On reprends du service.

Et voilà, Reiji revenait à peine de son arrêt de travail qu'il devait déjà gérer l'incapacité à se tenir de ce type. Tsss. Comme s'il n'avait que ça à faire, il avait des dizaines de dossiers en retard, sans parler du fait qu'il était censé se ménager et qu'il bossait pourtant encore plus qu'avant son "accident". Lorsqu'il était entré dans les bureau de l'administration et que la secrétaire lui avait dit que Nakaaki Ishida l'attendait dans son bureau, il avait soupiré. Faiblement, parce que ses côtes brisées, à peine remises, ne lui permettaient pas de grandes inspirations. Il entra dans son bureau sans un mot, constatant qu'elle n'avait pas menti. Il aurait préféré. Il le conaissait bien cet élève. Ils en étaient venus plusieurs fois au mains et finalement, il n'était pas franchement possible de savoir qui des deux l'emportait. Sauf qu'aujourd'hui, Reiji n'était pas apte à se prendre le moindre coup alors, il lui faudrait éviter le conflit. Ce qui n'était pas une chose facile avec Nakaaki. Il se contenta de refermer la porte, sans un mot, avançant simplement jusqu'à son bureau pour le contourner et s'asseoir dans le fauteuil qui faisait face au jeune homme. Les iris ambrées du directeur-adjoint croisèrent intantanément ceux, plus foncé, de son vis-à-vis. Il n'avait pas peur de lui, c'était sans doute la grande différence entre lui, et les professeur qui l'encadraient.

" Bon on fait quoi? Je signe le papier de renvoi tout de suite ou j'attends que tu m'explique? "

Lança t-il en posant un document sur le bureau, sous le nez du jeune homme. Un avis de renvoi signé par le directeur, il ne manquait que sa propre griffe pour qu'il soit effectif et que Nakaaki dise adieux au droit de passer son diplôme. Comment perdre 4 années de son temps...Mais Reiji n'était pas comme ça, il n'avait jamais signé aucun avis de renvoi, jamais. Mais ça, Nakaaki ne le savait pas.

Explication.

Reiji savait que ce n'était probablement pas la meilleure chose à faire pour éviter le conflit. Mais que voulez vous, il l'avait en main ce papier. Il n'allait pas le caché au type qui lui faisait face. Alors autant le tenir au courant tout de suite et le mettre en face de ses responsabilités. Beaucoup d'élèves déconnaient ici, il n'était pas le seul, mais certains déconnaient plus que d'autres et il en faisait partie. Il était rare que Reiji ai à prendre une décision concernant un renvoi, il n'avait eu que peu de fois ce formulaire en main. Et comme déjà dit, il n'y avait jamais posé le bout de son stylo.

Pourquoi? La raison était bien simple, de là où il venait, l'éducation n'était pas une priorité, du coup, les gamins trainaient dans les rues et finissaient mal. S'il avait une quelconque chance d'empêcher ça à l'un de ceux qui se trouvait ici, il n'avait pas de raison de ne pas le faire, même si parfois, il s'accrochait pour rien et les môme finissaient par partir d'eux même. D'ailleurs, lorsque Nakaaki se leva, Reiji ne broncha pas, levant simplement le regard pour ne pas cesser de croiser le sien. Il s'était forcé à ne pas esquisser un mouvement de recul, parce que ça ne lui ressemblait pas et qu'il n'était pas du genre à montrer ses faiblesses. Cependant, une petite cicatrice subsistait au coin de sa lèvre, et sur son arcade, ouverte 3 semaines plus tôt. Il était étrange que Nakaaki n'ai encore rien relevé.

" Assied-toi. Je peux pas juger du fait que tu ai fait quelque chose ou pas si tu ne m'explique pas. J'ai vu l'état du type à l'infirmerie, et je vois les tâches sur tes mains..."

Annonça t-il calmement, baissant le regard sur les mains qui se tenaient devant lui, sur le bureau. On y décelait d'infime trace de sang. Sans doute pas le sien. Reiji était plutôt observateur il faut dire. D'ailleurs, s'il surveillait ses mains, c'était avant tout pour s'assurer de réagir à temps au cas où elles aient envie de s'approcher un peu trop de lui.

" Ce n'est pas ton sang n'est-ce pas?"

Questionna t-il de façon purement rhétorique en croissant les bras avec précaution histoire de ne pas se faire mal tout seul.

