Simple routine.

Ce vendredi n'était clairement pas la meilleure journée de sa vie. Il avait l'impression de ressasser inlassablement les évènements de la veille. Ce qui ne permettait clairement pas d'améliorer son humeur. Il savait faire la part des choses, mais il fallait bien le dire, il y parvenait difficilement en ce jour. Trahi, humilié par celui en qui il avait le plus confiance, il s'efforçait de ne pas se laisser submerger par la haine. Parce que oui, la tristesse n'avait jamais réussis à combattre sa colère. Jamais. Et lorsqu'il était dépassé par les évènements, c'était inévitablement la hargne qui prônait. Il avait passée une bonne partie de la matinée dans son bureau, refusant les convocation d'élèves exclus de cours. Il ne valait mieux pas lui prendre la tête aujourd'hui. Ce n'était clairement pas le quart d'heure. Il se savait professionnel et objectif, mais il connaissait aussi son impulsivité notoire qu'il ne parvenait pas toujours à maitriser lors ses sentiments prenaient le pas sur sa volonté pure.

Soupirant, il apposa le point final à une lettre d'une importance capitale qu'il venait de finir de rédiger. Dans sa corbeille, de nombreux brouillons, tous avorté par le fait que sa main tremblait irrémédiablement, empêchant son écriture d'être soignée. Il avait finit par y parvenir, et le recteur aurait le rapport voulu en temps et en heure. Cachetant l'enveloppe, il la laissa glisser dans son tiroir avant de s'adosser à son fauteuil. Passant une main sur son visage, il jugea préférable d'aller marcher un peu histoire de se changer les idées.

" Bah, t'es pas si sensible mon pauvre Rei'. "

Lança t-il pour lui même. Il était resté désespérément seul toute la mâtiné, et à onze heure, il se leva enfin. Ses jambes avaient eues le temps de s’engourdir mais cela lui passa rapidement. Remettant son veston sombre par dessus sa chemise blanche, il entrepris d'aller au nouvelle, prendre la température. En d'autre mot, vadrouiller dans l'établissement histoire de s'informer un peu. Ce n'était pas de son bureau qu'il pourrait comprendre tout ce qui se trame ici, à la Sei Gakuen. Et comprendre était une priorité à ses yeux. Car on ne peux pas réparer quelque chose dont on ignore tout.  Quittant les bureaux de l'administration sans un mot pour ses collègue, il leur adressa un bref sourire histoire de couper court à toute interrogation qui aurait pu avoir l'idée de vouloir franchir leur lèvres. Sans un mot de plus, il amorça sa ronde.

Simple routine.

Cette journée ne passait pas, j’avais l’impression que la fin de journée était proche pourtant nous n’étions qu’à la fin de la matinée. La cloche sonna signifiant la pause déjeuner. Je rejoignis quelques autres mermaids et mangeais tranquillement avec elles tout en observant les autres. A gauche vous aviez les gypsies, à droite les bastards tandis que la plupart des amazones et des mermaids occupaient le centre de la pièce. Nous avions le pouvoir et nous ne comptions pas le laisser de si tôt.

L’heure du déjeuner passa rapidement, contrairement aux heures de cours. J’avais perdu toute ma motivation et je ne me voyais pas y retourner l’après midi. J’avais donc décidé de faire l’impasse pour une fois et d’aller sur le toit pour me détendre un peu vu le soleil qui régnait dans le bleu du ciel. C’est ainsi que j’attendis dans les toilettes que tout le monde parte en cours pour me rendre sur le toit. J’avais mis mes écouteurs histoire de ne plus rien entendre et tandis que je sortais des toilettes pour atterrir dans le couloir je me retrouvais face à un bastard.

- Merde…

Je fis demi tour pour passer de l’autre côté du couloir mais là encore je me retrouvais en face d’un jeune homme. J’étais bloquée, un à droite, un à gauche et tout deux qui se rapprochaient de moi. Je me retrouvais accolée au mur avec les deux jeunes hommes devant moi. Je crois qu’ils n’avaient pas apprécié notre dernier coup et visiblement c’était moi qui allais payer pour le groupe. Je n’étais pas rassurée mais je ne baissais pas les yeux et les fixais sans une once de peur dans le regard. Cela me value une gifle, posant ma main sur ma joue meurtrie je continuais à les regarder.

