Une soirée à jouer aux jeux vidéos. Une soirée tranquille, en soit. Si monsieur n'avait pas eût envie de canette de coca, ou d'un bon Orangina. Depuis que les cours étaient fini, marquant ainsi le début du Week-end, Kazuma s'était affalé sur son matelas douillet, à jouer sur son ordinateur. À quoi ? Bonne question. Vu que sa chambre était déserte, allez savoir pourquoi, le jeune homme naviguait sur le net, à la recherche d'une ou deux choses concernant l'actualité des nouveaux jeux de guerres, et de stratégies. À partir de là, tout allait pour le mieux. Les heures passaient, son centre gargouillé encore par un repas sauté, puis aux alentours de vingt-deux heures trente, il se rendit compte qu'il avait soif. Sauf qu'à 22h30, Qu'es ce qu'il y a d'ouvert pour boire un jus de fruit ou un coca ? Rien. D'ailleurs Kazuma avait pris la résolution de goûter un nouveau soda. Un truc pas commun chez lui, faut dire. Sans faire trop de bruit, le Playeur rangea son PC, avant de se relever, et d'enfiler ses chaussures. Il se dirigea vers la salle de bain, vérifiant bien que sa mèche couvrait entièrement son œil droit, et le jeune homme sortit de son dortoir, sans se presser, avec quelques yens sur lui. 

Une fois en dehors de l'établissement, il marcha lentement, à la recherche de lumière... Lumière qu'il trouva bien vite, d'ailleurs. C'était un bar, qui vendait un peu de tout, bien que majoritairement de l'alcool. Même des gens du pensionnat y pionçaient, apparemment. Génial, va même falloir passer inaperçu. Kazuma s'approcha du comptoir, et s'assit sur un tabouret, au hasard, sans faire attention à un mec assis à côté. Nan, pas très important. Le serveur s'adressa à lui avec un accent bizarre -un accent ivre, oui-, en le fixant de ses yeux marrons clair : 

« Bah alors mon p'tit gars, qu'ezequeu ze t'sers ? Un bon Rhum, d'la Vodka, un Coktail, ou encore un z'ces Sakés bien d'chez nous ? »

Rhum ? Boark, l'odeur tentait pas. Vodka ? Bulles. Coktail ? ... À voir... Saké ? Il doit être fou ce serveur ! Enfin bon, de son air perplexe et glacial, le jeune homme sortit sa monnaie, en demandant le plus poliment possible, quelque chose qui allait faire rire la ménagerie. 

«... Un... Jus d'orange s'il vous plaît. »  

Bon, voilà toute la bande d'enivrés qui s'exclamaient des phrases à demi-mot sans contre-sens, en riant à pleine dents, recrachant leurs boissons sur le sol. Oh quelle jolie scène. Même le serveur riait comme un malade mental. Kazuma ne voyait pas ce qu'il y avait de drôle, alors sans gêne, un hu-Uh sortit de sa petite bouche. Un "Oh-putain" général se fit entendre par la table du fond, d'ailleurs ces tarés s'étaient levés pour s'approcher de lui. « C'est bien le morveux qui nous a aider ce midi ? 
-Ouep'Louis !
- Ze te remerzi petit, oh diables qu'elles étaient bonnes, ces Lesbiennes à la con . » Dégoût, mensonges, Kazuma avait juste envie de cracher. Les avoir aidés à ça rendait son acte égoïste... Sans un mot, il but son verre de jus de fruit, en restant silencieux. Ces mecs lui auraient défoncé la tronche... Sauf que non, Kazuma y avait échappé, par miracle. Dire que ces brutes ressemblaient à des mouches... Qu'il pourrait tous écraser. Un mal de tête lui prit peu de temps après qu'ils soient parti... Le jeune adolescent voyait flou. Le serveur vint vers lui en lui souriant à pleine dents, du genre c'était bon hein ?
« J't'ai pas dit, en fait j'rajouté un peu de Rhum de Martinique dedans. »