" Je le signe ou pas ce papier? C'est à toi de me le dire. "

Acheva t-il simplement. Il n'était pas de bonne humeur, et il n'était pas très patient avec Nakaaki, si bien qu'il se montrait presque cynique.

Secret.

Reiji se méfiait, mais il ne le montrait pas. Il n'avait pas peur de Nakaaki, mais il n'était pas en état de se mesurer à lui. Et pourtant, ce qui devait arriver arriva. C'était plus ou moins prévisible, mais finalement, Reiji aurait préféré reculer un peu plus l'échéance de l'inévitable. Agrippé soudainement par le col, il attrapa fermement le poignet De Naoki, plaquant son autre main sur le bureau pour tenter d'empêcher le rebord de celui ci de rencontrer ses côtes. Sans succès, son souffle se coupa brutalement alors qu'il repoussait Naoki avec violence. Violence provoquée par la douleur qui venait de lui procurer une force surprenante: l’adrénaline.

Il avait lâché un grognement sourd, reculant en glissant son bras sur le bas de son torse, dégageant son siège pour s'adosser à la fenêtre qui se trouvait derrière. Une lueur de hargne brillait dans son regard alors qu'il relevait la tête pour toiser Naka', incapable de parler pour le moment.

" Dégage."

Prononça t-il le souffle court, d'un voix pourtant bien plus glaciale que Nakaaki n'avait jamais pu percevoir chez lui. Il était réellement menaçant, un peu comme un animal blessé qui chercherait à sauver sa peau. C'est clair que quelque chose n'allait pas, mais Nakaaki n'avait pas besoin de le savoir, et s'il voulait profiter de la situation pour le battre enfin, il ne se laisserait pas faire pour autant.

Et alors?

Pour le coup, Reiji n'avait franchement pas envie de voir la tronche de ce "gamin". Plus maintenant. Il avait été con de le recevoir finalement, ça allait forcement finir comme ça. Et voilà qu'il s'adoucissait en plus, c'était quoi ce regard, de la pitié? Hors, de question.

" Ça te ne regarde pas, barre toi avant que je ne décide de le signer ce putain de paplar."

Rétorqua t-il tout aussi froidement en se redressant légèrement. La douleur ne s'estompait pas. Il savait que ça passerait, mais comme toujours, il faudrait du temps. Il se sentait plutôt mal, mais ça passerait, ce qui l'emmerdait le plus, c'était bel et bien que Nakaaki soit toujours présent.

" Et alors? Me dis pas que ça t'inquiète."

Rétorqua t-il narquois en ricanant brièvement,aussitôt stoppé par la douleur qui le rappelait à l'ordre. Nakaaki n'avait pas besoin de savoir selon lui. Il ne valait mieux pas qu'il se plonge dans ce genre d'histoire. Reiji n'était pas aussi classe que le suggérait son costume de pingouin. A l'extérieur, c'était tout autre chose. Il fini par s'approcher de son bureau, attrapant l'avis de renvoi, attrapant un stylo, il jeta le premier, rangeant le second dans un pot à crayons qui se trouvait là.

" T'as plus rien à faire ici maintenant, alors vas-t'en."

Acheva t-il simplement toujours aussi sèchement. Son humeur empirait clairement à mesure que le temps passait. Cette situation l'agaçait.

Trafic.

Il aurait pu l'éviter cette main, si ce con n'avait pas été aussi vif. Ça aurait sans doute éviter l'apparition de cette situation bien fâcheuse. Au moins il était parti, c'était déjà ça. Soupirant avec précaution, il fini par s'asseoir de nouveau dans son fauteuil. Il serait bien rentré chez lui, mais il avait beaucoup trop de boulot en retard. Il se contenta de sortir un petit flacon de l'un de ses tiroirs, prélevant un cachet qu'il englouti rapidement à l'aide d'une bouteille d'eau posée au sol sous son bureau. Il était shooté depuis des semaines en réalités, mais s'arrangeait pour que ça ne se vois pas. Sinon, ça éveillerait forcement les soupçons, et il n'avait pas besoin de ça. Son absence avait fait du bruit, il s'étonnait même que Nakaaki n'y ai pas fait allusion.

Il entreprit alors de se remettre au boulot, oubliant la douleur comme il pouvait en ouvrant le premier dossier qui lui tombait sous la main. Il attrapa alors son stylo dans sa main gauche, griffonant des chiffres, lisant parfois quelques paragraphes avant de signer certains documents. Rien de bien passionant en somme toute. Jusqu'à ce que la porte de son bureau ne s'ouvre à nouveau.

