Juste une nouvelle journée de merde à me faire chier. Juste un instant pour réaliser que je ne sais pas où je vais, un moment pour imaginer ce qui pourrait m’arriver de pire aujourd’hui. Un soupir qui illustre mon état d’esprit, un coup de poing qui part dans la gueule d’un mec qui a voulu me demander du feu. Je ne suis pas un distributeur merde ! Ils me gonflent tous aujourd’hui, sérieusement. Je n’ai personne pour exprimer ma colère, mais je sais qu’on me suit. Depuis que j’suis sortie faire un tour aux jardins, ensuite à la douche, puis dans les longs couloirs pour aller me chercher de la bouffe. Mon humeur est certainement médiocre désormais, mais je laisse couler ça. J’me balade avec un repas dans une poche après tout, j’ai l’air d’une conne qui tape sur tout le monde.

Je passe encore dans d’autres couloirs –bon sang y’en a trop !- et débouche dans le hall d’entrée. Là j’me fais éjecter parce que j’ai à manger dans les mains et aucun prétexte correct pour venir ici. J’me retiens de la frapper cette pouffiasse, je regarde autour, je l’écoute pas. L’autre naze qui me suit sans oser m’approcher depuis ce matin j’vais le cogner au point que c’est l’hosto qui va venir le récupérer ! Ouais, j’me suis levée dans le pâté ce matin. Je n’ai pas réussi à m’endormir tôt, du coup j’ai veillé en regardant par la fenêtre jusqu’à deux heures du mat. Je m’endors, dix minutes après réveillée par l’orage. J’en ai bouffé mon oreiller. Puis, ça a terminé genre trois heures plus tôt, vers cinq heures. Donc, je me suis rendormie, sauf que les colocs se sont levé à six heures pour aller en cours. J’ai séché, parce que je me suis réveillée à dix heures. C’est là que tout a commencé.

Et maintenant, je suis dans le hall d’entrée en direction d’une porte que je ne connais pas, en espérant pas me faire chopper par ceux qui surveillent. J’y passe tranquillement et descend les marches, avant de m’arrêter en bas, les yeux écarquillés. Un endroit géant ! Avec des étagères à n’en plus finir, remplies de vieux cours et cahiers je suppose, des tables demi cassées ou neuves, des chaises… Mais pas de bouteille. Dommage, ça m’airait remonté le moral. Par contre, le truc bien c’est qu’il fait frais ici. Ça fait du bien, parce que comme toujours j’me balade avec ma robe…
J’avance sur le sol que je devine glacé, en regardant les murs de pierre. J’essaie d’être silencieuse, mais j’éternue, comme une abrutie. J’entends des pas et là, je me mets à courir, affolée. Je ne sais pas ce qu’il me prend mes jambes continuent longtemps à me porter, avant que je glisse sur le sol et finisse à terre. Je grogne contre moi-même, ayant peur d’être prise la main dans le sac. Je reste là à cogner le sol, avant de me relever je ne sais comment et d’essuyer ma robe devenue quelque peu poussiéreuse. Je soupire, fixe mon sandwich dans la main et décide de le sortir pour commencer à manger alors que je m’assois sur une table dans le coin.

Un jour comme les autres je crois. Ah non, c’est vrai, aujourd’hui j’avais envie d’aller en cours mais juste pour emmerder mon monde. Comme toujours d’ailleurs depuis que je suis né. Je ne saurais dire si en ce jour, j’étais de bonne ou mauvaise humeur, je m’arrange toujours pour chercher les emmerdes en fait. D’ailleurs, je crois que je vais aller squatter dans la cave ce midi ou peut-être avant, je ne sais pas encore. Au frais, avec les quelques bouteilles de vin qu’il peut y avoir par là bas.

Nous étions donc déjà ce matin à 7h où mes colocs faisaient du bruit pour se préparer. N’étant pas vraiment de bonne humeur le matin, surtout quand on me réveille, je me levais avec une tête de déterrée et un regard à faire peur. J’ai failli en claquer un quand il me demanda en rigolant comment j’allais. Non, en fait, je crois que je vais plutôt retourner dans mon pieu et puis dormir jusqu’à ce que j’ai envie d’aller me promener dans les couloirs et surtout d’aller dans un endroit bien au calme. Raaah me demander de réfléchir dès le matin ! Agissant mécaniquement, je retournais me coucher mais mon téléphone sonna une heure après ; le réveil. Là, j’étais vraiment grognon pour le coup ouais. Repoussant les draps avec violence, je me levais pour ensuite aller me doucher mais cela ne fit pas grand-chose tout compte fait.

M’habillant du plus simple : jean troué et t-shirt, je déjeunais rapidement avant de prendre mes semblants d’affaires ; à savoir mon héro, mon paquet de clope avec mon zippo et… bah c’est tout. Je fermais alors la porte puis commençais à me promener dans le couloir évitant soigneusement de regarder les gens. J’suis levé du mauvais pied, faut pas trop venir me chercher. Un moment plus tard, rentrant dans un mec ou non le contraire, je m’en fiche je ne cherchais pas à comprendre. On commença à se taper dessus. Tout ça pour finir avec une lèvre en sang. Bah c’est déjà pas mal, j’ai évité de trop me faire du mal. Descendant les escaliers, j’atterris dans le hall. Je me dirigeais alors vers la cave puis descendis tranquillement bien que toujours de mauvais poil. Avançant pas à pas, quelques minutes j’entendis du bruit qui me fit sursauter comme jamais. Rah qui c’est qui s’amuse ici ?! Merde quoi !

Et là en avançant, que vois-je ? Plus précisément une fille entrain de manger semblerait-il un sandwich. What ? Je m’avançais à sa hauteur, m’allumant ensuite une cigarette.

« Que fais tu dans un endroit pareil, si ce n’est pour manger au calme ? »

Un ton pas franchement agréable même si je sais me faire doux quand il le faut.