Sei Gakuen
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à -50% (large sélection)
Voir le deal

 
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME]

Invité
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeMer 10 Avr - 7:47
Le vent s’engouffra à travers l’échine. Traversant l’âme de son tranchant incontrôlable. Que de petites figurines voyageant d’un endroit à un autre. Petits pions éparses, formant l’immensité du cycle qui contrôle, contrairement à la bourrasque, l’action préméditée qui les gouverne. Tous, nous avons chacun notre raison d’agir. Parfois elle incarne la poursuite du bien. Mais souvent elle s’englue dans la marre de l’impuissance. Certains ont le plaisir d’avoir les pieds sur la berge, se délectant de la noyade des autres. Un plaisir amer. Presque tangible.

La hauteur respectable s’attachait à la cage thoracique comme un poing retenant le souffle contre son gré. Le professeur était déjà sur place, le visage clos, le cou camouflé par son long manteau battant au vent. L’exposition du toit avait ce petit quelque chose de bien dramatique, mais à son sens, beaucoup plus ironique. Ses cheveux noirs glissaient sur son visage à la poussée continuelle de la brise matinale. Un léger sourire divaguait sur ses lèvres, toujours en suspens. Les mains cachées sous son vêtement, il se tenait près de la corniche qui limitait le bâtiment de Sei. De loin, sa stature vibrait en silhouette informe, ponctuée d’un nuage vaporeux aux odeurs de cigarette. Les yeux presque fermés, fixant le terrain du pensionnat où grouillait les premières activités du jour, il interrompit sa réflexion en jetant le mégot dans le vide, tournoyant sans fin jusqu’à sa collision avec la réalité.

Tout avait déboulé avec tant de rapidité. Tout s’était enchevêtrée sous ses yeux sans même avoir la moindre opportunité de réagir pour modifier le cours des choses. Ses lèvres s’étirèrent à cette idée : « le cours des choses ». Pas très glorieux pour un professeur de s’avouer sa propre perte de contrôle sur le seul cours qui incarnant la résultante de ses actes. Le seul cours magistral dont il devait impérativement jeter un œil assidu et ce, avant n’importe quelle expérience chimique : sa vie, ses actes.

Il avait créé la faille. Il avait fait l’erreur de laisser transparaître une fêlure dans sa figure d’autorité. Maintenant, il en payait le prix d’une implication envers une manigance qu’il ignorait presque en totalité la nature. Une trame de fond qui jetait avec transparence une recherche perpétuelle d’avantage sur la confrontation. Peu importe à quoi servait son rôle dans ce chapitre de l’institution, il avait fait l’erreur d’y être impliqué. Grosse erreur.

Soit, lorsque l’erreur est dévoilée, ne serait-ce qu’à une seule personne, si cet individu en discerne l’avantage de la manipulée pour son bien vouloir, il le fera. Ce processus naturel est totalement compréhensible et même nécessaire à la survie de quiconque à l’intérieur de contextes d’adversités. C’est la loi de la jungle, abruti. Vis à l’intérieur, mélanges-toi à sa masse sans pitié ou crève sans remords.

Ce fut ce qu’il fit. Par choix et par conscience des conséquences qui s’opposaient à son refus de coopérer. Étrangement, son contact avec cette personne qui avait partiellement enchaînée sa liberté, retenue ses choix et ses secrets à des fins plus pratique, s’approchait d’une relation fascinante de sens. Comment ne pas haïr le choix d’agir d’un être pour ses intérêts au risque de perdre l’avantage? La réponse était malheureusement déroutante de logique. Ce n’était que le réactif inné au bon sens… Peu importe le moyen pour y parvenir. Le seul inconvénient à cette déroute résidait à un détail près d’être encore plus captivant : cette personne, cet individu qui empoigna cette chance délivrée sur un plateau d’argent, il s’agissait d’une étudiante. Bien sûr, l’étudiante ordinaire n’aurait jamais discerné ici la notion de pouvoir qui pouvait être approprié avec autant de facilité lorsque les points faibles sont mis à nus. Tout ça devait s’incarner dans quelque chose de plus fort, de plus profond. Il le savait. Le temps le lui dévoilerait.

Le parcours sinueux d’un rayon de soleil à travers la masse informe des nuages parcourut l’espace du toit en même temps que le bruit sourd de la porte qui y menait, résonnant brièvement. Elle était là. Avec tous ses mystères. Elle y était pour mener à bien leur petit jeu qui s’était établis maintenant depuis quelques temps. Toujours insuffisant pour bien la connaître, assez pour être déroutant de secrets. La voix du professeur s’extirpa entre deux souffles. Sans se retourner.

- « J’espère que la dernière fois te fut utile. J’espère qu’elle fut la dernière également. »

Il savait parfaitement que c’était faux. Qu’elle avait besoin de lui autant qu’il avait besoin qu’elle reste close sur la nature de leur entente.

-« J’ai ce que tu as demandé. »