" Frappez pas surtout."

Lança t-il froidement, clairement agacé, en levant le nez de sa feuille, haussant un sourcil lorsqu'il s’aperçut que ce n'était autre que lui...Encore. Il soupira à nouveau, toujours avec précaution, réprimant une grimace.

" Encore toi...Me dis pas que t'as eu le temps de faire une autre connerie, t'aurais pu attendre que quelqu'un vienne vider ma corbeille...Ça aurait été plus malin."

Lança t-il exaspéré en faisait référence à l'avis de renvoi qui se trouvait toujours dans la poubelle et qu'il pouvait donc potentiellement reprendre. Avant de suivre du regard le geste du jeune homme qui venait de poser deux cachet sur son bureau. Il esquissa alors un sourire.

" Merci, mais j'ai les même, on a le même fournisseur."

Avoua t-il simplement en sortant son flacon personnel, fourni par l'infirmier lui même. Il va de soit que ce n'était pas légal, mais même s'il le répétait, il ne pourrait rien prouver, alors il n'en avait rien à foutre.

" Si tu te sens coupable pour moi, pourquoi tu l'es pas pour le type que t'as tabassé hein?"

Reprit-il finalement un peu plus posément à présent. Il avait posé son stylo et s'était adossé dans son fauteuil en croisant les bras. il ne parlait pas très fort en fait, il manquait toujours clairement de souffle mais restait parfaitement compréhensible.

Simple suite.

Reiji savait bien que frapper était souvent le reflex premier dans cette école. Lui même avait eu ce réflex autrefois, mais il avait grandi, et avec le temps, il avait su s’assagir. Mais il ne pouvait pas renier ce qu'il avait été, et était toujours plus ou moins. Si en ville, plus aucun groupe ne répondait à  ses ordres, il restait un ancien Alpha respecté, et ici aussi, il avait su se faire un nom. Sano à ses côtés, ils avaient marchés ensemble depuis son arrivé et avait partage les ennuis. Ce soir là, il s'était retrouvé seul, et n'avait rien vu venir. Ce n'était pas la première fois, les trois cicatrices cruciforme qui ornait son visage témoignait d'une embuscade passée qui lui en avait fait baver tout une nuit. Il n'était pas indestructible et n'avait rien de surhumain, contre un groupe entier, il ne pouvait rien faire. Et cette nuit là, il avait eu de la chance de tomber sur quelqu'un qui avait pu lui venir en aide dans ce parc.

Touché dans sa dignité, et rongé par l'envie de se venger, il était malgré tout revenu à Sei pour accomplir le boulot pour lequel il était payé. Il présentait l'avantage d'être un battant, il ne pouvait pas en être autrement de toute façon. Il esquissa un sourire amusé à la réplique du jeune homme ceci dit.

" Je t'emmerde depuis que je suis ici pour ma part."

Précisa t-il simplement à juste titre. Il est vrai que depuis que Reiji était entré dans cet établissement, Nakaaki n'avait plus la même liberté d'action, même si au final, cela ne changeait pas grand chose à ses faits et geste. Il était juste tombé sur quelqu'un en mesure de répondre à ses coups sans s'écrouler en pleurnichant. D'ailleurs, Reiji n'avait jamais parlé de leurs affrontements en directeur. Si tel avait été le cas, tous deux ne seraient plus ici.

" Je ne vois pas en quoi c'est différent. "

Reprit-il alors qu'il le savait parfaitement. Même si certains détails lui échappait cependant. Quoi qu'il en soit, la situation l'agaçait. Il n'avait pas signé l'avis de renvoi, mais cela n'exemptait pas le jeune homme de sanction, et Reiji ne savait pas franchement comment lui faire comprendre.

" Non, mais je ne peux pas non plus te laisser t'en tirer sans rien dire. Tu assistera le medecin scolaire pour les soins de ton camarade, c'est le moins que tu puisse faire. "

Reprit-il simplement, plus calme que jamais bien que sa voix n'est pas encore retrouver pleinement son ton. La douleur s'estompait cependant doucement. Il savait bien que c'était humiliant, mais ce n'était pas pour ça qu'il avait choisi cette sanction. C'était simplement pour lui prouver que c'était plus difficile d'aider les autres, ou de les comprendre, mais que c'était bien plus gratifiant que de leur taper dessus. Reiji aussi l'avait appris à ses dépends autrefois.

