long time no see.

Des nuages grisonnants recouvraient le ciel et un vent léger et frais fouettait le visage de Lith, couvrant ses joues d’une légère teinte rosâtre. Du haut de ses 1M69, elle attendait (im)patiemment ce cappuccino qu’elle venait de commander au café non-loin de son lieu de travail. La journée, qui pour la plupart se finissaient enfin, faisait tout juste de commencer pour la brune au fort caractère. Travailler dans un bar n’était probablement la meilleure idée qu’elle ait eue, mais il fallait bien qu’elle paie son loyer et ses dépenses, maintenant que son père l’avait en quelque sorte « reniée ». Et ce n’était pas Hikari qui allait se casser le cul à bosser alors qu’elle était encore élève et plus encore, la chef du clan des amazones. Donc il fallait bien que quelqu’un le fasse et comme Lilith vieillissait, elle devait montrer l’exemple aux plus jeunes. La seule chose qui lui manquait terriblement, c’était sa fille. Contrainte de laisser la garde au paternel, elle avait juste eu le temps de voir passer les deux premiers mois de la petite, c'est à dire très peu.

C’est en rêvassant au fait qu’Annabelle devait avoir vraiment grandi qu’elle paya enfin son cappuccino, le doux parfum du café au lait venant titiller ses narines délicates. Lith pris d’un pas décidé la route qui la menait vers le bar minable où elle devait faire une prestation chaque soir, chantonnant un air plutôt en vogue en ce moment. Elle était habillée plutôt classiquement, avec un simple slim noir et un top à bretelles de la même couleur. Bien évidemment vu qu’il était environ dix-huit heures et que l’hiver s’était déjà bien installé sur la ville, elle avait tout de même un manteau – aussi noir que la tignasse de cheveux qu’elle avait sur le crâne – recouvrant ses épaules. Et ses talons (Louboutin je vous prie ! Une des seules paires de  grande valeur dans sa garde-robe, malheureusement) claquaient sur le bitume au rythme de ses pas effrénés. Son style vestimentaire était devenu plus professionnel, moins « je m’en foutiste et je vous emmerde amicalement ». Ça la rendait plus adulte et elle faisait – et assumait – parfaitement ses vingt-quatre balais.

La brune décida de prendre le chemin du parc, certes c’était plus long pour arriver au travail mais cela évitait de passer par les petites ruelles un peu glauques et de se faire aborder par des types un peu trop portés sur la poudre blanche. Et ce parc était terriblement reposant. La jeune femme y avait passé des heures, assise sur ce banc, avec Reiji, à parler de tout et de rien, à simplement s'émerveiller devant les fleurs multicolores qui parsemaient les environs. Sa marche continuait, sirotant de temps à autre cette putain de merveille qui se trouvait dans son gobelet Starbucks. Son regard parcourait les lieux, si calme et pas désagréable à l’œil. Les arbres avaient pris la couleur rougeoyante de l’automne mais la plupart des feuilles tombaient allègrement au sol. De nombreux parents promenaient leurs enfants et il n’y avait aucun élève de sei ici. Probablement parce qu'il n'y avait strictement rien à faire dans ce jardin miniature.

Enfin, presque aucun élèves. Elle reconnut, assise sur un banc, l’ancienne amazone devenue mermaid. Hinamorie – de son prénom - se tenait là, les yeux rivés sur … un bébé ? Hm, peut-être que c’était simplement une nièce. Peu probable, vu la manière dont son regard couvait le bambin avec affection. Et Lith reconnaissait ce regard entre mille. Elle avança donc, profitant d’une poubelle pour jeter son gobelet désormais vide. Et sa voix un peu enrouée (à force de pousser la chansonnette, il fallait forcément que ça arrive) elle haussa le ton.

« Dis-moi que ce n’est pas le tien. » souffla-t-elle entre ses lèvres vermeilles, ses pupilles jade scotchées sur l’enfant – qui se trouvait être une jeune demoiselle – plutôt énervée avec son hochet. Elle devait probablement avoir pris de court Hinamorie car cette dernière semblait être sur le point de sombrer dans le sommeil. Hina’ était si jeune, quel foutu connard l’avait mise en cloque et embarquée dans les péripéties de la maternité ? Ses sourcils se froncèrent rien qu’en pensant au type qui l’avait engrossée. Elle allait le défoncer, de toute ses tripes.