- ça vous amuse de frapper une femme seule. Pauvre tâche !

Je vis une main se lever et je fermais les yeux instinctivement, je m’attendais à ce que le coup atterrisse sur mon autre joue mais rien ne vit. Ne sentant rien, je rouvris prudemment les yeux et vis un homme intervenir dans notre petite altercation. Je ne l’avais jamais vu et ne le connaissais pas mais peu importe. Je faisais déjà face à deux hommes alors pourquoi pas à trois…

Drôle d'affaire.

Il avait rarement le temps d'effectuer ce genre de ronde de routine. C'était ordinairement le travail des surveillants. Mais il n'aspirait pas à rester cloitrer dans son bureau sans rien faire à ruminer ses pensées. Et puis, reléguer le salle boulot aux autres ne lui ressemblait pas. C'était lui aussi un homme de terrain, et il lui fallait aussi se rendre compte des choses par lui même. Il était souvent appelé en renfort lorsque les choses tournaient mal, mais il avait fini par se dire que vadrouiller dans l'établissement à la rencontre des élèves ne pouvait pas être une mauvaise chose. Il ne cherchait pas à s'attirer les bonne grâce de ses "petits protégés", il faisait juste son boulot, et tentait juste de les aider, contre leur gré la plupart du temps c'est vrai. Pour une fois, il espérait ne pas tomber sur une nana entrain d'écouter aux portes, ou un type fumant dans les couloirs. Il semblait à l'aise pour un directeur adjoint sorti de sa zone. Il ne se sentait pas étranger ici, et malgré la hargne que certains élèves éprouvaient envers lui, il n'était nullement entier. S'il avait eu peur de ses élèves ne serait-ce qu'une seconde, il était clair que démissionner resterait la première chose à faire. Tout ça ne l'inquiétait pas. Il avait suffisamment d'expérience pour gérer une crise, et était parfaitement apte à se défendre. Il n'avait pas encore eu réellement à le montrer mais...Il ne valait mieux pas que ça arrive tout de suite.

Au détour d'un coin de mur, il perçu une discussion plutôt hostile. Et bien que n'en entendant pas toute les brides, cela ne semblait pas de très bon présage. Il bifurqua donc, fronçant légèrement les sourcils en vue de se rendre vers le petit groupe qui s'était formé. De l'autre bout du couloir, il ne voyait qu'un petit attroupement de mecs à l'air mesquin. Plus petite qu'eux, il n'avait pas encore pu apercevoir la jeune femme qui se trouvait là. C'est en comprenant la situation grâce au premier coup donné qu'il s’élança vivement et furtivement vers le groupe, arrivant juste à temps pour stopper le second coup au vol, attrapant fermement le poignet du premier type.

" Je suis pas certain que ce soit une bonne idée. "

Prévint-il plus glacial que jamais en fixant ses iris ambré dans le regard surpris du "gamin". S'en était un aux yeux de Reiji, il ne devait pas avoir plus de 19 ans. Un rictus d'agacement apparu furtivement au coin des lèvres de Reiji alors qu'il tirait le type en arrière pour l'éloigner de l'élève qui venait clairement de se faire agresser.

" Votre nom, à vous trois, maintenant. "

Somma t-il en les balayant du regard un à un, sans lâcher leur camarade. Il avait de la poigne, il pouvait toujours essayer de se libérer s'il voulait, il risquait de se fatiguer avant lui. Ordinairement, il n'était pas si froid avec ceux qui commettait des fautes. Mais s'il y avait bien une chose qui insupportait, c'était ça: un combat parfaitement déloyale. Bien qu'il ne soit pas dupe au point de croire que cette fille ne l'avait pas chercher. Les noms craché, il lâcha le type qui le fusilla du regard. Lui savait qui il était, il l'avait vu plusieurs fois dans son bureau.

" Vous passerez me voir ce soir. Sans faute. Si vous n'y êtes pas, je viens vous chercher dans vos chambre c'est clair? "

Acheva t-il avant de les laisser partir. Ils n'avaient pas acquiescer, tant pis pour eux. Il pouvait parfaitement attendre deux heure du mat pour les tirer du lit s'il fallait. Ce n'était clairement pas le moment de le contrarier. Il se tourna vers la jeune femme.