" Disons que je n'ai pas que des amis en ville, et certains sont même des ennemis de longue date qui sont plutôt tenaces. Mais ils me le paieront. "

Rétorqua t-il simplement en esquissant un sourire chargé de haine. Le genre de rictus amer qui confirme pleinement sa dernière annonce. Reiji était plutôt rancunier en fait.

Pari risqué.

Il est vrai que c'était un peu différent. Reiji n'occupait pas ce post par sadisme pur. Il n'était pas là pour mettre des bâtons dans les roues aux élèves. Bien au contraire d'ailleurs. Mais il pouvait comprendre qu'être celui chez qui on est envoyé quand on a fait une connerie n'était pas ce qui allait embellir son image. Ceci dit, il s'en contrefichait éperdument. Heureusement, il n'était pas ici pour que les élèves l'apprécie, il aurait clairement manqué son but si tel avait été le cas.

" Tu devrais revoir tes positions à ce sujet, je ne le fait pas par plaisir, ça n'a rien d'un jeu Nakaaki."

Lança t-il simplement, un peu sévère, à l'annonce du jeune homme. Reiji ne semesurait pas à lui pour prouver qu'il était le plus fort, il le faisait simplement parce qu'il n'était pas du genre à se prendre les coups sans répliquer.

" Imagine un seul instant que je n'ai pas fait le poids la première fois. Ou que je t'ai laissé faire pour ensuite te dénoncer. "

Reprit-il alors un peu grave. Nakaaki ne semblait pas se rendre compte de la gravité de ses actes. Reiji était le directeur-adjoint, et en ce titre, il aurait parfaitement pu le renvoyé cent fois. Il aurait aussi très bien pu porter plainte et s'il ne s'était pas affairée durant deux ans à couvrir ses actes, Nakaaki serait peut-être déjà derrière les barreaux. Il était majeur maintenant.

" Frapper quelqu'un et le laisser en vie, c'est parier sur le fait qu'il n'ira rien dire. Pour le moment ,t'as gagné à chaque fois, et j'ai fait en sorte que tu gagne, mais ce ne sera pas toujours le cas. "

Continua t-il simplement. Il n'était pas froid, mais se montrait vraiment sérieux. Nakaaki devait prendre conscience de la gravité de ses pulsions avant qu'il n'aille trop loin. Reiji savait ce que c'était, il avait encadré Sanosuke durant toute sa jeunesse et finalement, il avait un peu l'impression de le voir devant lui à nouveau aujourd'hui.

" Ne te mêle pas de tout ça, il y a des choses qui te dépassent, et il est préférable que tu ne cherche pas à les comprendre. "

Acheva t-il alors en esquissant un sourire un peu las. Il était fatigué. Il n'était pas vieux, mais ces dernière semaine lui en avait fichu un grand coup malgré tout. Nakaaki ne se trompait peut-être pas en l'appelant "papy". Il ne répondit même pas d'ailleurs. Son regard s'était plus ou moins perdu, il était clairement ailleurs.

Et alors?

Visiblement, Nakaaki n'était pas convaincu. Reiji ne pouvait pas faire grand chose de plus, et il savait parfaitement que ce n'étaient pas de belles paroles qui allait le raisonner. Le truc, c'est que Reiji était bien plus à même de le comprendre que beaucoup d'autres personnes. Nakaaki l'ignorait. Et de toute façon, le fait qu'il comprenne n'induisait pas qu'il l'approuvait. Pourtant, lui même avait été comme ça, et quand il avait réussi à s'en sortir, il avait aidé Sano à faire de même. L'histoire se répétait peut-être, allez savoir.

" Je suis pas dans ta tête...Mais je peux comprendre. Tu t'es jamais demandé pourquoi j'étais capable de rivaliser avec toi? C'est pas le genre de truc qu'on apprends entre quatre murs dans un bureau, ni sur les bancs de l'école."

Rétorqua t-il alors, toujours aussi posé bien que sa voix n'ai pas retrouvé on ton. Elle ne le retrouverais sans doute pas aujourd'hui. Ce n'était pas très important pour ce qu'il avait à faire.