Des mots jetés dans le vide. Tournoyant sans fin jusqu’à leur collision avec la réalité. Elle était là. Au sommet.
Lilith Natsume https://sei-gakuen.forumsrpg.com/
Lilithcofonda
Lilith Natsume
INSCRIPTION : 25/07/2012
MESSAGES : 2022
LOCALISATION : Ici & là
EMPLOI / LOISIR : Fossile
HUMEUR : Changeante
CHAMBRE : Appartement 204.
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeMer 10 Avr - 22:33
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] 6WdvhEu
C’était tombé sur elle sans qu’elle ne le veuille ou qu’on lui demande son avis, à vrai dire. Parce que si ça avait été le cas, elle aurait ignoré cette scène et serait repartie vadrouiller en ville, ou ailleurs. Mais c’était arrivé et maintenant elle devait l’accepter sans broncher. Mais connaissant Lith et ses habitudes, elle râlait toujours, pour tout et n’importe quoi. Eternelle insatisfaite, elle avait soif de pouvoir et peu importe le temps qui passait, cette soif ne s’étanchait pas. Et quand se présentait des occasions comme celle-ci, elle ne se privait pas de démontrer à quel point elle pouvait être exigeante envers les autres. Ça faisait maintenant quelques temps qu’elle menait par le bout du nez ce professeur, professeur dont elle avait oublié le nom. A chacune de leur rencontre, il lui apportait des informations précieuses sur ce qu’il se passait au sein de la bulle très fermée des enseignants et sur qui était à deux doigts de se faire renvoyer de Sei. Informations capitales qui servaient énormément à Lith, cela lui donnait un avantage certain sur ses ennemis quand il le fallait. Vous vous demandez sans doute par quel moyen Lith avait réussi à piéger un professeur de Sei, un de ces professeurs soi-disant intouchables. En fait, ce n’était qu’un concours de circonstances. La jeune femme était arrivée au moment opportun, sans d’abord se douter que les deux protagonistes étaient en réalité professeur et élève. Elle avait superbement ignoré ce qu’elle avait sous les yeux, les laissant se dévorer la bouche comme si c’était leur dernière heure sur Terre et avait repris sa route.

Mais quelques jours plus tard, elle avait revu ce type et il s’était avéré qu’il était enseignant à Sei. Elle l’avait appris parce que le jour où le sous-directeur l’avait convoquée pour lui parler de ses absences répétées au cours de chimie, le jeune homme était présent. Elle s’était contentée de sourire poliment aux messieurs, expliquant que « les cours ne l’intéressaient guère et qu’elle avait explicitement autre chose à foutre que poser son cul sur une chaise pour écouter un type inintéressant blablater pendant une heure sur tel ou tel atome ». Ce qui lui avait valu un avertissement colérique de la part du sous-directeur, un de plus à inscrire à son compteur déjà bien rempli. Mais sachant que son père versait une certaine somme d’argent pour qu’elle puisse rester élève ici, elle ne se souciait que peu du renvoi. Renvoi qui n’arriverait jamais, malgré le nombre incalculables de conneries à son actif. En sortant du bureau, elle avait patiemment attendu le professeur et une fois qu’il eut franchi la porte, elle lui avait fait signe.

Et c’est là que tout avait commencé.

Le vent soufflait sur Yokûbo aujourd’hui. Le temps n’était pas propice à la sortie mais en faisant un gros effort sur elle-même, elle avait franchi le seuil de son appartement, claquant la porte en partant. Portant son éternelle veste en cuir sur le dos, elle avait rejoint le pensionnat et avait consulté son cellulaire pour voir l’heure. Un sourire s’étira sur son faciès de poupée et elle avait grimpé jusqu’au toit, sa chevelure de jais la suivant dans un sillon. Elle savait pertinemment que c’était le QG des Bastards mais à cette-heure matinale, peu d’entre eux étaient présents. Et de toute manière, la Queen avait assez de prestance pour en faire fuir trois ou quatre, surtout les petites recrues qui ne connaissait pas grand-chose. C’est avec conviction qu’elle avait poussé la porte menant au fameux toit. Repoussant une mèche qui s’était faufilée devant ses prunelles d’un vert de jade, elle aperçut l’objet de sa venue. Elle avait esquissé quelques pas vers lui, observant discrètement son dos qu’elle trouvait large. Et il lui avait adressé la parole, mais sans se retourner pour la regarder dans les yeux. Peu importe. Ses mots la fit sourire bêtement, parce qu’elle comme lui savait que ce n’était que le début de la fin. Enfin, tant qu’elle restait muette sur ce qu’elle avait vu ce jour-là. Ce qu’elle comptait bien faire, parce qu’elle avait nécessairement besoin de lui et de son statut. Statut qu’elle n’enviait pas mais qu’elle respectait malgré tout ce qu’on pouvait dire sur Lith et sa haine des professeurs. Il y en a qu’elle aimait bien, à défaut d’apprécier leurs cours ennuyeux.

« Soyez pas si aigri, prof, ça donne des rides. »

Elle l’appelait « prof » parce qu’elle avait complètement oublié son nom. Ce n’est pas comme si ça avait une importance essentielle dans leur petit arrangement. Et elle le vouvoyait… parce qu’elle vouvoyait toujours les professeurs, en fait. Une des seules choses que Reira lui avait imposée depuis son enfance, c’était de toujours vouvoyer ses professeurs, même si elle ne les aimait pas. Leurs rencontres se faisaient une fois par semaine, de préférence quand le sous-directeur n’était pas présent, des fois que certaines langues de vipères veuillent balancer Lilith auprès du vieux bonhomme. Elle s’approcha de lui avec aisance, le vent soufflant dans ses cheveux ébène, faisant aussi frissonner sa peau diaphane doucement. Une fois à sa hauteur, elle fixa le vide avec détachement, se demandant comment on pouvait s’activer autant dès le matin et d’où ils tiraient cette énergie.