C'était tellement flou pour Kazuma qu'à présent, défoncer la gueule au serveur semblait impossible... Le jeune homme grommela quelques mots étranges, avant de se lever, et de tituber comme une mauviette... Enfin... C'est ce que pensait les Piques à une autre table. Que c'était raté, ce jus d'orange... Il du se retenir de tomber avec une chaise, car sur le coup, avec un sourire assez sadique, son regard se tourna vers le serveur, pour négocier un verre d'alcool. Rien qu'un tout petit verre pour se sentir plus léger... Mais qui lui offrirait ? L'asiatique s'appuya sur le comptoir, après quelques minutes, un air plus assuré, un air qui semblait dire qu'il maîtrisait la situation. Sauf que c'était pas le cas. Oh non. Les effets arrivaient peu à peu, et là tout de suite, Kazuma avait des envies mélangées aux souvenirs de son père... Avec ses petits yeux mignons, il regarda son voisin... L'air de demander un autre verre, vu qu'il avait pas assez pour un deuxième.

Le petit verre de jus de fruits, qui était censé lui redonner la pêche pour retourner sur son écran chéri, venait d'anéantir sa vie entière. Maintenant ce n'était même plus une larve, mais véritablement un truc étrange dit on aurait pitié. La tête d'un gosse, voilà à quoi ça ressemblait. Aucun air véritablement froid, juste des sourcils légèrement froncés, les paupières à demi-closes, au bord des larmes -larmes de joies ou de tristesse, à voir-, une bouille angélique et torturée, incompréhensif et presque absent de ce qui ce déroulait autour de lui. Il avait honte de cet état second dans lequel ce verre l'avait emporté, un état où ses sentiments enfouis ressortaient, plus voraces les uns que les autres. La joie mêlée à la tristesse, la colère à la tendresse, une grande soupe où logeait toute sorte de choses. L'asiatique posa son front sur son cher voisin, un Xi... Xi... Un... Ouais, celui qui jouait les pot-de-colle en le prenant pour sa peluche, un truc totalement dingue quoi. Sauf qu'à ce moment précis de sa vie, il avait besoin de lui. Il avait besoin involontairement de cette boisson pour sombrer dans cet état second plus longtemps, pour rester dans ce monde où sa mémoire s'envolait. Un monde où son subconscient prenait le dessus. 

«  Salut... T' es la dernière personne que j' aurais vu dans un endroit pareil, mon pauvre t' as pas d' chance connaissent pas leur métier ici. T' as soif? Tu veux goûter? 
- Il... Il... Il a mit un truc dans mon... Mon... Mon... Zus d'orange... Et... Je veux le... Le taper mais... J'y arrive p-pas... Puis j'ai encore soif... »

Il se laissa tomber à moitié sur le torse de son camarade, espérant qu'il le rattrape au vol. Pire qu'une larve, je vous avez dis ! Son conscient n'étant plus de ce monde, même plus de cette Galaxy. Le vrai Kazuma n'avait pas résistait à l'alcool, en minime quantité dans ce petit verre orange. Le gosse, à quinze ans, venait de sombrer dans la délinquance. Ce soir on pouvait le dépuceler, on pouvait lui faire une coiffure, l'exposer dans la rue, se moquer, le faire fumer, le droguer encore plus, mais il ne s'en rendrait même pas compte ! Bref, tellement plus là que lui même ne savait plus où il était. 

« Donne moi à boire... Et z'uis... Z'uis à toi zusqu'a... Zusqu'a que ze ... Ze... Zusqu'à que... Ze sois plus... C-c-comme ça... »

Au moins il avait remarqué qu'il n'était pas lui. Bon départ. L'asiatique ne pesait même pas les mots qu'il disait, redisant bêtement les phrases des femmes chez son père. Ohww. Oui oui, les jolies grandes femmes qui venaient faire la sieste avec lui. Enfin bon, le petit bonhomme avait pas envie de faire causette d'habitude, mais la il était l'inversement complet de lui-même. Un truc de malade. C'était tellement... Surréaliste que même lui n'aurait pas imaginé les conséquences de l'alcool. Pas comme ça. Le Geek jouait parfaitement son rôle de peluche sans défense, là. Et n'importe quel inconnu sur son chemin aurait pût abuser de lui, n'importe comment. Le jeune homme comprenait maintenant pourquoi l'alcool était interdit au mineurs...