" Je ne disais pas ça parce que je te prends pour un faible ou un ignare. En fait, tu serait même une sacrée recrue mais, j'en ai fini avec tout ça et il est hors de question que j'entraine une personne de plus dans mes emmerdes d'accord? D'autant plus que tu es un élève de l'établissement que je co-dirige. Établissement qui a déjà son lot de soucis. "

Lança t-il en guise de justification. C'était véridique. Autrefois, il aurait été ravi de compter une force brute de plus dans sa bande. Mais maintenant, il n'était plus un Alpha officiel, il avait des amis, mais ne faisait plus franchement parti du moindre groupe à l'extérieur. Ceci dit, le passé nous rattrape parfois, et c'était ce qu'il s'était passé il y a presque un mois. Finalement, son nom était toujours gravé quelque part dans les rues, partout où il était passé.

" Si je me retrouve à l’hôpital, je compte sur toi pour m'apporter un ours en peluche. "

Acheva t-il le ton de la plaisanterie. Nakaaki n'allait sans doute pas trouver ça très drôle. Ils étaient loin d'être amis et Reiji en avait conscience.

Pause café.

La question de Naoki tomba, c'était plus ou moins justifié finalement. Mais voilà, il y a des vérités qui ne sont pas bonnes à dire. Et même si Reiji n'avait honte de rien, il était clair que parfois, il vaut mieux que certaines choses ne se sachent pas. Ne serait-ce que pour Sei. Pas qu'il doutait de la discrétion de Nakaaki, mais il ne le conaissait clairement pas assez pour lui avouer ce genre de chose, ni même pour lui parler réellement de lui. Il en avait sans doute déjà trop dit. Un sourire amusé se dessina au coin des lèvres du directeur-adjoint.

" Tu regarde trop la télé Nakaaki."

Rétorqua t-il simplement sans ricaner pourtant. Il y avait une part de vérité dans les mots du jeune homme. Reiji n'avait jamais parlé de gang, pour lui, ce n'était que des amis. Un goupe d'amis qui avaient décidé de marcher des ses pas pour X raison. Ensemble, ils n'avaient pas fait que des choses louables et c'était en partie pour cela que Reiji s’efforçait à présent de guider les jeunes de ce bahu. Parce qu'il savait ce que sa donnerais si personne ne leur montrait la voie.

" Alors...Je t'attendrais. "

Reprit-il alors avec une malice certaine. Il s'était levé. Il avait grimacé, mais finalement, il n'avait pas perdu grand chose de sa prestance, si ce n'était que son visage était clairement marqué par la fatigue. Les mains posées à plat sur son bureau, il ne releva le regard que lorsque Nakaaki l'interpela avec une politesse suspecte. Sa demande n'en fût que plus surprenante.

" Rappelle moi de la convoquer dans mon bureau. "

Lança t-il alors un peu agacé en apprenant que la nana censé les guider refusait de faire son boulot. Reiji mettait un point d'honneur à ce que cette femme chance sa façon de faire, dusse t-il passer trois heures à la rassurer. Contournant son bureau, il se rendit à gauche de la pièce ou se trouvait une petite table avec quelques tasses et une cafetière.

" Tu me surprend beaucoup mais, c'est aussi mon boulot, et comme tu dis, moi non plus j'étais pas prédisposé à ce genre de poste. Qui sait, peut-être que tu sera chirurgien ou pilote de ligne. Ne te décourage pas. "

Lança t-il alors on ne peux plus sérieux.

" Café? J'imagine qu'on va en avoir pour un petit moment. "

Ses dossiers n'allaient pas avancer comme ça. Mais il ne pouvait pas foutre à la porte un type qui lui demandait son aide. Même si ce type était sans doute le jeune qu'il n'aurait jamais espéré voir lui demander ce genre de chose.

Retour dans le passé.

Reiji n'avait pas eu un parcours facile. Mais il avait l'avantage de ne jamais avoir été mauvais élève. S'il n'avait pas toujours fait les bons choix, il avait toujours eu la tête sur les épaules finalement. Ca ne l'avait pas empêcher de se retrouver dans le pétrin et de mordre la poussière. Parce que ça, tout le monde le vie, à plus ou moins grande échelle. Construire sa vi n'est jamais facile, tout comme l'entretenir est un véritable défi. Ce que traversait Nakaaki, chacun le traversait ou l'avait déjà traversé, à sa façon. Certains étaient plus ou moins aidé, mais réussir sans rien surmonté n'était pas franchement gratifiant. Quand Reiji avait décroché ce poste, il avait été fier. Et pourtant, il n'accordait aucune importance aux statuts sociaux. Lui, sa fierté venait d'ailleurs. Il était fier de représenter ses origines, ses valeurs, montrer que peut importe où est né, ce que l'on à fait, il y a toujours une place quelque part.