" Ça va? "

Il s'était quelque peu adoucit à présent. Bien qu'il lui demanderait irrémédiablement des explications à elle aussi. Mais pas tout de suite, il devait déjà s'assurer que tout allait bien.

Drôle d'affaire.

La situation n’était pas ce que j’avais prévu, comment en étais je arrivé là ? Je ne demandais pas la lune pourtant, seulement une après midi tranquille pour savourer mon week end avant l’heure. Malheureusement la guerre qui faisait rage dans cette école revint au premier plan. Alors même que je voulais rejoindre la porte donnant sur le toit, des bastards me bloquèrent la route, décidément, ils s’en prenaient à n’importe qui pour se venger. Tout cela avait commencé il y a quelques jours de cela. Mon clan, les mermaids, avaient dragué quelques bastards. Elles les avaient charmé, les avaient emmené à l’écart pour enfin prendre totalement le dessus. Les filles avaient donc pris le pouvoir et cela ne leur plaisait guère.

Ils m’avaient attrapé par surprise, quelle bande de lâche, attaquer une fille seule et isolée tout ça pour se prouver qu’ils étaient les plus forts. Un premier partit que je réceptionnais sans broncher, je les fixais avec hargne et courage. J’étais peut être menue et donc pas très forte mais ma détermination était sans limite. Ils voulaient m’intimider mais cela ne marchait pas, ce qui les mettait davantage en rogne. Une deuxième gifle se prépara et cette fois ci je fermais les yeux pour l’attendre mais elle ne vint pas. Quand j’ouvrais de nouveau les yeux, il y avait un homme qui avait arrêté le coup.

En le voyant, les deux autres changèrent de couleur et je me demandais bien pourquoi, qui était ce type d’ailleurs. Il les convoqua pour plus tard, je présumais donc qu’il était surveillant ou un truc dans ce genre là. Qu’importe, je n’avais pas besoin de lui, ni d’aucun autre homme d’ailleurs.

Lorsqu’il s’adressa à moi, j’étais en train de réajuster ma chemise et ma jupe. Dans cette école il n’y avait pas d’uniforme, néanmoins je mettais un point d’honneur à être toujours habillée convenablement. Je le regardais et fis signe de la tête pour dire que j’allais bien puis m’écartais un peu de lui. Je n’aimais pas être trop proche des hommes, je n’avais aucune confiance en eux, quelque soit le statut qu’ils peuvent avoir.

- Mêlez vous de vos affaires la prochaine fois.

J’étais directe, c’était dans mon caractère du moins ça l’était depuis que ma meilleure amie avait fait de moi ce que j’étais aujourd’hui. Lorsque j’étais enfant je n’avais pas mon mot à dire, mon père se contentait de me battre et je devais me taire sinon le traitement qu’il m’infligeait était encore pire. Je vivais dans la peur, si bien, que je ne parlais jamais. Je ne fis entendre ma voix qu’une fois en maison d’accueil, c’est à ce moment là que je commençais à apprendre à vivre, à apprendre qu’à mon âge la vie ne consistait pas en des aches ménagères et des traitements violents. Petit à petit je m’étais ouverte au monde et Taito fut celui qui me libéra complètement mais ce fût aussi par son fait que je me refermais de nouveau sur moi même. Si je n’avais pas continu ma meilleure amie alors je serai toujours cette petite fille fragile mais elle m’avait façonné d’une tout autre manière. Elle m’avait montré que je n’étais pas faible, que j’étais une victime dans tout ça et que réclamer vengeance était mon droit le plus évident qui soit.

Pour la première fois depuis le début de cette conversation, je regardais celui qui m’avait aidé. C’était un homme, sans aucun doute plus âgé que moi, il avait un air mature mais je soupçonnais que ce n’était qu’une partie de sa personnalité. Il était plutôt mignon, je ne pouvais pas le nier mais je ne pouvais m’empêcher de me demander pourquoi un surveillant se mêlait de nos histoires. Habituellement ils se contentaient de fermer les yeux ou de regarder ailleurs. J’étais curieuse, curieuse de savoir pourquoi celui là sortait du lot. Voulant en savoir davantage, je me radoucis un peu et finis par dire en soupirant.

- Je pouvais m’en sortir, ce n’étaient que des bastards.

Explications requises.