« J’espère bien que vous avez ce que j’ai demandé. Il ne faudrait pas que votre petit secret arrive jusqu’aux oreilles du directeur, je ne pense pas qu’il tolère ce genre de relation entre prof et élève. Enfin, tant que vous m’apportez ce que je veux, soyez certain que tout ceci restera entre vous et moi. De toute façon, vôtre renvoi ne m’importe guère, j’ai d’autres chats à fouetter. Vous avez la liste de ceux qui sont sur la corde raide ? »

Cette liste représentait l’avantage qu’avait Lith sur les autres. Une simple feuille de papier avec inscrit des noms d’élèves, ceux qui étaient dans le collimateur du grand manitou de Sei. Le fameux directeur que personne n’avait jamais vu mais qui exerçait une certaine pression sur les élèves, même les plus turbulents. Lith ne l’avait jamais vu mais connaissait bien sa réputation. S’accoudant avec nonchalance près du rebord du toit, elle contemplait du regard la fourmilière se réveiller lentement mais sûrement. Un léger doute traversant son esprit.
©
1041 mots, tu m'as inspirée ! :3 J'espère que tu vas apprécier ce post, bisous ♥
Invité
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeSam 13 Avr - 19:26
Les oiseaux passèrent. Corbeaux silencieux sans escales, sans choix d’entreprise ou choix de conscience. Seulement la vision du présent qui s’étale sans début, ni fin, dans l’espace restreint perçant l’intérieur de leurs crânes. Leur regard d’encre, minuscule, parcourant chaque parcelle de chair restante. La pourriture s’évapore-t-elle avec le temps? La chaleur finit-elle par recouvrir le frisson propre à l’angoisse? Les corbeaux ne s’emmerdent pas de la raison qui accueille le prochain repas. Ils ne font que passer. Le choix d’intercepter une chance inexpliquée, également, n’interagie avec aucun questionnement. Sourire.

Les dents du professeur se dévoilèrent aux paroles convaincues de la jeune femme, accoudée au muret du rebord, accoudée contre son assurance. Cette posture propre à la jeunesse indestructible. Son regard sombre se posa sur ce profil qui se dirigeait aux étendues plus vastes entourant le bâtiment. Elle et lui. Distant d’une centaine de centimètres. Tous deux surmontant l’éveil du monde, à chacun leur passé, à chacun une vision différente de ce qui submerge cet univers. Une contrée si forte par son injustice et si apte à déformer le plus pur d’entre eux que pas même une seconde du temps qui leur est réservé ne sera respirée de la même façon. Comment savoir si la teinte de ce ciel, que l’odeur de cette fleur, soit précisément la même pour chacun d’eux. Tellement décalés. Mais tellement liés.

Elle semblait jeune. Caressée par les fléaux d’une courte période qui continuera de s’étirer jusqu’à l’extinction fatidique de son souffle. Mais tout ce qu’elle a dû subir pour agir ainsi, sans innocence et sans tableau repeint de la réalité crue, ce fut probablement le fataliste résultat d’expériences déjà lourdes en vérités. Peut-être trop lourdes. Qui sait. Mais peut-être était-ce mieux ainsi après tout. Sans illusions, beaucoup plus faciles à avaler. Déglutitions.

Ses cheveux ébènes striaient sur son veston en cuir usé, ce dernier reposant sur des épaules fines d’adolescente. Elle arborait une beauté certaine, personne n’aurait pu le nier, pas même lui, mais autre chose devait amplifier ce qui ne fait que transparaitre de l’état physique. Un état plus profond auquel personne n’a accès. On accorde souvent la beauté pure et simple à un détail si infime qu’il échappe à tous. Un peu comme l’eau s’écoulant insensiblement entre les doigts. Un quelque chose à la fois frustrant et fascinant d’incompréhension. Le visage de l’homme oscilla faiblement, retournant à sa contemplation du décor matinal. Le sourire esquissé sur ses lèvres s’amenuisât tranquillement jusqu’à ne supporter qu’une infime teinte d’amusement devant l’étrange fatalité de leur rapport. Les mains dans son veston, la posture droite et fixe, ses traits sévères se détendirent lorsqu’il se tourna vers l’étudiante en la fixant franchement. Libérant une main de l’une de ses poches pour déposer son coude contre le garde-corps. De cette position, il la surplombait largement, affligé d’une taille plus grande que le commun. Dans sa main, un morceau de papier parfaitement plié, retenu entre deux doigts, gisait comme l’aboutissement même d’un savoir envié.

- « Il faudra m’expliquer, un de ces jours, à quoi te servent ces petits colis. Sa majesté. »

Évidemment que ce terme était sans connaissance de la coïncidence. Évidemment qu’il pointait ce terme avec ironie en guise de ponctuation à ses mots. Son ton usé s’effrita quand il continua de l’observer avec un sourire à demi coupé par une pensée qui filtrait parfaitement à travers ses yeux noirs. Aussi sombre que l’obscurité qui comble les tréfonds sous la glace d’un fleuve. Sans transition. Que la simple noirceur et sa profonde distorsion. L’entremise du vent qui ondulait ses cheveux en bataille parcourut son visage sobre, un peu marqué par l’heure matinale. Il l’observa comme ça, pendant quelques secondes de plus. Sa voix fut basse et distincte. Un instant d’hésitation étreignit toutefois le commencement de ses paroles.

- « Il semblerait que les choses se corsent ici-bas. La « corde-raide » n’est pas si longue, mais affecte apparemment les plus tenaces. Pour ce qui est de la raison des noms qui sont écrit sur ce papier, j’en sais trop peu pour t’informer sur quoi que ce soit. Les grands chapeaux sont toujours particulièrement silencieux à ce sujet. »

Il étira la main pour lui tendre le morceau de papier qui contenait l’information désirée. Un sourire bref agita ses traits, un mélange entre une compassion et un rictus s’apparentant à l’écoute d’une vieille blague connue de tous. Son autre paume vint tâter l’arrête de sa propre mâchoire, puis ses yeux revinrent sur elle pour la soutenir du regard. L’amusement inexpliqué s’y reflétait.

- « Apparemment nous nous retrouvons dans une situation particulièrement délicate mademoiselle. Nous avons tous deux besoins de l’autre, sans nuances maintenant. »

Il insista du regard en levant un sourcil. Signe d’invitation à jeter un œil sur l'objet qui s'érigait entre ses doigts longs.
Les corbeaux n’ont pas le souci de ce qui fait tomber le prochain repas, seulement la sensation de l’estomac rassasié. Purement et simplement.