C'est ainsi que la délicieuse boisson pleine d'alcool finit au sol, dans un éclat de verre magistral. Les yeux du loupio s'embuaient peu à peu de larmes, de joie, de tristesse, de colère, d'émotions. Un gros brouillard dans sa tête, l'image du fouet, du regard de son père, savourant chacun de ses cris. Replongé dans l'enfance, un frisson lui parcourut l'échine tandis que son partenaire se levait, l'incitant à le suivre. Appuyé sur la chaises comme il pouvait, les yeux mi-clos, il était parti dans son monde, souffrance et désespoir compris. D'un côté, c'était la seule personne de confiance avec qui il pouvait être en sécurité, d'un autre côté le "laisse moi seul J'suis l'plus fort" prenait le dessus, jusqu'à de nouveau sombrer dans l'oubli. Se tenant au comptoir pour avancer, les yeux baissés sur le sol, à murmurer un tas de phrases incompréhensible, juste par envie. L'asiatique s'appuya sur l'entrée du bar, toussant déjà de la fumée qui se dégageait de cette petite clope blanche et orange. Xi Wang se rapprocha de lui, lui essuyant la joue pour le prendre dans ses bras. La honte, juste ça. En ce moment même, son corps et ses expressions n'étaient pas contrôlables, et Kazuma en avait honte, incapable de reprendre le dessus face à l'alcool. Les larmes s'en vont, s'imbibent dans le mouchoir, sèchent et disparaissent dans l'air. 

Une merde. Une erreur. Ça arrive à tout le monde, non ? Le Geek avait fait une erreur, l'erreur d'avoir écouté son estomac à 22h30 du soir. La cantine aurait été un meilleur endroit... Mais bon, maintenant tout est fait. Redescendre sur Terre semblait impossible, inimaginable à cet instant même. Sauf qu'il le fallait bien, surtout que le jeune homme venait de parler... Qu'es ce qu'il avait dit déjà ? Ah, oui... 

« - Tu peux m' dire ce que tu foutais dans un lieu pareil? T' as du bol qu' je sois passé!» 

Il l'engueulait. Quel super soirée tranquille. On dirait qu'il s'était inquiété. Remarque Kazuma s'en tapait un peu, voir beaucoup. La chance tourne toujours avec lui, la Fortuna est avec lui. Enfin pas dans ses instants estomac... Ce qu'il faisait dans cet endroit ? Très, très,  bonne question. Les snacks avaient cas être ouverts. Son regard se tourne vers une poubelle volante, une super fusée qui décolle pour la Lune. Non Kazuma va pas bien, non. Enfin on peut dire que son imagination est fertile, très fertile. Du haut de ses un mètre 58, il regardait bêtement la poubelle s'écraser sur le sol, soupirant de cette fusée qui vole pas. Son cul atterrit par terre, manque de bol, fallait aussi que Monsieur pense à ses jambes. C'est fou comment il se sentait faible, à croire que tout pourrait lui arriver ce soir... Le pot de colle le relevait, en déposant une bise sur son front. Kazuma resta perplexe un moment, à l'ouest de ce qui venait de se produire. Il aurait pur se relever seul. Sauf que non, pas envie, pas la force, juste ses doigts tremblant qui remémorent l'action du clavier. Sa chaire tremblait, des perles d'eau sur son visage, et lui. Lui qui réalisait peu à peu les douleurs que ça engendrait, et qui relevait sa bouille innocente vers le grand Dadet. Une bouteille s'écrasa sur le mur, une de plus. Le p'tit gars prit la parole, lentement mais sûrement, pour expliquer sa mésaventure. 