Reiji n'avait rien du chevalier servant en puissance. En fait pour tout dire, il en avait laissées des nanas dans la merde de façon volontaire. Ceci dit, ces femmes là n'avait rien à voir avec la jeune femme qui se trouvait là, il les connaissait et savait qu'elles le méritaient réellement. Il ne connaissait pas celle ci, et en plus de ça, elle avait manqué de se faire passer à tabac dans son établissement par une groupe de mecs sans vergogne. Si il y avait une chose qu'il ne supportait pas, c'était la lâcheté. Les combats déloyaux, il les avaient en horreur. Eux, et quiconque y avait recours. Mais pour l'heure, le plus important était d'avoir éviter la scène. Il savait que Sei était une école tumultueuse, mais il ne pouvait clairement pas demander à son supérieur de renforcer la sécurité. Ce n'était pas une prison et il ne comptait pas rendre la pension ainsi. La réplique de la jeune femme le fit tiquer. Ordinairement, il n'aurait même pas relevé, mais là ce n'était juste pas le quart d'heure de lui parler sur ce ton.

" Avec plaisir, la prochaine fois je reviendrais récupérer ton témoignage à l'infirmerie en te ramenant tes dents. "

Lança t-il glacial. Ses paroles avaient dépassées sa pensée. Ce n'était pas digne de son rang. Il soupira, s'adoucissant un peu. Il fallait vraiment qu'il se calme. Il n'attendait pas de louanges, ni même un merci. Ce qu'il avait fait était un acte normal, rien de plus, rien de mins. Il n'avait pas besoin qu'on lui remette une médaille. C'était le ton de la jeune femme qui avait provoqué son agressivité. Il était plus doux que ça d'habitude, mais il n'était pas dans son jour.

" Excuse-moi, c'est stupide de dire ça. "

Avoua t-il alors en esquissant un sourire amer. C'est vrai, c'était stupide. Peu de haut gradé de l'administration l'aurait reconnu, mais lui mettait un point d'honneur à ne pas se considérer comme tel. Il n'avait pas prit la grosse tête. De toute façon, ce n'était pas l solution adéquate pour régler les conflits récurrents qui avaient finis par s'installer ici. Il esquissa un sourire à la seconde réplique de la jeune fille. Encore ce mot. "Bastard". Il l'avait entendu par Hanae la première fois et elle lui avait vaguement expliqué ce que cela signifiai pour tous les élèves. En plus de ça, il avait oublié à quel point les filles ici n'avait rien de petites gamines fragiles.

" Je n'en doute pas. "

Rétorqua t-il plus sympathique désormais. Une lueur de malice brillait dans ses iris ambré. Au fond, si il en doutait. Mais ce n'était pas mentir que de lui faire croire le contraire à ses yeux. Parce qu'il ne doutait pas de son esprit brillant, et il savait que l'intelligence bat parfois la force à plate couture. Dans tous les cas, ni l'un ni l'autre n'aurait connaissance de la véritable issue de cette altercation à présent.

" Maintenant il va falloir que tu me dise ce qu'il s'est passé quand même. "

Acheva t-il en glissant ses mains dans ses poches. Il ne s'était toujours par présenté, persuadé qu'elle le connaissait. après tout, cela faisait deux ans qu'il travaillait ici.

Le passé est aboli.

Pour le coup, Reiji avait sans doute bien fait de sortir de son bureau. Il en avait rarement le temps, et n'était pas souvent présent dans l'établissement tout compte fait. Il connaissait la guerre qui régnait ici, en deux ans, il avait eu le temps de s'en faire une idée. En revanche, les paroles de la jeune femme le surpris. Comment ça ils se contentaient de passer leur chemin sans intervenir? Cette révélation risquait bien de conduire à des fins de contrats. Il fronça les sourcils.

" Parce que c'est mon rôle de faire en sorte que les choses ne tournent pas à l'apocalypse dans cet établissement. Et si les surveillants ne font pas leur boulot, alors j'en trouverais d'autre. A vous aussi d'être suffisamment intelligents pour ne pas céder à des pulsions animales qui vous conduisent à vous autodétruire. "

