuis qu'elle y avait goûté. Elle ne voulait plus retourner à l'ordinaire. Elle était devenue accroc. Mais elle savait que ça n'allait pas lui être nocif. C'était un truc nouveau et qu'elle ne connaissait pas encore à la perfection, certes, mais ça élargirait ses horizons. La ferait sortir de sa petite maisonnette du bonheur pour lui faire voir l'extérieur. Car même si ça pouvait paraître effrayant, elle voulait découvrir l'herbe, le vent, les montagnes. En fait, elle commençait à sortir de la case ''enfant'' pour passer à ''adolescent''. Un peu tard pour ça à 17 ans, mais elle avançait pas à pas.

Aux paroles du blond, elle porta une main à sa bouche et rit doucement. Il était vrai que parmi toutes ces brutes et ces langues de vipère, ça faisait toujours plaisir de la voir. Un peu de gentillesse et de sincérité étaient les bienvenus parmi la guerre des sexes. Puis, sur une note de plaisanterie, elle déclara :

« Avec mon pouvoir d'adorabilité, j'éloignerai tous les méchants qui te veulent du mal ! »

Son regard tomba sur ses cheveux. Elle se souvint que quelques minutes après leur rencontre, elle avait eu envie de les toucher. C'était encore le cas aujourd'hui. Elle n'avait jamais osé même s'ils étaient devenus amis.

« Dis, je peux passer ma main dans tes cheveux ? En fait, j'ai toujours voulu le faire, mais j'me disais que ça serait bizarre, dit-elle avant de rire. Ils ont l'air tellement doux ! »                                                     

Ran éclata de rire après que son copain lui ait tiré la joue. Elle ne croyait pas parvenir à le protéger simplement en faisant les beaux yeux. Peut-être qu'elle allait devoir user de son talent d'actrice comme la dernière fois. Même si elle préférait être vraie, elle savait qu'elle n'aurait pas le choix de mentir à l'avenir pour se tirer d'affaire. Elle avait fini par saisir que d'un façon ou d'une autre elle allait devoir se battre dans cette guerre. Mais elle ne comptait pas le faire en sortant les poings ou en manipulant ses adversaires. Bien qu'elle avait commencé à se moquer de ses bourreaux, elle ne pensait pas aller plus loin que ça. Si son comportement envers eux s'était légèrement modifié, c'est qu'elle en avait marre de se faire écraser parce qu'elle était joyeuse et voulait qu'ils comprennent que ça ne menerait à rien.

À sa demande, son copain baissa la tête vers l'avant. Elle approcha sa main de celle-ci et passa sa main dans ses cheveux. Elle comptait la retirer après, mais elle décida de la laisser là pour jouer avec ses mèches. Il déclara alors qu'elle était vraiment mignonne et que ses sourires le faisaient fondre de l'intérieur. Ses joues rosirent en voyant ses yeux remplis de franchise. Elle avait de la chance d'être tombé la première sur lui. Dans le fond, c'était une bonne chose que cette brute lui court après. Sans ça, elle ne l'aurait pas rencontré aussi tôt. Peut-être ne se seraient-ils jamais parlé. Car son impression aurait été qu'il était trop froid pour elle. Et lui ne l'aurait certainement pas approché.

« Sache que je t'appartiens, je ferais ce que tu voudras, et en échange, je te demande simplement de garder le sourire. Pleure si tu es triste, ris si tu es heureuse, mais reste sincère et ne te laisse jamais obscurcir par la tristesse. Sache que je serais là pour toi quoiqu'il arrive. »

Quelques larmes de joie perlèrent sur ses joues. Voir une personne si dévouée à elle l'émouvait. En temps normal, c'était elle qui prononcait ce genre de discours. Elle était prête à tout pour qu'un sourire s'étire sur le visage de ses proches, sécher leurs larmes, leur faire connaitre le bonheur. C'était ce qui comptait le plus pour elle. Mais entendre ça était comme une tasse de chocolat chaud un jour d'hiver. Ça faisait du bien.

« Je te dis le même chose. Souris, je sourirai. Pleure, je te consolerai. Et après, on pourra rire tous les deux, ensemble. Soyons un ''nous'', veux-tu ? » s'exclama t-elle en souriant tendrement.

C'était le début d'une histoire d'amour parmi les balles et les coups de couteaux dans le dos. Allait-elle être une véritable romance, une comédie à dormir debout, ou un drame à faire pleurnicher même les plus durs ? C'était à suivre.