Cette personne si importante pour toi, tu ne l’avais pas remarquée, non. Tu étais si captivé par ta fille qui se levait de sa poucette, voulant poser ses petits pieds sur le sol. Lâchant un léger soupir, tu attrapes la petite, la posant sur le sol, lui tenant les mains. Elle se lève et se retourne vers toi, un sourire sur le visage, l’innocence qui se dégageait de son faciès te faisait fondre, littéralement. Lui adressant un sourire en retour, tu fais une grimace en ricanant, la fillette rigole, encore une fois. Elle était si mignonne si captivante, mais la voix de ton amie t'avais sortie de ton rêve, te ramenant à la dure réalité. Celle où, dans la normalité des choses, tu aurais dû avorter. Celle où, dans la normalité des choses, Sayori aurait dû être ta petite sœur. Te raclant la gorge, tu tournes ton faciès en direction de la voix qui t’avais fait frémir de peur. C’était bien elle, tu la reconnaîtrais sans problème, et ce peut-importe le nombre d’années qui s’étaient écoulées depuis votre dernière rencontre. Lilith, celle que tu considérais comme ta mère autrefois, bien que ce soit toujours le cas, se trouvait là devant toi. Cela faisait bien deux ans que tu ne l’avais vu, tout comme tous les pensionnaires de Sei. Et, tu savais pertinemment qu’elle serait furieuse de savoir que cet enfant était le tiens.

Tu te mordilles légèrement la lèvre inférieure, une Hinamorie troublée, cela faisait longtemps. Soupirant, tu te lèves, portant Sayori dans tes bras. Saluant Lilith, tu déposes la petites sur le banc, mettant une de tes mains dans la poche arrière de ton jean, tu baisses doucement la tête. Un regard discret et protecteur toujours porté sur ta fille. Cela ne te servirait à rien de mentir à Lith, tu savais très bien qu’elle pouvait lire en toi comme n’importe qui lirait un livre avec facilité. Soufflant sur ta frange, tu redresses ton visage, regardant ton ancienne reine dans le blanc des yeux.

— Tu dois déjà connaître la réponse, Lith. Mais ça me fait plaisir de te revoir.

Tu joues avec tes ongles, légèrement stressé. Tu te demandais s’il était nécessaire que tu lui communique le nom du père de cet enfant. Le géniteur de Sayori, qui était tant détester par cette figure maternelle qu’est Lilith à tes yeux.
Posant de nouveau ton postérieur sur le banc, froid, du parc. Sayori pose ses bras autour de ta nuque, posant ses lèvres sur ta joue, puis elle tire sur tes cheveux. Tu la regardes, prenant un air joyeux, puis tu la bombardes de chatouilles, la fillette se vautrant sur tes cuisses comme pour se protéger. Tu soupires, encore une fois, positionnant la petite sur tes cuisses de façon plus confortable, tes bras entourant son petit buste, histoire de la réchauffer un peu plus. L’ancienne amazone est toujours là et elle doit surement se poser des questions sur l’origine de cet enfant, alors en prenant un grand souffle, tu te décides, tu devais tout lui dire, quitte à ce qu’elle s’énerve à ton égard, de toute façon cela ne changerais pas grand-chose, le mal est déjà fait.

— Pour te faire un petit résumé. Quand je suis partie de Sei, j’étais enceinte. J’ai longtemps hésité à garder ou non Sayori, mais finalement ma mère était prête à m’aider et je n’ai pas eu la force d’avorter à vrai dire.

Te frottant légèrement les joues, tu poses un regard assez triste sur les traits du faciès de Lilith, te pinçant les lèvres, serrant les poings. Tu n’arrivais vraiment pas à tout lui dire d’un seul coup. Luttant entre la vérité ou le mensonge.

— Du coup, ma mère est venu ici, pour s’occuper de ma fille pendant que j’étudie. D’ailleurs, le père aussi est à Sei.

Dis-tu en rigolant, un rire dépourvu de toute joie. Tu caresses la joue de Sayori, qui jouait toujours avec ta chevelure pomme d’ailleurs.

— Le père c’est Taito Natsume.

Tu soupires, fermant les yeux un court instant. Tu sentais bien que c’était trop d’informations d’un coup. Tu savais les dernières paroles qui avaient fait vibrés tes lippes étaient comme un coup massue pour Lilith. Ricanant doucement, tu secoues lentement ta tête de gauche à droite, regardant devant toi. C’était de plus en plus calme, les gens commençaient à partir tour à tour du parc.

— Je n’attends pas vraiment grand-chose de lui, à par le voir souffrir. Je lui ai parlé et il ne semble pas vraiment troubler. Il ne se sent pas responsable ou autre. Je ne sais vraiment pas ce qui est le plus triste. Son manque d’intérêt pour sa propre fille, ou ma naïveté, peut-être ? Surement. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais.