« z'voulais... Z'voulais... Hu-Uh... Mais... Y'a... R-Rien qui... Était ouvert... Et ... C'pas bien d'voler... Alors... »  

Le mec, totalement saint d'esprit, se tapa la tête sur le torse de son camarade, cherchant à évacuer sa colère. Lui ? Malade ? Non. « Putain ça m'saoule ! Hu... » C'est la phrase qui sortir de sa P'tite bouche, incapable de bouger. L'alcool ? Se sentir mieux ? Où ça que Kazuma se sent mieux ? Vot'gueule ouais. Vous devriez écrire sur l'étiquette "On se fout totalement de votre gueule ". Oh moins les gens seraient fixés.

Rire. Aujourd'hui, ce n'était même plus possible, plus imaginable. La dernière fois qu'un sourire, un de ces vrais sourires francs et beaux, radieux, se dessinait sur les lèvres de Kazuma, remontait à ... Longtemps. Plus de huit printemps. Vous vous rendez même pas compte. Huit ans. Qui avait réussi à le faire sourire ? Certainement pas son père. Certainement pas ces pauvres femmes dépourvues d'argent qui sonnaient à sa porte, le soir, quand enfant, il sortait un pyjama bleu, avec une Game Boy à la main, en se frottant les yeux, laissant entrer la première inconnue qui passait. Quelques tâches de sang ornaient son T-shirt. Qu'importe. Ces bâillements répétitifs n'attendaient qu'une chose, d'aller se cloîtrer dans sa chambre pour y ressortir aussitôt. Là bas à sa fenêtre, il s'amusait à envoyer des avions en papier, avec des dessins et des petits mots, à sa chère et tendre voisine. Voisine ? Plus que ça. Sa famille, sa sœur, sa princesse, celle qu'il voulait protéger. Jouer aux chevaliers était rigolo, à l'époque. Cette demoiselle avait réussi plus d'une fois à lui faire afficher un sourire sur son visage. Mais plus qu'un sourire franc, joyeux. Elle avait réussi à lui faire prendre des fou-rires insurmontables, le faisant pleurer d'émotions. Elle avait réussi à lui dire que son rire était beau, pour teinter ses joues en rouge. Ils se connaissaient par cœur... Pourtant... La réalité fut que personne d'autre ne lui décocha un sourire de toute son existence. Pourquoi... Il y avait de faux sourires rassurants, à Addison par exemple. Des sourires minuscules et ridicules, qui montraient juste un peu l'importance de son affection. Alors pourquoi ? C'était bête ça, Kazuma en avait pleinement conscience en plus. Juste un peu de sourires dans sa vie, et elle aurait été illuminée.Sauf que non, cette Life de merde en avait voulu autrement. 
Sa tête retournait dans ses souvenirs lugubres, retenant ainsi le peu de neurones qui lui restaient.  Ce n'était plus qu'une âme vide, qui ne présentait plus aucune attention à la vie réelle. Sauf que ... 

 « -Pfffffffff qu' on s' emmerde putain... »

Qu'il s'emmerde, Qu'est-ce que Monsieur s'en tapait... C'était sa vie, hein. Le Geek n'avait qu'une envie, boire un jus de fruit ou un coca, et se casser pour aller jouer à ses jeux vidéos chéris. 

 « Viens on bouge? Si tu veux même on rentre. » 

Yeah. Ça c'était déjà plus intéressant. Bouger, rentrer... Que de choses succulentes. Il s'imaginait déjà, ordinateur en main, sur un MMorg qu'il aurait simplement tiré au sort par lancés de dés. 

«  J' me tape, comme ça t' plait. Comme t' es pale, bouffer un peu c' serait pas mal:faut trouver un convini. » 