Le morceau de papier plié s’ouvrit sans difficultés, une simple feuille dont l’écriture penchée comblait une toute petite partie au centre. La calligraphie fine était à quelque peu d’être illisible, tant les lettres attachées se déformaient par la rapidité du mouvement. L’encre avait un peu coulée sur le bord de la dernière lettre du dernier nom de la liste, car il s’agissait bien de noms, formant bel et bien une liste. Une liste toutefois bien pauvre en contenu. À vrai dire, seulement trois prénoms d’étudiant y figuraient. Les deux premiers devaient être des pensionnaires un peu trop marginaux de leurs troubles pour perpétuer leur séjour à Sei Gakuen. Mais aucuns doutes possibles pour la désignation du troisième nom. Lilith Natsume.

Elle était là. Tout en bas.

(hrp: <3)
Lilith Natsume https://sei-gakuen.forumsrpg.com/
Lilithcofonda
Lilith Natsume
INSCRIPTION : 25/07/2012
MESSAGES : 2022
LOCALISATION : Ici & là
EMPLOI / LOISIR : Fossile
HUMEUR : Changeante
CHAMBRE : Appartement 204.
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeLun 15 Avr - 5:28
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] AFGRDkz
Lith n’est pas quelqu’un de dupe ; vous savez. Ou encore quelqu’un qui se croit intouchable parce que son père paie son lot de billets pour qu’elle puisse rester enfermée dans cette école, sans aucune échappatoire. Elle jeta un rapide coup d’œil au morceau de papier plié et ses yeux se perdirent sur le nom inscrit en dernier dessus. Sa surprise fut existante. Pas de cris ; pas de larmes ; pas de phrases dénués de sens ou de mots incohérents alignés l’un après l’autre. Rien de tout ça, pas de réactions d’adolescent apeuré par le renvoi de son établissement. Rien que cette petite moue, ce petit mouvement de sourcils froncés légèrement, ses lippes qui restaient scellées et ses yeux d’un vert éclatant qui scrutait son propre nom calligraphié sur la feuille de papier. La question qui subsistait actuellement était juste : Par quel miracle son nom se trouvait sur la corde-raide ? Ses innombrables prières pour enfin quitter cette école avaient donc été entendues. Ou alors ce fichu professeur lui faisait une très mauvaise blague, plaisanterie qui aurait vite-fait de se retourner contre lui si c’était réellement le cas. Lith détestait qu’on se fiche d'elle et encore plus les mensonges. C’était les mensonges qui avaient détruit sa vie, sa famille, tout ce qu’elle croyait avoir acquis au fil de son existence alors ce n’était pas un péquenaud de prof de chimie qui allait enfoncer le clou. Le couteau dans la plaie était déjà profondément ancré et il n’y avait pas de moyen de le retirer ou de refermer cette blessure béante qui avait pris place dans sa vie depuis maintenant des années. Elle repoussa de nouveau une mèche ébène de son front et souffla quelques mots à l’attention du jeune homme – assez jeune pour qu’elle le traite comme tel – et pris la feuille avant de la replier et ranger dans sa veste.

« Ne vous en faites pas pour moi, prof, être sur la corde-raide ne m’effraie pas plus que ça. A votre avis, pourquoi est-ce que je sèche la plupart des cours et je martyrise les plus faibles ? Ce n’est certainement pas pour me fabriquer je ne sais quelle réputation ou me sentir supérieure aux autres. »

Et c’était la vérité, peu importe ce qu’il allait en penser, en fait. Lith faisait toutes ces conneries dans l’unique but de se débarrasser de ce pensionnat qui l’enfermait malgré sa majorité dépassée. Certes elle avait dix-huit ans passés, mais sans argent, sans toit et sans famille – hormis son père qu’elle détestait cordialement – elle n’avait nulle part où aller. Alors son vieux géniteur l’avait inscrite à Sei pour lui donner une chance de finir sa scolarité sans encombre. Mais la jeune femme détestait cet établissement et elle en était déjà à deux redoublements parce qu’elle n’allait jamais en cours. Soupirant bruyamment et se reposant une nouvelle fois contre le rebord du toit, Lith esquissa un semblant de sourire en regardant les élèves du cours de sport s’essouffler à la course. Qui serait assez bête pour aller courir à cette heure aussi matinale ?

« Je peux vous poser une simple question ? Pourquoi avoir flirté avec une élève si jeune alors que vous pourriez être son père ? Je sais bien que… »

Sa phrase resta une dizaine de secondes en suspens et elle ne put s’empêcher de penser aux Mermaids, ces foutues sirènes qui aguichaient pour mieux dévorer les hommes. Mais les mecs dans son genre, elle les pensait capable de résister.

« Certaines filles de Sei sont assez charmeuses et on pourrait facilement tomber dans le piège. Mais bizarrement, je vous pensais assez intelligent pour ne pas céder à la tentation. Vous étiez dans un moment de faiblesse ? »

Elle fouilla quelques instants pour dénicher son paquet de cigarettes et en porta une délicatement à ses lèvres, pivotant légèrement pour le fixer dans les yeux. Allumant son tube de nicotine en couvrant la flamme de son briquet avec sa main, la première bouffée lui fit ressentir une sensation de plénitude agréable. La première cigarette de la journée était décidément sa préférée. Jetant la cendre par-dessus le rebord, elle dévisageait sans gêne son professeur de chimie.