Un nouveau sourire emplit de tristesse trouble les traits, d’habitude si joyeux, de ton faciès. Il ne restait plus que les commentaires de Lilith pour t’achever, ou au contraire te rassurer. Pour le moment, tu reportes ton attention sur Sayori, cette dernières n’arrêtait pas de bouger dans tous les sens. Tout compte fait, tu ne savais même pas ce qui t’avais motivé à revenir ici. Attendais-tu vraiment une réaction positive de Taito, que tout redevienne comme avant ? Le monde change, mais ta naïveté, elle, est toujours aussi intacte ma chère Stark.

feat. Lilith Natsume ▲ dialogue #84B382 ▲ hrp désolée pour le temps ♥
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long time no see.

Hinamorie n’avait pas vraiment changée depuis que Lilith l’avait vue pour la dernière fois. Elle était toujours aussi rayonnante, avec ce charme qui faisait tourner la tête de tous les hommes. Mais au-delà de ça, pour quelles foutues raisons avait-elle eu un enfant avec le Taito ? Déjà qu’il portait le même nom que Lith, là c’était un peu la cerise sur le gâteau. Les poings de l’ancienne reine se crispèrent sous les paroles de la jeune femme. La petite n’avait rien à voir là-dedans, c’était à Taito que Lith allait faire goûter ses poings. Les vieilles rancunes ne disparaissaient jamais vraiment, n’est-ce-pas ? Lilith soupira un long moment et rendit un sourire à la petite fille qui la zieutait depuis quelques minutes. Sayori, hein. Prénom typiquement japonais. Ce qui fit sourire de plus belle Lith, elle qui avait plutôt opté pour un prénom étranger. Après tous les parents d’Annabelle portait tous les deux des prénoms étranges.

« Elle s’appelle Sayori alors. Elle te ressemble, Hinamorie. » Répondit Lith sans vraiment s’énerver, ni même lui crier dessus.

Lith faiblissait toujours devant les enfants, de toute manière. Son côté chien méchant s’éclipsait devant des marmots, surtout depuis qu’elle avait eu Nana. Elle s’était assagit un peu et n’allait pas non-plus en vouloir à mort à Hinamorie pour avoir eu un gosse. Même si elle aurait pu mieux choisir le père, en fait. Elle se demandait dans quelles circonstances (sûrement louches) elle avait pu coucher avec lui. Elle ignorait même qu’ils avaient été ensemble ou qu’ils se connaissaient. Tout ce qui rappelait Taito à la brune, c’était leurs innombrables altercations. Lith le détestait de toutes ses tripes et plus encore. Elle continua à parler, visiblement aussi bavarde que Hinamorie qui lui avait expliqué les grandes lignes de sa vie actuelle en deux minutes. Elle n’arrivait décidément pas à lui en vouloir, vraiment pas. Leur précieuse amitié était bien trop importante pour que Lith la renie sur un claquement de doigts ou pour une erreur commise. Ne lui laissant pas le temps de répliquer, la grande brune continua.

« Je pense que c’est tant mieux si ce bout de chou ne connait pas son père, j’veux dire, c’est Taito, on ne peut pas lui faire confiance. Ce gars ne mérite que de finir mort dans un égout, si tu veux mon avis. »

Et même si elle ne voulait pas l’avis de Lith, elle l’aurait donné quand même. Elle ne l’aimait vraiment pas, ce foutu mec. Elle l’apparentait à un cafard qu’on devait absolument écraser. Même Flippy, le père de sa propre fille, était moins haï par Lith. Faisant claquer ses talons une nouvelle fois, la jeune brune pris place sur le banc, s’asseyant juste à côté de Hinamorie. Le boulot ? Tant pis pour le moment, son amie était plus importante que n’importe quel job foireux. Et le boss de Lilith était plutôt cool avec elle, étant donné qu’il voulait se la faire, ce qui la faisait doucement rire, car ça n’arriverait jamais. Hinamorie n’avait pas besoin qu’on lui en veuille, Lith sentait bien le poids dans la tristesse dans son sourire. Elle semblait épuisée, malgré son teint lumineux. Elle était aussi sûrement déprimée que le père ne veuille pas prendre ses responsabilités.