Rétorqua t-il sèchement. Il n'avait pas été spécialement froid. Mais ses paroles étaient sans appel: il venait bel et bien de prétendre qu'elle, tout comme de nombreux élèves ici, ne réfléchissaient pas suffisamment. C'était un fait indéniable. S'ils avaient fait preuve de d'avantage de discernement, cette "guerre" n'aurait pas vu le jour. Elle n'était pas du fait des enseignants, ni même de l'administration. Reiji prenait peu à peu conscience du fait qu'il ne pourrait pas réussir à calmer le jeu tant que les élèves alimenteraient les tensions qui sévissaient entre eux. Ils créaient eux même le climat désagréable qui régnait entre ces murs. il ne pouvait donc pas réellement plaindre cette jeune fille. Aussi lâche eut-été l'action de ce groupe d'étudiants, il restait intimement persuadé qu'elle ne pouvait montrer patte blanche dans cette histoire. Il avait encore énormément de boulot à faire, il s'était créé des petites alliances avec certains élèves, ce qui lui permettait d'en savoir un peu plus. Mais tout cela restait flou. D'où venait ces conflits? Qui avait posé la première pierre de l'édifice guerrier? Il lui restait encore beaucoup de question sans réponse.

" Je comprends parfaitement que tu veuille te montrer forte, je sais aussi que ce n'est pas facile tous les jours ici. Mais si tu ne veux pas te retrouver inanimée dans un couloir, n'alimente pas les tensions. Il faut parfois savoir faire profil bas. "

Reprit-il avec le plus grand sérieux. Il savait de quoi il parlait, lui même avait été impulsif et entêté. Il s'était calmé, mais conservait sa ténacité et sa capacité de réflexion. Il ne connaissait pas l'histoire, mais il avait besoin de l'apprendre pour avoir une carte de plus en main. Laisser la jeune fille s'échapper sans un mot serait tourner le dos à ses fonctions. Il n'était pas là pour plaire aux élèves ni même pour répondre à leurs attentes. Il se devait, en tant qu'adulte, de mettre de l'eau sur le feu avant que l'incendie ne se propage. Il devait les protéger de leur propre folie, quoi qu'il lui en coûte. Il savait parfaitement que tous ces jeunes n'avaient pas vécu des choses faciles, et il ne pouvait pas laisser leur passé les consumer. Il ne se le pardonnerais jamais. Il avait vu trop de ses propres amis sombré dans le désespoir dans lequel ils avaient vu le jour. Peut-être avait-elle comprit à présent, qui il était.

" Alors? Vas-tu enfin me dire ce qu'il s'est passé? "

Acheva t-il le plus calmement du monde. Il ne la prenait pas de haut, il n'était pas comme ça. Il cherchait juste à comprendre. Ce n'était pas dans son intérêt personnel, le comprendrait-elle?

Le passé est aboli.

Lorsque j’étais arrivée dans cette école, j’avais dû choisir un camp. Etant une fille j’avais le choix entre deux camps : des filles plutôt violentes ou des filles plus douces, plus subtiles mais qui n’aimaient pas beaucoup les hommes non plus. Bien sûr je pouvais aussi choisir un camp neutre, en dehors de toute cette bataille mais cela était il vrai ? Dans cette pension, pouvait on vraiment ne pas prendre part à tout ça ? J’avais du mal à y croire et au vue de mon passé, je me disais que je n’avais aucune raison de faciliter la vie des garçons ici. Néanmoins je ne me voyais pas être violente, j’avais été battue toute mon enfance alors je n’étais pas prête à être partisan de cette manière de faire. J’avais donc choisi le camp des Mermaids, autrement appelé sirène.

Les Mermaids m’avaient très bien accueillis, elles m’avaient montré les lieux, m’avaient pris sous leurs ailes pour que je ne me sente ni perdue ni seule. J’avais vite compris que les surveillants ne servaient pas à grand chose ici et je ne me privais pas de le faire remarquer à mon interlocuteur. A sa réaction, il semblait surpris d’une telle remarque mais ne faisait il pas parti de leur rang ? Je commençais à en douter. Il parlait de son rôle mais quel était il ?

Il commençait à me dire de ne pas alimenter les tensions mais ces mêmes tensions n’avaient pas attendu mon arrivée pour naître. Et puis, au vue de ma position, je ne faisais rien de mal. Je m’amusais avec les hommes, les approchant et les charmant pour ensuite les laisser tomber quand j’avais fini de jouer avec. En clair, je ne faisais avec eux que ce qu’ils faisaient avec les filles.

Me penchant en avant, j’attrapais mon sac et regardais mon interlocuteur.