©
<3 <3
Invité
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeVen 19 Avr - 17:32
Et si les encombres des choix que nous fassions se terminaient inévitablement par la souffrance qui crispe la mâchoire de rage? Tu sais, cette bizarre de transcendance qui s’échappe à chaque fois que la vie s’exclame haut et fort : « Vas te faire foutre. ». Comme un coup de poing qui, après avoir chatouillé le souffle à l’intérieur des poumons, de sa douleur subite, s’infiltre et fige le temps pour s’assurer que nous digérions le malaise de fond en comble. Bien profondément. Puis, lorsqu’enfin la douleur insoutenable se dissipe et que, par la plus pure des naïvetés, nous croyons ressentir la chaleur réconfortante regagner l’espoir du cœur, le tracé de notre vie nous impose un choix encore plus cruel, encore plus tortueux, encore plus viscéral. Alors l’homme s’écroule. Il tombe et s’entre-déchire sans même se rendre compte que le problème dans la décision de sa propre existence n’est plus ce qui l’entoure. Mais lui-même.

La réaction est alors brutale. Elle résonne jusqu’aux tréfonds de la chair et s’imprègne de la moindre molécule organique qui fait en sorte que nous réagissons face au monde extérieur. Il s’agit de la conscience. Celle qui nous dit ce qui est. Celle qui nous fait sentir comme une merde dans un plus grand tas de merde. L’homme prend conscience qu’il n’est que cette chose informe et se permet de retenir son souffle, seulement pour vérifier si son essence pourrait s’évaporer dans un nuage de fumée et de flammes. La cruauté en est soudainement abjecte, putride, ridicule. Le cœur se serre brutalement à cet insoutenable sentiment de trahison. Une trahison de tout ce qui existe. Contre soi-même.

L’homme qui avait déposé sa lumière, son espoir dans les mains d’une femme et qu’ensuite, brisé par la rudesse de ses doigts et ses ongles, se retrouve à nouveau seul, déchiré, émietté. Loin, très loin de ce qui est tangible ou même de ce qui est visible. L’univers entier pourrait tourner et s’approcher de lui à une vitesse affolante pour l’effrayer, mais sans jamais l’atteindre. Qu’un sombre écho résonnant contre sa carcasse vide, vide de lumière, la femme se sauvant vers l’horizon transportant le forfait si gravement dévoué. La respiration s’affole, les sueurs froides s’installent vicieusement, les pupilles se dilatent, la peau se contracte, le rythme cardiaque grimpe jusqu’au diapason et puis, plus rien. L’homme qui s’enferme.

Que comprends-tu de ce qui fut vécu par un autre, Lilith Natsume? Lorsque plus rien ne compte pour soi-même et que le besoin inconditionnel d’être la valeur de quelque chose, d’un semblant de lumière ou d’espoir, pour quelqu’un, devient insupportable alors que la carapace est pour toujours scellée. Alors l’homme tombe et s’imprègne de la moindre goûte d’affection. Sans jugement. Sans émotions. Vide.


Il la dévisagea. À travers ses yeux, son visage si jeune, son expression si désinvolte, sa voix qui trame comme le serpent près à fuir au moindre mouvement. Pourquoi était-ce ainsi? Pourquoi les choses sont-elles ridiculement disposées de manière à détruire plutôt qu’à chérir. Un visage si jeune, mais déjà sobre d’appartenance à l’innocence. Le faciès de l’homme, quant à lui, muta vers une émotion qui sembla troublée au départ, puis marquant une pose sur une réflexion qui s’offrait d’ébats de discordes entre ses tempes. Visiblement troublé, presque maladif, il s’appuya à-dos contre le muret, détournant la tête en fixant le vide quelque part sur le sol. Que devait-il à cette simple étudiante? Des réponses? Des justifications? Un rapport détaillé sur le mal de vivre qui lui rongeait l’intérieur du crâne sans répits? Elle le croyait même si vieux que ça, et pourtant. Peut-être que les derniers moments de sa vie lui avait donnés quelques traits qu’ont ceux qui traversent beaucoup de choses. Ses lèvres s’étirèrent dans un semblant de sourire. Le genre d’expression qui flotte entre deux états.

- « Et si le choix de tomber dans le piège était prémédité? Juste pour voir ce que ça fait. Juste pour tester s’il y a encore quelque chose ici. »

Sa main vint se poser sur sa propre poitrine, contre le tissu sombre de son manteau. La voix filtrait à travers une bourrasque qui s’éteignit lentement, ne laissant que le bruit lointain d’autres conversations un peu plus bas sur le terrain. Il leva la tête, laissant transparaître une mâchoire saillante sur un cou partiellement camouflé par son collet.

- « … Ou bien ici. »

Cette fois il leva un doigt qu’il vint déposer sur sa tempe, tournant la tête pour envoyer à la jeune femme un sourire mitigé entre l’éternel amusement qui couvrait son visage et une tristesse qui s’enfuyait quelque part.

- « Dis-moi Lilith. Qui crois-tu avoir la force de résister à la tentation de vérifier s’il est encore en vie? Présentes-moi cette personne, nous aurions une chose ou deux à discuter. Réfléchis bien.»

Et c’était la pure vérité, simple et crue. Il le pensait sans contraintes et il savait bien, au plus profond de lui-même, qu’elle comprendrait ce qu’il veut dire. Qu’elle saurait. Ou alors il se serait mépris du début jusqu’à cet instant sur son sujet. Son cœur se serra dans un pincement. Le froid le parcourut et il s’y imbiba comme une éponge qui aspire l’air autour d’elle. Que de l’air, rien d’autre. Il sembla se perdre dans ses mots lorsqu’il continua sur un ton plus détaché, comme une simple affirmation jetée en l’air. Comme un simple « regarde comme ces oiseaux ont l’air de savoir où ils vont. ».

- « Si tu n’as aucune attache qui te retient ici. Je peux forcer la mise de l’autre côté. Qui sait. »

Était-ce une pointe de générosité? Il le réalisa qu’après avoir expulsée la parole de ses lèvres. Et puis à quoi bon, il pouvait bien tenter d’améliorer le sort de l’étudiante. Nous avons tous besoin d’une poussée vers l’avant, non?
L’homme porta également une cigarette à la commissure de sa bouche tout en la fixant de son regard sombre. Traversant une main à l’intérieur de son veston après avoir esquissé une moue en cherchant dans ce dernier.