Manger... Aussi, aussi. Son idée était pas mal. Fallait le reconnaitre. Le NEET hocha lentement la tête, crispant sa main sur celle de Xi Wang. Pas question de se perdre dans le noir, pas question de tomber sur le passage clouté. Tête baissée, l'asiatique commença à tituber vers une rue éclairée, à la recherche d'un Convini ... Ses pas étaient lourds, lents et perdus... Totalement défaillants. Son regard était vide de toute expression, son visage reprenait peu à peu son teint bronzé. Dire que l'hiver approchait... Le jeune homme ne pût s'empêcher de regarder les marques et autres cicatrices de son sauveur, en se disant presque "Moi aussi j'ai les mêmes". Sur ses épaules, se dressait sa veste, pourtant, il ne s'en était même pas aperçu... Comme quoi son cerveau marchait encore au triple ralenti. Plusieurs fois il faillit se ratatiner sur le sol, plusieurs fois il se rattrapait. Aborder le sujet du passé devenait presque impossible. Comme un gosse, un enfant naïf, le jeune homme murmura, avec une pointe de fierté très flou et estompée : 

« J'ai presque les mêmes... » Aucun sourire, juste le soulagement de ne pas être différent. Même si il savait que son caractère psychotique n'était comparable qu'à très peu de personnes. Comme quoi, Kazuma se sentait moins seul, moins abandonné dans sa course sans fin contre la vie. Rire, juste impossible. Être heureux d'une vie a été rayé depuis bien longtemps déjà.

Aujourd'hui devait être le dernier de mes jours. Aujourd'hui il faisait nuit. La lune était haute dans le ciel, son croissant donnait une lueur d'aveux au monde. Parfois, quand je regardais la lune, elle me dégoûtait. Aviez vous déjà entendu parler des légendes d'Egypte ? Le dieu de la Lune, ça vous dit quelque chose ...? Non... Tant pis. Ce mec, dans les légendes, on disait qu'il faisait des parties de jeux oubliées. Les humains pariaient leurs âmes, leur Ren, car ils y étaient obligés. Et la partie perdue, ils se faisaient dévorés. Cet idiot échangeait les âmes contre du temps. Bien sur, c'était grâce à cela qu'il pouvait modifier le temps, grâce à tous ces Ren oubliés. Enfin bon. Ne me demandez pas où tout cela a été appris. Même si je le savais, je ne vous le dirais pas.

