Quel réveil cruel. Et lassant. Il m'a sorti d'un rêve qui m'a semblé incroyablement intéressant. Je veux recueillir d'avantage informations mais rien à faire. Je jubjote et cela me frustre. Six heures du matin ? J'ai le temps de le noter et de me préparer convenablement.

“Je suis dans un métro. Un métro sale de Paris. Je me tenais à une barre dégueulasse jusqu'à ce qu'un inconnu s’apparentant à un monstre vient caresser mes fesses lisses jusqu'à y enfoncer quelque chose d'énorme. Je criais de surprise, m'agrippant difficilement à la barre, tandis que les gens aux alentours m'ignoraient. Je hurlais et pleurais mais personne ne semblait venir en aide. Puis, je me retrouve dans une salle de procès où je suis sur le banc des accusés. Mon violeur est là où sont placés les victimes. On m'accuse d'avoir abusé du type et je me rends finalement compte d'être nue. Soudain, j'éclate de rire avant de sortir un katana et de décapiter toutes les personnes présentes. Ensuite, je me retrouve dans ma maison en France où je pleure aux pieds de mon père. Il s'apprête à me dire quelque chose mais je n'ai su quoi, je me suis réveillée.”

Le rêve symbolise probablement mon mal-être et mon problème avec les hommes. Ou alors c'est un rêve prémonitoire, ce qui ne m'étonnerait pas. Qu'importe, je l’interpréterai plus tard, je dois de me doucher et de me parfumer avant d'aller à mon cour matinal.

Le soleil est paresseux. Il fait encore noir dehors. Je regarde alors ma silhouette floue à la fenêtre alors que le professeur blablate en japonais. La tenue que je porte est vraiment différente de d'habitude, je suis contente d'avoir goûté à l'excentricité du Japon. Je suis menue d'un gros pull beige, d'une petite jupe noire, des bas longs et noirs ainsi que des mocassins qui détruise mes orteils. Mon chignon négligé fait ressortir mes petites lunes accrochées à mes oreilles. Comparée à d'autres japonais, j'ai l'air sobre, mais c'est pour moi un grand pas. Je suis contente de pouvoir enfin exhibée mon style vestimentaire comme je l'entends. J'esquisse un petit sourire avant de capter mon attention au cour.

La jambe se balançant nerveusement, le critérium tapant sur le petit cahier, je fais de mon mieux pour comprendre ce que peut bien dire le professeur. Ils vont tellement vite ! J'ai tellement peur de rater plus de la moitié du cour, déjà que je suis dérangée par des pensées parasites. Soudain, mon téléphone fait vibrer ma cuisse. Mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps, j'espère que le vibreur n'est pas trop fort, je n'aimerai pas que ma voisine de classe le remarque sachant que je ne la connais pas beaucoup. Cette personne va me le payer cher, il me distrait encore plus. Il n'empêche que c'est amusant de sentir sa cuisse vibrer. Elle est vraiment sensible, c'est vraiment un point sensible chez moi. Brusquement, au fil de mes pensées, j'arrive aux bas-fonds de mon inconscient. Le CPE. Je ne sais pas comment j'ai pu venir jusqu'à lui mais c'est chose fait. Je n'aurai jamais pu croire que ce fantasme arriverait : je me tape quelqu'un de hiérarchiquement supérieur à moi, et Dieu sait que j'aime les hommes expérimentés pour le peu que j'ai côtoyé. Je ne sais même plus comment cela a commencé, probablement à un rendez-vous et puis ça a dérivé en une partie de jambe en l'air.  Et je ne regrette absolument rien. Cependant, c'est le genre de relation qui a tendance à me mettre dans tous les états : un coup je veux sa mort, un coup il me fait palpiter le cœur. De toute façon, ce don d'attirer tous les connards de l'univers doit bien me poursuivre jusqu'au bout du monde. Le pire dans tous ça, c'est que ça me plaît terriblement. C'est comme une addiction et cela me rend soumise à l'autre. Je déteste ce sentiment tout comme je l'adore. Il me diverti et fait oublier mon Spleen. J'espère quand même le revoir bientôt et que cette fois-ci, il me prendra avec plus de hargne sur son bureau. En pensant à cela, je trésaille. Mes dents mordillent mes lèvres et mes pensées divaguent un peu plus jusqu'à faire réagir mes jambes se frottant passionnément entre elles. Je hais ma libido. Je me hais.

La sonnerie retentit enfin. Je vérifie mon message avant de partir en mathématiques. Brr, je n'ai pas le moins du monde envie de partir faire des maths, en japonais en plus. J'espère que quelque chose m'empêchera d'y aller, je pris. J'ouvre enfin mon portable et me dirige dans la messagerie.

“Ramène-ton cul fissa. Trouve une excuse, démerde-toi. Ah, et j’ai pas de capotes. T’as cinq minutes chrono.”

Je souris immédiatement, de colère et de joie. Mais quel enflure, j'ai tellement envie de le retrouver. A présent, je dois me décider quel chemin prendre : celui du travail et de l'honneur ou celui de la luxure et de l'humiliation ? Je suis ce que me conseilles mon démon intérieur. Je le hais tellement. Je me hais tellement.

Je ne peux pas m'empêcher de râler. Monsieur le CPE m'a corrompu. En plus, je ne suis même pas apte à me faire péter la rondelle : comment aurai-je pu savoir qu'un lundi matin j'ai un rendez-vous avec le conseiller ? Je grogne. Une chance que je ne sois pas portugaise et que la dernière fois où je me suis occupée de cette zone c'est il n'y a pas moins de deux jours. Donc tout à fait potable. Il n'empêche que sa façon de me parler m'insupporte et m'excite à la fois. Et cela m'énerve d'avantage. J'ai tellement envie de latter les couilles de mon genoux tellement je ne supporte pas les machos. Il a bien de la chance que mes ovaires soient en ébullition. Puis, il y a ce hic : monsieur n'a pas de capote. Or, il est hors de questions de baiser sans préservatifs. Mais je ne peux pas lui dire non, je suis trop curieuse de voir ce qu'il m'affligera. Il n'empêche que, je sais qu'il ne veut pas d'enfant -de moi en tout cas- alors il ne le fera pas. Et je ne veux pas prendre d'autres moyens de contraceptions, et encore moins choper des maladies. Je devrai peut-être acheter avec des préservatifs puisqu'il ne semble décidément pas prévoyant. Je soupire. C'est vraiment le pire. Je suis vraiment la pire.

Me voilà à sa porte. Je stresse comme à chacune de mes venues. Je plisse ma jupe et relève mes bas. Je reste un petit moment devant. Devrai-je vraiment rentrée ? Je peux toujours repartir et arrêter ce genre de relation. Je toque à la porte et me tarde d'entrer. Je ne peux pas, je n'y arriverai jamais à mettre fin.

Je me mets fasse à son bureau, me postant de façon formelle. J'espère qu'il aime ma tenue. J'espère qu'il me trouve jolie. Toujours sur ce ton légèrement embarrassé mais froid, je me présente.


Je sais aussi à quel point Mr. Nakajima aime les retards.

•••
code couleur : #6C3D48