Regarde comme ces oiseaux savent ce qu’ils font, mais sans l’autre, toutefois, ils ne sont que poussière. Élevée par le vent.
Lilith Natsume https://sei-gakuen.forumsrpg.com/
Lilithcofonda
Lilith Natsume
INSCRIPTION : 25/07/2012
MESSAGES : 2022
LOCALISATION : Ici & là
EMPLOI / LOISIR : Fossile
HUMEUR : Changeante
CHAMBRE : Appartement 204.
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeDim 21 Avr - 3:45
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] V6Y4sZf

Les bourrasques de vent faisaient frissonner Lith subtilement. A moins que ce ne soit son regard sombre et perçant, comme celui des corbeaux qui voletaient non-loin des deux protagonistes, qui la dérangeait quelque peu. Il avait une allure à la fois étrange et attirante, elle avait envie de comprendre ce type autant qu’elle avait envie de le fuir à toutes jambes. Jamais elle n’avait rencontré quelqu’un qui voulait vérifier être vivant. Etre en vie ne prouvait pas-t-il cela, déjà ? Les adultes restaient une part de mystère pour la jeune femme, contente d’être encore dans sa vingtaine. Devenir comme ça, comme lui, lui donnait des frissons dans le dos, faisait dresser ses cheveux sur sa tête. Elle savait bien que nombre de personnes voulaient se sentir en vie, mais pour elle, tenir sur ses deux jambes et entendre son cœur battre dans sa propre poitrine suffisait à lui rappeler qu’elle était encore de ce monde. Malgré elle. Tirant une seconde bouffée sur sa cigarette qui s’amenuisait à mesure qu’elle restait passive, elle souffla la fumée qui s’envola trop rapidement à cause du vent. Et elle répondit sur un ton mi- agacé mi- sérieux.

« Vous êtes debout devant moi, cela ne suffit-il pas à vous sentir en vie, imbécile ? Réfléchissez bien. »

Elle avait lâché ça sans réfléchir, comme elle le faisait bien souvent à l’égard des autres. Mais comment rester et garder son calme quand elle entendait des inepties pareilles ? Elle ne comprenait pas – et ne voulait pas comprendre – ce qu’il voulait dire par « vérifier d’être encore en vie ». Il n’y avait certainement pas besoin de s’envoyer en l’air ou de se bourrer la gueule pour savoir qu’on était vivants. Entendre son cœur battre le rythme au creux de sa poitrine suffisait à comprendre que nous l’étions, non ? Tirant une autre taffe sur sa cigarette, elle laissa son regard se perdre sur le vague, presque déphasée avec la réalité. Scrutant un point dans l’horizon, elle l’écoutait distraitement sans percevoir le sens de ses paroles, trop perdue dans ses propres songes et essayant vainement de comprendre le prof, sans grand succès. Elle sentit l’odeur du tabac et pivota le visage vers lui. Il fumait ? S’approchant discrètement de lui, elle tendit dans une main son zippo préféré. Il voulait l’aider, mais il ignorait sans doute ce que le père de Lith faisait pour que sa fille reste ici indéfiniment. C’était un arrangement entre le directeur de Sei et son géniteur qu’elle haïssait tant. Souriant légèrement à l’adresse du prof, elle lui remit le zippo entre les mains, reprenant la parole une énième fois.

« Je n’ai pas d’attaches, mais une prison dorée qui me retient. Vous ne pourrez pas ouvrir le cadenas de ma prison, prof, mais si vous réussissez à m’offrir un peu de « liberté », peut-être que j’arrêterais de vous embêter avec mes demandes impertinentes. En êtes-vous seulement capable, Mr. Masaki ? »

Elle s’était soudainement souvenue de son nom de famille, comme un souvenir qui remonte un peu trop vite. Un sentiment amer la gagnait petit à petit, elle n’aimait pas spécialement parler de ce qui la retenait ici-bas. Il y avait des choses qui ne devaient jamais être évoquées et la cage qui retenait Lilith prisonnière en faisait largement partie. Jetant son mégot encore incandescent par-dessus le rebord du toit, elle se mit à observer les corbeaux au plumage aussi noir que sa chevelure qui descendait jusqu’à son fessier. Elle les enviait depuis tellement d’années. Libres et pouvant voler là où le vent les portaient. Aucuns barreaux pour les retenir. Lilith laissa un long soupir filtrer entre ses lippes graciles, observant avec une insouciance certaine les oiseaux.
©
Invité
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeDim 21 Avr - 13:13
Étincelle. Celle qui s’enflamme. Celle qui crachote son souffle incandescent parcourut de filets immatériels aux tambours solitaires. Catalyseur de la source, et indéfectible point de repère qui bat le rythme de la perte de contrôle. Lorsque l’indiscernable, la raison qui fait que le rouge s’incarne à l’intérieur de la moindre parcelle de chair. Que le carmin du sang s’imprègne au souffle, au regard, aux muscles et traverse du même coup la conscience si fragilisée. Réaction temporaire à la réaction pure qui souffle sa chatouille inconfortable jusqu’aux bouts des doigts. Le poing se referme. La mâchoire se contracte. L’inconfort se prolonge vers la pente abrupte du malaise grandissant. L’étincelle qui surgit. Celle qui fait mal.