« Même si le père est un c-o-n-n-a-r-d - Lith avait épelé le mot car elle ne voulait pas que Sayori apprenne ce genre de choses vulgaires - tu ne peux pas nier que cette petite est adorable. Disons qu’elle a pris les bons traits physiques et j’espère que son caractère ne sera pas une copie de celui de Taito. Donc c’est à toi et ta mère de faire en sorte que cette petite réussisse dans la vie, pas comme l’autre. Honnêtement j’espérais qu’il avait quitté le bahut, mais il semblerait que non. »

Conclu Lith en observant Sayori une nouvelle fois, qui semblait avoir sommeil. Elle aurait pu la bouffer, tellement elle était craquante. Ça lui rappelait Nana, la première fois qu’elle l’avait tenue dans ses bras. On critiquait souvent les enfants, mais au final, avoir le sien nous faisait voir la vie autrement.

Même-ci tu savais qu’elle te soutiendrait, même-ci tu savais qu’elle ne se fâcherait pas, même-ci tu savais qu’elle serait toujours là quoi qu’il advienne, tu sentais le regard lourd de Lith sur toi. Le jugement de ses  pensées qui se ressentait dans ses iris, méchant ou non. Tu ne savais pas trop où te mettre et tu savais pertinemment que le fait d’avoir tout raconté à Lilith d’une seule traite ne lui plairait pas tellement que cela. D’où le fait qu’à l’époque, tu n’avais jamais parlé à Lith de ta relation avec Taito, trop risquer. D’ailleurs, personne d’autre que vous deux n’était au courant. Une relation discrète aux yeux de tous, pendant que vos clans se déchiraient à cause de la guerre. C’était dur à imaginer, dur à croire. Cette époque où tu étais naïve, aveuglée par ton amour, réciproque à l’époque, et qui maintenant semble perdu et ce, malgré le fait que tes sentiments n’aient pas encore totalement disparus. C’est vrai … Quand on aime une personne de toute ses tripes, il est difficile de l’oublier d’un claquement de doigt, même-ci on s’efforce de le croire, même-ci notre cœur nous le fait croire, même-ci on essaie de passer à autre chose … De plus, Sayori te rappelait vaguement son père, malgré le fait que presque que tous ses traits physiques soient plus proches des tiens que de ceux de son père biologique. Soupirant, tu regardes Sayori, légèrement perdue, le regard un peu triste. La fillette se met debout sur le banc, entre toi et Lith, puis elle te prend dans ses bras, enfin. Elle passe plutôt ses bras autour de ton visage, ce qui t’arraches un sourire avant que tu ne poses tes lippes contre la joue de la prunelle de tes yeux, la câlinant en retour. Tout en écoutant Lith, qui semblait d’accord avec le fait qu’elle te ressemblait, ça faisait un point en commun avec toutes les autres personnes ayant pu apercevoir ta fille.

Soufflant sur le visage de Sayori, tu continues de la taquiner tout en écoutant Lith. Sayori fatiguée ? Il faut bien croire qu’elle faisait semblant, à l’heure actuelle elle était plus réactive qu’une boule de fusion. Enfin, tu écoutes attentivement ce que te dis Lilith. Sentant une légère haine dans ses propos, ni envers toi, ni envers ta fille, mais une haine certaine et incontestable envers le père de cet enfant qui était le tiens depuis maintenant un an et demi, ça passe vite. Détournant ton regard vers Lilith, posant Sayori sur tes cuisses, entre tes bras, de façon à ce qu’elle arrête de bouger dans tous les sens, tu fixes Lilith. Vous étiez trop bavardes, c’était amusant. Les années s’écoulent vite, les actions et les changements dans ta vie sont grands, alors évidemment … Il y avait matière à s’interroger, matière à parler pendant encore beaucoup de temps. Lith s’asseyant à tes cotés, tu frémis légèrement à cause du vent qui avait suivis ses mouvement, puis tu fermes les yeux l’espace d’un instant, un soupire. Le désespoir, ou les remords ? Qu’importe, tu ne pouvais pas revenir en arrière, mais tu ne regrettais pas d’avoir donné naissance à Sayori, plus maintenant. Au départ ça te semblait difficile, mais avec ta mère qui s’occupe d’elle durant la semaine pour que tu puisses étudier sereinement, tout allait pour le mieux.

Tu regardes devant toi, laissant Sayori bouger pour qu’elle puisse s’approcher de Lith. L’enfant rampe vers ton ancienne reine et lui tire doucement les cheveux avant de prononcer un «  Ith ? » tout en regardant ton amie d’un regard des plus innocents et interrogatif du monde, provoquant un sourire sur ton visage. M’enfin, dans tous les cas, Lilith n’avait pas tort. Taito n’était pas le meilleur père pour un enfant, il n’était pas non plus un bon samaritain, mais plutôt un connard, comme elle venait de le dire d’elle-même. Baissant doucement la tête, tu poses tes mains sur les cheveux de Sayori, caressant doucement sa chevelure ébène.