- Je n’alimente rien du tout, je suis une Mermaids pas une Amazons. S’ils s’en sont pris à moi c’est simplement parce qu’ils ne réfléchissent pas. Ces mecs sont débiles et influençables, j’ai dragué leur ami et l’ai jeté ce qui n’a pas plu. Je ne suis pas pour la violence, je préfère les méthodes douces cela fait beaucoup plus mal. Et qui êtes vous pour être aussi curieux ?

La question était posée, j’allais enfin savoir à qui j’avais à faire. Espérons que cela ne me crée pas trop de problème. Je lui souris, mi ange, mi effrontée. Je ne voulais pas de problème pour autant je n’avais pas peur de lui. Après tout, que pouvait il me faire ?

Remise au point.

Reiji avait énormément de raisons de vouloir lâcher l’affaire. Et pourtant, i n'y songeait pas un instant. Il n'était pas de ces hommes qui reculent devant la moindre difficulté. Hors de question pour lui de faire machine arrière. Il savait trop ce qu'était la haine, la rancœur et la violence. Elles avaient toutes trois été en lui durant de nombreuses années. Il savait de quoi il parlait lorsqu'il disait que jeunesse et malaise ne font pas bon ménage. Il avait vu la décadence à laquelle un manque d'éducation conduisait. La vitesse à laquelle l’épidémie se rependait. Il venait de ces quartiers où les flics n'osent plus mettre les pieds. Ces banlieues où règne une perpétuelle odeur d’embuscade. Et le pire dans tout ça, c'est que pour ceux qui vivent ce fléaux, tout semble normal. Cette jeune femme en était à nouveau l'illustration. Elle ne semblait pas voir le problème dans sa façon d'agir. Quoi de plus normal, elle était jeune après tout. Reiji ne pouvait pas savoir ce qui l'avait conduit là. Quoi que, en réalité, si il le pouvait. Il lui suffisait de fouiller un peu dans les dossiers scolaires. Mais il n'était pas comme ça. il refusait de fouiner bassement dans la vie des élèves. Il n'aurait pas aimé que quelqu'un le fasse pour lui.

Il soupira, passant une main sur son visage. Il était crevé, plutôt sur les nerfs, et cette gamine venait le provoquer. Fort heureusement pour elle, il s'était largement assagit à présent. Et savait rester professionnel, quels que soient les soucis qui le hantaient en ce moment. Entre Lilith, et Kaito qui l'avait bassement vendu, il ne savait plus ou donner de la tête. Heureusement pour lui, il était doté d'un sang froid à toute épreuve. Quant aux émotions, il était parfaitement apte à les laisser de côté le temps qu'il faudrait.

" Mermaid ou Amazon, ça revient au même pour moi. Je ne marche pas dans votre combine, peu importe les pseudos groupes auxquels vous avez choisi d’appartenir, ça ne regarde que vous et ça ne fera certainement pas foi aux yeux de l'administration. Tu a clairement provoqué ces types tout en sachant pertinemment qu'ils voudraient te le faire payer, tu es tout aussi fautive qu'eux. Inutile de me regarder comme ça je me fiche de savoir qui de nous à tort ou raison, tu sortira ta tête de mule à un autre. "

Répliqua t-il simplement. Un peu froidement peut-être. Ordinairement, il aurait sans doute été un peu plus diplomate mais là, elle l'agaçait, sans trop qu'il ne sache dire pourquoi en réalité. Le fait était qu'il ne tolérait pas l'insolence, mais n'avait pas la même façon que les professeur de le montrer. Il connaissait bien cet établissement à présent, ce n'était pas une élève qui allait lui tenir tête. Même si parfois, il se montrait laxiste, son comportement avait toujours été calculé.

" S'ils sont certainement stupides, tu l'es tout autant qu'eux à entrer dans leur jeu. "

Oui, vous avez bien entendu, Monsieur Takeda en personne venait de dire à une élève qu'elle était "stupide". Clairement. Et sans véritable détour. Il ne se le serait pas permit dans un jour meilleur. Il ne le pensait pas réellement sans doute. Quoi que...Impossible de le savoir en vérité.