J'étais habillé d'un pantalon noir jean, taille basse. Mon caleçon dépassait à l'arrière, mais quelle importance ? Je n'avais pas besoin que les autres me regardent comme une bestiole de rue. Alors voilà, la mode passe aussi chez les geeks. Sweat rouge foncé, converses pareilles, enfin bon, pas besoin de dire aussi la couleur de mes chaussettes. Mes cheveux noirs étaient légèrement mouillés... Sûrement la chaleur de l'alcool. Cette boisson me tuera... ET LES GENS. JE RÉFLÉCHIS, JE ME SENS MIEUX ! Gooood gammmeee. Ma tête tournait moins. Les bourdons qui accouraient à ma porte se dissipaient peu à peu. Je voyais encore un peu flou, mais ça tenait. Main dans la main, nous arrivions au lieu tant attendu. La lumière m'aveuglait, tellement ses lumières jaunes étaient fortes. Je haïssais cette lumière, comme toutes autres, d'ailleurs. Mon moral était bas, d'une main, je reproduisais lentement le geste de ma gameboy. On aurait dit que j'étais un petit enfant drogué, qui allait se faire dévorer par le premier passant. Mes yeux étaient à présent grand ouvert, je murmurais quelques paroles d'une vieille comptine : «Et Salambô au Pakistan
Elle a touché une Fleur Sacrée
Et elle craque au Pakistan
Elle a trop vu, trop entendu... » Que je peux être con, vraiment, quand j'suis saoul... Un vrai crime s'teuplait ! Si je savais c'qui allait arriver au mec d'en face les jours qui arrivent. Si j'avais su ! Enfin bon, la n'est pas la question. On entra donc dans ce supermarché nocturne. J'étais tellement crevé que les murmures des gens me faisaient rien. D'ailleurs, j'vais apprendre bientôt ce qui s'appelle une gueule de bois. La petite boutique comptait trois rangées de nourritures et autres trucs pas trop utiles, quelques distributeurs, et ... De l'eau. Bien sur, il y avait aussi un comptoir, avec un mec assez ... Corpulent, qui nous regardait comme si nous venions de Mars. J'ose même pas me demander ce qui serait arrivé si j'avais bu quelques verres de plus. Mon esprit est capable de tout. Sans que je ne dise rien, une sucette a atterri dans ma bouche. Tiens, le sucre, ça fait monter les vitamines... En plus, le goût horrible de ce jus de merde s'enlève un peu -ou s'intensifie, faut voir-. J'parcours les rayons, sans vraiment de but particulier, j'avais déjà zappé la phrase de Mister. C'était quoi déjà ? Ah... Un truc du genre, tu veux bouffer quoi. En silence, j'commence à quitter la planète Terre, pour dormir dans un esprit vide et perdu. Non, faut pas s'endormir... Et pouf, je touche à ce qui fait le plus mal, c'est à dire mec, ma première tentative de meurtre. Ouep, genre sur ma tempe, y'a une belle cicatrice cachée. Ça m'a suffit pour revenir illico sur le carrelage. J'avais été même trop absent pour voir que l'ami avait fait une petite visite autour de mon cou. D'un geste un peu brusque, je me dégage, les frissons parcourent mon corps qui commence à retrouver un peu de ... Peps. Je serre les poings, que j'enfouis dans ma poche. Le regard vide, je n'observe plus que des scènes que mon cerveau n'a même plus envie de comprendre. Des clacs, une flamme, des boîtes... Puis le blond qui revient tout content. Bravo, t'as fait tomber l'caissier, t'es content ? Si tu devais jeter tous les passants sur les routes, tu finirais en Taule mon vieux... Mais tu l'sais ça, non ? T'as vécu pire, et à mon avis, la taule serait même un paradis comparé au reste de ta vie. Je prends des Twix, une canette d'oasis et une bouteille d'eau, avant d'lancer des yens au vendeur. J'tiens pas spécialement à me faire tabasser par mon père, si par malheur les flics le contactent. Par c'que mon vieux, les ruses et les mots ça l'connait. J'suis sûr que ça pourrait être un vrai king chez les Oranges. Sérieux. Bon, cesse de pensées, j'me tourne vers mon sauveur du soir avant de lui tendre un Twix. J'lêche ma sucette comme un gosse. Surtout que ce truc là laissait la langue de différentes couleurs après utilisation. Super, j'aurais une dentition bleu en rentrant. Comme si j'avais passé mon temps dans le désert, j'ai commencé à boire ma bouteille d'eau, pratiquement cul sec. Pas qu'j'ai soif, mais j'tiens pas a recommencer la folie de ce verre de pseudo jus de fruits. Je jette ensuite la bouteille, accompagné de près par mon bâton de sucette, pour finalement foutre la canette et les Twix dans ma poche. J'contemplais comme un gamin les cicatrices de mon compère. Ok, je sais, il aime pas. Mais j'suis devenu un pro en matière de cause de cicatrice. J'sens ses yeux, j'detourne le regard, pas question d'avoir une autre leçon de moral. Avant toute interception, toute parole, je lance, presque à contre cœur quelque chose qu'à un mec, j'aurais jamais dit. Non, vraiment. Le mec que vous voyez à ma droite, il a vécu peut être pire que moi. Et il résiste à tout... En fait, j'ai trouvé. C'est comme Mario en mode écureuil à paillettes dans New Super Mario Bross 2 3D. Sauf qu'il a le même âge que moi. C'est fou comme j'me sens p'tit. Même avec Ran et Addi j'me sens p'tit. Avec Shizue aussi. P't'etre à cause de ma maladie d'enfance, liée à la malnutrition. J'me suis renseigné, hein, et c'était censé avoir disparu depuis le 18ème siècle dans les pays riches. Ben non. À croire que je suis indien. C'est la merde, en fait. Revenons à mon p´tit murmure discret... J'ai lancé ça :

« ... Merci. » Et je me suis promis de ne plus le redire à un mec qui a le même âge que moi, a part dans des circonstances extrêmement exceptionnelles. Retourné dans mon monde passif, je comptais les voitures qui passaient, en imaginant qu'elle était la vie des gens dans chacune d'elles.