Preuve en était. Il n'avait rien fait d’extraordinaire. il avait avancé à son rythme, il avait un peu de chance aussi, mais cette chance, il avait aussi fait en sorte de la provoquer. C'était plus ou moins ce que commençait à faire Nakaaki en demandant de l'aide. Ça commençait par là après tout. La réplique du jeune homme lui arracha un sourire.

" Il n'y a pas de code. Tous les adultes sont différents au fond, ils sont tous encore un peu ado crois moi. C'est juste que tu n'as pas toujours l'occasion de le voir. C'est aussi ça être adulte...Si on veut avoir du crédit, il faut parfois construire des murs. Les enseignants y sont contraints s'ils ne veulent pas se faire bouffer. Ça ne fait pas d'eux des gens inintéressant Nakaaki. "

Répondit-il alors le plus sincèrement du monde alors qu'il mettait la cafetière en route. Sans doute allait-il passer pour un moralisateur, ou un vieux gourou, mais c'était le cadet de ses soucis. Lui même avait détesté les adultes étant plus jeunes. Ces êtres suffisants et bornés qui estiment avoir toujours raison. Et un beau jour, il s'était regardé dans le miroir et il avait pris conscience du fait qu'il avait rejoint le groupe. Par la même occasion, il avait réalisé à quel point son jugement avait été faussé par la rancœur et le sentiment d'injustice. Il se tourna alors vers Nakaaki, esquissant un sourire malicieux que ce dernier ne serait sans doute pas à même de comprendre. Sano...Il avait été bien plus qu'un flic en fait. Il avait été un militaire de talent et Reiji l'avait beaucoup admiré pour ça, même s'il lui avait souvent reproché de servir un gouvernement corrompu.

" Monsieur Mashiro et moi ne sommes pas si différents, nos fonctions ne nous contraignent pas de la même façon, c'est tout. "

Rétorqua t-il alors amusé. Il se surprenait lui même à nommer son ami ainsi, mais Nakaaki n'avait pas besoin de savoir qu'ils avaient grandit ensemble.

" J'ai jamais été mauvais à l'école, mais c'est clair que je n'aurais jamais imaginé obtenir un poste aussi important. Quelque part, c'est grâce au directeur de mon ancienne école. Normalement, je n'aurais même pas du passer mon diplôme. "

Avoua t-il amusé. Il pouvait en rire maintenant, c'était du passé. Il disait vrai, car l'année de son diplôme, Reiji avait été écroué pour trafic de stupéfiants. Une entaille à son dossier considérable, sur laquelle les hauts dignitaires de l'éducation avaient fermé les yeux. Pourquoi? Parce que Reiji était un homme tenace, et qu'il avait su prouver qu'il était capable, tout autant que les fils de riches familles.

" Pour tout de dire, je n'ai même pas le droit d'exercer dans le public. Je sais ce que donne un manque d'éducation de masse, je voulais vraiment donner de mon temps pour que des types comme toi ne suivent pas la mauvaise route. Mais toi? Qu'est-ce que tu voudrais faire? En as tu seulement la moindre idée? "

Acheva t-il alors en versant du café dans deux tasses qui se trouvaient là. En tendant une à Nakaaki avant de contourner son bureau pour retourner s'asseoir en face de lui.

Séance conseils.

En fait, Reiji avait toujours trouvé la décision du juge complètement stupide. Si la justice avait estimé qu'il représentait un réel danger, personne ne lui aurait laissé le droit d’exercer tout cours, que ce soit dans le privé ou dans le public. Après tout, les élèves qui étudiaient dans des établissements privés n'étaient pas à désavantager par rapport aux autres. Il n'était pas imbu de lui même, et s'il doutait parfois, il était persuadé qu'au fond, il ne bossait pas mal. De plus, ici, à Sei, tout était différent, c'était sans doute plus dur. Mais pour lui, relever le défi était une priorité, et il ne baisserait pas les bras. Esquissant un sourire à la réplique de Nakaaki, il porta sa tasse à ses lèvres. Le liquide chaud et amer qui descendit le long de sa gorge lui fit le plus grand bien tout compte fait.