" Mon nom? Reiji Takeda, directeur adjoint de cet établissement. Je pense avoir le droit de me tenir un peu au courant. Après tout tu semble reprocher aux surveillants de ne pas le faire, alors ne viens pas geindre parce que j'endosse le rôle. Il faut savoir ce que tu veux. "

Acheva t-il en croisant les bras. il ne s'était pas montrer hautain, c'était presque impossible pour lui malgré le fait qu'il la surpasse en carrure, en âge, en taille, en diplôme et j'en passe. Jamais il ne se serait estimé supérieur à un élève de par sa fonction. Lui aussi avait commencé en bas de l'échelle, il savait que ces "gamins" avaient beaucoup de courage. D'ailleurs, il venait d'esquisser un sourire malicieux, allez savoir...Ce type était parfois incompréhensible.

Identité enfin révélée

Depuis plusieurs minutes je discutais avec un jeune homme, je ne faisais que critiquer les garçons de cette pension et bien entendu je l’englobais dedans. Depuis toute petite je n’avais jamais pu faire confiance à un homme. Lorsqu’on est petite fille, on est par définition très accroché à son père mais moi je n’avais pas eu cette chance. Mon père m’en voulait pour la mort de ma mère et il me le faisait payer à chaque instant. En grandissant, ma réserve envers les hommes n’avait pas beaucoup changé, il était impossible pour moi de me laisser aller avec eux. A chaque fois que j’avais voulu m’ouvrir et laisser quelqu’un s’approchait de moi, ce dernier finissait toujours par me trahir. Malgré mon jeune âge les évènements ne m’avaient pas épargner alors pouvais je être une jeune fille simple et sans histoire ?

En arrivant dans cette école, j’avais trouvé des gens comme moi. Les Mermaids m’avaient pris sous leurs ailes et je les remerciais pour cela. Contrairement aux Amazones, nous ne faisions rien de violent, nous ne faisions que nous amuser avec les garçons, nous amuser de leur naïveté.

Seulement mon interlocuteur ne semblait pas le voir du même œil. Pour lui j’étais aussi fautive que mes assaillants alors que je ne leur avais rien fait. Ces garçons avaient tous dans les muscles et peu dans le cerveau. Résultat ? Dès qu’une Mermaid s’en prenait à eux, ils ne se vengeaient pas sur la personne mais sur le groupe en lui même.

Il me disait aussi stupide qu’eux et tout autant fautive mais comment pouvais je l’être si je ne leur avais rien fait ? Non ravie qu’il me traite de stupide je le fusillais du regard, plongeant mon regard bleu azur dans le sien.

- Mais qui êtes vous pour me traiter de stupide ? Vous dites que nos appartenances ne concernent pas l’administration mais si vous ne les comprenez pas alors comment pouvez vous juger sans savoir ? Vous me dites aussi fautive qu’eux mais au final qui vous dit que j’ai fait quelque chose ?

Ce que je ne savais pas à ce moment là c’est que je ne parlais pas à un simple surveillant, c’était l’adjoint du directeur en personne. Lorsqu’il me l’apprit je restais sans voix, j’étais dans de beaux draps à présent. Néanmoins je ne me laissais pas faire pour autant. Pensionnaire, surveillant ou adjoint, peu m’importait. Je continuais à me tenir devant lui, pleine d’aplomb et sans une once de peur. Au pire, il me convoquerait et me collerait ou m’infligerait une autre punition et alors ?

Le silence s’était installé entre nous, chacun soutenait le regard de l’autre sans plier. S’attendait il à ce que je plis la première ?

- Bon on fait quoi maintenant ? On continue à se batailler du regard ou on va boire un café ?

Un café ? Oui je proposais au directeur adjoint de passer à autre chose. Surement allait il refuser mais qu’importe, je ne m’en souciais pas.

Juste...Non.

Décidément, Reiji n'était pas dans son bon jour. Et il avait fallu qu'il tombe sur une jeune fille effrontée qui ne comprenais la place qu'elle pouvait avoir dans le conflit qu'il tentait tant bien que mal de combattre. Il n'avait rien d'un héros, il n'avait pas la science infuse. Du haut de son statut d'adulte, tous attendais beaucoup de lui, mais il n'était pas infaillible, et les élèves l'oubliaient. Lui reprochant bien souvent de ne rien faire pour faire cesser tout ça. Prétendant que, comme tous les types de l’administration, il restait passif. Elle ignorait tout de ce qu'il avait été forcé de faire pour en savoir plus sur cette guerre. Parce qu'il lui était étranger, et qu'il devait s'y plonger pour en brûler les racines. Le chemin était long, et en deux ans, les choses n'avaient pas beaucoup évoluées, c'est vrai. Il l'admettait. Mais Rome ne s'est pas faite en un jour, et la paix à toujours été plus difficile à obtenir que la guerre. S'il n'était pas directement concerné par cette guerre dans le sens ou il n'y participait pas, il en était un acteur à une autre échelle. Il en était le médiateur, au même titre que les surveillants, le directeur et le corps enseignant. Mais à la différence de certain, il était hors de question pour lui de laisser faire en regardant simplement.