Le zippo craqua, fusilla sa flammèche propulsée vers les nuages. Sous ses sourcils, son regard se camoufla dans les gestes calculés de leur exactitude. Le visage impassible, le vent balaya ses cheveux qui dansèrent sur son front. Le faciès du professeur s’afficha dans un reflet presque irréaliste de détachement mélangé avec une pointe d’assurance débridée. Il venait d’assimiler les paroles de l’adolescente, sans plus. L’expression qu’il afficha se changea en une espèce de moue rebutée en étirant le cou pour porter la cigarette, retenue entre ces lèvres, jusqu’à la flamme affublée des fracas irréguliers de la brise. Les yeux clos, il se posa face à elle, le regard toujours fermé dans la délectation charnelle qui fusillait à travers sa bouche, parcourrait ses poumons, jusqu’à s’entremêler dans le flux de son sang pour finalement atteindre son cerveau qui vibrait déjà. Il vibrait sans rien dire, cachant éperdument son jeu. L’homme avait définitivement eut raison de cette pointilleuse manie qu’on les plus jeunes à démontrer clairement leurs émotions, intangibles blessures, aux yeux acérés des autres. Tout ce qui devait transparaître de son être à cet instant, n’était que l’affable image du professeur de chimie savourant une bourrasque de nicotine. Si seulement.

Sa tête se tourna pour libérer un filament décharné de fumée, cette dernière s’évaporant immédiatement dans le courant d’air. Ses gestes étaient lents et comblés de cette aspiration propre à ceux qui réfléchissent intensément à un problème particulièrement coûteux pour l’esprit. Dans le creux de sa paume, gisait le zippo refermé, catalyseur, qu’il leva doucement pour venir le déposé sur le rebord du petit muret, précisément entre les deux individus. Lui, puis elle. Ce fut d’un mouvement de tête à peine discernable qu’il la remercia, baissant la tête dans son collet pour aspirer une autre dose de faible réconfort, fronçant les sourcils dans la poursuite sinueuse de ses pensées. Le temps flotta doucement dans un repos d’idées fractionnées par les bruits légers qui parcouraient le toit du bâtiment, complètement désert.

Dans la pesée des secondes qui défilaient, soulevant des reflets d’inquiétudes, des fragments de minutes, quelque chose se brisa. Une fêlure qui se réveille comme une pitié pour chaque chose qui refuse de croire à autre chose que cette même chose. Le poing se referme. La mâchoire se contracte. L’inconfort se prolonge vers la pente abrupte du malaise grandissant. L’étincelle qui surgit. Le visage de l’homme se détendit. Dommage, il s’était mitigé sur son compte. Prison ou liberté?

- « Que je t’offres une liberté à l’intérieur de ta cage? Que voulez-vous mademoiselle… »

Son ton frôlait une parcelle d’ironie à peine discernable. La phrase jetée ainsi basculait dans l’honnêteté et le sarcasme par un fil pas plus gros qu’une particule vaporeuse. Un sourire s’étira sur ses joues piquées d’une pilosité de quelques jours. Le visage toujours clos, il leva les yeux brusquement, respirant un peu en soupirant doucement.

Ce fut bref, précis et cadré avec force. Le geste n’avait rien d’abjecte en soi, seulement parfaitement concentré dans le contraste déchirant du calme qui avait précédemment entourée sa personne. Sa main qui avait, n’était-ce que quelques secondes plus tôt, parcourut sur le métal du briquet, s’accrocha à la mâchoire fine de la jeune femme avec force. Son visage s’approchant du sien, parfaitement encré dans ses yeux, les sourcils froncés, le regard brûlant, la mâchoire serrée par une colère véritable. Comment avait-il pu basculer si précairement d’un état vers un autre? Il cracha ses mots en la retenant par le menton, soulevant ce dernier pour qu’elle en assimile le sens. Sans exception.

- « … Et est-ce que sa majesté aimerait que son imbécile de service lui apporte une part de tarte avec son assortiment de « libertés » ? Hein ? Qu’est-ce que tu penses ? Avoir l’absolue décision sur mes moindres gestes en oubliant le simple respect humain? J’suis pas ton chien de foire qui va chercher tes joujoux de gamine pour du vent. Tu as besoin de moi, tu as décidée de piger dans le pouvoir et j'ai décidé d’embarquer dans ton petit jeu. J’aurais très bien pu foutre le camp de cet établissement. J’suis pas enfermé, moi. »

Il la repoussa assez pour lui détourner le visage en finissant sa phrase tout en reculant pour la fixer. Ses yeux s’agrandirent lentement pour la dévisager. Ses poings se détendirent ainsi que ses épaules. Le ton sec de sa voix baissa de quelques octaves. Comme s’il réalisait en même temps qu’elle le sens de ses mots.

- « J’avais décidé de te traiter en égal, par respect justement. Une grossière erreur, peut-être. »

Sa tête se détournant vivement pour s’enfermer dans la déception figée à l'intérieur de ce frisson de colère. Une amère sensation l’envahissait tranquillement comme le pire des venins. Un souvenir de blessure, ressurgissant. Il venait de canaliser quelque chose encore incompréhensible pour lui vers une adolescente complètement détachée de ses troubles d’esprits. Se retournant, son pied vint frapper avec rage le bord d’une trappe d’aération, un mot en guise de défoulement. L'écho du métal percuté vibrant en trame.

- « FUCK! »

Il se retourna sur le muret en posant une main sur ce dernier pour s’y appuyer, passant l’autre paume sur sa nuque. La voix légèrement enrouée, il laissa glisser un autre mot. Un mot qui toutefois tombait dans le regret.