" Va savoir, ça fait longtemps que j'ai arrêté de comprendre les décisions de la justice. Et je suis ici malgré tout, c'est tout ce qui compte à mes yeux. "

Reprit-il posément tout en entourant sa tasse de ses mains. Il ne faisait pas froid, mais la fatigue avait fait irrémédiablement chuté la température de son corps. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était plus senti aussi faible. Ceci dit, il mettait un point d'honneur à conserver sa stature, autant que possible, si bien qu'à moins d'être fin observateur, il était difficile de desceller que quelque chose n'allait pas.

" Les enfants hein? Réflexion faite, tu ne me surprends pas vraiment. "

Lança t-il alors sans esquisser le moindre sourire. Il était tout à fait sérieux, et se moquer ne lui était pas venu à l'esprit un seul instant. Reiji aussi avait toujours été plus patient avec les enfants, parce qu'eux, quoi qu'ils fassent, ils ont toujours cette innocence que n'ont plus les adolescents ou les adultes, souvent pervertie par un vice qui les ronge. Comme ici à Sei, les gamins qui se tapent dessus à tout bout de champs pour essayer de combler un manque affectif, ou il ne savait quoi encore. S'ils avaient été des enfants, ils se battrait pour un jouet un bonbon, rien d'autre.  

" Même en sortant de l'école, rien ne t'oblige à avoir un supérieur. Tu peux très bien monter ton affaire, rien ne t'en empêche. Et si tu as l'envie et le courage, rien ne dit que tu n'y arrivera pas. "

Assura t-il alors. Il parlait comme si c'était simple, mais au fond il savait bien que ça ne l'était pas. Il n'avait tout bonnement pas trouvé l'utilité de le préciser. Nakaaki le savait, rien n'était simple. Reiji n'était pas arrivé simplement à ce poste. On l'y avait aidé. Et s'il pouvait aider Nakaaki dans son projet alors, il le ferait avec plaisir.

" Et puis, tu peux aussi trouver un patron avec qui tu t'entends. Pour ma part, je m'amuse bien avec monsieur le directeur. Et le recteur a plus ou moins peur de moi alors...Toi aussi t'as cet atout, il n'est pas toujours inutile si on sait s'en servir. "

Admit-il avec malice en glissant de nouveau sa tasse à ses lèvres. C'est vrai, Reiji était un battant, même auprès de ses supérieurs il n'hésitait pas à faire preuve d'intimidation. Mais il ne dépassait jamais les bornes, il était modéré, suffisamment pour qu'on le respecte, qu'on lui donne ce qu'il veux, sans avoir de raisons de lui créer de véritables ennuis. Un art que Nakaaki pouvait très bien apprendre à maîtriser avec le temps. A son âge, Reiji en aurait été tout aussi incapable.

Fin.

Reiji n'avait rien d'un ange, il avait pourtant réussit là où d'autres fils de meilleures origines avaient échoué. Preuve en était, il était là, à la place qu'un autre aurait très bien pu prendre. Mais voilà, c'était lui et seulement lui qui s'y trouvait. Quand le directeur partirait en retraite, qui sait, peut-être serait-il nommé pour le remplacer aller savoir. Il n'était pas spécialement ambitieux, mais avoir un poste haut placé, c'était aussi avoir plus de possibilité et de marge de manœuvre pour changer les choses. Et Sei en avait sans doute bien besoin.

" Te met pas la pression va, t'as encore du temps pour y penser. Et même si tu n'as pas trouvée ta voie après l'obtention de ton diplôme, n'hésite pas à continuer ton cursus malgré tout pour te laisser le temps de réfléchir. "

Lança t-il simplement. Il s'en voulait un peu de parler comme ça, c'était très académique comme façon de voir les choses, mais il savait que c'était la vérité. Quitter le milieu scolaire quand on est pas près à le faire n'est pas une bonne solution.

" T'as raison, file, et t'as pas intérêt de revenir avant le mois prochain, je serais déjà plus en état de te recevoir. "

Acheva t-il alors clairement provocateur, bien que la malice qui brille à présent dans son regard prouve à elle seule qu'il plaisantait. Il lui avait bien fait comprendre que se battre n'était pas la meilleure solution, et que s'il ne venait dans son bureau que pour trouver un adversaire à sa taille, il était bien mal parti. Reiji doutait du fait qu'il change du jour au lendemain, mais à terme, il était persuadé qu'au fond, lui aussi pourrait faire de grandes choses.