Tout s’était passé comme prévu. Rien n’avait cloché, et maintenant le résultat était là. Par contre, Norio avait peut-être dans son plan oublié quelques détails, notamment le fait qu’après avoir fait brûler les dortoirs, il n’y aurait plus de dortoirs. Oui, cette idée lui avait légèrement échappé, l’excitation avait pris le dessus comme on dit et voilà, le résultat était là. Pourtant, il ne se sentait pas en colère, et cela ne lui déplaisait pas du tout. Certes il y avait des points négatifs, mais les conséquences de ce petit incendie avaient été grandioses. On ne pourrait plus dire que les bâtards ne sont qu’un groupe inutile, non car à cause d’eux il y avait eu des dizaines de blessés. Ils avaient frappé fort, oui en effet, et comme on dit la fin justifie les moyens. Peut-être était-il taré, oui, mais le fait qu’un corps n’ai pas été retrouvé ne le faisait pas du tout se sentir mal. Comme si sa conscience était handicapée, oui elle devait être malade car il ne ressentait rien par rapport à ça. Pourtant, il n’avait jamais rien eu d’un psychopathe, en vérité il ne réalisait sûrement même pas que tout cela était de sa faute. Il n’avait pas tué de ses mains, ni blessé tous ces gens. Le feu l’avait fait, et c’était une arme bien plus dangereuse que ses poings, car elle était indirecte, et laissait sa conscience intacte.
Enfin, il était donc satisfait de tout, et cela même s’il devait dormir durant un bon moment à même le sol dans la cafétéria. C’était un beau bordel tout ça en tout cas, voir tous les sacs de couchage, et tout le monde devoir dormir près des autres. Comme des petits esclaves dans une cave froide. Oui, les comparaisons ne sont pas mon fort. Il avait pour sa part posé son sac de couchage près de Juichi et de quelques-uns de ses potes, et surveillait aussi de près Damon Parker. Ce dernier était évidemment en colère contre lui, ce qui n’avait malheureusement pas étonné Norio. Après tout, il lui avait menti et avait, entre autres, fait brûler une bonne partie de l’école. Damon n’était pas comme lui, il n’était pas insensible au malheur des gens et avait une conscience, ce qui embêtait bien le roi des bâtards qui devait tenter de retrouver sa confiance. Dans toute cette histoire, c’était bien ce qui l’embêtait le plus, quelle maturité tout de même. Beaucoup diront que Norio devait revoir ses priorités…

Enfin, il était donc assez fier du résultat de ses efforts, même si, en conséquence, il devait donc dormir dans cette grande pièce qu’était la cafétéria. Le réfectoire quoi. Il plaignait tout de même les membres du personnel qui devaient, une fois la nuit tombée, virer les tables pour que les élèves puissent installer leurs sacs de couchage. Norio se dit, en étalant le sien, qu’ils devraient tout de même laisser les tables. Comme un lit deux étages, on pourrait dormir en dessous et au-dessus. Oui, il pouvait se montrer très ingénieux pour un imbécile, le petit bâtard. Enfin, il installait donc son sac, mais à cette heure beaucoup n’étaient pas dans la grande pièce. Les adolescents préféraient sortir que de rester tous enfermés au même endroit, et dieu que Norio les comprenait. Pourtant, il avait choisi de rester là ce soir-là. Il y avait quelques autres élèves avec lui, des gens assis qui lisaient, d’autres qui papotaient ensembles. Une fois vidée, cette pièce était décidément très grande, Norio le remarqua alors qu’il fixait le vide, assit sur son sac.
Quelque chose vint alors le sortir de sa réflexion très pertinente au sujet de la grandeur de la pièce. Quelqu’un était en train d’installer ses choses près de lui, enfin près c’est une chose relative, mais disons dans son champ de vision. Il posa donc ses yeux sur le jeune homme qui préparait apparemment sa couche. Ce visage ne lui disait pas grand-chose, sûrement un chimeras ou un truc du genre. Enfin, pas une menace, songea-t-il. En plus il avait l’air de galérer le pauvre, ou était-ce juste une impression ? Soudain Norio le replaça. Il avait entendu dire qu’il se ferait, plus ou moins, recruter chez les aristo sous peu. Quelque chose du genre en tout cas, ça il en était certain. Cela lui donna donc brusquement envie d’aller lui faire un peu la conversation, histoire d’en savoir plus. Il s’approcha, slalomant entre les sacs et les trucs au sol.

Il s’accroupit, près de lui, pour être à sa hauteur, et le toisa longuement, avec un vague petit sourire. Tout le monde savait qui Norio était, le roi des bâtards et il ne s’en était jamais caché. Il ne faisait jamais dans la finesse de toute manière.

Il faisait tout de même une entrée en douceur cette fois, ça aurait été légèrement mal foutu d’arriver directement en lui disant ‘eh connard t’es un aristo viens j’te pète la gueule wesh’. Après tout, il s’intéressait un peu à lui, et donc se le mettre à dos dès le début c’était pas une bonne idée.