- « Pardon. »

Ses épaules se crispèrent de nervosité et il ferma les yeux en tentant de se ressaisir dans cette chaleur qui crépitait vicieusement au creux de son ventre. Le souffle déchiré. L'homme tourmenté.
Lilith Natsume https://sei-gakuen.forumsrpg.com/
Lilithcofonda
Lilith Natsume
INSCRIPTION : 25/07/2012
MESSAGES : 2022
LOCALISATION : Ici & là
EMPLOI / LOISIR : Fossile
HUMEUR : Changeante
CHAMBRE : Appartement 204.
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitimeLun 22 Avr - 5:15
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] RhgRdiK

Le geste avait été brusque et soudain. Elle en avait même fait tomber sa cigarette, surprise et choquée à la fois. Tant pis pour sa cigarette, qui se consumait péniblement sur l’asphalte du toit. Le contact contre sa peau avait été comme un courant électrique direct, une étrange sensation parcourant son échine et faisant frissonner la jeune femme qui se tenait tranquille. Pourquoi fallait-il que les pires sadiques se cachent derrière des hommes au sourire plutôt sympathique ? Elle n’avait pas cillé en le regardant, sauf peut-être quand elle avait senti ses doigts longilignes agrippés son menton gracile. En vingt et un ans d’existence, jamais personne n’avait osé élever la voix contre elle, ni la toucher aussi impunément. Que faire tandis qu’il la maintenait fermement ? Elle ne pouvait pas le frapper, il était beaucoup plus grand. Et crier n’aurait pas assez d’impact. Se contentant de le laisser faire, elle avait patiemment attendu, avec ce petit rictus sur le faciès, l’air de dire « De quel droit tu me touches, sale porc ? ». Et au final, il l’avait relâché, pour frapper contre quelque chose et s’époumoner en injuriant. Les adultes étaient des phénomènes vivants. Incompréhensibles dans leurs actions, impossible à déchiffrer dans leurs pensées. Etait-il tourmenté par ses propres démons au point de s’en prendre à une élève qui demandait juste de lui offrir de la liberté ? Ou était-ce pour se venger de la situation qu’elle lui avait imposée de force ? Lith secoua la tête pour se remettre les idées en place et ne chercha même pas à comprendre ce qu’il se passait dans la tête de ce prof. Elle ramassa simplement son tube de nicotine tombé tantôt et le balança dans le vide, montant à son tour sur le rebord, s’asseyant sans un bruit. Elle n’avait pas peur de l’altitude et le vent soufflait à en faire mouvoir sa chevelure doucement dans un sens.

« Vous êtes libre et je vous envie. Vous croyez que si je meure maintenant, quelqu’un s’en rendra compte, Mr. Masaki ? » Demanda-t-elle en murmurant, si bas que peut-être n’aurait-il pas entendu.

Elle n’était pas sérieuse en disant cela, ni suicidaire pour un sou. Mais ce genre de pensées la rongeaient par moments, surtout quand elle se sentait comme ça, comme un putain d’oiseau à qui on a coupé les ailes pour l’empêcher de s’enfuir ; avec une foutue chaîne autour du cou pour le clouer au sol. Elle savait qu’il valait mieux crever que rester à la merci de quelqu’un pendant trop de temps, car c’était un cercle vicieux dont seul l’issue était la mort. N’importe quoi, pensa-t-elle en fixant Masaki pendant quelques secondes. Il était loin d’être l’homme parfait et cachait son lot de travers, mais au moins, lors de leurs rencontres, il lui offrait une certaine forme de liberté en la laissant avoir le pouvoir. Maintenant que c’était terminé, elle retournait dans sa prison dorée, sans moyen de s’échapper. Dans un sens, elle se sentait assez triste que ça se termine ainsi. Elle balançait ses pieds sans faire attention au vide qui s’étendait dans son dos et haussa de nouveau un sourcil. Avait-elle mal entendu ? Il avait dit désolé ? Reprenant son souffle lentement, elle descendit de son rebord pour s’approcher discrètement de l’homme.

« Ce n’est rien, je n’ai pas été très sympa avec toi. »

Elle était passée au tutoiement parce que là, étrangement elle se sentait assez proche de lui. Posant sa paume sur son avant-bras, elle lui adressa un léger sourire. A peine visible mais ses yeux ne pouvaient pas mentir, pas cette fois. Bon dieu qu’elle se sentait minuscule par rapport à lui ! Les japonais n’étaient pas censés être petits ? Ravalant ce goût amer de la défaite vis-à-vis de leurs tailles respectives, elle tapota sur son avant-bras doucement, comme pour l’apaiser de ses maux.

« Je ne voulais pas te manquer de respect ou quelque chose comme ça. Dorénavant je ne te demanderais plus rien, notre accord prends fin dès maintenant. Merci pour tout, c’était cool de me ramener cette petite liste chaque fois que j’en ai eu besoin. T’inquiètes pas, je garderais pour moi le fait que tu aies côtoyé une élève. Après tout, ce ne sont pas affaires. Une dernière chose… »

Elle laissa glisser sa paume contre son bras, remontant jusqu’à son torse, s’arrêtant au niveau du cœur. Elle l’entendait battre, rapidement, malgré le manteau qu’il portait. Reprit la parole en fixant ses yeux sombres des siens.

« Tu sens comme ton cœur bat vite là ? N’est-ce pas suffisant pour te sentir en vie ? C’est ça que je voulais que tu comprennes. »

Elle laissa sa main retomber lourdement contre son propre corps et se mit à rougir instinctivement. Qu’était-elle en train de fabriquer merde ? Elle avait dépassé les limites et avait franchi la ligne qu’il y avait entre un professeur et une élève. Le visage couleur écrevisse, elle préféra détourner les yeux sur autre chose plutôt qu’affronter de nouveau ce regard perçant. Idiote de Lith.
©
Contenu sponsorisé
Heavy chains. Burdened in the wind. [PV LILITH NATSUME] Icon_minitime
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Revelation - Lilith NATSUME
» Long time no see ✗ Lilith Natsume
» O1. First meet, feat. Lilith Natsume.
» Par le plus grand des hasards → LILITH NATSUME
» Le délice d'une rencontre pas comme les autres ( Pv Lilith Natsume )

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sei Gakuen :: Archives RP-