Il revenait de loin, il avait été à la place de plusieurs de ces élèves. C'est pourquoi il ne comptait pas laisser tomber de si tôt. A 31 ans, il avait trouvé un but à sa vie. Il était prêt à s'oublier dans cette lutte, pour permettre à d'autre d'avancer. il en avait fait des sacrifice, celui ci serait son choix ultime. Et il se fichait de savoir ce que les élèves pouvaient penser de ses méthodes. Il ne demandait l'avis que de ceux qui avait du crédit à ses yeux. Et une "enfant" qui affirmait n'y être pour rien ne pouvait pas en avoir.

" Tu tourne en rond. Tu affirme avoir joué avec eux, et tu me demande ce qui me fais dire que tu y es pour quelque chose. "

Lança t-il plutôt froidement. Ordinairement il se serait montré plus diplomate. Jamais il n'avait reproché à un élève de penser ce qu'il voulait. Mais pour le coup, c'était tout bonnement la goutte de trop. Elle ne semblait pas si jeune que ça. Dix huit ans? Vingt ans peut-être? Elle était certainement une jeune adulte. Comment pouvait-elle parler ainsi? Se déchargeant allégrement de ses responsabilités? Peu importait son passé, aux yeux de Reiji ça n'excusait rien. Si il ne savait rien à son sujet, l'inverse était tout aussi vrai. Il avait plus d'une carte dans son jeu. Si elle avait été plus jeune, plus naïve, il n'aurait pas réagit aussi durement. Mais à un ou deux ans de la fin de son séjour ici, il lui fallait comprendre, dans son intérêt. Même si dans l'instant, il n'avait aucune sympathie pour elle, il ne pouvait pas chercher à l'enfoncer. Jamais. Parce qu'aussi butée soit-elle, elle avait le droit à un avenir. Moins impétueuse que Lilith, elle lui faisait penser à cette jeune femme aux cheveux sombre, pourtant. Bizarrement, il avait pourtant beaucoup de mal avec elle.

" Tu ne sais pas ce que je sais, alors ne parles pas sans connaissance de cause. Je m’efforce depuis deux ans d’éponger le sang que vous faites couler stupidement. Ma vie est faite, c'est la vôtre que vous bousillez en agissant ainsi. Tu es adulte non? Alors cesse d'agir en princesse désœuvré qui cherche une occupation annexe. Emmerder les garçons c'est bon pour les gamines de quatorze ans. "

Il avait été calme. Cinglant, mais calme. il pesait ses mots, malgré le fait que ceux ci soient rudes. Il ne cherchait pas le conflit, mais prendre des gants n'avait plus d’intérêt à présent. Ses certitudes étaient sans doute bien trop encrées.

" Je ne sais pas ce qui t'a conduit là, mais on a tous nos histoires à raconter. Si tu n'apprends pas à tourner la page, tu ne fera que revivre ce que tu déteste en cherchant à t'en séparer. Après tout, quelle que soit la raison qui te pousse à agir ainsi, j'imagine qu'à chaque fois que tu te venge...Ou je ne sait quoi, tu as une petite pensée pour ce qui a déclenché ta hargne non? Tu ne fais que l'entretenir en cherchant à l'oublier.  "

Il avait ignoré la proposition, c'était une façon comme une autre de la décliner. Peut-être que si elle l'avait croisé un autre jour, il aurait accepté en souriant. Mais pas aujourd'hui. Et puis après tout, n'était-elle pas censée détester les garçons? Il en était un. Il soupira. il n'avait plus rien à faire ici pour le moment. D'ordinaire, il n'aurait pas tout laissé tomber si facilement, mais là, il n'était pas d'humeur, il s'éloigna donc simplement pour continuer sa ronde en la laissant cogiter.