— Je le sais bien Lilith, je le sais bien. J’ai juste … été naïve. Et je le suis toujours.

Tu soupires et regardes ta fille en abordant une mine légèrement triste.

— Vu que je ne semble pas encore être prête à l’oublier malgré tout ... C’est encore difficile.

Soupirant une énième fois, tu laisses Sayori se rapprocher davantage de Lith, elle qui essayait encore de prononcer le prénom de la demoiselle à la chevelure ébène. Te mordillant légèrement les lèvres, tu prends un baume pour les lèvres se trouvant dans ton sac, passant ce dernier sur tes lèvres légèrement sèches avant de tourner la tête vers Lith.

— Enfin, si on arrêtait de parler de moi. Et toi de ton coté ? Ça doit faire bien deux, voire trois ans qu’on ne se donnait pas de nouvelles, tu as bien des choses à me dire. Du moins, je pense.


Articules-tu, fixant l'ancienne reine des Neptunes d'un petit sourire amicale et désireux de connaître les diverses nouveautés de son existence.

Ça paraissait surréaliste, tout ça. Hinamorie Stark, la reine des Saturn, avoir enfanté avec un homme ? Qu’elle couche avec eux ou leur fasse la misère semblait bien plus plausible que … ça. Que cette petite copie conforme d’Hina’ qui regardait Lith d’un air étonné, rampant vers l’ancienne neptun. Elle essayait péniblement de prononcer son prénom – c’était trop mignon bordel – et arracha un sourire à la belle brune. La naïveté de son amie Saturn avait eu un prix et il était là, devant l’ancienne des Neptunes. Deux grands yeux de couleur clair émerveillés la détaillant de haut en bas. S’il elle n’avait pas été aussi mignonne, Lith l’aurait sûrement méprisée, voir rejetée. Mais tout ce qui était mignon la faisait craquer, alors pour aujourd’hui, ça passait. Soufflant un léger soupir entre ses lèvres, elle répondit doucement, taquinant le bébé joyeusement.

« Moi aussi, j’ai eu un bébé. »

Elle avait été directe, franche et sans se soucier le moins du monde du regard d’Hinamorie, qui allait sans doute être choquée, elle continua à parler, visiblement aussi bavarde qu’une pipelette aujourd’hui. Le plus grand défaut de Lith était son incapacité à mentir. Outre son manque de tact évident, elle ne savait pas du tout inventer des histoires à dormir debout. C’est une des choses qu’elle respectait chez les Saturn. Ces filles-là jouaient avec le cœur des gens comme s’ils n’étaient que des marionnettes de chair et de sang. Elle les enviait presque de magner les mots comme des poignards. Elle ne laissa pas le temps à Hinamorie de réagir et continua sur sa lancée. Cependant elle restait sur ses gardes, parlant plutôt bassement, de peur que des oreilles curieuses trainent dans le coin. La petite Sayori lui tirait les cheveux et balbutiait des choses incompréhensibles à la demoiselle tandis qu’elle s’exprimait.

« Une petite fille, pour être tout à fait exacte. Elle s’appelle Annabelle. Elle est un peu plus jeune que Sayori, en fait. Mais je n’ai pas la garde, donc je ne sais pas vraiment comment elle va. Quand au père, je l’ai revu récemment, il semble prêt à assumer son rôle mais j’ai bien peur que ça soit trop tard. Elle est déjà bien loin du Japon. » Conclu Lith en souriant légèrement. La peine était lisible sur son faciès mais elle n’allait pas pleurer. Trop de larmes avaient été versées au cours de ces derniers mois et il n’était pas question de retomber dans ce cercle vicieux. L’avenir lui tendait les bras, elle n’allait pas ressasser le passé inlassablement.

« Enfin bref, le passé c’est le passé, comme on dit. J’ai obtenu mon diplôme de fin d’études de Sei, maintenant je travaille dans un bar branché dans les hauts quartiers de la ville. A l’occasion, viens faire un tour. Tu pourras boire à l’œil et évidemment, m’entendre chanter ! »

Elle mit une petite pichenette à Sayori qui lui tendait les bras, l’air de dire « j’en ai marre porte moi bitch ». La prenant afin de qu’elle ne se mette pas à pleurer, Lith esquissait de nouveau un sourire, plus étendu, plus sincère.

« Bah dis-donc, elle est pas légère, ta fille ! » s’exclama Lith en riant. Si mignonne, mais si lourde ! Elle avait l’impression de porter un sac de pommes de terres.